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Vies de coaches, épisode 10

Publié le vendredi 12 décembre 2014 à 13:58
Parmi les membres de notre communauté, certains entraînent des enfants dans des clubs un peu partout en France. Toutes les semaines, à tour de rôle, ils raconteront leurs aventures auprès de ces jeunes joueurs amateurs qu'ils coachent.

Après Touriste et ses U10 lors de l'épisode 9, nous retrouvons l'autre narrateur de notre série, Iaro, avec ses U13 :

Second match à domicile d'affilée en deux week-ends : l'occasion de se re-faire après une première à la maison très difficile le samedi passé. Ligne par ligne, il y a quand même du déséquilibre dans le groupe que j'ai à disposition. 

Aux buts, mon gardien qui avait joué avec l'équipe du dessus la semaine précédente a durablement bousculé la hiérarchie du poste sur la catégorie, et il s'installe avec l'équipe U13A pour le second week-end de suite. J'en suis ravi pour lui mais mon second gardien est toujours absent et à l'issue d'un jeu de chaises musicales décidé avec les autres coachs de la catégorie, j'hérite d'un U12 qui a commencé au poste il y a un mois (petit gâchis d'ailleurs tant il était au-dessus du lot en stoppeur pour son année de naissance, mais c'est le choix du joueur et il n'y a rien à y faire). Autant le dire, il n'est pas encore étincelant mais c'est un bon gamin qui apprend vite et je suis plutôt content de l'avoir avec nous, et mes joueurs aussi tant ils ont été traumatisés par l'expérience du match précédent. En défense, j'ai deux absents de poids, mais mon défenseur central qui s'est révélé le week-end passé est bien là et il tiendra l'axe comme je l'avais prévu. Au milieu et en attaque j'ai par contre tout le monde, avec dans le tas un nouveau milieu très intéressant mais un peu discipliné, et le fameux joueur au-dessus du lot milieu latéral ou attaquant que j'avais déjà eu à disposition en Coupe (celui qui avait terminé un samedi dans un état quasiment autiste). Pour le coup, son niveau et son refus de la défaite ne seront pas de trop face à un adversaire a priori plus en rapport avec notre niveau. 

Je ne donne la composition qu'au tout dernier moment à mes joueurs, que je prends individuellement pendant l'échauffement en leur donnant 2 ou 3 objectifs bien précis en termes de jeu à chacun, car ils manquent encore trop de discipline et je me dois leur donner plus de cadre. En gros, mon message pour tous les offensifs, et particulièrement les axiaux, se résume à limiter les touches de balle, car globalement ça tricote trop et on ne profite pas assez des espaces. Je me tiens à deux choix auxquels je crois beaucoup : je maintiens mon ancien milieu droit dans l'axe, avec cette fois mon ancien milieu central qui est bien présent et qui commence donc sur le banc, et mon néo-attaquant qui reste à ce poste, pour sa qualité d'appels et de frappe, cette dernière restant trop peu utilisée à mon goût. 

Charmes des matchs à ce niveau oblige, j'arbitre lors du premier quart d'heure. Je ne sais pas si ma présence près d'eux stimule les joueurs, que je replace et oriente beaucoup en direct, mais on mène assez vite 2-0, sur un but et un CSC provoqué par mon top joueur, que j'ai positionné milieu droit pour l'occasion. On est bien en place, on leur fait mal sur les pressing hauts et globalement ça joue simple, comme je l'ai demandé. 

Ensuite, je lâche le sifflet et je gagne le bord du terrain. Le match s'installe dans un faux rythme et je tente de le réveiller en intégrant mes quatre remplaçants sur deux vagues de changements : erreur, on cède par deux fois avant la mi-temps et on arrête sur un 2-2 pas volé pour l'adversaire. En voulant intégrer tout le monde et en changeant la moitié de l'équipe dans un laps de temps réduit, j'ai sans doute contribué à remettre les visiteurs dans le match en laissant penser à mes joueurs que la fin de match allait être facile. On repart donc sur l'équipe qui a commencé le match pour attaquer la seconde mi-temps, et là c'est le drame : panne de jus, d'idées et la défense commence à tirer la langue, concédant des occasions sur des erreurs gênantes, la plus courante étant de voir les latéraux systématiquement repiquer et rechercher leur défenseur central au lieu de jouer de l'avant. En quelques minutes, le score est de 2-4 et le cinquième est même proche à deux reprises, mais notre gardien, irrégulier jusque-là, nous maintient dans le match. 

Le troisième temps du match commence alors : celui des cadeaux. Je secoue mes troupes endormies depuis la touche, usant davantage de la voix que des remplacements, et mes joueurs, que j'ai tanné avant le match sur la nécessité d'arrêter de baisser la tête en cours de match quand ça part dans le mauvais sens, s'arrachent et trouvent les ressources pour égaliser à dix minutes de la fin, sur des buts de mon milieu gauche de poche et, sur un maître coup franc des vingt mètres, de mon pugnace milieu droit. Sauf qu'à peine l'engagement est effectué qu'on encaisse le cinquième, sur une nouvelle erreur de mon latéral droit qui se fait prendre le ballon sur une passe vers l'axe, encore, trop molle qui est facilement interceptée. Plutôt que d'abattre mes joueurs, ça les re-motive à aller attaquer et sur une nouvelle action où un excellent pressing haut est effectué par les trois offensifs, c'est mon milieu central qui profite d'un second ballon pour aller marquer d'un plat du pied croisé.

Ambiance de finale de Coupe du Monde, je hurle à mes joueurs d'aller mettre le sixième, quand mon milieu central réalise un geste digne de ce génie incompris qu'est Balotelli : index pointé vers le ciel, je l'entends du banc prononcer les mots "regardez ce nuage en forme de coeur, c'est pour moi !!!". J'ai beau le reprendre, ça augurait déjà de la suite : peu après l'engagement, centre venu de la droite, dévié de la tête par mon défenseur central qui lobe son gardien. Il reste trop peu de temps et malgré l'ajout d'un milieu au détriment d'un défenseur (à voir si ça a aidé mes joueurs, qui n'avaient jamais travaillé ce schéma), on en reste là. Défaite 5-6 au terme d'un scénario fou où le manque de concentration nous aura beaucoup coûté. Au-delà du score, rien de déshonorant de perdre contre un adversaire qui aura fait plus que jeu égal, et la présence dans le groupe du milieu droit auteur d'un quasi triplé était une anomalie qui ne devrait plus se reproduire à l'avenir. Mais le scénario me reste en travers de la gorge et pour le coup, je ne rate pas mes joueurs à la fin... Même si mon coaching de fin de première mi-temps a également influé dans le mauvais sens, et forcément je m'en veux aussi. 

Il y en a un autre qui s'en veut : c'est mon défenseur central, qui a encore fait un bon match mais qui s'est écroulé de déception sur le sixième but et qui était convaincu que la défaite était de sa faute à la fin, et je le persuade du contraire. C'est un bon gamin qui progresse à vue d'oeil, comme beaucoup d'autres, et sur 35-40 minutes, à l'exception des buts idiots qu'on concède, l'ensemble ressemblait vraiment à une équipe, avec des pressings hauts efficaces, des milieux qui se replient bien et plusieurs actions où tous les offensifs étaient impliqués. L'ensemble prend forme et l'entraîneur de la U13A, qui arbitrait pendant les deux tiers et était donc aux premières loges, abondait dans ce sens. Mais sur la concentration à avoir pour gagner de tels matchs, ça restera comme une bonne leçon pour tout le monde.

Iaro

La liste des épisodes :

Episode 1 (U13) 
Episode 2 (U13)
Episode 3 (U13)
Episode 4 (U10)
Episode 5 (U13)
Episode 6 (U13)
Episode 7 (U10)
Episode 8 (U13)
Episode 9 (U10)

Prochain épisode la semaine prochaine...


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