Rabiot a-t-il menti ?

« Ce n’est pas un choix d’aller en CFA, ce n’est pas moi qui le décide »

Difficile de croire à cette phrase quand on connaît la politique du club depuis plusieurs saisons, l’équipe réserve n’accueillant jamais aucun joueur pro hors 3ème gardien, jeune ou… joueur souhaitant jouer avec la réserve. C’est d’ailleurs ce qu’avait affirmé Laurent Blanc le 23 septembre, quelques jours après le premier match de Rabiot en CFA : « Adrien est allé jouer en CFA, à sa demande ». Et Blanc de préciser : « Sa situation vous sera éclaircie par le club qui tient une position claire. » La situation ne sera jamais éclaircie par le club mais on peut avoir deux visions de la chose : soit Rabiot considère que le club le prive de matches et l’oblige donc à jouer en CFA, soit un des deux entre Blanc et Rabiot a menti.

« On s’entend bien, il n’y a pas de problème entre le coach et moi »

Alors que Laurent Blanc ne l’a pas utilisé une seule seconde cette saison, cette phrase pourrait paraître farfelue. Mais à refaire l’historique des déclarations du coach parisien, c’est probablement une juste évaluation de la situation. Début août, alors que le joueur voulait déjà partir, le coach déclarait : « la meilleure solution pour moi c'est qu'il reste à Paris ». Quelques semaines plus tard, il refusait de porter seul le poids de la sanction contre Rabiot, comme pour ne pas se couper du joueur : « C'est un choix du club, pas que de l'entraîneur ». Avant le match contre l’Ajax, il avait également émis l’hypothèse de faire figurer Rabiot dans la liste B de la Champions League, sans passer à l’action pour autant. Difficile de se faire une opinion claire des relations entre Blanc et Rabiot mais il reste pratiquement la personne qui semble avoir le moins condamné le joueur parmi les décideurs.

Bien plus vraie, la deuxième partie de la phrase de Rabiot concernant le statut de Blanc : « il est entre les deux ». Depuis l’été dernier, les tacles entre Laurent Blanc et Olivier Létang ont été bien visibles. Laurent Blanc avait ouvert le bal, déclarant qu’il y avait eu « une erreur » pour que Rabiot se retrouve dans cette situation contractuelle, accusant sans le nommer Létang, responsable de la gestion des joueurs français au PSG. Le directeur sportif avait répondu indirectement après Rennes/PSG, précisant que le choix de garder Rabiot hors du groupe pour les matches était une décision unilatérale du coach, désavouant donc les propos de Blanc la veille. Aujourd'hui, la situation s'est calmée, au moins en public, mais Rabiot a très bien utilisé la bisbille bien visible entre l'entraîneur et le directeur sportif adjoint.

 « Je me suis vraiment blessé cet été »

Difficile de nier le début de la blessure, survenue en fin de match contre le Red Bull Leipzig sur un tacle trop appuyé. Reste la durée de l’indisponibilité, huit semaines, qui coïncide étonnamment avec la fin du mercato d’été. Hier, le joueur a évoqué le coup de pied et précisé pour se couvrir que « cela peut durer longtemps ». Là encore, c’est invérifiable. Nous avions vu le joueur marcher sans problème dès la mi-août lors du match de CFA contre Ivry mais il y a un gouffre entre marcher et courir. Or, lui seul sait s’il a mal. 

« Venir à l’entraînement, m’entraîner et même jouer en CFA, j’y prends du plaisir »

Cela paraît difficile d’y croire alors que les journaux parlaient la semaine dernière de retards à l’entraînement et qu'il jouait la C1 il y a peu. Et pourtant, ce n’est pas si inimaginable. Au Camp des Loges, les derniers échos parlent d’un joueur qui s’entraîne dur, à l’image de ce qu’il a toujours fait, en jeunes comme en pros. En CFA, sur des pelouses pourries et face à des adversaires refusant le jeu, on l’a vu faire le boulot, ni plus ni moins, aussi bien à Arras que face à Roye-Noyon, des adversaires pourtant bien modestes. Touché à la main contre Roye en fin de première mi-temps, il aurait pu sortir et se caler au chaud mais il a préféré jouer et finir le match. La présence exceptionnelle et visible d’Olivier Létang au bord du terrain l’y a peut-être poussé mais le directeur sportif est parti à la pause et Rabiot aurait pu demander à sortir au cours de la seconde période. 
Vu le jeu en CFA, on a du mal à croire qu’il y prend du plaisir mais on est malgré tout bien loin de l’attitude d’un joueur sanctionné et faisant tout pour sortir, comme on le voit régulièrement.

« Si cela ne s’est pas fait avec la Roma, cela ne vient pas de notre côté en tout cas »

Là encore, il est difficile de démêler le vrai du faux dans cette affirmation. En Italie, on a parfois écrit que c’était les demandes du clan Rabiot qui avaient fait capoter l’histoire. En France, on avait entendu que le PSG et la Roma avaient trouvé un accord (l’Équipe, vendredi 29 août) mais cet accord ne semblait finalement plus si réel dans les dernières heures du marché d'été. Et le directeur sportif de la Roma parle régulièrement de trouver un accord avec le PSG, comme si ce dernier n’avait jamais existé.
L'affaire continuant, aucun des acteurs ne s’est exprimé de façon claire sur le sujet pour éviter de se mettre dans une situation inconfortable en vue d'un futur transfert, à l’exception de Rabiot hier. Logique, c'est le seul qui peut se le permettre vu que c'est celui qui décidera au final, au plus tard en juin.

A l'image de cet imbroglio qui dure depuis des mois, il est pratiquement impossible de savoir qui dit la vérité et qui ment. Rabiot a remis en question pas mal d'idées reçues avec ses déclarations mais il est impossible de savoir qui de lui, de Blanc, des clubs et des agents dit la vérité. Même les faits sont durs à juger, qu'il s'agisse de sa blessure, de ses matches de CFA, de ses entraînements ou de son transfert.
Le joueur s'est exprimé de façon claire et visible, il faudra désormais attendre l'éventuelle réponse du club. Elle pourrait être nécessaire car, hier, le joueur a parfaitement utilisé toutes les zones d'ombre de sa gestion, rejettant sur le club la responsabilité de pas mal de faits qui lui étaient reprochés.