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[Interview CulturePSG] Ramé : « Le match contre le Bayern est un virage important »

Publié le mardi 29 mars 2022 à 15:29 par Bruno Hermant
Le manager général de la section féminine Ulrich Ramé nous a reçu au Parc des Princes lundi pour un entretien d'une demi-heure. Avec lui, nous avons balayé l'actualité de la section féminine du club, avec les matchs à venir, notamment celui face au Bayern Munich cette semaine. Nous avons évoqué aussi sa stratégie, le projet qu'il veut mettre en place. Aucune question n'a été éludée. Transcript complet.

À deux jours du match retour de Ligue des Champions, quel est le feeling au sein du club ? Y'a t'il une excitation avant cette rencontre ? La Ligue des Champions est-elle l'objectif prioritaire de cette fin de saison ? Comment est l'ambiance au sein de cette section ?

« Le match de mercredi est un virage important pour diverses raisons. D'une, c'est le match retour après le résultat favorable d'il y a une semaine. Pour se mettre en ordre de marche pour la dernière ligne droite. Parce qu'au-delà du quart de finale, il y a tout un enchevêtrement de matchs et une dynamique envisageable. Donc, ce match de mercredi est ultra important, le contexte également. Le fait de jouer ce match au Parc, devant 25 000 personnes. Tout cela va être excitant et on est donc dans cet ordre de marche. Et cela répond aussi à une partie des objectifs que l'on s'était fixés en début de saison. On est sur ce dernier virage, pas encore une dernière ligne droite parce que le chemin est encore long, parce qu'il n'y a rien d'acquis, mais on est dans ce dernier virage avant la dernière ligne droite. »

Quels étaient du coup les objectifs que vous vous étiez fixés en début de saison ? Y avait-t-il des objectifs chiffrés ? Des choses de prévues, de planifiées ?

« Je pense que c'était assez relativement clair : de capitaliser sur ce titre de championnes de France ! Que ce soit au niveau national ou européen, de faire aussi bien voire mieux. Aujourd'hui on est encore inscrits sur les trois tableaux. Grâce aussi au travail de l'entraîneur, du staff, du professionalisme de l'ensemble du groupe de joueuses. Il faut garder cette union, cette unité, ce professionalisme pour envisager d'atteindre ces objectifs qui sont aussi certainement une nouvelle étape dans la section féminine. De gagner de façon consécutive des titres, ce qui n'est jamais arrivé jusqu'à présent. C'est d'aller dans ce sens là. »

On connaît la saison qui été peu compliquée. Comment jugez vous la saison des féminines ? Satisfaisante d'un point de vue sportif du moins ?

« Les termes définitifs, on attendra la fin de saison. Il faut rester concentrés sur ce qui est présent, à savoir mercredi contre le Bayern et dimanche contre le PFC. Après il y aura une trêve internationale et ensuite, vous connaissez aussi bien le parcours que moi. Mais là, ce sont ces deux matchs qui sont essentiels. Et le match qu'on a vécu samedi dernier (N.D.L.R. : la demi-finale de Coupe de France gagnée) est important aussi. Cette semaine depuis le match aller contre le Bayern, je le répète, c'est un virage. Ces quatre matchs sont essentiels pour la dernière ligne droite. »

Vous évoquiez la capitalisation sur le titre de l'an dernier, où en est-on du développement de la section féminine ? Il a été évoqué la labellisation d'un centre de formation féminin par la FFF, qui freinait des quatre fers ? Où en est-on sur ces étapes ? Qu'y a t'il eu comme projets que vous aviez voulu mettre en place qui se sont réalisés ?

« De façon concrète, on a mis en interne plus de liant entre l'association (N.D.L.R. : la section amateurs), l'académie et le groupe professionnel. Ensuite, aujourd'hui, on attend l'officialisation de ces centres de formation labéllisés qui devraient être validés d'ici la fin de saison. Pour que les choses se mettent en place pour la saison 2023/24. Car il y a des textes réglementaires à mettre en place. Aujourd'hui cela avance très, très bien. Et évidemment, le PSG se positionnera sur ce domaine-là, puisqu'il y a des choses qui sont existantes aujourd'hui. Maintenant, cela ne va faire que de se professionnaliser et de façon plus réglementaire, s'officialiser. »

À moyen terme, quel est le projet sportif ? Est-ce s'inspirer de la section masculine avec des renforts à l'international ? Ou miser sur un centre de formation très fort et chercher les pépites en île-de-France ? 

« Aujourd'hui, c'est déjà le cas. Si vous prenez en Équipe de France le nombre de joueuses qui sont issues de la région parisienne et du club, les voyants sont au vert. De plus, sur la période post-Covid, depuis 2021, le nombre de licenciées dans la région est en augmentation de près de 15 %. Il y a donc un vivier de jeunes filles qui se mettent au football, il faudra donc s'appuyer là-dessus et de continuer. Nos U19 sont aussi en course pour le titre dans le championnat EÉite, il faut développer tout ça, continuer d'intégrer de jeunes joueuses dans le groupe professionnel petit à petit. Il faut aussi les prêter à un moment donné dans leur parcours profesionnalisant. Tout cela fait partie du projet, du parcours de la jeune joueuse du PSG. »

Est-ce une priorité ? 

« C'est un maillon fort. Cela fait partie de l'ADN du club, il faut le pérenniser, il faut le développer. Et avec les choses qui sont en train de s'officialiser réglementairement au niveau de la FFF, c'est d'accroitre tout cela et de le conforter. Maintenant la formation, c'est entre 5 et 6 ans. Cela prend du temps. Entre ce que l'on dit et ce qu'on fait, il faut du temps. Surtout au niveau de la formation. Mais les choses sont déjà existantes et je pense que dans le groupe actuel professionnel, il y a quasiment deux ou trois générations de Parisiennes. Cet existant, (il faut) l'avoir à l'esprit et garder cet ADN. Tout en gardant les objectifs très élevés du club pour l'équipe première ! »

Vous évoquiez le parcours de formation de cinq à six ans, certaines joueuses ont encore besoin de temps. On voit certaines joueuses de 19 ans qui ne peuvent plus évoluer en championnat national, que l'on est obligé de prêter, comme Pinguet ou Sangaré ; est-ce qu'il y a une possibilité de créer une équipe U23 hors-championnat et développer des joueuses qui manquent de niveau pour jouer en équipe première, mais qui sont largement au dessus du niveau U19 ?

« Tout va dépendre de la stratégie de la Fédération. Maintenant, la question peut se poser, elle est sur la table. Celle de la préformation aussi. Après ce sont des choix stratégiques de formation. Cela, on le verra en temps et en heure, mais il faut aussi laisser le temps à la FFF de tout mettre en place. J'ai ma petite idée mais laissons les autorités mettre les choses en place. »

Vous qui êtes à la tête du projet sportif, quels sont vos plans pour que le PSG soit le club numéro 1, après une longue hégémonie lyonnaise ? 

« Ce sont tous les éléments dont je viens de parler. Que ce soit sur le recrutement, on doit se positionner plus tôt sur les jeunes joueuses de la région parisienne. On doit leur offrir un parcours de formation qui est déjà existant mais qu'on doit optimiser. Avec des points d'étapes, tous les deux ou trois ans. Et tout cela est très clairement identifié. »

Pour revenir au match du Bayern, devant 25000 supporters, qu'est ce que cela vous fait ? Y'a t'il une forme d'émotion ? 

« C'est une fierté pour la section, pour le club. Cela va être top pour les joueuses, c'est une très belle exposition. Surtout après une période pos-Covid, d'avoir l'opportunité de jouer au Parc des Princes devant 25000 personnes, cela va être un moment fort et il faut que ce moment fort se transforme en qualification. »

Pour revenir sur la saison, au mois de novembre a éclaté l'affaire Hamraoui, avec une tempête médiatique importante. Cela s'était calmé mais il y a eu quelques vidéos sur internet par la suite qui vous ont dézingué sur le traitement de cette affaire. Avez-vous quelque chose à répondre à ces propos ?

(Très ferme) « Non. Nous pouvons parler librement de ce qui s'est passé. Mais si je prends la parole aujourd'hui, c'est avant tout pour des raisons sportives. Nous sommes à la veille d'une rencontre capitale en Ligue des Champions, nous venons de nous qualifier pour la finale de la Coupe de France. Ce sont ces échéances sportives qui nous préoccupent. Concernant la ou les décisions qui ont été prises dès le début de la crise que nous avons vécue, elles n'ont pas varié, nous nous y tenons, semaine après semaine. Nous avons pris toutes les mesures possibles pour protéger les joueuses et permettre au groupe d'être dans la position dans laquelle il est aujourd'hui : en lice sur tous les tableaux. »

Sur le recrutement, vous évoquiez le fait de recruter des joueuses issues de l'Ile-de-France, le coach avait émis aussi le choix d'obtenir quatre recrues internationales de très haut niveau pour pouvoir renforcer son groupe. Où en est-on ? Dans le cadre des prolongations de contrat des joueuses qui sont en fin de contrat, Katoto, Däbritz, Baltimore, où en est-on par rapport à ces dossiers compliqués ?

« On est toujours en discussions. Elles ont commencé depuis longtemps. C'est aussi le jeu, c'est la période également. Je pense que ce qu'il y a aussi à prendre en considération, ce sont aussi nos résultats d'ici à la fin de saison qui peuvent être des vecteurs importants pour les joueuses au niveau de leurs choix. Elles sont les premières concernées sur le terrain. Il faut qu'on puisse répondre à court terme sur le terrain. Après les orientations... On a clairement affiché nos intérêts pour les unes ou les autres. Il faut continuer à discuter et de trouver rapidement des terrains d'entente. »

Sentez-vous ces joueuses en fin de contrat totalement impliquées ? Ou avoir la tête ailleurs, perturbées ?

« Je pense qu'il y a une véritable volonté de la part de l'ensemble du groupe, qui est hyper professionnel depuis le début de saison, malgré ce qu'il s'est passé, qui reste inédit. Tout le monde est focus sur la compétition. Le staff, le coach, le message du coach passe relativement bien avec les joueuses et les choses se sont mis en place petit à petit malgré tous les chamboulements qu'il y a eu depuis cet été. On continue d'être en ordre de marche, d'être aussi motivés et d'être conscients du potentiel qu'a ce groupe pour atteindre les objectifs que nous nous étions fixés. »

Au niveau des compétitions, est-ce que vous pensez que le PSG a aussi sa chance en championnat ?

« Je reste persuadé que tant que mathématiquement, les choses ne sont pas faites, alors... Je parlais de virage précédemment avec ces deux matchs qui arrivent. Je pense véritablement que c'est un tournant parce qu'après va en découler une dynamique de matchs. Et quand on connaiî l'impact psychologique que peut avoir une dynamique, on peut s'attendre à tout. Il faut garder ça et l'avoir à l'esprit, faire les efforts nécessaires le jour J, pour se mettre dans les bonnes dispositions dans cette dernière ligne droite qui n'aura lieu que début mai. Être focus sur ces deux matchs, et ensuite prendre les choses comme elles arrivent avec toute la détermination et la motivation nécessaires, comme de vraies professionnelles. Vous parlez de la finale, si on ne met pas tous les ingrédients, c'est une faute professionnelle. »

Vous avez évoqué Didier Ollé-Nicolle, comment vous le sentez ? On sent qu'il est bien accepté par le groupe, que ses méthodes passent bien. Vous voyez-vous continuer sur du long terme cette collaboration ?

« Effectivement, le travail effectué est très positif. Aussi bien l'assimilation des nouvelles joueuses, il y en a eu beaucoup à l'intersaison, les choses se sont mises en place pendant la pré-saison et petit à petit. Les résultats ont été très satisfaisants jusqu'à la trêve. Depuis le mois de janvier il y a beaucoup plus d'efficacité aussi. Ce sont des éléments qui sont à prendre en considération. Mais les objectifs restent pour le moment en cours. Il faut les atteindre. Et continuer à pouvoir voir les choses différemment ensuite. Mais encore une fois, les choses sont positives. L'environnement autour de la section féminine est positif. Et prenons les arguments tels qu'ils sont, faisons en sorte de gagner un titre, voire des titres cette saison. Ce qui permettrait aussi de montrer que l'équipe et la section féminine apprennent de leurs erreurs et qu'on puisse gagner systématiquement des titres tous les ans. »

On a parlé de beaucoup de choses. Mais comment voyez vous la section féminine du PSG dans 5 à 6 ans ? Quelle est l'image idéale que vous avez en tête pour cette période ?

« Continuer à s'installer. Apprendre à gagner, remporter des titres tous les ans. Il va y avoir des perspectives de nouvelles infrastructures à moyen terme. Tout ceci va permettre au club de se développer aussi bien dans la formation, aussi bien dans l'attractivité de la section féminine. Tout cela va prendre du corps et encore plus d'amplitude pour correspondre à la dynamique du club en général. »

N'avez vous pas la crainte que cela ne suffise pas ? Les clubs anglais mettent beaucoup d'argent sur la table, Barcelone et le Real Madrid aussi. Malgré tout, certains clubs qui n'arriveront pas s'aligner pourraient se faire dépouiller.

« La France a été une tête de gondole du foot féminin depuis une décennie avec Lyon, et le PSG également. Aujourd'hui, le développement du football féminin au niveau européen et mondial, on ne peut pas dire que c'est négatif, au contraire. Donc, il faut aussi se donner les moyens d'arriver à cette dimension là. Cela passe par des étapes, en termes d'infrastructures, d'attractivité, de formation. Tout ça, ce sont des choses qu'il faut encore développer. »


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