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Où va le PSG ? (2e partie)

Publié le samedi 7 janvier 2017 à 12:22 par Olivier Guiol
Six mois après l'arrivée d'Unai Emery et de Patrick Kluivert au Paris Saint-Germain, c'est le moment de faire un point sur la situation au sein du club parisien et tenter de comprendre la dynamique actuelle. Ce tour d'horizon devrait permettre d'y voir plus clair sur l'état du projet initié par QSI à son arrivée en 2011.

Après une première partie récapitulant les résultats des derniers mois et faisant le point sur l'effectif parisien, voici le second volet qui va revenir sur l'organigramme et les hautes sphères parisiennes.

Une direction sportive aux manettes d'un recrutement catastrophique depuis 3 ans

Les adjectifs péjoratifs ne manquent pas pour qualifier le bilan d'Olivier Létang, pourtant promu au poste de directeur sportif au cours des derniers mois. L'ensemble de son action a été synthétisée par Mathieu Martinelli : 

Nul besoin d'élaborer plus longtemps. Son départ plus ou moins annoncé sera aussi celui, on l'espère, d'une nouvelle politique sportive performante au PSG. Petit rayon de soleil : le fameux logiciel mis en place par le club qui a permis de dénicher Meunier, qui apparaît comme une bonne recrue pour l'instant.

Le mystère Kluivert

Patrick Kluivert a intégré le club cet été dans un poste de "directeur du football". Que va-t-il apporter au PSG ? S'il est encore tôt pour se prononcer sur la question, deux événements laissent perplexe :

1/ Ludogorets : Avant un match ô combien important contre Ludogorets au Parc des Princes, Kluivert participe à un tennis-ballon dans le vestiaire parisien comme l'a révélé L'Equipe quelques jours après le match. Cela témoigne d'un manque de sérieux et d'autorité qu'une direction est censée incarner auprès de ses joueurs.

2/ Emery : Au cours d'un mois de décembre particulièrement compliqué, bon nombre de rumeurs visant à déstabiliser Unai Emery impliquaient le Néerlandais. Il n'a rien démenti, ce qui signifie soit qu'il est négligent et peu protecteur de son entraîneur, soit que les rumeurs étaient fondées et qu'il cautionnait donc la tempête médiatique autour de l'entraîneur. Dans les deux cas, cet épisode n'est pas rassurant quant aux méthodes de management du néerlandais.

En revanche, dans le secteur où le PSG doit progresser, le recrutement, le Condor laisse entrevoir de belles promesses. Julian Draxler, ex-grand espoir du football européen, devrait permettre au PSG d'améliorer son secteur offensif, une première depuis la venue d'Angel Di Maria. Aussi, cela faisait bien longtemps que le club parisien n'avait pas "battu" un grand club européen dans une course à la signature d'un joueur important sur le marché (Liverpool et Arsenal étaient intéressés). Au-delà des futures performances de Draxler, la capacité du PSG à signer le champion du monde Allemand est de bon augure pour la suite du recrutement parisien.

Mauvais manager et bon recruteur, Patrick Kluivert ? Seul le temps pourra confirmer (ou infirmer) ces premières impressions. 

Nasser Al Khelaifi : une communication et des choix douteux

La nomination de Patrick Kluivert au poste inédit de directeur du football s'inscrit dans une longue liste de choix pour le moins étranges de Nasser Al-Khelaifi à la tête du PSG, qui remettent en question son management et sa capacité à bien gérer l'entreprise PSG.
1/ Le non-remplacement de Leonardo à la direction sportive du PSG : Plutôt que de remplacer le Brésilien avec un grand nom (Jorge Valdano était disponible à cette époque par exemple), le Président le remplace avec... personne, se contentant du seul Létang comme directeur sportif adjoint. Adjoint de personne donc.

2/ La prolongation de Laurent Blanc : Au printemps 2016, alors que le PSG attend toujours de passer les quarts de finale de la Ligue des Champions, Al-Khelaifi décide de sortir le chéquier et prolonger son entraîneur avec un contrat d'un montant total de plus de vingt millions d'euros. Laurent Blanc ne pouvait pas prétendre à un meilleur club européen que le PSG, mais Nasser Al-Khelaifi, pourtant en position de force dans la négociation contractuelle, a cédé une somme astronomique au Cévenol. Une décision financièrement catastrophique : Laurent Blanc est licencié quelques mois après cette grotesque prolongation, et 20 millions d'euros partent en fumée. Pas vraiment idéal en période de fair-play financier. Nasser a tiré une grosse balle dans le pied du PSG.

3/ La gestion du duo Létang/Kluivert : Alors qu'Olivier Létang est toujours directeur sportif adjoint, Kluivert débarque comme directeur du football au coeur de l'été. Pour rappel, des directeurs sportifs confirmés comme Luis Campos voire Monchi étaient disponibles pour occuper le poste vacant de directeur sportif. Bref. Létang lui sera donc rattaché pense-t-on. Que nenni ! Mieux, alors qu'on institue une réduction de ses fonctions, Olivier Létang se voit promu directeur sportif un mois plus tard. Là encore, personne ne comprend la décision du président parisien ; même au sein du club, l'organigramme est indéchiffrable. 

4/Le calme pendant la tempête médiatique autour d'Emery : Pendant plusieurs semaines, Emery s'est retrouvé au coeur d'interrogations incessantes de la part des médias. Durant cette période, Nasser Al-Khelaifi, dont on attendait une décision dans un climat devenu insupportable, a totalement disparu des radars. Deux options s'offraient à lui : licencier Emery pour créer un choc psychologique et réveiller un groupe endormi, ou bien renforcer le Basque publiquement pour éteindre le feu médiatique. Il n'a fait ni l'un ni l'autre pendant trop longtemps. Fort heureusement, sa décision fut de renforcer le coach. 

5/ Le recrutement d'Hatem Ben Arfa : Alors qu'il n'a toujours pas recruté son nouvel entraîneur, Nasser prend les choses en main et décide de recruter HBA (presque) tout seul. Bilan : une grosse prime à la signature, un salaire non négligeable et un rendement nul sur le terrain. Si l'on peut toujours espérer une métamorphose du Français, il restera probablement comme une erreur de recrutement de Nasser Al-Khelaifi.

Le président parisien a aussi ses qualités. Proche des joueurs, il s'est toujours débrouillé pour qu'aucun joueur majeur du projet ne quitte le navire pour l'instant (Ibra est toujours un cas à part). Sa proximité avec les cadres du vestiaire interroge néanmoins sur sa capacité à les bousculer pour donner les pleins pouvoirs à son entraîneur.

Nasser Al-Khelaifi est un président qui présente des lacunes dans sa gestion. Représentant digne du club dans sa communication extérieure, ne souhaitant jamais tomber dans la polémique, il peine tout de même à incarner l'institution PSG auprès de ses joueurs lorsqu'il s'agit de faire respecter le club ses valeurs (cf. les déclarations insultantes d'Ibrahimovic sur l'absence du club avant sa venue). Quant à sa gestion de l'entreprise PSG, ses étranges décisions ont pénalisé le club. Si la direction sportive a été aussi mauvaise depuis le départ de Leonardo, il en est le premier responsable. Fort heureusement, il semblerait qu'il a vu juste avec son nouvel entraîneur. 

Unai Emery : débuts contrastés dans un contexte difficile

Unai Emery se souviendra longtemps de son début de mandat parisien :
- un effectif considérablement affaibli avec les départs d'Ibrahimovic et David Luiz
- des objectifs inchangés malgré ces départs, notamment celui de "faire franchir un cap" au PSG
- un recrutement auquel il n'a pas pris part (sauf pour celui de Jesé, qui se solde par un échec)
- un traitement médiatique abominable du fameux corporatisme français qui a accueilli le Basque à la machette après le départ de Laurent Blanc

Si l'on revient à la situation actuelle décrite précédemment, tenant compte de ce contexte difficile, les premiers mois d'Unai Emery sont positifs. Presque ous ses grands matchs ont été globalement maîtrisés par les Parisiens, que ce soit contre Lyon, Nice ou la double confrontation contre Arsenal, seul le match à Monaco ayant vraiment été loupé. On l'a vu, les dernières contre-performances sont surtout le fruit d'un manque de réussite de la part de ses joueurs. Peut-on le juger coupable de cela ?

Dans ses choix de joueurs, on peut remettre en question sa gestion des gardiens. Qu'Areola soit mis numéro un devant Trapp, pourquoi pas. Mais le titi parisien a connu une trop longue période catastrophique qui l'a vu encaisser des buts sur 9 tirs cadrés consécutifs. Aussi, les défenseurs paraissaient moins sereins avec Areola dans les buts. Kevin Trapp a ainsi fait son retour dans les cages parisiennes contre Lorient. Si ce retour intervient un peu tard, il a le mérite de souligner que le Basque ne s'entête pas dans l'erreur. C'est une bonne chose. 

En ce qui concerne les joueurs de champ, Unai Emery a plus semblé devoir faire ses compositions par défaut, contraint par les blessures des uns et la faiblesse des autres. 

Au niveau du système de jeu, son 4-2-3-1 n'a pu être mis en œuvre, faute d'un numéro 10 compétent et disponible. La venue de Draxler et le retour (espérons-le) de Pastore changeront peut-être la donne. En attendant, le retour au 4-3-3, que les joueurs maîtrisent, paraît cohérent ; quitte à ne pas pouvoir utiliser son sytème fétiche, autant utiliser celui dans lequel les joueurs sont à l'aise. Néanmoins, les difficultés du PSG contre les équipes regroupées (pour se créer des occasions, ainsi que dans les transitions défensives) devront vite être résolues, sous peine de s'exposer à de nouvelles sanctions. C'est au Basque de corriger ces problèmes.

Conclusion

Ce PSG n'est pas en régression. Si l'on prend en compte un contexte initial compliqué et une série incroyable de manque d'efficacité de ses joueurs, le bilan d'Unai Emery depuis son arrivée est positif. Le groupe dont le Basque dispose repose sur des fondations solides renforcées par un vécu commun depuis plusieurs années. Cela souligne un élément important : trois ans après son départ, le PSG continue à vivre sur l'héritage de Leonardo. 

Les récents cas de gestion douteux de Nasser Al-Khelaifi incitent presque à penser que le passage du brésilien fut un miracle pour le club, tant la gestion et les choix d'hommes du président parisien furent mauvais depuis le départ de Leo. Le club n'a pas montré de signe de progression en 3 ans. Mais pour progresser et franchir le fameux palier, le club dispose de deux leviers. 

Le premier est de permettre au groupe de progresser sans apport extérieur. Unai Emery a été recruté dans cette idée. Mais pour ce faire, la direction parisienne doit donner toute la liberté nécessaire à Unai Emery de mettre en place son projet de jeu. Espérons que l'interview récente de Nasser Al-Khelaifi dans laquelle il laisse du temps à son entraîneur soit confirmée par des actes, que le Basque aura la main sur son groupe pour le faire progresser, et qu'il y parvienne. Il a pour lui la confiance des supporters parisiens.

Le deuxième levier consiste à faire progresser le groupe avec des apports externes, et donc bien recruter. Pour cela, le PSG a besoin d'un nouveau Leonardo : un directeur sportif respecté par les joueurs et capable de recruter des grands noms. Kluivert peut-il endosser ce costume ? Il est trop tôt pour le dire, mais l'arrivée de Draxler peut permettre à nouveau au PSG de rêver (un petit peu) plus grand. Il était temps.

Olivier Guiol


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