Le président Nasser Al-Khelaïfi s'est longuement exprimé dans les colonnes du Parisien et il a fait le point sur la politique sportive du club. Aucune révolution n'est à prévoir mais quelques ajustements sont attendus.
L’élimination contre Barcelone :
« Avec notre effectif au complet lors du match aller, je suis persuadé que le résultat aurait été différent. Face à Barcelone, c’était beaucoup trop. Les remplaçants ont donné 100% mais ce n’était pas assez. On ne peut pas demander à Yohan Cabaye, qui a peu joué cette saison, d’être à 100%. Il faut tenir compte de la réalité de la situation. Si vous enlevez Messi et Neymar à Barcelone, il n’a plus le même visage. Les critiques ont été un peu sévères car on n’était pas à armes égales. »
Comment passer un cap en C1 :
« On va bien réfléchir à nos erreurs. On a éliminé Chelsea, cette qualification contre José Mourinho est historique pour le club. Et on a perdu contre le grand Barcelone. Si on calcule le prix des attaquants du Barça : Messi vaut 250M€ (montant de la clause), Neymar 150 et Suarez 150. C’est 550M€. C’est plus que ce qu’on a investi depuis quatre ans. Tout le monde dit que l’on investit beaucoup mais les autres grands clubs aussi, voire davantage encore. On voulait aller le plus loin possible mais on a affronté la meilleure équipe d’Europe. On ne regrette rien car on a emmagasiné de l’expérience aussi. »
La saison prochaine :
« Je réfléchis tous les jours afin d’améliorer le niveau du club et le faire progresser. Avec Olivier Létang, on va discuter avec le coach pour connaître ses besoins et essayer de lui donner les moyens d’atteindre notre objectif, notre rêve : gagner un jour la Ligue des Champions.
Ce n’est pas encore la fin d’un cycle mais il faut se poser et réfléchir pour régénérer l’équipe. On a déjà 5 ou 6 joueurs d’avenir. On ne va pas changer les 11 joueurs. On veut aussi des garçons d’expérience. »
Lyon et Aulas :
« Lyon réussit une très belle saison mais j’espère qu’on va remporter le titre. On a besoin d’autres clubs de haut niveau et d’autres investisseurs dans le football français. Malheureusement, ils ne sont pas motivés pour venir à cause, entre autres, du fair-play financier.
J’ai du respect pour Jean-Michel Aulas, il fait beaucoup pour le foot français depuis 28 ans, il a une grande expérience, mais je lui ai demandé de nous respecter aussi, de s’occuper de ses affaires et d’arrêter de parler du PSG. Nous, on n’évoque jamais les autres. Je demande la même chose en retour. »
Sa proximité avec les joueurs :
« Je suis très proche de mes joueurs, c’est vrai. Je suis fier d’eux. Mais, quand j’ai quelque chose à leur dire, je le fais. Je sais être dur avec eux. Si besoin. Mais je ne communique pas sur ce que l’on peut se dire. Et cela n’entame pas du tout l’autorité du coach, qui est aussi très proche des joueurs. Il s’est montré très clair aussi en décembre avec Lavezzi et Cavani après leur retard de vacances. Mais on n’oublie pas qu’il faut être humain aussi, leur donner un peu d’amour (rires). Si un joueur fait une faute, je discute avec lui. »
Les insultes d’Ibra envers les arbitres à Bordeaux :
« Sa sortie ne m’a pas plu et je lui ai dit. Après, il ne faut pas oublier ce qu’il donne au club et au football français. Il y a eu de l’exagération autour de lui. Les gens ont mélangé sport et politique. Nous, on ne fait pas de politique. S’il a été sanctionné ? Cela reste entre nous. »
Le fair-play financier :
« Je ne sais pas du tout [si cela va évoluer]. Mais aujourd’hui, le fair-play fnancier, ce n’est plus seulement le problème du PSG, mais celui de tous les clubs, qu’ils soient allemands, espagnols ou italiens en raison du futur contrat télé de la Ligue 1 anglaise (2,3Mds€/an à partir de 2016). C’est un grand problème pour l’UEFA désormais. Comment le fair-play financier va-t-il intégrer cela ? L’UEFA doit changer les règles, j’ai confiance en elle pour qu’elle le fasse.
Il nous a handicapés et nous a clairement ralentis. Sans ces sanctions, on peut imaginer que Di Maria serait au PSG cette saison… »
Le nouveau centre d’entraînement :
« C’est très difficile à dire car, aujourd’hui, pour moi, toutes les solutions sont envisageables. On peut être proche d’une décision concernant le lieu, mais il y a encore des détails à régler pour signer un accord. C’est vrai qu’on a pris du retard. Je veux quelque chose de parfait, le meilleur centre d’entraînement du monde. Je ne veux pas aller vite dans ce dossier mais prendre mon temps pour ne pas entendre ensuite « Mais pourquoi avez-vous décidé aussi rapidement ? » [NDCulturePSG : Ne t’inquiète pas, on ne risque pas de te le dire…] J’espère faire une annonce d’ici deux mois. Au plus tard en juillet. »
Le centre de formation :
« Il faut le développer. J’y tiens beaucoup. On veut recruter des Parisiens à travers plusieurs partenariats avec des clubs locaux que nous allons prochainement choisir. Je ne veux plus qu’un seul Parisien avec du talent nous échappe. »
La hausse des abonnements :
« C’est une hausse de 1 ou 2%. On respecte de prix moyens de 15 ou 16€ pour les places les moins chères. On est plus bas que les Allemands ou les Anglais par exemple. Nos supporters, c’est le plus important pour moi. On a besoin d’eux, de leurs encouragements. Il y a aussi plus de flexibilité qu’avant : les places peuvent être revendues. On a investi 75M€ dans la rénovation du stade. Les gens vont voir la différence dès cet été. Le changement concerne toutes les places.
Il n’y aura pas de hausse la saison prochaine [2016/2017] dans les virages et quarts de virage. »
L’ambiance au Parc des Princes :
« On s’est calqués sur le modèle du Bayern Münich : après cinq absences, on se réserve le droit de prendre des mesures qui peuvent aller jusqu’à la résiliation de l’abonnement avec remboursement du solde. Il faut trouver les moyens d’avoir plus d’ambiance tout en gardant le niveau de sécurité et le plaisir de venir. Il y a beaucoup de familles au stade et je m’en félicite. On a besoin de la ferveur des supporters. Cela motive les joueurs. On a vu Luiz ou Silva réclamer plus du public. S’il est calme et ne dit rien, l’ambiance n’est pas bonne. De la première à la dernière minute, on a besoin de nos fans. »
La finale de C1 des féminines :
« C’est un match historique pour le club. Je suis fier des joueurs et du coach. On est à un match du titre après trois ans d’investissement. L’émir m’a félicité et m’a dit que c’était un week-end magnifique.»
Des investissements dans d’autres sports :
« Je dors quatre heures par nuit… Alors, si on investit dans un autre sport, j’ai peur de passer à deux heures de sommeil. J’ai quand même besoin de dormir un peu… »
Nasser Al-Khelaïfi a également abordé le thème du mercato.
NB : Propos recueillis par Le Parisien.
