Dans un long article publié ce jour, le quotidien L'Equipe a affirmé que les cadres du PSG avaient «bousculé» Unai Emery concernant ses plans de jeu. Selon nos informations, il s'agissait d'un simple débriefing du match et les deux parties étaient plutôt d'accord.
Le PSG vient d'enchaîner deux succès consécutifs face à Ludogorets (3-1) et Bordeaux (2-0), victoires notamment marquées par la réintégration du milieu Matuidi/Motta/Verratti et deux médias affirment depuis peu que ce sont les cadres du PSG qui ont demandé une équipe parfois considérée comme un retour en arrière. Après Canal+ dimanche soir qui annonçait que les joueurs avaient réclamé le retour au 4-3-3, le quotidien L'Equipe explique dans un long article paru ce jour que les cadres ont fait faire marche arrière au technicien basque pour revenir à un PSG plus proche de celui de Laurent Blanc.
Les cadres ont secoué Emery
Lundi dernier, deux jours après la défaite à Toulouse (0-2), le staff du PSG et les joueurs se sont longuement expliqués au Camp des Loges et les cadres ont alors remis en cause les intentions d'Emery en terme de plans de jeu, une remise en cause à laquelle ne s'attendait pas l'Espagnol. Le 4-3-3 n'est pas la cause de la discussion mais bien la façon dont Emery veut jouer, à savoir bien plus rapidement vers l'avant par le biais de transitions rapides. C'est là que les cadres du PSG interviennent à tour de rôle pour demander à revenir à ce qu'ils connaissent un peu mieux.
Thiago Silva demande notamment plus de possession, «un jeu que l’on sait faire » et, alors qu'Emery lui fait remarquer qu'ils ont perdu à Toulouse avec 70% de possession, le capitaine réplique que «ce n’est pas le pourcentage, ce sont les intentions qui comptent ». D'après le journal sportif, Motta, Maxwell, Pastore ou encore Matuidi vont dans le sens du capitaine et affirment la thèse suivante : «Nous avons besoin d’avoir le ballon, nous ne sommes pas une équipe de contre.»
Le quotidien cite une source du club qui annonce que «cette réunion était une manière pour les cadres de reprendre la main », affirme qu'Emery apparaît en retrait après cette remise en place des cadres du vestiaire et un joueur lâche même avant le match à Ludogorets que «si on perd, ça peut être le feu.» Les deux matches suivants sont gagnés, un retour au style de Blanc est vu par le journal et «à l’issue de la rencontre (face à Bordeaux), les joueurs ne cachaient pas leur satisfaction.» L'article se conclut par une phrase réhabilitant le pouvoir des joueurs aux dépens d'Emery : «Le technicien sait qu’il va devoir trouver un équilibre pour satisfaire son vestiaire. Et que ses cadres ne seront jamais loin.»
Une réalité beaucoup moins conflictuelle
Renseignements pris, il s'avère que la réalité est beaucoup moins conflictuelle que ce qui a été décrit, et ce même si la réunion a effectivement eu lieu. Il s'agissait d'un classique débriefing d'après-match et pas d'une réunion de déballage des tensions puisqu'il n'a pas été question d'opposition entre Emery et son staff d'un côté et les cadres de l'autre. Ces derniers ont toujours été consultés par Unai Emery depuis le début de saison et le technicien basque est dans le dialogue permanent avec eux. Même les décisions les plus contestables ont été prises de concert.
Avant même sa nomination officielle, et comme nous l'avions écrit dès la mi-juin, le capitaine parisien Thiago Silva et celui qui était alors son futur entraîneur communiquaient déjà ensemble, un mode de fonctionnement qui n'a pas vraiment changé depuis. Au contraire, le coach basque tient énormément à échanger avec son vestiaire, une habitude que les joueurs évoquent d'ailleurs très régulièrement dans la presse, et s'appuie beaucoup sur cet avis pour avancer dans la plupart de ses décisions.
Enfin, concernant la fameuse demande de changement de plan de jeu, le coach basque comptait déjà réintégrer des phases de possessions plus arrêtées vu les difficultés constatées de son équipe à attaquer vite vers l'avant face à des blocs regroupés. Les matches face à Dijon et Toulouse ont confirmé ses doutes du moment sur la capacité du PSG à évoluer en attaques placées dans le contexte de la Ligue 1 où toutes les équipes attendent Paris. Si son plan de jeu préférentiel a pu être appliqué dans certains contextes, comme face à Lyon ou Arsenal, il ne l'est pas contre la majorité des équipes, une conclusion à laquelle coach et joueurs étaient conjointement arrivés.
Le but de la réunion, dont on rappelle qu'elle a été organisée par Emery, était justement celui-là : faire parler ses joueurs du jeu et de la façon dont ils souhaitent évoluer, tout en stimulant leur capacité d'autocritique après un match particulièrement raté de leur part malgré une possession très en faveur du PSG. Avant cette désormais fameuse explication, le staff avait dans l'intention depuis plusieurs jours de travailler le jeu sur attaques placées afin d'obtenir le double visage souhaité depuis le début, celui d'une équipe capable de jouer en contre ou par le biais d'attaques préparées et placées, la grande mais malheureusement trop unique force de Paris les années précédentes. Mais il n'est pas vraiment question d'un retour en arrière, plutôt d'ajouter d'autres armes à une équipe amenée à avoir plusieurs visages selon la situation qu'elle aura à affronter.
