Publié le mardi 8 septembre 2015 à 16:18
par Yorgos Bonos
Après sa très bonne prestation contre la Serbie, celui que l’on surnomme la pieuvre est sous les feux de la rampe et accablé de louanges. Notre rédacteur a décidé de profiter de cette unanimité pour afficher son parti pris avec un maximum de faits et une pincée de mauvaise foi.
Comparé à Zidane
Auteur d’un doublé hier contre la Serbie et notamment d’une somptueuse volée du gauche, Matuidi fait la une de toutes les gazettes, qui usent de tous les superlatifs, au point de le comparer à Zidane, meilleur joueur français de tous les temps. La comparaison l’a fait sourire, mais il faut reconnaitre que Blaise marche sur l’eau en ce début de saison. Avec déjà 4 buts et 2 passes décisives, il débloque les rencontres auxquelles il participe et sa générosité dans l’effort, son efficacité offensive et sa tendance à se dépasser lui ont donné récemment le surnom de charo, pour charognard, popularisée par la chanson du chanteur de rap Niska.
Il s’est également amélioré dans le jeu au contact de joueurs d’expérience du PSG tels que le patron de l’équipe, Thiago Motta, dont il dit que « depuis qu’il est arrivé au PSG, il m’a donné beaucoup de conseils, même encore aujourd’hui ». Dans cette période où la presse est dithyrambique sur son cas, nous avons décidé de nous poser la question de savoir si Matuidi est sur la pente croissante et linéaire qui l’amènera à devenir un « crack » ou si le gnou, comme on l’appelle affectueusement, profite d’un début de saison en trompe l’œil pour revenir dans le rang, comme ce fut le cas l’année dernière.
Rôle plus offensif
Cette année, Laurent Blanc a fait évoluer son jeu pour donner des responsabilités offensives à son milieu défensif international et pallier notamment au manque de mouvements offensifs du Paris-Saint-Germain. Alors qu’on loue ses caractéristiques de « harceleur », la question peut se poser : est-il milieu défensif et est-ce un dépassement de fonction, expression chère aux commentateurs, ou est-il en train de se transformer en milieu offensif ? Offensivement, il apporte par ses courses et son efficacité devant le but mais cette caractéristique est relativement nouvelle. La saison dernière, Matuidi s’est contenté de 5 buts et 4 passes décisives en 60 matchs. Son magnifique but contre Marseille, de son mauvais pied et qu’il qualifie lui-même de chanceux, efface cette froide réalité. Si on compare ces statistiques aux milieux offensifs du top 20 européen, Blaise souffre de la comparaison.
Comparaison à son désavantage
D’ailleurs, s’il fait l’unanimité auprès de ses entraineurs et de ses coéquipiers, il la fait moins quand il propose de prendre part à la construction : « J'ai envie de redescendre pour toucher un maximum de ballons mais cela pénaliserait l'équipe. Si je ressens de la frustration ? Oui, oui, parfois. J'en parle avec mes coéquipiers mais ils me disent que le plus important c'est d'être efficace pour l'équipe. »
Défensivement, il dépense beaucoup d’énergie mais, malgré son endurance exceptionnelle, il ne peut pas être partout en même temps et sa présence offensive l’empêche d’effectuer certaines tâches défensives, particulièrement en situation de contre-attaque adverse. Il délaisse donc ses tâches défensives au point d’être à la traîne au niveau de la récupération l’an dernier si on le compare aux autres milieux défensifs de l'effectif parisien. En effet, selon les statistiques de la LFP analysées par l’un de nos forumeurs expert de la question :
« Comme chaque année, une statistique attire notre attention, le classement des ballons gagnés par les joueurs parisiens jouant dans la ligne des 3 du milieu:
1) Rabiot (un ballon récupéré toutes les 6.3 minutes jouées)
2) Chantome (1/7.1 minutes)
3) Cabaye (1/7.6 minutes)
4) Motta (1/8 minutes)
5) Verratti (1/8minutes)
6) Matuidi (1/10.3 minutes) »
Une autre statistique surprenante a attiré les yeux avertis de notre expert :
« Seuls 3 joueurs ont perdu plus de ballons qu’ils n’en ont gagnés :
Nous pourrions penser qu’il n’est parfaitement performant ni en attaque ni en défense, mais les statistiques ne sont pas tout et une autre lecture pourrait nous amener à dire que si les autres joueurs récupèrent plus que lui c’est en partie grâce à l’activité au pressing de notre marathonien des hauts plateaux.
Ceci étant, Blaise a raison de souhaiter « garder ce niveau quand arriveront les échéances importantes, » lui qui fait preuve d’une remarquable lucidité sur ses performances actuelles : « En ce moment ça se passe vraiment bien, mais dans la saison il y aura peut-être un coup de moins bien. »
Espérons pour les fans parisiens qu’il apportera toute la saison autant qu’en ce début de saison. Et qu’il soit l'un des héros tant espérés qui pourront enfin nous permettre de nous qualifier pour la première fois sous QSI en demi-finale de Ligue des Champions.
