Alors que la prestation à Rennes a entraîné un nombre important de critiques sur à peu près tous les aspects du jeu parisien, on pourrait se demander si l’heure de changer de système n’est pas venue. Analyse.
A qui la faute ?
Depuis le début de la saison, l’inefficacité du PSG à l’extérieur est l’un des soucis récurrents. Après Reims qui gratte un petit quelque chose inespéré (le match aurait du être réglé en 20 minutes), Evian puis Rennes ont offert une vraie résistance et obtenu un point chacun, bien mérité. S’il y a parfois des bons matches nuls, il y en a aussi des mauvais et ceux-là en font partie vu le jeu déployé. Rarement les travers du PSG de Laurent Blanc n’avaient été aussi visibles : multiplication des passes latérales, possession basse, attente de l’exploit ibrahimovicien, manque de présence dans la surface, rôle trouble des ailiers, endormissement du spectateur plus que de l’adversaire, etc. A la fin du match, le plus positif était pratiquement le point obtenu, pourtant guère glorieux.
Et quand rien ne va, le football propose trois cibles de choix. Le premier des accusés est logiquement l'entraîneur. Problème (ou pas), en trois jours, aussi bien Motta que Pastore ont dit tout le bien qu’ils pensaient de la méthode Blanc. On passe donc aux joueurs, surtout ceux qui ne jouent pas. A Rennes, le grand absent du jour était Matuidi mais c’est dur de réclamer Matuidi quand le jeu offensif tousse. Le Parisien a bien essayé mais Laurent Blanc a été très clair hier sur le sujet (cf news). Reste donc le système, la tactique, ce qu’il y a de plus flou et donc de plus facile à accuser.
Effectif et tactique
Le PSG devrait donc changer de tactique et abandonner le 4-3-3 dans lequel il est installé depuis plus d’un an pour passer au 4-3-1-2 afin de se relancer.
Effectivement, cela résoudrait la plupart des problèmes d’effectif actuel : Matuidi récupérerait sa place de milieu relayeur gauche, Pastore serait installé dans le rôle de n°10 qu’il doit épouser depuis son arrivée et le Jim Morrison uruguayen, chaque jour plus proche de la dépression comme l’original, retrouverait enfin l’axe.
Ce système condamnerait d’autres joueurs comme Lucas, peu à l’aise dès qu’il doit jouer dans l’axe, ou Lavezzi mais ils ne font pas partie des intouchables de l’effectif parisien. Autre problème, le PSG n’a que sept milieux de terrain, en comptant Rabiot, et aucun remplaçant naturel à Pastore. Le seul pouvant faire l’affaire dans ce rôle est Verratti mais il est déjà dans le 11 de départ et est également le meilleur remplaçant de Motta.
De son côté, Javier Pastore, rarement le dernier à donner son avis concernant la tactique, a déjà ciblé le principal problème du système dans l’Équipe hier : « [au] poste de numéro 10, on se marche parfois sur les pieds avec Ibra ». Le système n’est donc pas mis en place qu’il est déjà en partie condamné par un des joueurs censé le porter, même si l'esthète argentin n’est qu’un joueur et qu’il peut lui aussi se tromper.
Reste un autre souci pour le PSG : la façon de jouer. Que le PSG joue à 3, 4, 5 ou même à 6 au milieu façon Guardiola, le ballon sera majoritairement dans les pieds de Motta et de Verratti, le PSG aura donc une possession élevée, des passes redoublées à foison et des décalages faits sur la durée, pas sur la première passe à la récupération. Le jeu parisien repose sur eux, probablement même trop, mais ils sont la base de cette équipe, plus que n’importe quel système. En leur absence, le système reste le même mais le jeu change pourtant radicalement, preuve de leur influence.
Le temps : grand absent
En parlant des absents, le joueur le plus particulier du moule parisien était absent dernièrement, celui qui n’a qu’un pied, le gauche, un déhanchement de gnou et une activité de teufeur sous acides. Matuidi le casseur de lignes, homme à tout faire du milieu parisien, n’est pas prêt pour le moment. On se retrouve donc dans une situation où le point fort de la composition de l’an dernier, le trio central, est remis en cause alors qu’il n’a pas encore joué un seul match cette saison, par manque de temps.
Le temps justement, c’est l’autre grand problème du moment. Entre le match de Rennes et celui de ce soir, le PSG ne s’est réellement entraîné qu’une seule fois, hier soir sur la pelouse de l’Arena. Et comme l’a avoué Yohan Cabaye il y a peu sur RMC « A l’entraînement, on ne travaille que le 4-3-3 ». Pour mettre en place un nouveau système, cela fait donc court quand on part de zéro. Mais un cas similaire s’est pourtant produit au PSG : en décembre 2012, Ancelotti avait eu le même laps de temps entre la défaite à Nice et la réception victorieuse de Porto pour passer du 4-3-2-1 au 4-4-2. Le résultat avait été concluant et la tactique avait ensuite été conservée toute la saison. Sauf que les joueurs avaient admis après coup que la révolution avait surtout été mentale, avec une grosse réunion entre eux.
Motivation
Edouard Cissé, spécialiste en matière de motivation à géométrie variable, en parlait lundi soir sur Canal+ Sport pendant « Les spécialistes » : « Dès que t’entends la musique de la Champions League, ça fait tilt ». Le problème de la motivation en Ligue 1 est récurrent au PSG, Ancelotti l’abordait régulièrement dans ses après-matches en râlant après « le manque d’intensité », Leonardo avait parlé « d’équipe construite pour l’Europe » et la saison dernière avait fait figure d’exception avec des rencontres de championnat pré-Champions League parfaitement maîtrisées, au moins au niveau du score. Les matches à Lorient ou Nice en deuxième partie de saison avaient en effet montré les prémices du PSG vu à Rennes, se débrouillant pour ouvrir le score avant de gérer l’avantage dans un fauteuil. La principale différence est venue de l’adversaire, pas décidé à déposer les armes sans combattre cette fois-ci.
Ce soir, l’intensité sera toute autre et il faudra voir si les Parisiens sont capables de hausser la leur. Si le match est le même qu’à Rennes, il faudra effectivement commencer à s’inquiéter et se dire que les adversaires ont trouvé la clé pour contrer le jeu du PSG, donc éventuellement changer de système. Mais que dira-t-on si les Parisiens mettent à l’Ajax la même rouste qu’à Leverkusen ? Que le système est parfait, que l’équipe en face est nulle (et on n’est pas loin de le penser avant le match) ou que le PSG est constitué de joueurs qui choisissent leurs matches ?
Alors, au final, changer de système peut être une solution mais celle-ci semble actuellement plus adaptée à du moyen terme, le diagnostic méritant d’être confirmé dans un autre contexte que la L1. D’ici là, le PSG devra gagner malgré tout. Et si ce n’est pas avec un jeu léché, cela devra donc être au mental, un atout qui lui sera utile quelque soit l’adversaire…