Depuis la tentative échouée de lancer la Super League, Nasser Al-Khelaïfi a pris du poids sur la scène européenne en prenant la présidence de l’ECA. S’il a permis de sauver le modèle du football européen selon certains, tous les présidents de clubs ne voient pas en lui un justicier pour autant, rapporte 20minutes.
Le football est un business qui s’apparente parfois davantage à de la politique qu’à du sport, et à ce jeu, le président du PSG Nasser Al-Khelaïfi semble savoir tirer son épingle du jeu. Devenu président de l’ECA, l’Association européenne des clubs, en avril 2021 suite à la tentative ratée de lancement de la Super League, le qatari semble être sur tous les fronts du football européen depuis. Perçu pour certains comme le symbole des sauveurs du football populaire en Europe grâce à son opposition à ce qui devait être la nouvelle compétition phare du vieux continent, 20minutes rapporte que tous ne voient pas pour autant en lui un justicier.
« Il sait où il veut aller en tant que président »
En effet, le président de l’ECA divise dans ses fonctions européennes. D’une part, le président du football du FC Copenhague Daniel Rommedahl dit à 20minutes que Nasser Al-Khelaïfi « donne facilement son opinion, sans utiliser trop de mots ni faire de détours pour expliquer ce qu’il aime ou n’aime pas, il sait où il veut aller en tant que président. » D’après le dirigeant danois, sa présidence a permis d’apaiser l’atmosphère au sein de l’ECA en permettant de dialoguer plus franchement et en respectant davantage les plus petits clubs. De manière analogue, le CEO des Young Boys de Berne Wanja Greuel estime qu’il a une « manière de travailler et tout un process transparents. »
Des détracteurs qui le soupçonnent de troquer le FPF contre la Superleague
Toutefois, les détracteurs du président du PSG existent aussi. 20minutes rapporte que certains le considèrent comme opportuniste, se couvrant pour l’instant derrière son image de sauveur du football européen - comme on le connaît sous le joug de l’UEFA - face à la Super League, mais dont les vrais intérêts éclateront tôt ou tard. Une source anonyme déclare à propos du rôle que le président de l’ECA a joué dans les négociations du futur FPF : « Nasser a fait un troc, il a échangé le contournement extrêmement significatif du fair-play financier, qui l’embêtait beaucoup depuis qu’il a recruté Neymar et Mbappé contre son opposition ferme au projet de Super League. »
Certains vont même plus loin et pensent qu’un jour ou l’autre, Nasser Al-Khelaïfi et le PSG rallieront la Super League de Florentino Pérez et d’Andrea Agnelli, malgré toutes les récentes interviews où le président de l’ECA a signifié tout son mépris pour ce projet. Le CEO des Young Boys, Wanja Greuel, estime lui que « c’est tout à fait normal que Nasser amène les intérêts du PSG dans la discussion [...] Mais au fond, je suis sûr à 100 % qu’il est impliqué contre la Super League. » Ainsi, si certains font savoir leur mécontentement dans l’anonymat, Daniel Rommedahl, lui, se sent « en sécurité par rapport à la Super League. »
Le président du football du FC Copenhague ajoute même : « La prise de position du PSG et du Bayern à l’époque ont été très importante et ont eu un impact sur la suite. Il y a cette sensation qu’ils travaillent sur un modèle qui est meilleur que celui de la Super League. » La réforme de la Ligue des Champions reprend néanmoins quelques idées au projet mort dans l’œuf de nouvelle compétition élitiste européenne.
Avec la prochaine commercialisation des droits des compétitions européennes pour la période 2024/2027, Rommedahl, malgré le portrait positif qu’il dépeint de Nasser, « espère [que les plus petits clubs] seront présents dans les discussions pour parler redistribution le temps venu. » Afin de convaincre les derniers réticents ?
