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Nuno Mendes, profil et perspectives d'un jeune latéral déjà complet

Publié le lundi 14 février 2022 à 7:51 par Théo C.
Arrivé pour la première fois le 9 septembre 2021 au Camp des Loges, Nuno Mendes n’a pas tardé à faire son trou dans l’effectif de stars parisiennes. Recruté par le PSG en réponse à un retour de blessure tardif de Bernat, au départ de Bakker et à l’incapacité de Kurzawa à s’imposer après six saisons au club, sa venue a bien été accueillie par tous les acteurs du club francilien, des joueurs aux supporteurs. Il a incarné, dès l’annonce de sa venue, un espoir de fraîcheur et de régularité à un poste qui n’a pas trouvé de titulaire indiscutable depuis la dernière saison pleine de Maxwell en 2016. Ses premiers pas tonitruants début septembre ont matérialisé cet espoir avant qu’il ne rentre dans le rang du collectif parisien, dans une morose période d’automne. Elle a permis de mieux évaluer ses aptitudes et faiblesses sur lesquelles nous revenons aujourd’hui.

Son profil technique

15 septembre 2021, Jan Breydelstadion de Bruges, 79e minute de jeu. Nuno Mendes effectue sa deuxième apparition sur les couleurs du Paris Saint-Germain, entré en jeu trois minutes plus tôt. Son équipe est tenue en échec, 1-1 au tableau d’affichage, et rapidement mise en difficulté par le club belge. Le portugais reçoit alors une passe de Kimpembé. Sur l’aile, il jette un œil furtif aux environs, contrôle et se place face au jeu. Neymar décroche et lui demande le ballon. Une situation vu maintes et maintes fois avec ses prédécesseurs. Neymar demande le ballon, on le lui passe. Lui, n’en a que faire. Il dribble son vis-à-vis, parcourt 35 mètres avec le ballon, puis trouve Messi à l’entrée de la surface.

Une posture le long de la ligne qu’adopte régulièrement Nuno Mendes en un-contre-un, jouant de ses qualités pour appuyer une double menace : éliminer par le débordement ou par la passe intérieure.

C’est une action qui n’a pas manqué de faire réagir les observateurs. On y trouve déjà des qualités propres au joueur : techniques, physiques, mentales, même cognitives. Il y montre également ce qu’il peut apporter au PSG par le besoin d’un registre de percussion qu’il maîtrise, et dont Messi et Neymar se sont éloignés au fil des années. Mais pour y être performant dans un contexte aussi difficile, il faut d’abord savoir élever son niveau technique, se mettre au niveau de ses coéquipiers et de l’intensité mise au niveau européen. Une exigence que Nuno Mendes est tout à fait capable de satisfaire.

Chacune de ses premières touches est un bonbon qui démarre un plan d’action. Toujours à la prise de l’information pendant le trajet du ballon, il oriente ses contrôles, dans la mesure du possible, pour rapidement poser et repartir. Et la nature du ballon ne l’effraie pas, il réceptionne aussi bien des ballons aériens et incertains, le forçant à lever sa jambe au-dessus de la ceinture, que des passes plus claires, lui offrant une plus grande marge de manœuvre.

Nuno Mendes est un joueur déséquilibrant capable de rapidement changer une possession en situation dangereuse

Cette qualité de première touche contribue à sa capacité à toujours créer la distance avec son vis-à-vis pour prendre l’avantage, que ce soit par la course (via le débordement en un-contre-un, ses appels ou contre-appels sans ballon), par la passe (il raffole de trouver une passe intérieure pour lancer un une-deux et se lancer dans le dos de l’adversaire), ou par le dribble (il aime tromper sur la direction qu’il va prendre grâce à la finesse de ses touches). En effet, Nuno Mendes est un joueur déséquilibrant capable de rapidement changer une possession en situation dangereuse. Ses dribbles sont déjà d’un niveau élevé, combinant la vitalité et la subtilité de son jeu.

Néanmoins, il a aussi une tendance à s’enthousiasmer excessivement, à être gourmand avec ballon et à se lancer dans une succession de dribbles - alors même qu’il possède des solutions de passes plus pertinentes. Le plus flagrant est lorsqu’il s’y essaie arrêté sur la ligne de quatre et perd le ballon, offrant à l’adversaire une situation de contre immédiate. Enfin, son pied droit, très lacunaire techniquement en comparaison du gauche, plafonne son registre dans l’exercice. Par exemple, lorsqu’il est à l’intérieur du jeu et dans un plus petit périmètre, il n’est pas aussi efficient puisque le déroulement de l’action le force à utiliser ses deux pieds. Heureusement, lorsqu’il se retrouve en difficulté, il arrive régulièrement à tirer quelque chose des situations, que ce soit un coup de pied arrêté, une touche ou une faute. 

Compilation non exhaustive des actions avec ballon de Nuno Mendes au PSG : premières touches, dribbles, percussion, un-contre-un.

Des multiples présentations faites du joueur à son arrivée, il était régulièrement mentionné la possibilité de le voir se placer à l’intérieur dans un jeu plus positionnel. Un cas de figure dans lequel il se rendait aussi fonctionnel au Sporting Portugal, participant aux rotations pour libérer son ailier, servant d’appui et participant à une occupation rationnelle de tous les couloirs de jeu. Au PSG, la densité axiale l’a éloigné de cette caractéristique tactique, mais il n’en reste pas moins pertinent dans un jeu de possession. Restant plus large, son jeu de passes intérieures permet à l’équipe de contourner une ligne adverse, de trouver un joueur face au jeu ou de créer un déséquilibre. Ce jeu de passes étoffé et sa capacité à trouver des solutions de toutes distances, dans toutes les positions possibles et de tous les angles possibles, l’ont même amené, au Sporting, à évoluer comme central gauche d’une défense à 3, et épisodiquement à Paris, de s’y insérer avec ballon à la relance.

Compilation non exhaustive des passes de Nuno Mendes au PSG : technique, vision de jeu, créativité.

Enfin, Nuno Mendes se fait plus récemment remarquer pour ses centres souvent bien trouvés, toujours très élégamment tirés. Il a également frappé des corners des deux côtés, avec une certaine réussite, puisqu’il a servi le rare but en carrière de Kimpembé à Vannes. Une réussite non inédite dans le domaine puisqu’il s’est octroyé une seconde passe décisive sous le maillot parisien, contre Brest avec un centre à l’intention de Kehrer. Cette seconde illustre d’ailleurs assez bien sa technique de centres qu’il frappe généralement en force, une particularité qui ne diminue pas leur précision pour autant. Il y ajoute fréquemment, quand c’est possible et justifié, une trajectoire à ras-de-terre ou à mi-hauteur juste devant le gardien.

Une réussite qui n’est pas indépendante de l’absence de Hakimi durant la CAN

Une réussite qui n’est pas indépendante de l’absence d’Achraf Hakimi, absent durant le mois de janvier puisque participant à la CAN avec le Maroc. En effet, en sa présence, le portugais devient moins actif offensivement, la réalité du PSG le poussant à prioriser la protection du dos de l’équipe et à préparer les transitions. Sur certains matchs, on ressent même une consigne de rester très vigilant lorsque l’équipe a le ballon, parce qu’il s’active moins offensivement, proposant moins d’appels à vide et de débordements. Une couverture préventive qui permet ainsi à Hakimi de se placer plus haut de l’autre côté du terrain et de profiter de la position axiale de l’ailier droit, généralement Messi, alors que Mbappé et Neymar s’excentrent davantage côté gauche.

Dans cette configuration, Nuno Mendes reste alors plus large pour donner de l’amplitude à l’équipe avec un point d’appui latéral. Avec le marocain, ils aèrent également tout le bloc-possession en venant fixer sur les côtés et en créant une menace dans la profondeur (menace qui a diminué au fil de la première partie de saison, car peu exploitée). L’impact offensif du portugais est d’autant plus amoindri que, comme mentionné précédemment, Neymar et Mbappé viennent dans sa zone offensive pour se retrouver sur leur bon pied.  Malgré tout, il reste pertinent dans ce genre de plan de jeu par sa capacité, toujours, à trouver des lignes de passe, même contre des blocs très resserrés.

Ainsi, depuis le départ à la CAN de son pendant marocain, Nuno Mendes a centré au moins 4 fois sur 4 des 6 matchs qu’il a disputés. Jusque-là il n’avait dépassé ce chiffre qu’une fois, à Rennes. 

Une personnalité bien affirmée

Une autre caractéristique du joueur que l’extrait contre le Club Bruges illustre : sa personnalité. Sa tendance, déjà brièvement évoquée, à faire abstraction des statuts sur le terrain et à jouer sereinement, avec ce qu’il pense être le mieux pour l’équipe, lui a permis de rapidement se faire accepter par le vestiaire. Comme il le dit dans le numéro 345 de Onze Mondial : « Je suis un joueur calme. […] Ça ne sert à rien d’avoir la pression, on fait ce qu’on aime, ça facilite les choses ». Une personnalité affirmée et une attitude mâture pour un joueur qui soufflera vingt bougies en juin 2022. Un caractère et des prestations qui ont poussé Pochettino à le rendre indiscutable très rapidement, alors qu’il semblait vouloir doucement l’intégrer au onze titulaire.

« Il (Nuno Mendes) nous a rejoints le dernier jour du mercato donc il a encore besoin de temps pour apprendre à connaître ses coéquipiers et inversement. Il aura progressivement l’opportunité de jouer plus et nous verrons s’il débutera demain, nous y réfléchissons en tout cas. » - Mauricio Pochettino – 18/09/21

Une personnalité qui peut parfois déborder, comme on l’a évoqué plus tôt en abordant ses tentatives de dribbles arrêtés à 15 mètres du but, mais aussi mise en exergue par ses qualités physiques. Mesurant environ 1.80 m (plusieurs chiffres sont disponibles sur internet, mais il semble un peu plus petit que Mbappé, 1.83 m), il est athlétique. Ceci, couplé à son explosivité, sa puissance et son agilité - caractéristiques de son jeu plein de spontanéité et d’énergie - lui permet de régulièrement prendre l’avantage physique sur ses adversaires. Un ensemble permettant de rattraper certaines prises de risque et d’en récompenser d’autres.

Aussi, il peut parfois rester inactif, autant défensivement qu’offensivement, où il propose peu arrêté. Ainsi, on ne le voit que rarement, voire jamais, être initiatif dans ses déplacements lorsque l’équipe est en attaque placée. Une rigidité tactique, conséquence d’un manque de cadre collectif dans l’équipe dont il semble souffrir. Le PSG est toujours à la recherche d’une clarté qui permettrait de mieux l’encadrer et de mieux le guider dans sa progression et son adaptation.

Encore dans cette veine, il peine à rester concentré et constant sur 90 minutes, et a quelques sauts de performance dans ses matchs. C’est surtout défensivement que s’exprime cet aspect. Il ne prend pas toujours l’information sur l’environnement, ne revient pas toujours à pleine intensité et a tendance à lâcher son marquage sur les coups de pieds arrêtés défensifs quand il remarque que le ballon ne vient pas dans sa direction, négligeant le fait que l’action n’est pas finie et que le ballon peut revenir.

Un profil défensif à améliorer

Globalement, Nuno Mendes possède des lacunes défensives, notamment tactiques. Accumulant les mauvaises décisions, il fragilise souvent la structure de l’équipe et a déjà coûté, ou participé à coûter, plusieurs buts cette saison. Il y a des situations où il sort sur le porteur alors qu’il devrait couvrir, d’autres où c’est l’inverse. C’est un phénomène déjà discuté à l’époque du Sporting Portugal : il aimait beaucoup sortir de la ligne défensive pour aller presser mais pouvait le faire à l’excès, en allant chercher une ligne de trop et en laissant des espaces dans son dos facilement atteignables pour l’adversaire, et mettant ainsi l’équipe en difficulté. Une erreur tactique récurrente, à coupler avec sa tendance à ne pas sortir avec assez d’intensité sur le porteur, lui permettant de trouver le temps et les espaces pour répondre à son pressing.

Lorsque Nuno défend en reculant, il semble plus conscient des enjeux que lorsqu’il doit se placer dans le bloc-équipe ou défendre en avançant

Il y a aussi des questions de positionnement auxquelles il ne sait pas encore répondre, notamment dans l’ajustement horizontal. En fait, lorsqu’il défend en reculant, il semble plus conscient des enjeux que lorsqu’il doit se placer dans le bloc-équipe ou défendre en avançant. Par exemple, il gère bien les un-contre-deux en transition défensive, souvent très juste dans son orientation de corps pour forcer le porteur à se diriger à l’opposé de son coéquipier ; et permettant de gagner du temps en attendant le retour de ses coéquipiers pour rapidement transformer la transition en défense placée, ou un coéquipier pour couper la ligne de passe ou forcer la passe. De la même façon, quand un joueur vient le provoquer en un-contre-un et qu’il peut reculer avec des petits pas en l’orientant ou en le faisant douter sur le moment où il sort, il réussit généralement ses duels, d’autant qu’il possède une bonne technique défensive.

Alors que lorsqu’il défend en avançant, il offre des espaces faciles. En défense placée, il a un souci d’ajustement horizontal dans son placement sur la ligne défensive lorsqu’il se trouve côté faible. Il peut par exemple se mettre à marquer un joueur que le central gauche (généralement Kimpembé) cadre déjà, libérant ainsi des joueurs sur le côté. Comme ça, il offre des possibilités de renversements à l’adversaire et des centres « gratuits ».

Compilation non exhaustive d’exemples des carences défensives citées.

Il y a de l’inné par beaucoup d’aspects dans son jeu

En fait, quand la défense est dans l’urgence et la réaction plutôt que dans la préparation et l’anticipation, il est plus performant pour endiguer les vagues adverses - et cela semble être quelque chose d’inné chez lui. Il y a de l’inné par beaucoup d’aspects dans son jeu. Et de la même façon, lorsqu’il a couvert durant la possession de son équipe et qu’elle subit une transition, il a toujours les bons petits pas de compensation si son central gauche sort au pressing, quelque chose qui l’aide énormément par la suite de l’action.

Enfin, il associe une excellente lecture des trajectoires et des mouvements adverses à un timing de saut optimal dans les duels aériens et à sa puissance. Cela lui permet en transition de très rapidement s’adapter à la situation. On peut ainsi le voir pivoter et couper la trajectoire du ballon lorsqu’un adverse le pousse trop en contre-attaque.  Néanmoins, il perd souvent le repère du joueur qu’il cadre sur les centres (à l’instar du premier but rennais à Rennes et du premier but citizen à Manchester).

Compilation non exhaustive des actions défensives : tacles debout, lecture des trajectoires, orientation du porteur.

Nuno Mendes est donc un joueur complet, proposant des qualités dans tous les compartiments du football et un esprit qui le destine à une progression encore croissante. Depuis un mois de décembre reposant car plus léger en termes de minutes jouées, il est remonté en puissance et a retrouvé la fougue de ses débuts dans le club de la capitale, faisant des différences individuellement et enthousiasmant à nouveau les spectateurs. Il reste un jeune joueur avec des failles, qui commet des erreurs, mais ses axes de progression sont davantage mentaux et tactiques. On peut donc supposer que sa marge de progression reste élevée.


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