Lescure ne veut toujours pas du titre de 1993

Interrogé par l'Équipe aujourd'hui, Pierre Lescure est revenu sur la période du début des années 1990 où l'OM de Tapie dominait, avec des méthodes douteuses. Il raconte ainsi le début du rachat avec la situation désespérée du PSG de l'époque et le besoin de Canal+ : « Bernard Brochand (dirigeant historique du PSG), en accord avec Jacques Chirac (alors maire de Paris) et Francis Borelli (le président du PSG), m'appelle pour me dire : « On va vers le dépôt de bilan ». A cette époque, Canal pète le feu. La proposition football est absolument essentielle pour nous. »

Lescure justifie son investissement dans le PSG par la domination de l'OM : « Ce n'était pas la faute de l'OM s'ils étaient bons. Mais un film dont tu connais la fin, c'est pas très rigolo. Il ne s'agissait pas de créer artificiellement une compétition, mais il fallait une incertitude. L'OM était armé sportivement, financièrement et psychologiquement avec la force de Tapie, pour se balader. Donc, on s'est investi dans le PSG. »

La rivalité commence à se créer petit à petit :« Comme Denisot a très bien travaillé dès les premières années et constitué une équipe qui avait de la gueule, d'un seul coup, les matches Paris-Marseille ont pris une grande dimension. Et ils ont eu un effet sur les abonnements. »

Mais Pierre Lescure n'a pas apprécié la rivalité de l'époque, qu'il a pourtant largement contribué à créer : « Il y avait une violence et une tension excessives. On était loin des Reims-Racing dont je rêvais qand j'étais petit. J'ai une maison dans le Midi et quand j'y allais, on me traitait de tous les noms. Puis quand je me suis fais virer Canal, on me disait : « Maintenant, vous êtes avec nous ». Une année au Vélodrome, j'ai été bombardé avec des boulons... Tapie et les mecs de la sécurité nous ont conseillé de rentrer. »

En 1993, Lescure va plus loin et refuse le titre de champion déchu de l'OM, titre perdu pour avoir acheté le match VA/OM. Et aujourd'hui encore, il ne change pas d'avis : « Si c'était à refaire, je pousserais à la même décision. Au-delà de cette histoire, cette année-là, Marseille n'a pas volé le titre. Mais surtout, on s'est dit : « si on accepte d'être champion, vis-à-vis des supporters de Marseille, c'est intenable. C'était une décision d'industriel de la télé. »

Nous adressons nos sincères félicitations aux marseillais qui ont lancé des boulons sur cet industriel de la télé. 

NB : Propos recueillis par l'Équipe.