L’actualité autour du dossier Kylian Mbappé et la possible perte du génie français recoupe un thème globalement prépondérant pour la planification sportive parisienne : comment construire une équipe compétitive en respectant les critères des listes UEFA ?
Comme à l'accoutumée, le renouveau du projet sportif parisien devrait largement s’articuler autour de la conquête de la Ligue des Champions. Première étape incontournable de ce parcours, avec la fameuse liste de joueurs inscrits qui sera transmise à l’UEFA à l’issue du mercato, et qui ne correspond pas forcément à l’effectif complet du club parisien.
L'UEFA attend 25 joueurs (ou moins) avec des critères bien précis et le club de la capitale devra, comme les autres équipes, s'y conformer alors que de nombreux mouvements, tant dans le sens des départs que des arrivées, sont attendus et devraient bouleverser la composition de l’effectif cet été.
Ce que dit le règlement de l'UEFA
Tous les clubs peuvent aligner 25 joueurs sur leurs deux listes de Ligue des champions (25 joueurs sur sa liste A, la liste B étant une liste de joueurs de complément ou issus du centre de formation).
La liste A doit contenir :
- Au maximum 25 joueurs.
- Au moins deux gardiens.
- Au moins huit joueurs formés dans le pays que représente le club (la France dans le cas du PSG). Sur ces huit, au moins quatre doivent être formés au club.
Disposition réglementaire stricte, le PSG ne peut donc inscrire que 17 joueurs « libres » auprès de l’UEFA pour atteindre ce total de 25 joueurs. Ainsi, faute d’aligner au moins 4 formés au club et 8 en France, Paris doit même réduire le nombre d’inscrits (à peine 22 pour la phase à élimination directe cette année par exemple). Un handicap qui pourrait laisser circonspects les décideurs parisiens vu les blessures récurrentes sur la période. Par ailleurs, le PSG peut ensuite librement compléter cette liste A par la liste B réservée aux jeunes du club et éditable jusqu'à la veille de chaque match.
Pour la phase éliminatoire 2022/2023 de la Ligue des champions , le club parisien avait inscrit 22 joueurs seulement sur la liste A, soit un de moins que pour la première partie de la compétition
- Joueurs formés au PSG (4) : Kimpembe, Letellier, Mbappé, Pembélé
- Joueurs formés en France (3) : Mukiele, Ekitike, Lavallée
- Joueurs « libres » (15) : Donnarumma, Rico, Marquinhos, Ramos, Hakimi, Mendes, Bernat, Verratti, Danilo, Fabian Ruiz, Vitinha, Soler, Sanches, Messi, Neymar
Mbappé, Zaïre-Emery : deux symboles de la gestion complexe de ces si précieux « formés au club »
Outre la perte sportive évidente que représenterait un départ de Mbappé, Paris verrait également l’un de ses joueurs considéré comme formé au club s’en aller. En effet, étant né en fin d’année, le bondynois avait pu passer 3 ans au sein du PSG avant ses 21 ans (le critère retenu par l’instance européenne) et bénéficier aux yeux de l’UEFA du même label « formé au club » que les titis plus traditionnels.
Un sésame tout particulièrement valorisé par le PSG, compte-tenu des difficultés récurrentes à incorporer depuis le centre un joueur apportant une vraie plus-value à l’équipe fanion, et de la difficulté à obtenir ce statut pour un joueur transféré - Nuno Mendes, pourtant lui aussi débarqué très jeune à Paris, mais né en juin, ne devrait ainsi pas pouvoir prétendre à être considéré comme formé au club. Le possible remplacement de Mbappé suite à un transfert, par un ou même plusieurs joueurs, devrait donc difficilement permettre à Paris de satisfaire aussi parfaitement aux exigences de l’UEFA…
La situation est légèrement différente pour Warren Zaïre-Emery, qui semble appelé à pleinement s’inscrire dans la rotation la saison prochaine. Du haut de ses 17 ans, son jeune âge (né après le 1er janvier 1997) permet toutefois au PSG un tour de passe-passe réglementaire : il peut en effet être inscrit sur la liste B, traditionnellement réservée aux jeunes et pouvant être éditée jusqu’à la veille de chaque match. Virtuellement, Paris pourrait donc avoir à sa disposition 25 + 1 joueurs pour les joutes européennes, grâce à son crack du centre. Peu d’intérêt donc pour l’instant à le faire figurer sur la liste A au rang des formés au club.
Quelle influence pour la construction de l’effectif cet été ?
Dans le sens des retours tout d’abord, Paris peut néanmoins s’attendre à voir revenir une cohorte de joueurs susceptibles de l’aider à rentrer dans les clous pour sa liste UEFA. Outre les nombreux jeunes prêtés, ce sont surtout Layvin Kurzawa, Colin Dagba et Edouard Michut qui regagneront la capitale parisienne, tous trois ayant raisonnablement postulé une place dans l’équipe fanion pendant leur passage au club. De même, Abdou Diallo, formé à Monaco (considéré comme club français car rattaché à la FFF), regagnera lui aussi Paris même s'il semble voué à repartir très vite.
Malgré tout, peu d’espoir à entrevoir sur ces joueurs : quasiment tous déjà considérés comme indésirables lors de leur expédition en prêt, la suite de leur carrière semble destinée à s’écrire loin de Paris et donc de ses listes UEFA.
L’épineuse problématique du respect des listes UEFA est d’autant plus renforcée que dans le sens des départs, l’effectif parisien pourrait aussi être purgé de quelques précieux joueurs rentrant dans les critères UEFA : outre un possible départ de Mbappé donc, l’avenir d’Ekitike semble aussi devoir s’écrire en pointillés, peut-être avec un prêt. On peut également s’interroger sur la continuité de Pembélé ou du jeune Lavallée, qui peinent à vraiment s’imposer dans la rotation et pourraient avoir des envies d’ailleurs.
Or, dans le sens des arrivées, Paris ne semble pas obsédé à l’idée de recruter des joueurs susceptibles de l’aider à se conformer aux exigences de l’instance européenne. Ainsi, parmi les recrues « officieuses » que sont Skriniar, Ugarte, Asensio ou encore Kang In Lee, tous viendraient gonfler la liste de joueurs libres. On comprend dès lors l’intérêt que peuvent, ou pouvaient, représenter Marcus Thuram et Kolo Muani, tous deux annoncés dans le viseur du PSG, pour venir équilibrer un peu la liste de joueurs formés en France.
Autre solution, très hypothétique : rapatrier des joueurs formés au club. Néanmoins, à ce petit jeu, la piste Diaby n’a jamais vraiment décollé tandis que celle menant à Xavi Simons semble compliquée vu le florilège de recrues annoncées en attaque, le jeune Néerlandais mettant son temps de jeu en priorité absolue. Autre solution, un retour d’Adrien Rabiot, libre de tout contrat, qui ne semble cependant absolument pas à l‘ordre du jour.
Des contraintes qui mettent Paris en position de force vis à vis des lofteurs ?
Ironiquement, alors que Paris pourrait donc à nouveau être contraint de réduire la voilure sur ses listes UEFA et de ne pas inscrire l’intégralité de ses joueurs « libres » pour disputer la compétition européenne phare, la menace d’être mis à l’écart pourrait l’aider à se débarrasser de ses (nombreux) indésirables.
En effet, entre les retours de prêts infructueux et les joueurs jugés pas assez compétitifs cette saison, c’est une pléthorique armée mexicaine qui devrait prendre ses quartiers au tout nouveau loft de Poissy. Si la perspective d’être relégués à l’écart pendant toute la durée du mercato estival devrait déjà faire passer un message sans équivoque, celle de ne pas pouvoir se montrer au plus haut niveau de compétition et donc d’être condamnés à jouer des bouts de matchs nationaux pourrait achever de convaincre ces messieurs de trouver un nouveau challenge loin de Paris.
De quoi considérablement soulager le staff technique, la direction et la comptabilité du PSG.
