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Quel bilan pour les contrats pros précoces du PSG ?

Publié le mardi 3 mai 2016 à 18:39 par Philippe Goguet
Depuis quelques années, la concurrence des clubs étrangers force le PSG à offrir des contrats professionnels à des joueurs de son centre de formation qui sont de plus en plus jeunes. Retour sur ces jeunes qui ont signé un contrat pro avant leurs 18 ans : pourquoi et à quel moment ils se sont engagés et que sont-il devenus ?

Sakho et  Rabiot, des professionnels logiquement précoces

Depuis une dizaine d'années environ, les recruteurs étrangers ont pris l'habitude de venir faire les courses en France, un marché pas cher et où les joueurs formés sont globalement de grande qualité avec un package technique/physique/tactique de très bonne qualité. Plus simples à déraciner que les Sud-Américains, donc plus rapides à s'adapter, les jeunes Français sont désormais visés dès leur plus jeune âge, avant même d'avoir joué en professionnel avec leur club formateur. Pire, le but est désormais de les attirer avant même la signature d'un premier contrat professionnel, quand le club formateur est coincé par la législation. 

Le PSG n'est pas une exception et voit lui aussi ses jeunes être épiés par les recruteurs européens. Présents au Camp des Loges toutes les semaines, nous voyons des agents et scouts étrangers à tous les matches, même pour des matches dans des catégories très jeunes. Certains vont même jusqu'à filmer en bord de terrain pour faire des montages. Pour les clubs français, la solution la plus simple est d'offrir un contrat professionnel précoce aux joueurs afin de repousser les vautours.

Sakho signe pro avec 2 matches de Coupe d'Europe au compteur

Toutefois, certains joueurs ont signé des contrats très professionnels très jeunes parce qu'ils étaient prêts pour le haut niveau. L'exemple le plus connu est celui de Mamadou Sakho qui avait paraphé son premier contrat le 14 juin 2007 à 17 ans et 4 mois. A l'époque, il a déjà deux matches de Coupe de l'UEFA dans les jambes et sa signature est donc tout à fait logique. Il sera même capitaine dans les mois qui suivent pour sa première titularisation en Ligue 1.

Autre exemple qui va dans le sens de ces joueurs précoces dont il est inutile d'attendre la fin du contrat aspirant (16 -18 ans) ou stagiaire (18-20 ans), Adrien Rabiot signe le 2 juillet 2012 à 17 ans et trois mois avec quelques matches en CFA dans les jambes. Plus important, il est surtout intégré au groupe pro depuis mars 2012 (présence à Sochaux fin avril) après avoir été repéré par Carlo Ancelotti en février 2012 durant l'Al-Kass Cup, un tournoi international U17. 

Les premiers contrats de protection pour les joueurs nés en 1992 et 1993

A l'exception des deux phénomènes de précocité évoqués précédemment et dont la signature d'un contrat professionnel est avant tout liée à leur arrivée dans le groupe pro, la plupart des signatures de joueurs de moins de 18 ans l'ont été pour repousser les tentatives étrangères. La première génération de joueurs a avoir bénéficié de ce style de contrats est celle née en 1992 et emmenée par deux joueurs très en avance à l'époque : le défenseur central Alassane També et l'attaquant Jimmy Kamghain

Si le PSG les fait signer pro de façon précoce, c'est parce qu'il a vu son meilleur joueur de la génération précédente, Chris Mavinga, repousser le contrat pro proposé par Paris pour aller s'engager avec Liverpool. Douze ans après le départ d'Anelka pour Arsenal à 17 ans et un an après celui de Gael Nlundulu à Portsmouth alors qu'il avait que 16 ans, le PSG perd un de ses meilleurs jeunes au profit d'un club anglais. Or, També est à l'époque fortement convoité par Manchester United tandis que Kamghain est dans le viseur d'Arsenal.

També signe finalement pro le 18 juin 2009 à 17 ans et 5 mois. Au moment de sa signature, il a joué une quinzaine de matches dans le championnat des moins de 18 ans Nationaux et ce contrat pro précoce sera finalement un échec. Il est finalement transféré en janvier 2012 à Courtrai après avoir rompu son contrat et son bilan avec les pros est d'un match sur le banc. Il a depuis rebondi et a signé 4 ans et demi au Genoa l'hiver dernier. Pour Kamghain, c'est encore pire : il signe le 8 juillet 2009 à 17 ans et 3 jours avec une quinzaine de matches en 18 ans Nationaux à son actif. Il se rompt les ligaments croisés au printemps suivant avant de signer à Courtrai à la fin de son contrat. 0 match en pro. Il s'est de nouveau rompu les ligaments croisés en 2013 et a disputé cette saison 9 minutes en CFA avec Poissy, un club qu'il a rejoint l'été dernier.

Areola est le plus précoce de tous : il signe le 3 juillet 2009 à 16 ans et 5 mois.

Dans la génération suivante, celle née en 1993, un seul joueur va signer un contrat avant ses 18 ans, Alphonse Areola, au même moment que També et Kamghain. C'est le plus précoce de tous puisqu'il signe le 3 juillet 2009 à 16 ans et 5 mois. Il devient le plus jeune professionnel français de l'histoire alors qu'il évolue seulement en 18 ans Nationaux à l'époque et devait encore s'imposer. Bien évidemment, comme pour Kamghain et També, le PSG investit sur un potentiel et utilise encore une fois la seule façon possible de repousser les clubs étrangers. 

Le PSG continue d'appliquer cette stratégie par la suite

Quelques années plus tard, on constate que cette méthode des contrats précoces n'a pas vraiment fonctionné puisque seul Areola est encore au PSG, avec l'espoir d'y jouer un jour. Malgré ce double échec, le PSG va continuer par la suite à faire signer des contrats pros à des tous jeunes joueurs. La raison est simple : l'échec n'est pas forcément évident au bout d'un an (malgré le fait que la courbe de progression de També et Kamghain se soit subitement arrêtée) et c'est encore une fois la seule méthode pour conserver les joueurs les plus cotés.

Yaisien a fini son contrat pro au PSG sans avoir joué un seul match avec l'équipe première

Un peu plus d'un an plus tard, le très convoité Abdallah Yaisien (génération 1994) signe le 23 novembre 2010 à 16 ans et 6 mois. Il évolue alors en U19 nationaux et cette signature le voit suivre la même trajectoire que Kamghain et També quelques années plus tôt, voire même pire. Il part finalement à Bologne à la fin de son contrat avec aucune saison complète en CFA. En Italie, l'échec est le même avec plusieurs prêts successifs et il a signé l'hiver dernier à Lorient, mais pour la réserve. Il a disputé depuis 8 matches en CFA et semble se relancer.

A l'exception d'Adrien Rabiot en juillet 2012, le PSG ne va alors plus signer de contrat professionnel à des joueurs de moins de 18 ans pendant un long moment, également en raison d'un léger trou générationnel, et le suivant sur la liste est Mike Maignan (1995). Il  signe le 9 juin 2013 à 17 ans et 11 mois, soit pratiquement 18 ans. L'été dernier, il partira finalement à Lille un an avant la fin de son bail sans avoir joué un seul match avec les pros du PSG. Plutôt que d'attendre du temps de jeu, il préférera s'en aller et il a depuis débuté dans l'élite.

Dembele et Coman, ceux qui ont préféré partir

En parallèle de ses signatures, le PSG va malheureusement subir de plein fouet l'attrait de l'étranger avec ses deux perles de la génération 1996. En juillet 2012, alors qu'il est en fin de contrat aspirant, Moussa Dembele choisit de partir à Fulham qui lui fait signer un contrat pro à 16 ans à peine. Le choix choque (Fulham n'est pas spécialement réputé) et rappelle l'exemple de Nlundulu, parti se perdre à Portsmouth quatre ans plus tôt. Le club n'a pas vu venir ce départ et le joueur s'est justifié il y a peu : «C'est l'année où Lavezzi et Ibra arrivent. Je n'aurais pas eu de temps de jeu, ils ne comptaient pas trop sur moi. Je sais qu'il y en a qui ont leur chance comme JK (Augustin) cette saison, mais moi j'ai préféré partir.» 

Oui, à 16 ans, Dembele n'aurait probablement pas eu de temps de jeu et c'est bien logique puisqu'il évoluait à l'époque en U17 ! Dans les années suivantes, en revanche, c'est une toute autre affaire mais cela ne sera malheureusement jamais vérifiable. Le joueur a percé depuis, confirmant toutes ses qualités, et est désormais scruté par toute l'Europe. Ironie de l'affaire, dont nous nous délectons, il va partir cet été en fin de contrat et Fulham ne touchera pas un euro sur son transfert, quatre ans après l'avoir débauché au PSG en profitant du fait qu'il n'était pas sous contrat professionnel.

Reste enfin le dernier cas, celui le plus connu, Kingsley Coman. Quand Dembele est parti, l'ailier a quant à lui signé un contrat aspirant et, vu son énorme avance, il était attendu qu'il passe ensuite professionnel et pas stagiaire comme le veut le cursus standard (Aspirant -> Stagiaire -> Professionnel). Toute l'Europe est au courant que le joueur est en fin de contrat en juin 2014 et se presse autour de lui. Paris a très bien anticipé la situation et donc commence ses démarches dès l'été précédent.

Problème, la direction du PSG a visiblement sous-estimé le fait que les négociations d'un contrat pro sont pratiquement les mêmes que pour un contrat standard et la première proposition faite à l'été 2013 est ridicule : c'est exactement la même que celle faite à Antoine Conte, défenseur central âgé de deux ans de plus et dont le potentiel est bien moindre. Toutes proportions gardées, c'est comme si la direction du club avait proposé la même chose à Zoumana Camara et à Zlatan Ibrahimovic. Le PSG va toutefois vite se reprendre au cours des mois suivants et la proposition financière la plus intéressante sera bel et bien celle du club formateur, de très loin même.

Le problème est tout autre à ce moment-là, le joueur souhaite avant tout un projet sportif et d'encadrement en terme de post-formation. Le club parisien n'a pas grand chose à proposer et voit partir son meilleur jeune pour 0€, son contrat aspirant étant terminé. Pour la première fois, le PSG a perdu un jeune auquel il avait pourtant proposé un contrat professionnel précoce. Alors que le président Nasser Al-Khelaïfi se permet de se moquer du choix de Coman («Au PSG, il n'aurait pas joué en équipe première avant 2 ans»), le joueur a depuis largement explosé et jouera ce mardi soir une demi-finale de Ligue des Champions, le genre de match après lequel le club parisien court depuis maintenant 21 ans....

Paris continue avec les contrats précoces

Deux ans après ce triste épisode, le PSG a plutôt assuré sur les contrats professionnels suivants. Dans la génération 1997, Jean-Kevin Augustin a signé pro le 1er février 2015 à 17 ans et 8 mois, et surtout quelques semaines avant la fin de son contrat aspirant. Le PSG n'attend pas pour le faire signer professionnel et il connaîtra son premier match avec l'équipe première quelques semaines plus tard, le 8 avril contre Saint-Etienne en Coupe de France (4-1), avant de goûter à sa première titularisation en Ligue 1 le 16 août 2015 contre Ajaccio.

L'été dernier, le PSG a surtout eu à gérer les cas des joueurs nés en 1998 et soudainement très demandés. En effet, pas moins de cinq d'entre eux se sont retrouvés sous les feux de la rampe suite à leur victoire à l'Euro U17 et le club parisien se retrouve le couteau sous la gorge, ou presque. Ses cinq vainqueurs (Doucouré, Georgen, Callegari, Ikoné et Edouard) sont certes bloqués par des contrats aspirants jusqu'au 30 juin 2016 mais ils sont aussi très convoités.

Sur la génération 1998, seuls 3 des 5 jeunes auxquels ont été proposé un contrat ont signé

Le PSG va tous tenter de les faire signer mais seuls deux vont le faire dès l'été dernier : Lorenzo Callegari et Alec Georgen. Les deux vont signer le 1er juillet 2015, le premier à 17 ans et 5 mois et le second à 16 ans et 10 mois, un âge digne de celui d'Areola ou de Yaisien. Pour autant, c'est le plus jeune des deux qui va réaliser la meilleure saison, confirmant sa progression de façon remarquable en CFA durant toute la saison. Au contraire, Callegari va avoir plus de mal cette année, démontrant une fois de plus que chaque cas est différent.

Si deux ont accepté les contrats dès l'été dernier, trois ont repoussé de s'engager durant toute l'année qui a suivi : Mamadou Doucouré, Jonathan Ikoné et Odsonne Edouard. Aujourd'hui tous âgés de 18 ans, seul le dernier a finalement paraphé un contrat pro avec le PSG tandis que les deux autres sont plus que jamais proches de la sortie. On annonce le premier à Mönchengladbach tandis que le second est envoyé à la Juventus, Liverpool ou Manchester City. Comme avec Coman, il y a deux ans, le PSG pourrait donc perdre deux joueurs à la fin de leur contrat aspirant, et cette fois-ci avant même de les voir évoluer en équipe première. 

Quelles conclusions en tirer ?

Pour autant, et comme le montre les nombreux cas évoqués ci-dessus, ce n'est pas parce que le PSG va leur faire signer un contrat professionnel, ou pas, que les jeunes vont forcément avoir un avenir assuré. Au contraire, on s'aperçoit facilement qu'il y a de la casse parmi les joueurs qui n'avaient pratiquement aucune expérience du football des adultes avant de signer pro (Yaisien, També ou Kamghain sont les exemples les plus frappants). Aujourd'hui, rien n'indique de façon certaine que les joueurs qui ont signé, vont signer ou refuser les contrats professionnels feront une carrière au plus haut niveau. 

Tout le paradoxe de ses contrats précoces est là : ils sont malheureusement devenus une nécessité pour le club car c'est la seule façon de retenir les joueurs face aux sollicitations de l'étranger mais cela pose pas mal de questions vu le taux de réussite. Plus que jamais, l'entourage et la détermination du joueur à progresser restent la clé pour passer d'un contrat professionnel au réel statut de joueur professionnel. Et si le club a une responsabilité non négligeable dans l'éclosion de ses jeunes, les exemples d'Areola ou de Rabiot montrent qu'on peut parfaitement mener sa carrière en signant très jeune un contrat garantissant l'avenir. 


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