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Tuchel dans Breaking Sport, la 2ème partie du compte-rendu complet (tactique, Buffon, Areola, Neymar, Rabiot)

Publié le mardi 11 septembre 2018 à 0:22 par Philippe Goguet
Thomas Tuchel était ce lundi l'invité de Breaking Sport sur la chaîne de télévision RMC Sport 1 et il s'est confié pendant près d'une heure sur de nombreux thèmes. Dans cette deuxième partie, voici notamment ses propos concernant sa vision tactique, son choix sur le poste de gardien avec Areola préféré à Buffon, sa gestion de Neymar mais aussi Rabiot ou encore Liverpool, futur adversaire européen.

Ses principes de jeu expliqués

«On ne peut pas se permettre de jouer à chaque fois de la même façon, même si on le fait très bien»

Après cette première partie plutôt standard, l'entraîneur allemand du PSG est lancé sur une partie de son travail qu'il aime particulièrement, à savoir la tactique. C'est en s'appuyant sur son Borussia Dortmund entre 2015 et 2017 qu'il est interrogé et il est d'abord lancé sur son utilisation de nombreux systèmes et pourquoi il est aussi flexible sur ce point : «Parce que le foot est devenu extrêmement exigeant aujourd'hui et que tu ne peux pas te permettre de rester prévisible. On ne peut pas se permettre de jouer à chaque fois de la même façon, même si on le fait très bien, c'est la première approche. Et il faut aussi analyser le jeu de l'adversaire. Et c'est particulièrement favorable contre des adversaires qui n'aiment pas changer leur système de jeu. Là, tu as un avantage. Nous avons changé des petits éléments pour avoir des passes plus courtes en défense qui permettent ensuite de relancer plus facilement ou pour trouver des solutions en attaque afin, encore une fois, de rester imprévisible. C'est ça qui est important.»

Mais il n'y a visiblement pas que ça puisqu'il complète ensuite: «Mais ce qui est important, c'est de toujours se remettre en question. Ce que je n'avais pas envie de faire, c'était de changer pour changer. Non, il fallait que ça ait du sens, que ça soit le bon moment, que les joueurs y soient disposés. Par exemple, si tu joues à Liverpool, tu n'as pas le temps de jouer avec deux systèmes pendant un seul match, tu n'auras pas le temps pour le faire, il vaut mieux jouer avec un seul système qui est bien adapté et lui faire confiance.» On notera au passage que le coach allemand a parlé de lui-même de Liverpool, sans qu'il soit lancé sur ce thème, comme un indice de ce sur quoi son staff travaille en ce moment.

«On peut perdre en ayant 80% de possession. L'idée, c'est d'avoir la balle pour attaquer.»

Il est ensuite relancé sur sa façon de jouer très offensive, avec beaucoup de possession et des passes courtes : «Il est difficile de donner une réponse générale, mais je peux vous dire que les passes courtes sont très dures à capter pour l'adversaire donc c'est plus facile d'imprimer ton rythme sur le match et beaucoup plus dur pour lui de faire le pressing puisque tu fais des passes courtes qui le déroutent pour, ensuite, peut-être renverser le jeu sur son côté faible. C'est le gros avantage pour ce premier point. Quant à la possession, je ne connais aucun petit garçon qui va sur le terrain et dit qu'il vient pour bien défendre. Non, la possession c'est la base de l'attaque. Ce n'est pas forcément lié au résultat, mais c'est quand même la base de l'attaque. On peut perdre en ayant 80% de possession. L'idée, c'est d'avoir la balle pour attaquer.»

Il lui est ensuite demandé s'il préfère travailler pour attaquer ou pour défendre et sa réponse est très claire : «Je préfère attaquer, c'est l'offensive qui a ma préférence. Je sais que c'est beaucoup plus difficile. J'ai grandi en Allemagne en tant que joueur, en tant qu'entraîneur et responsable d'un centre de formation aussi. J'ai appris à bien défendre et à repasser très rapidement en attaque. Guardiola disait que l'Allemagne est le pays du contre et c'est vrai que c'est comme ça. Il y a d'excellentes équipes défensives en Allemagne, elles sont très denses et aussi très bonnes pour repasser à l'attaque et faire des contres. C'est un peu plus facile d'être en défense, mais mon goût personnel, c'est celui de l'attaque, d'être proactif, de chercher des solutions dans l'animation offensive.»

De lui-même, il élargit la discussion : « Au final, si tu veux avoir du succès au niveau européen, il faut être bon partout, il ne faut pas seulement être bon défenseur, être bon en contre, dans le pressing ou avec une bonne possession. Ce qui est important, c'est d'être excellent dans tous les domaines afin d'être capable de réagir de façon flexible. Pour pouvoir défendre comme la meilleure équipe pendant plusieurs minutes et attaquer ensuite pendant plusieurs minutes comme la meilleure équipe.»

Au tableau noir, une leçon pour tous

RMC Sport le met ensuite au tableau noir en lui remontrant des images du Dortmund/Real de 2016 durant les poules de la C1 quand il coachait le BVB et le fait commenter. Cette partie commence par le rôle de sa sentinelle au milieu alors que l'image est figée : «J'aurais aimé qu'elle soit plus devant. Il y a deux attaquants, la chaîne de 4 joueurs derrière et un très grand espace ici (en plein milieu du terrain, qu'il pointe avec ses doigts). La passe doit être faite vers l'avant.» L'action se lance sur l'écran et la passe arrive exactement comme expliqué par Tuchel, déclenchant de grands éclats de rire.

Autre cas pratique évoqué, le défenseur central qui prend le ballon et monte balle au pied pour déséquilibrer : «Bien sûr. En tant que défenseur, Liverpool t'attaque jusqu'à ce niveau-là (la ligne médiane). Mais s'il n'y a pas de pressing, le défenseur doit attaquer pour tenter de faire la décision en sa faveur. Au niveau individuel, je voudrais qu'il attaque à ce niveau-là (à l'entrée du camp adverse) et qu'il fasse la différence.» L'action reprend sur la vidéo, le milieu adverse monte sur l'adversaire et la passe est déclenchée par le défenseur dans l'espace qui s'est créé, comme prévu. Tuchel reprend : «Il faut forcer l'adversaire à ne pas rester statique et à densifier ses espaces. Il faut chercher des espaces dans la diagonale, au ras du sol.»

Cas suivant, son utilisation de Nuri Sahin, milieu défensif gaucher de Dortmund, comme un arrière central gauche dans une phase de construction afin de construire un losange : «L'idée est simple, c'est sa position favorite. Si vous jouez avec Nuri en tant que 6, il sera toujours là (où il l'a placé). Et si je dis à Nuri de jouer là (à droite), il va se sentir mal durant tout le match et ne pas être au top. Si je le mets en haut dans le losange (en phase de construction) dans un 4-2-3-1, je sais qu'il peut construire depuis l'arrière parce que c'est sa position favorite.»

Dernier exemple en palette avec une attaque dans l'axe, une séquence disponible en vidéo ici. Tuchel commente pourquoi il aime attaquer par cette partie du terrain : «Les positions sont bonnes, il y a cette diagonale possible au ras du sol (pour le milieu qui a le ballon), et avec cette passe sans risque, tu peux éliminer 3 joueurs adverses. Ensuite, tu te crées une position semi-ouverte. Ce n'est pas complètement fermé et si le joueur qui reçoit se retourne, on a la possibilité de renverser le jeu pour passer dans le dos de la défense et de continuer l'action.»

L'action se poursuit avec une passe en retrait puis Dortmund qui repart de l'avant et Tuchel qui arrête une nouvelle fois l'action : «La passe n'est pas bonne, il la prend du mauvais pied. Avec le droit, il pouvait directement l'envoyer devant, continuer l'attaque et trouver une faille. On a perdu du temps ici. La première passe aurait dû être devant et pas vers l'arrière. Pourquoi les couloirs dans les 30 derniers mètres ? Oui, c'est tardif. C'est en fin d'action, mais cela dépend aussi de l'adversaire. Tu en as qui défendent à 4 ou à 5. Angers a même défendu à 6 avec des latéraux. Si tu as des attaquants aussi dans l'axe, tu peux facilement déborder.»

«Au bout d'un moment, cela se débloque avec Marco Verratti, Neymar et Mbappé qui offrent des solutions auxquelles on n'a pas forcément réfléchi à l'avance.»

Alors que RMC relance l'action et commente, Tuchel se tait et constate avec un grand sourire que l'action montrée se termine en but : «C'est pas mal, ça me plaît. C'est ce qu'on voit au PSG. Au bout d'un moment, cela se débloque avec Marco Verratti, Neymar et Mbappé qui offrent des solutions auxquelles on n'a pas forcément réfléchi à l'avance. Mais c'est ce qui fait la spécificité de ce jeu. Ce que j'aime, ce sont les structures, on sait qui se présente dans quels espaces, qui a des occasions où. Et c'est aussi une possibilité pour les joueurs de ne pas se marcher dessus, de ne pas avoir à s'écarter. Cette structure permet d'avoir des occasions qui sont les tiennes dans tes espaces.»

Areola plutôt que Buffon

Après ce grand cours de tactique en temps réel, Tuchel est lancé sur les compositions du PSG et il commente ligne par ligne. Cela commence par le gardien et Tuchel se lance sur Buffon, ultra impliqué sur le banc à Nîmes : «Gigi n'est pas seulement un joueur qui est sur le banc, mais, au quotidien, il a aussi une très grosse influence sur l'équipe. Il a joué vraiment brillamment à Guingamp, c'est celui qui nous a sauvés en fin de première période à 1-0. Gigi est sur le banc puisque Alphonse doit aussi prendre quelques minutes de jeu et Gigi aurait le droit de croiser les bras sur le banc et de regarder le jeu, ce ne serait pas négatif. Mais il ne supporte pas ça, il est devant, c'est frénétique. Il est là, présent, il communique avec les joueurs, il est en contact avec eux, il essaye de m'aider et tu comprends à ce moment-là avec tous ces petits détails pourquoi il est au top, pourquoi il a une telle carrière sportive.»

Ce n'est pas le seul remplaçant sur lequel l'entraîneur veille comme il l'explique ensuite : «Peut-être que je suis romantique ou naïf, mais je pense que cela ne fonctionne seulement si on est tous heureux d'avoir marqué. Le fait de voir seulement l'entraîneur exploser de joie, mais les remplaçants sur le banc qui râlent, ça n'apporte rien à l'équipe. Il faut vraiment développer un esprit d'équipe, avec une équipe qui se réjouit de chaque duel gagné et de chaque but marqué. Il faut vraiment regarder si les joueurs sont prêts, s'il y a cette prédisposition dans leur esprit. Il y a un autre exemple avec Julian Draxler qui s'est échauffé sur ma droite. Il y avait 2-2 c'était chaud (à Nîmes), il y a une possible faute et Draxler a crié à l'arbitre qu'il n'y avait pas faute. J'ai su à ce moment qu'il était impliqué dans le match, qu'il était là et que je peux le faire rentrer.»

«J'ai dit à Alphonse Areola qu'à mon avis, il était en pole position pour être le n°1 dans le club de sa jeunesse»

Tuchel est recadré sur les gardiens et il annonce alors qu'il a bel et bien choisi son n°1 entre Areola et Buffon : «Oui, oui. La décision n'est pas définitive, mais j'ai dit à Alphonse Areola qu'à mon avis, il était en pole position pour être le n°1 dans le club de sa jeunesse. Alphonse vient du centre de formation, le PSG, c'est sa vie, c'est tout pour lui. Il veut absolument montrer et faire ses preuves au PSG. C'est une situation qu'il faut respecter. Il va falloir qu'on capitalise dessus, il faut qu'on soit fier d'avoir des joueurs de cette nature. Parce que je suis convaincu qu'on a besoin de ces joueurs, de ce type de joueurs, ils sont le coeur et l'âme du PSG. Ils l'incarnent. On a une situation un peu différente avec Gigi Buffon qui est une légende, une idôle d'Alphonse qui est à ses côtés et ces deux joueurs ont des personnalités très marquées, il va falloir affiner les choses, mais si, dans cette combinaison, on arrive à être intelligents et généreux avec les deux, je suis certain qu'on va y arriver et qu'on sera récompensés. Je suis certain qu'Alphonse ne sera pas bon malgré Gigi, mais grâce à Gigi.»

Neymar, Rabiot et les objectifs du club

«On va aussi essayer de jouer avec deux numéros 10»

Après Buffon, c'est sur Neymar que Tuchel est interrogé, lui qui l'a placé en n°10 depuis son arrivée : «Il y aura d'autres rencontres dans lesquelles on va essayer ce système, on sait tous qu'il peut jouer à gauche, on va aussi essayer de jouer avec deux numéros 10, semi-gauche et semi-droite si vous voulez. On va essayer cela. Pour nous, ce qui est important, c'est l'entrejeu, devant, savoir être dos à l'adversaire et ensuite faire la différence devant. C'est ça son rôle. J'aimerais qu'il soit extrêmement offensif, qu'il tire le ballon vers l'avant, pas forcément dans la profondeur, mais que ce soit en n°10 ou à gauche, ça m'est un peu égal.»

L'émission revient alors sur l'un des grands échecs de la carrière de Tuchel, la remontada avant l'heure du côté d'Anfield en quart de finale de l'Europa League 2016 quand Dortmund, menant 3-1 à Anfield, s'incline finalement 4-3 à la dernière minute et est éliminé. Pendant ce temps, l'Allemand s'installe pour la dernière partie de l'émission au cours de laquelle il répond à des questions dans un cadre très sombre.

Il lui est d'abord demandé si son seul objectif au PSG est de faire mieux que les quarts de la Champions League : «Oui. On va tout faire pas seulement pour la demi-finale, mais pour tenter de la gagner. Et tant que je serai l'entraîneur de cette équipe, on va tout faire pour ça.» Il est ensuite interrogé sur l'attentat qui avait touché Dortmund avant un match. Est-ce gravé en lui ? «Oui, c'était complètement imprévisible et dramatique aussi. C'était une situation qui nous a empêchés de continuer dans la compétition. Toute l'équipe et le staff ont eu beaucoup de chance, mais on s'est sentis volés au niveau du foot d'une demi-finale de Champions League.»

Retour au PSG et pourquoi Neymar est si différent ? «C'est un artiste bien sûr, un joueur extrêmement public et on ne peut pas imaginer ce que cela signifie d'être aussi présent dans les médias. Je pense que c'est très important d'avoir une relation très proche avec le PSG. Il a longtemps joué pour le PSG et c'est clair que c'est celui avec lequel on va faire la différence. On va vraiment le soutenir pour ça.»

«Rabiot est très bon physiquement et, actuellement, il est indispensable pour notre dispositif.»

Après Neymar, place à Rabiot, l'homme et le joueur : «J'aime beaucoup Adrien, je l'apprécie vraiment. Il y a une situation difficile avec cette histoire de Coupe du Monde qu'il a loupée volontairement, mais il a montré une incroyable mentalité dès le premier jour à l'entraînement. Il n'a jamais loupé un seul entraînement, jamais aucun module. On peut lui faire vraiment confiance, il est très bon physiquement et, actuellement, il est indispensable pour notre dispositif. Il a un énorme potentiel et cela vaut pour lui comme pour Alphonse : il vient du centre de formation et c'est très important à mon avis d'avoir des joueurs de cette nature. Si je veux qu'il prolonge ? J'adore travailler avec lui et je n'ai pas d'influence sur le reste.»

Oui à la VAR, non au but à l'extérieur et Liverpool dans la tête

Il lui est demandé ensuite un adjectif pour qualifier la L1 : «C'est très physique.» Passons ensuite à la VAR ? «Pour. Pourquoi pas ? L'arbitre ne peut pas être le seul dans le stade qui ne sait pas exactement ce qui se passe sur le terrain, avec les tenants et les aboutissements de ses décisions. On est tous au courant en temps réel avec nos téléphones et on ne peut pas mettre cette responsabilité sur les épaules de l'arbitre. On ne peut pas le laisser dans l'ignorance. Ils sont décisifs dans l'issue du match et c'est important qu'il y ait cette justice sur le terrain.» La dernière question de cette partie concerne le but à l'extérieur en Coupe d'Europe : «Comme mes collègues, je suis pour la suppression de cette règle, pas seulement durant la prolongation mais pour l'ensemble du match. D'abord bien sûr pour le temps supplémentaire et on était d'accord avec tous les entraineurs pour supprimer cette règle.»

Avant une dernière partie consacrée à Liverpool, son futur entraîneur européen, un ami à lui ayant joué en jeunes témoigne concernant Tuchel et son incroyable exigence : «Oui, cela vient de mon père naturellement (leur coach en jeunes), de mes parents en général, mais aussi de moi. Parfois, mes parents m'ont un peu tapé sur les doigts. On avait tous entre 7 et 14 ans, c'était parfois un peu émotif à cause des ambitions qu'on avait tous, ce n'était pas toujours facile avec mon père.»

«On va être vigilant défensivement, on n'a pas le droit à l'erreur.»

 

La dernière partie lui montre comment Liverpool joue et Tuchel commente : «La patte de Klopp, ce sont ces équipes compactes. Elles sont excellentes en défense, ont une énorme intensité de jeu et ce sont les meilleures équipes de contres qui soient. C'est sa 3ème saison à Liverpool, ils ont investi énormément d'argent dans des joueurs dans lesquels ils avaient besoin. C'est un club avec une énorme charge émotionnelle. [...] On va être vigilant défensivement, on n'a pas le droit à l'erreur. C'est un grand défi qui nous attend, il faudra tout donner, mais je suis heureux de voir mon équipe dans cette situation. On en saura plus dans nos capacités après ce match. Il faudra être très rapide dans nos actions, très précis dans nos choix et nos passes.»

Précis, il l'aura été durant plus d'une heure, répondant avec un naturel parfois déconcertant et une bonne humeur contagieuse malgré un professionnalisme qui transpire à chacune de ses prises de parole.

NB : Un problème technique nous a empêché de pouvoir disposer de la fin de la réponse sur son père et de la toute dernière partie sur Liverpool et le transcript sur les Reds est celui de MadeInFoot.com. Nous éditerons et complèterons si nous mettons la main sur cette partie.

La première partie est disponible ici


Vous pouvez retrouver les commentaires de l'article sous les publicités.
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