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Tuchel dans Breaking Sport, la 1ère partie du compte-rendu complet (Mbappé, sa méthode, mercato)

Publié le lundi 10 septembre 2018 à 21:56 par Philippe Goguet
Thomas Tuchel était ce lundi l'invité de Breaking Sport sur la chaîne de télévision RMC Sport 1 et il s'est confié pendant près d'une heure sur de nombreux thèmes. Dans cette première partie, voici notamment ses propos concernant Kylian Mbappé, sa méthode et comment il tente de convaincre les joueurs ou encore le mercato du PSG, avec notamment un début d'explication sur le cas Lo Celso.

C'est souriant et très décontracté que l'entraîneur parisien Thomas Tuchel s'est présenté sur le plateau de Breaking Sport pour l'une de ses premières interviews en France. Alors qu'il parle anglais et français en conférence de presse, c'est en allemand qu'il va s'exprimer comme on peut le constater dès la première question sur le début de saison réussi de son équipe, avec 4 matches 4 victoires : «C'est exact, je suis un entraîneur heureux et c'était même 5 rencontres avec le Trophée des Champions, donc 5 victoires. Ensuite, il n'y a pas eu de match au niveau national (en raison de la trêve) et on a le temps de se reposer donc c'est sympa.»

Après cette rapide introduction, l'émission lui montre les mots très sympathiques de Pierre-Emerick Aubameyang à son égard avant qu'il ne débarque à Paris. L'attaquant le dit «un peu fou» et le compare à Guardiola dont il a «le même esprit, avec un jeu porté sur l'avant ». Tuchel répond : «Je suis toujours très heureux d'entendre Aubam', de le voir. On s'est vu à Singapour lors d'un amical cet été, il est venu dans notre vestiaire et on s'est pris dans les bras. C'est vraiment quelque chose de sympa. C'est toujours une grande joie d'avoir été son entraîneur, il est toujours à l'entraînement avec sa bonne humeur, c'est un joueur qui n'est jamais blessé et fait d'excellentes performances. C'était un plaisir de l'entraîner et je lui souhaite une très bonne continuation.»

Mbappé, un talent à couver

Après Aubameyang, c'est d'un autre attaquant dont il est question, à savoir Kylian Mbappé et sa possible lutte pour le Ballon d'Or. Son entraîneur donne son avis : «Il a encore beaucoup de chemin devant lui, j'imagine, mais il peut y arriver. Dès cette saison ? Il a encore quelques années devant lui mais il a les capacités, il n'a pas que le talent mais il a faim pour ainsi dire. Il a dit lui-même qu'il n'avait pas de temps à perdre s'il veut atteindre les objectifs qu'il s'est fixés et c'est plus facile dans un grand club avec d'excellents coéquipiers mais, au final, cela reste une performance d'équipe même si un Ballon d'Or est une récompense individuelle. C'est une performance d'équipe et nous sommes très heureux qu'il soit chez nous.»

«On peut toujours améliorer les détails mais il faut simplement couver Mbappé»

Tuchel est ensuite interrogé sur ce qui peut être amélioré chez Mbappé, l'Allemand répond : «J'ai entendu une phrase à Barcelone à propos d'Iniesta, venue du chef du centre de formation. Tout le monde disait : "faites attention à la façon dont il se développe, ne tente pas de l'améliorer" et c'est un peu la même chose avec Kylian. On peut toujours améliorer les détails mais il faut simplement le couver, faire attention à ce qu'il ne prenne pas la grosse tête. Il faut qu'il développe une conscience tactique, qu'il prenne conscience de l'importance du travail quotidien à l'entraînement, qu'il développe aussi son professionnalisme au quotidien pour atteindre les objectifs les plus importants qu'il s'est fixés. C'est ce qui sera décisif. Mais footballistiquement, pour l'améliorer, c'est juste une question de détails franchement.»

Le positionnement défensif de Mbappé est évoqué et Tuchel confirme qu'il s'agit d'un axe d'amélioration : «Oui, naturellement. Mais il faut toujours considérer que c'est un danger énorme offensivement. Il montre sa grande force dans l'animation offensive et c'est une prestation collective. Il faut qu'il défende, naturellement, et c'est ma mission en tant qu'entraîneur que d'expliquer leurs positions à des joueurs comme Neymar et Mbappé pour leur permettre de remplir facilement leur mission défensive, afin qu'ils n'aient en fait pas tellement à défendre. Mais défendre et leur expliquer ce rôle, c'est clairement mon rôle.»

Retour ensuite sur l'actualité avec les fameux trois matches de suspension dont a écopé l'attaquant : «C'est vraiment très dur. Kylian a réagi de manière très émotive mais il n'a frappé personne, il l'a juste poussé et il avait en fait été effrayé par la violence de la faute. C'est même sa santé qui avait été menacée à la dernière minute de jeu, à 4-2. Je crois qu'il a vraiment eu peur et c'est pourquoi il a réagi de manière aussi émotive. Pour moi, cela aurait plutôt dû être un carton jaune, pas un rouge, et c'est pour ça que je trouve cette punition particulièrement dure mais il va falloir qu'il s'en accommode, qu'il se protège aussi au niveau émotionnel. Parallèlement à ça, c'est notre mission et aussi celle des arbitres de protéger ce type de joueurs qui sont les stars des stades.»

Convaincre pour faire adhérer ses joueurs

«Si tu leur expliques pourquoi tu prends telle ou telle décision, quelle est leur mission et pourquoi cela aide l'équipe de les mettre à tel ou tel endroit, tu n'as aucun joueur qui refuse de participer.»

Après Mbappé, c'est comment convaincre ses joueurs qui est mis sur le tapis, notamment à propos de la défense à 3. Un des journalistes présents explique que certains des défenseurs parisiens sont réticents à cette nouveauté et Tuchel donne son avis : «S'il y a cette réticence, cela ne fonctionnera pas. Il ne s'agit pas que d'une conviction individuelle, c'est une conviction collective. Il faut avoir cette ouverture à l'entraînement, cette ouverture au changement et la base de ces modifications, c'est d'essayer de mettre des joueurs à des positions où ils se sentent bien. Il ne s'agit pas d'arriver et de dire "voilà, on joue de cette position ou en 4-2-3-1." Je dois apprendre à connaître mes joueurs et à les mettre où ils se sentent bien puis, ensuite, là où je pense où ils ont la plus grosse plus-value pour l'équipe. Si tu leur expliques pourquoi tu prends telle ou telle décision, quelle est leur mission et pourquoi cela aide l'équipe de les mettre à tel ou tel endroit, tu n'as aucun joueur qui refuse de participer.»

La réponse de l'Allemand touche à sa méthode et il s'éternise donc : «Cela prend du temps et on tente de faire nos essais pendant la Ligue 1. C'était un peu difficile à cause de la Coupe du Monde mais malgré tout, on a réussi à gagner quatre fois d'affilée donc tous mes compliments à l'équipe. Elle est très ouverte et, grâce à ça, j'apprends à les connaître. Pour la suite, il va falloir trouver un bon équilibre, développer une routine pour toutes les choses qui vont devenir des automatismes. C'est aussi la possibilité de dire de manière flexible "aujourd'hui, on change tel ou tel petit détail" afin que tout le monde reste éveillé et qu'on ne s'endorme pas.»

«Il ne faut pas essayer d'avoir raison pour le principe»

Relancé par Pierre Ducrocq sur le bon équilibre à trouver entre s'adapter et convaincre les joueurs de ce qu'ils doivent faire, Tuchel complète : «C'est tout l'art (d'entraîner) que de trouver cette frontière, cette limite, de sentir les résistances au sein de l'équipe. Il ne faut pas essayer d'avoir raison pour le principe mais il faut parfois pouvoir dire "OK, tu as raison" mais ensuite tenter d'atteindre l'objectif d'une autre manière. Il n'est pas possible que les joueurs suivent absolument mes idées parce que c'est moi. Non, je veux les convaincre, leur dire que c'est bien de fermer les espaces, de nous couvrir mutuellement puisque l'objectif final, c'est de donner à nos attaquants la possibilité de marquer et de fermer nos espaces pour nous protéger des contres. Bien sûr, il s'agit aussi d'une question personnelle mais c'est aussi une question de données, c'est scientifique. Si on concède trop d'occasions et qu'on laisse trop d'espaces, c'est une question de chiffres. On travaille dessus mais je n'aimerais pas me mettre dans une situation d'un extrême ou de l'autre, de type soit vous jouez comme je le dis, soit vous faites comme vous voulez.»

Après ce gros point sur sa méthode, Tuchel est en partie lancé sur le mercato du PSG, un point clé de son début d'ère à Paris. Il est notamment expliqué que l'Allemand a parlé à Weah avant l'arrivée de Choupo-Moting pour le prévenir, ce qu'il confirme : «Oui, bien sûr (que c'est important d'expliquer ses choix). Imaginez que les plus petites décisions peuvent avoir les plus grandes répercussions. Vous comprenez vos décisions différemment de vos joueurs, indépendamment de l'âge de ceux-ci. On pense parfois que l'on a pris une bonne décision durant la semaine en le laissant sur le banc pour des raisons tactiques mais si on n'en parle pas avec le joueur, il peut parfois se faire des idées et un fossé d'incompréhension peut se créer, un fossé qui n'est pas nécessaire. Bien sûr, on est contents lorsque les joueurs sont satisfaits du travail et, pour moi, c'était important de célébrer ensemble et de créer ce collectif (RMC lui a rappelé les scènes de liesse post-Trophée des Champions) mais ce n'est pas ça qui nous protègera et nous empêchera de prendre des décisions difficiles. L'expérience, c'est que plus tu as une relation franche et ouverte avec les joueurs, plus facilement tu peux prendre des décisions difficiles vis-à-vis d'eux et les assumer.»

Un mercato sans 6 qui ne le satisfait pas :

Le mercato est ensuite réellement mis sur le tapis et Tuchel donne son avis sur les transferts parisiens de l'été. «Satisfait ? Pas à 100% pour être franc avec vous. Et puis c'est un secret de polichinelle qu'on était à la recherche d'un n°6. On cherchait un rayonnement, on cherchait à remplacer Thiago Motta et sa personnalité. Pour un n°6 au PSG, tu cherches le talent et une très grosse personnalité et on n'a pas réussi à le faire durant ce mercato malheureusement. A la fin, on a un peu manqué de temps et, maintenant, à partir du 1er septembre, on a 100% confiance dans ce groupe et dans les joueurs, on regarde juste vers l'avant.»

Sur le fameux milieu recherché, il est relancé sur le dossier Kanté et pourquoi le Français n'a pas signé à Paris. Dans un grand sourire, il répond, sans en dire trop : «Je ne sais pas, peut-être parce que Chelsea sait à quel point il compte pour eux. Tous les entraîneurs du monde sauf Sarri (qui l'a déjà) veulent avoir N'Golo Kanté dans leur équipe.»

«A la fin, Lo Celso a décidé d'aller chercher ses minutes ailleurs»

Après les arrivées, on passe aux départs et Tuchel est lancé sur celui de Lo Celso et les raisons de son prêt, le joueur pouvant jouer comme un 6 : «Je pense que ce n'est pas un n°6 mais un 8, un 8 et demi, peut-être un 10 si vous voulez. L'histoire de Giovani, c'est l'Amérique du Sud puis après, une année à Paris, il a 22 ans actuellement, c'est la mission la plus difficile que tu puisses avoir, être milieu de terrain au PSG dans l'un des plus grands clubs d'Europe et se battre pour cette place. Au final, il a été extrêmement déçu de ne pas avoir eu assez de minutes de ma part et je le concède. A la fin, il a décidé d'aller chercher ses minutes ailleurs, il voulait absolument le faire et je ne lui reproche absolument pas. Mais être au Betis et jouer ses minutes plutôt qu'au PSG sur le banc, c'est la question de la personnalité du joueur, son sentiment, peut-être l'impression d'être sous-exploité. Mais il a choisi  de tirer le meilleur parti (et donc de partir).» 

Face à l'absence de recrue, il est demandé à Tuchel si Marquinhos n'est finalement pas le 6 du PSG : «Peut-être, oui, effectivement. Mais Marquinhos est très différent de Lo Celso. Il a beaucoup des paramètres et des qualités qu'on cherche. Il est très rapide, fort dans sa tête, c'est un soutien au niveau du mental, il a cette personnalité-là. C'est un joueur qui se sacrifie volontiers et c'est vraiment quelque chose qui marque cette position au niveau européen. C'est le cas avec Casemiro au Real Madrid, avec N'Golo Kanté à Chelsea ou Busquets à Barcelone. Il a beaucoup de qualités qui le prédestinent à ce poste. C'est pour moi plutôt un 6 central plutôt qu'un 6 en retrait (NDLR : possible erreur de traduction mais impossible d'entendre les mots originaux de Tuchel) mais on verra avec sa personnalité et son talent. Il a vraiment beaucoup de choses qui peuvent nous aider.»

Après cette première partie d'interview, Thomas Tuchel est lancé sur son passage à Borussia Dortmund, notamment orienté côté tactique. A retrouver dans la deuxième partie de notre transcript qui est disponible ici.


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