Après un premier match à Revel où les Parisiens ont pu sans souci se passer de leur indispensable latéral droit Achraf Hakimi, le test de dimanche face au RC Lens (20h45) sera d'un tout autre ordre alors que Paris va devoir faire sans le Marocain pendant près d'un mois, si ce n'est plus. Les premières réponses apportées par Luis Enrique seront donc particulièrement scrutées.
Hakimi, ce joueur unique au PSG
Les derniers bruits autour de l'avenir de Nordi Mukiele, avec un PSG ouvert à une vente, confirment malgré tout une tendance de fond constatée depuis le début de la saison : Paris n'a pas vraiment de doublure à Achraf Hakimi, son très offensif latéral droit marocain qui est parti à la Coupe d'Afrique des nations pour un bon mois, les ambitions du Maroc étant grandes. Lors du premier match sans lui contre Revel, c'est finalement Mukiele qui a repris ce rôle d'arrière droit très haut sur le terrain, mais l'adversaire, amateur, ne permet pas de déduire grand-chose. Et l'absence de Dembélé fausse partiellement l'analyse, Luis Enrique faisant de l'ailier français son joueur qui va occuper le couloir et notamment la bande la plus proche de la ligne de touche. La paire formée avec le Marocain est même probablement inégalable tant elle apporte offensivement.
Mais jusque-là, lorsque Hakimi était absent, ce sont Carlos Soler et Warren Zaïre-Emery qui ont surtout occupé le poste très particulier de latéral droit à Paris. Le joueur affecté se positionne effectivement comme un arrière droit classique lorsque le PSG défend, ce qui est plutôt rare au cours d'un match vu la possession de balle parisienne, mais il a en revanche un rôle particulièrement riche lorsque Paris a le ballon. Tantôt il doit occuper l'aile et dédoubler autour de Dembélé, tantôt il doit occuper une position intérieure au cœur du jeu où il est nécessaire pour l'arrière droit, à ce moment-là très théorique, d'avoir une sensibilité pour le jeu non négligeable.
Exemples de positionnement de Hakimi contre Toulouse, son dernier match avant de partir à la CAN :
1. Hakimi est au coeur du jeu, comme un milieu relayeur, tandis que Dembélé donne de la largeur et est le joueur parisien le plus excentré.
2. Hakimi est dans une position d'ailier de débordement plus classique, avec Dembélé qui se recentre :
Luis Enrique faisant du jeu avec le ballon sa priorité, il faut donc voir par ce prisme du joueur le plus performant dans ce types d'action de jeu les raisons de ses choix, et pourquoi Mukiele n'est pas son remplaçant naturel à Hakimi. Le Français est très fort pour gagner des duels défensifs ou gagner des mètres balle au pied avec sa puissance une fois lancé, mais ce n'est clairement pas ce qui est demandé en priorité à l'arrière droit du PSG.
Zaïre-Emery, Soler, les réponses déjà vues
Assez logiquement et dans la continuité de ce qu'avait pu faire Christophe Galtier la saison dernière, Luis Enrique n'a pas hésité à tester Warren Zaïre-Emery dans cette position, le jeune talent ayant à la fois la capacité à jouer à l'intérieur et quelques repères sur le poste d'arrière droit de par ses matchs de la saison passée. L'autre joueur le plus utilisé dans ce rôle n'est sûrement pas Nordi Mukiele, vu avant tout comme un défenseur central par son entraîneur, mais bel et bien un Carlos Soler qui y a joué à deux reprises avec un certain confort.
Aussi bien contre Strasbourg (3-0) qu'à Reims (3-0) quelques semaines plus tard, l'Espagnol à certes souffert défensivement mais il a su avoir un apport offensif pour le moins précieux et digne de Hakimi : un but et une passe décisive contre Strasbourg, une autre passe décisive à Reims, Soler a au moins pour lui d'avoir le geste juste et ce n'est pas occuper une position de milieu au cœur du jeu qui va lui faire peur. Au contraire, c'est même son poste de prédilection. Le week-end passé face à Revel, son entraîneur l'a d'ailleurs baladé dans cette zone entre l'axe et le côté droit, lui faisant même jouer la seconde période comme défenseur central droit.
Mais encore une fois, de par le scénario de la rencontre et le niveau très moyen de l'adversaire, il est dur d'en tirer la moindre conclusion. Interrogé par la presse ce samedi sur l'absence de Hakimi, Luis Enrique n'a rien dévoilé quant à ses intentions et répondu à côté, une de ses grandes spécialités. Ce dimanche, sur la pelouse du Racing Club de Lens, le choix effectué sera donc beaucoup plus parlant car il s'agit d'une vraie affiche, le match le plus compliqué du PSG en ce mois de janvier, et même l'un des plus durs de la saison en Ligue 1. Une affiche de Champions League, ni plus ni moins. « Un test » même, comme avoué par le coach.
Lens, un adversaire à part
Attention toutefois à ne pas trop sur interpréter ce qu'il se passera dimanche soir, notamment pour une raison simple : l'adversaire. Avec son 3-4-3 immuable et ses joueurs de couloir à très gros volume, le RC Lens n'est pas une équipe comme les autres et nécessite donc un ajustement qui ne sera pas forcément reproduit à toutes les rencontres. Lors du match aller, Luis Enrique avait par exemple abandonné le schéma offensif en 3-2-2-3 mis en place durant toute la préparation pour une sorte de 4-1-4-1 afin de générer des surnombres sur les côtés tout en évitant l'axe central. Dans ce schéma, Mukiele pourrait avoir une chance.
Les solutions choisies ce dimanche par l'entraîneur espagnol seront donc à la fois une première réponse à comment il imagine son équipe sans Hakimi mais aussi comment il pense pouvoir faire mal à ce qui est assez clairement la deuxième meilleure équipe de France depuis 18 mois.