En signant le milieu international portugais Danilo Pereira en toute fin de mercato, le PSG s’est offert un nouveau profil pour étoffer son milieu, celui d'un joueur grand et très doté défensivement. Décryptage du profil de jeu de l'ancien capitaine du FC Porto.
Une culture défensive de spécialiste
À l’instar de Gueye, qui a cependant un profil physique et tactique différents, l’incorporation de Danilo signifie la présence d’un deuxième joueur très défensif dans le milieu de terrain du PSG. Cependant là où Gueye peut être utilisé comme un milieu polyvalent en se servant de sa mobilité pour chasser les adversaires un peu partout sur le terrain (avec ses avantages et ses inconvénients), Danilo est plus à l’aise pour protéger la zone devant sa défense grâce à son sens du placement et de l’intervention.
En effet, Danilo est un roc sur lequel à peu près tous les joueurs peuvent se briser, avec une qualité de duel au corps-à-corps très supérieure à la moyenne. Bien que le volume d’actions défensives n’ait pas été pléthorique (1.8 tacle tenté par match la saison dernière dans un Porto dominant en Liga NOS), Danilo est très autoritaire et n’hésite pas à finir au sol si la situation l’exige à ses yeux. En revanche, si un rocher est indestructible, il ne vous suit pas lorsque vous le contournez.
Un manque de mobilité problématique ?
Pas épargné par les blessures depuis quelques saisons, Danilo semble avoir amorcé un déclin physique clair depuis 2017 et sa rupture du tendon d’Achille. Et cela se ressent sur sa mobilité. Sa force physique vient de son envergure et de sa puissance au corps-à-corps, mais en termes de courses, Danilo montre des limites. Bien qu’il ait une bonne résistance à l’effort, l’international portugais est lourd sur ses appuis et semble régulièrement en difficulté sur des déplacements.
Danilo avant sa rupture du tendon d'Achille :
Il s’évite depuis au maximum les changements de rythme, il ne peut plus sprinter aussi souvent ni aussi vite qu’auparavant et il garde un niveau d’intensité très à l’économie sur le terrain. Sa perte de potentiel à la course peut être une inquiétude pour une équipe de Paris qui joue haut et doit affronter beaucoup de transitions où Danilo pourrait montrer certaines difficultés. Reste à espérer que son sens du placement et de l’anticipation soient suffisants pour compenser.
Les joueurs les plus vifs peuvent le faire souffrir sur les changements de direction également, comme on a pu le voir en deuxième mi-temps du match entre le Portugal et la France où l’habileté des Français lui a souvent donné du fil à retordre.
Dans un effectif du PSG limité en termes de kilomètres parcourus au milieu, Danilo n’est pas un renfort significatif qui pourra mettre l’équipe sur un pied d’égalité avec les équipes les plus mobiles d’Europe. Mais à défaut de courir plus que les autres, Danilo dénotera clairement avec ses comparses du milieu en termes de capacités aériennes.
Des centimètres au milieu
Le secteur où Danilo sera le plus capable de faire passer un cap au milieu sera dans le domaine aérien. À l’exception de Marquinhos lorsqu’il est utilisé au poste de sentinelle, tous les milieux Parisiens affichent des carences en termes de taille et/ou de qualité dans les airs. Du haut de ses 188 centimètres, Danilo va pouvoir faire entrer le ciel parisien dans une nouvelle dimension, lui qui affiche jusqu’à 73 % de duels aériens remportés sur les dernières saisons. Il sera précieux pour soulager sa défense sur les longs ballons adverses, là où le PSG souffre depuis le départ de Motta notamment.
De plus, il pourra apporter sur les coups de pied arrêté offensifs, comme le montrent ses stats offensives, et il est capable d’avoir au moins une tentative de la tête pratiquement à chaque match. Ce volume de tirs est non-négligeable pour un PSG qui marque relativement peu sur ballons arrêtés par rapport aux standards actuels du football.
Techniquement un peu trop juste pour le PSG ?
Avec le ballon, on peut dire que Danilo se met surtout au service de son équipe par la simplicité de son jeu. C’est un joueur qui semble avoir totalement conscience de qu’il est capable de faire et de ne pas faire, un des avantages lié à son âge. De fait il reste très sobre avec des orientations simples le plus souvent.Dans les bons jours, on louera la simplicité et la propreté de son jeu mais, dans d'autres moins positifs, la thèse du jeu insipide et non-inspiré sera probablement retenue.
Dans son jeu de passe, le Portugais ne joue pas forcément beaucoup vers l’avant, ce n’est pas un milieu qui peut casser n’importe quelle ligne comme Verratti ou Paredes mais il peut en revanche écarter le jeu par du jeu long. Même si les stats sont à prendre avec précaution, la distance parcourue par ses passes longues est souvent d’une vingtaine de mètres en direction d'un coéquipier isolé, et on parle rarement de transversales de génie sur des dizaines de mètres qui tuent le bloc adverse.
On peut le voir de temps en temps conduire le ballon s’il a l’espace pour le faire, encore une fois tout en simplicité, faire quelques pas pour avancer puis lâcher sa balle. Sans être un organisateur d’élite du tout, Danilo a un profil très sécurisant dans sa distribution, il a assimilé le fait d’être à une position où l’on ne peut pas se permettre trop de pertes de balles.
Si sa distribution un peu rudimentaire et son manque de créativité peuvent être compensés par la présence de coéquipiers plus habiles techniquement à ses côtés, on peut en revanche avoir des doutes plus sérieux sur son niveau technique face à des gros pressings. S’il peut éventuellement jouer en une touche sous pression, le Portugais souffre d’une rigidité corporelle importante et il a du mal à protéger son ballon avec son corps malgré sa corpulence. On l’a déjà vu rendre beaucoup de ballons lorsqu’il est livré à lui-même sous pression et ce facteur peut faire la différence sur son rendement lors des gros matches.
L'un de ses plus gros défis à Paris sera sa capacité d'élever son niveau de jeu aux côtés de coéquipiers de classe mondiale. Avec la crainte de le voir plonger techniquement comme d’autres avant lui (Stambouli, Krychowiak voire Gueye dans une certaine mesure).
Un profil vraiment idéal pour le PSG et avec qui l’associer ?
Dans le milieu protéiforme du PSG où abondent les profils plus à l’aise dans le chaos que dans la discipline tactique (Gueye, Verratti, Herrera), l’incorporation de Danilo permet de donner un deuxième joueur de nature positionnelle à Tuchel après Leandro Paredes. Sa nature tactique très définie en fait un joueur assez simple à associer. Joueur grand, qui connaît le 4-4-2 comme le 4-3-3, au profil positionnel, il coche beaucoup de cases sur le papier pour être le remplaçant de Kouassi (en plus d'être un capitaine expérimenté et pas un jeune de 17 ans). On peut donc déjà l’imaginer passer un certain temps dans le double pivot défensif du 4-2-2-2 de Tuchel.
Seul le temps dira si Danilo saura s’imposer et faire passer un cap à l’équipe, mais à la vue de certaines limites (physiques et techniques), il n’est pas fou d’imaginer que la supériorité technique d’un Paredes ou la folle mobilité de Gueye lui soient régulièrement préférées. De plus, le PSG n’a pas forcément amélioré son onze type et la base défensive de l’équipe paraissait plus compétitive la saison dernière avec Thiago Silva-Kimpembe en charnière et Marquinhos en sentinelle (qui reste un footballeur supérieur en de nombreux points) qu’avec une défense Marquinhos-Kimpembe avec Danilo devant eux. Au nouveau trio de faire oublier à Thomas Tuchel celui de l'an passé que l'Allemand aimait tant.
Si vous voulez plus de détail sur la partie statistique, nous vous invitons à aller lire l’analyse du joueur en ce sens.