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Duel à distance entre Caïazzo et Aulas sur le PSG

Publié le mercredi 6 septembre 2017 à 10:45 par Julien Peschaux
A l’occasion de l’assemblée générale de l’ECA (European Club Association) où étaient conviés notamment les présidents de clubs que sont Bernard Caïazzo et Jean-Michel Aulas, ceux-ci se sont livrés à un véritable duel à distance dans leurs déclarations, l’un fustigeant l’attitude accusatrice des grands clubs européens à l’égard du PSG, l’autre se posant en défenseur des petits clubs et pointant un besoin de régulation du marché.

Les Verts du côté de Paris

L’Olympique Lyonnais et l’AS Saint-Etienne sont au cœur d’une rivalité historique sur les terrains comme en dehors, et le moins que l’on puisse dire est que cette opposition se révèle à nouveau dans les propos qu’ont tenus les deux présidents de clubs respectifs concernant les menaces implicites planant sur le PSG, en marge de l’assemblée générale de l’ECA (European Club Association) où le président Nasser Al Khelaifi a notamment été réélu au sein du conseil exécutif de l’association. Pour le président des Verts Bernard Caïazzo, cela ne fait aucun doute, les clubs européens veulent la peau du club parisien : «On sent chez un certain nombre de grands clubs européens, Real, Barça, Bayern, les Anglais, les Italiens, que le PSG est un peu la cible. En tant que Français, on se sent un petit peu mal à l'aise par rapport à ça parce qu'on a un sentiment que le PSG tire plutôt notre football vers le haut. »

Caïazzo (ASSE) : «Malgré les sourires de façade, on sent que le PSG est ciblé.» 

Tout ce que le président du comité de surveillance de l’ASSE réclame, finalement, c’est une objectivité des jugements et des éventuelles sanctions face aux politiques sportives et financières des clubs, notamment le PSG, et pour lui, celle-ci a un peu été oubliée : «Malgré les sourires de façade, on sent, j'en parlais avec Jacques-Henri Eyraud, que le PSG est ciblé. J'espère qu'il sera jugé de façon très rationnelle et juste. Je ne voudrais pas derrière qu'il y ait des contingences un peu passionnelles qui se mettent au milieu de tout ça. Il ne faudra pas que ce soit un jugement de façade. L'UEFA répond à l'attente d'un certain nombre de gros clubs. Il y a des influences qui se font. »

Pourtant, Caïazzo ne se fait pas de souci particulier pour le club parisien : «Je pense que le PSG saura parfaitement répondre à tout ça, poursuit-il, je connais un peu le football et l'économie du football. Pour moi, sincèrement, j'ai regardé les comptes du PSG, et ils n'auront aucun souci avec le fair-play financier. On oublie que quand on achète un joueur on l'amortit sur cinq ans, donc on divise son prix d'achat par cinq, mais que quand on vend on fait entrer directement dans les comptes. Il y a beaucoup de gens qui parlent du fair-play financier sans vraiment savoir ce qu'est l'économie du football. »

«Le combat du PSG, c’est aussi le combat du foot français.» 

Le président des Verts a continué sa diatribe en faveur du club parisien lors de l’émission Team Duga sur la radio RMC, ramenant la lutte du PSG dans ce dossier à celle du football français en général, étant donné que le club parisien, selon lui, sert les intérêts du foot hexagonal : «Ce n’est pas une fronde déclarée mais on sent que le Real, le Barça, la Juve ou le Bayern veulent se répartir les trophées européens sans que le PSG s’invite à la table ces prochaines années. On sent dans les propos, les plaisanteries, que le PSG dérange. C’est-à-dire que le foot français dérange. Le combat du PSG, c’est aussi le combat du foot français. »

Et de continuer, toujours plus loin, en évoquant l’apport du PSG dans la récolte fiscale, contribuant ainsi fortement au financement des services publics : « On ne peut pas empêcher un club qui met les moyens de gagner des trophées, poursuit le dirigeant de l'AS Saint-Etienne. Il pose la question au journaliste qui l'interroge et répond dans la foulée: «Savez-vous combien le PSG paie de charges patronales à l’Etat de plus que le Barça ou le Real? Par an, c’est 100 millions d’euros. En deux ans, ça fait Neymar. Et ça paie les hôpitaux, les écoles en France. »

Aulas toujours dans l'opposition

«Je fais totalement confiance à l'UEFA, qui a mis en place un fair-play financier qui a eu des effets très positifs.»

Le son de cloche est franchement différent chez le président des Gones, pas avare de critiques ces derniers temps à l’égard du club parisien. Jean-Michel Aulas s’interroge sur la façon dont le PSG a pu réaliser les transferts importants de cet été dans le cadre du Fair-Play Financier et demande rapidement une régulation du marché pour le bien de tous : «Il faut que tout cet investissement, qui est considérable, soit régulé pour permettre aux clubs d'avoir une compétition saine. Les propos du président de l'UEFA étaient très directs et je pense très orientés sur le sujet qui nous préoccupe en France. Je fais totalement confiance à l'UEFA, qui a mis en place un fair-play financier qui a eu des effets très positifs. Il ne faut pas qu'on perde en quelques semaines ce qu'on a mis des années à mettre en place et à gagner. Il y a dû avoir un certain nombre de plaintes directes de clubs ou de Bruxelles, je ne sais pas. C'est logique qu'il y ait enquête et on verra bien ce qu'il va en ressortir. ». 

Aulas envoie alors le paquet, proposant à la fois l’instauration d’un salary cap à l’image de ce qui se fait en NBA et l’interdiction des fonds provenant d’Etats ou d’organismes hors de la planète football, visant ainsi en forme de sous-entendu à peine dissimulé, notamment les fonds en provenance du Moyen-Orient : «Il faut à un moment donné plafonner les masses salariales et aussi probablement faire en sorte que les investissements faits par les clubs soient des investissements sous forme de fonds propres d'augmentation de capital, et non pas de participation sous formes de subventions, qu'elles soient d'Etats ou d'organismes qui ne sont pas directement des investisseurs dans le football. Il faut aussi faire attention que la communication géopolitique ne vienne pas prendre le pas sur les investissements et la gestion des clubs de football. »

«C'est vrai que d'un autre côté, l'arrivée des meilleurs joueurs à Paris facilite aussi beaucoup l'ensemble de la L1.»

A l’exact opposé du président de Saint-Etienne, pour lui les investissements réalisés par le PSG sont néfastes pour le football françaismême s’il ne précise pas réellement sa pensée sur les solutions auxquelles il songe : « Il y a quelques fois de la déception quand on voit des choses qui sont un peu trop inflationnistes par rapport à une gestion pérenne des investissements. Quand un budget d'un club est cinq fois supérieur à celui du 2e dans une compétition, ou 10-12 fois supérieur à la moyenne des clubs de cette compétition, il faut se poser des questions sur comment trouver des solutions, sans pénaliser personne. Parce que c'est vrai que d'un autre côté, l'arrivée des meilleurs joueurs à Paris facilite aussi beaucoup l'ensemble de la L1. Il y a, tout en préservant les acquis, à trouver des solutions efficaces pour ne pas se trouver dans une bulle comme on a connue dans d'autres activités. »

Le président de l’Olympique Lyonnais s’en est, enfin, pris aux agents, les dignes représentants de ce système dérégulé nuisant aux petits clubs : « Il faut de toute façon entrer dans une régulation parce qu’aujourd’hui, les sommes en jeu sont excessivement importantes. Certaines intermédiaires, les agents en particulier, ont des rémunérations qui sont exorbitantes. Il convient de trouver des solutions. Autrement, c’est la mort des clubs intermédiaires. On doit faire en sorte d’avoir, devant ces approches qui sont parfois difficiles à comprendre sur le plan concurrentiel, une régulation. Et c’est ce que propose de faire l’UEFA. Il y a un front de solidarité pour faire en sorte que les choses régulières se fassent et que tout le monde ait sa chance dans une compétition qui donne des satisfactions sportives, mais aussi beaucoup de rémunérations qui sont liées à une équité de fonctionnement. »

«Jean-Michel Aulas me disait ce lundi qu’il était très content de voir le PSG avec le potentiel de gagner la Ligue des champions.»

Pourtant, selon Bernard Caïazzo, son homologue lyonnais ne se serait pas montré aussi incisif en privé que dans les médias : «Jean-Michel Aulas me disait ce lundi qu’il était très content de voir le PSG avec le potentiel de gagner la Ligue des champions. C’est dans l’intérêt de l’OL aussi d’avoir un grand championnat et un club capable de gagner la Ligue des champions. Et ce n’est pas seulement le PSG qui dérange, notamment quand je vois l’attitude de la Liga. Notre championnat s’améliore et c’est l’ensemble des clubs français, qui a fait des progrès dans le jeu et le financement, qui dérange. ».  Avant de conclure, un tantinet fataliste mais toujours bienveillant avec le PSG : « Que le PSG soit le petit PSG de l’année dernière ou celui avec Neymar et Mbappé, il sera devant nous et devant l’OL. Que ce soit un grand PSG, c’est un point positif. »


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