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[Entretien - 2ème partie] Michel Montana, speaker du Parc : «Je suis ravi du retour des Ultras»

Publié le samedi 30 juin 2018 à 13:30 par Marius Cassoly
Michel Montana, speaker historique du Parc des Princes, s'est confié durant plus d'une heure à CulturePSG. En raison de la longueur de l'entretien, nous vous proposons de le découvrir en trois parties différentes sur notre site. Durant ce deuxième épisode, Michel Montana revient sur ses meilleurs souvenirs au PSG, évoque Neymar, Rai, et se réjouit du retour des Ultras au Parc.

La première partie de l'entretien avec Michel Montana est disponible ici. Le speaker officiel du Parc des Princes nous retrace son parcours et raconte le métier de speaker.

Vous venez d'achever votre vingtième année en tant que voix officielle du Paris Saint-Germain. Vous avez donc traversé les époques et connu de nombreux joueurs, de Pauleta à Neymar, en passant par Ronaldinho ou Rai, pour ne citer qu'eux. Pouvez-vous me citer trois joueurs qui vont ont particulièrement marqué ?

«Je me souviens d'une fois où j'avais parlé politique avec Pablo Sorin»

Tout d'abord, je dirais Pablo Sorin, pour plein de raisons. Pour sa «grinta», c'était ce qu'adorait le Parc. J'adorais son look de guerrier, son visage d'indien, ses cheveux longs. Je me souviens d'une fois où j'avais parlé politique avec lui. C'est le genre de discussion improbable, qu'on n'imagine pas avoir avec un joueur. C'était vraiment un échange profond, et j'avais adoré. Et surtout, chose qui m'a marqué, il n'a jamais perdu avec le maillot du PSG sur le dos. C'est juste un truc de fou ! Ce joueur pourra se dire : «Moi, je n'ai jamais perdu avec le PSG»

D'ailleurs, j'ai envie de rendre hommage à tous ces joueurs de l'ombre, ces porteurs d'eau, ces joueurs besogneux dont on a pu se gausser, qu'on a pu critiquer. Le meilleur exemple pour moi, c'est Sammy Traoré dont je me souviendrai toujours, quand il est parti balle au pied, qu'il a remonté toute la pelouse. C'était un peu similaire à Lilian Thuram en 1998. Sammy a dribblé tous les joueurs, alors que tout le monde disait qu'il avait les pieds carrés, etc. Et après, c'est devenu le chouchou du Parc.

«Ronaldinho, c'est la fête parisienne !»

Et pour le troisième, je dirais Ronaldinho. Parce que c'est l'artiste, quoi… Et puis l'artiste fantasque (rires). C'est la fête parisienne, c'est le sourire permanent, le joga bonito. Pour certains, ce sont des actions gratuites, mais qu'est-ce que c'est bon ! Qu'est-ce que c'est bon ! Et c'est peut-être le seul joueur dont j'ai gardé quelque chose. J'avais récupéré son bandana.

Quel est votre meilleur souvenir en tant que speaker ? Retenez-vous un évènement en particulier ?

C'est le tour du Parc avec Neymar, lors de sa présentation au public parisien. Il y avait une énorme ferveur. Je revois les regards remplis de joie des supporters. Je l'ai accompagné en bas de chaque tribune. Quel pied de voir le bonheur des supporters parisiens ! Intérieurement, je vivais un bonheur enfantin. Le Parc, ce jour-là, on lui offrait le plus beau des jouets. Il y avait tout : l'ambiance, le soleil, c'était la samba brésilienne dans sa plus belle expression. Et en plus, Neymar avait la banane.

Neymar, recruté l'été dernier pour 222 millions d'euros, est le joueur le plus cher du monde actuellement. Quelle image retenez-vous du Brésilien ?

Je ne vais pas être très original. La première, c'est celle de sa présentation au Parc. On le sentait vraiment heureux. Et après, il y a eu toutes ces petites polémiques. Moi, je voudrais dépasser cela. Je veux toujours considérer les joueurs du PSG comme des membres de la famille. Une équipe de foot, c'est comme dans toutes les familles : il y a parfois des tensions et des bouderies. Mais cela peut toujours s'arranger. La preuve : la première année de Rai au PSG a été difficile, donc laissons du temps à Neymar. Il faut lui aussi qu'il s'habitue, ce n'est pas évident. Nous, on ne se rend pas compte. On pense que, comme ce sont des footballeurs, ils peuvent s'adapter d'un coup. Mais tu changes de pays, tu changes toutes tes habitudes.

Que pensez-vous de son style de jeu ?

«Le chambrage, ça fait partie du jeu de Neymar»

J'ai eu la chance d'assister à des grands matches à l'étranger parce que j'ai beaucoup voyagé. J'avais fait le tour de l'Amérique du Sud et j'ai pu assister notamment à un match au Maracana (Rio de Janeiro, Brésil) entre Flamengo et Fluminense. Flamengo avec Zico, le «Pelé Blanc» à l'époque. Ces joueurs-là, ils ont gardé une âme d'enfant. Et je me souviens, sur la plage de Copacabana, où plein de footballeurs amateurs se retrouvent pour taper la balle, ils n'arrêtent pas de se chambrer. Ce n'est pas pour humilier l'adversaire. Ce type de jeu de la part de Neymar n'a pas été compris au début. Ronnie, il chambrait aussi, hein ! Le chambrage, ça fait partie du jeu de Neymar, il n'a pas envie d'humilier l'autre, il a envie de s'amuser. Avoir un tel artiste au Parc… pourvu que ça dure ! Je n'ai qu'une envie, c'est qu'il reste. Il faut que les autres équipes du championnat se réjouissent de voir Neymar sur les pelouses, c'est une chance de l'avoir. Quand j'étais jeune supporter du PSG, je n'aurai jamais cru qu'on ait un jour des stars au Parc.

Un mot sur Rai, une autre légende brésilienne…

Lors de sa première année au PSG [ndlr : 1993-1994], il a eu beaucoup de difficultés. Intérieurement, cela a dû être très dur pour lui. Mais à force de travail, sans rien dire, il a su se fondre dans le collectif parisien. Et il a su donner tout ce qu'il était capable de donner, sportivement comme humainement. Je pense que ses adieux ont été le reflet de ce parcours. Un parcours très difficile au début, et pour finir, merveilleux.

Et comment était le Parc lors de ses adieux ?

«D'un seul coup, Rai se met à pleurer, à fondre en larmes»

Il y a eu une émotion incroyable, je m'en souviens parfaitement. J'étais au pied de la tribune Auteuil. Il était venu saluer les supporters avec son maillot sur les épaules. À un moment donné, il me demande si je peux lui donner le micro. Bien sûr, je lui donne. Et là, petit à petit, je vois que ses lèvres commencent à trembler. D'un seul coup, il se met à pleurer, à fondre en larmes. Je ne m'y attendais pas, personne ne s'y attendait. Parce que c'était un grand bonhomme. Il en imposait physiquement. Un charisme incroyable. Il était vraiment attaché au club.

Êtes-vous resté en contact avec d'anciens joueurs ou entraîneurs du club ?

En contact, non, mais il m'arrive d'en recroiser. Parfois, un peu par hasard sur des plateaux de télévision par exemple. Et ce qui est incroyable, c'est qu'on a encore plus de lien. Parce que lorsqu'ils sont joueurs, ils sont dans leur bulle, et encore plus aujourd'hui.

Recevez-vous des cadeaux de la part des joueurs ? 

Non, très peu. Mais je n'en demande pas. D'ailleurs, un jour j'arrêterai, alors il faut peut-être que je commence à en demander (rires).

Après de nombreuses années d'absence, suite au plan Leproux notamment, les Ultras sont de retour, petit à petit, au Parc des Princes. Une bonne chose, selon-vous ? On imagine que vous prenez plus de plaisir quand le stade s'enflamme…

«J'espère aussi qu'il y aura un pendant du côté de Boulogne»

Les Ultras font partie d'un club. Je suis ravi de leur retour et je les félicite. En tant que supporter, je suis content qu'il y ait des tribunes animées. En tant que speaker, encore plus. Après, il faudrait être fou pour cautionner la violence qu'il y a eu à une époque. Et là, je suis plutôt du côté du club, bien entendu. Il fallait faire quelque chose. Qui pourrait me soutenir l'inverse ? Sans me mêler non plus de la politique du club, car ce n'est pas mon rôle, j'espère aussi qu'il y aura un pendant du côté de Boulogne. Toujours dans le respect de la sécurité au Parc. C'est ce qui est primordial. Je vois plein de familles heureuses de venir au Parc maintenant.

Que pensez-vous de la polémique autour du like de Meunier ?

«Meunier doit faire attention»

C'est délicat. D'un côté, je comprends les Ultras. Et d'un autre côté, j'ai envie de leur dire : «Mais attendez, il a toujours mouillé le maillot». Oui, c'est peut-être une petite erreur de sa part, il doit faire attention. Mais, il ne faut pas oublier que ces joueurs-là, on ne leur a pas fourni le kit du parfait supporter. Je suis sûr qu'il fera tout pour défendre les couleurs parisiennes. Quand tu arrives dans un club, il faudrait une espèce de petit manuel à l'intention des joueurs, intégrant les règles de base et un résumé de l'histoire du club. Une sorte de PSG pour les Nuls (rires).

Adrien Rabiot a récemment refusé d'intégrer la liste des suppléants de l'équipe de France pour la Coupe du Monde. Quelle a été votre réaction ?

J'ai toujours envie de défendre les membres de ma famille. Bien sûr, j'ai été surpris comme tout le monde. Après, je pense qu'il a ressenti une profonde déception. Tout simplement.

Avez-vous un chouchou dans cet effectif ?

Marquinhos. Il a toujours le sourire, il est très respectueux, très sympa. Et puis nouvellement, Kylian (Mbappé). Il est vraiment cool. Et quand il me serre la main, c'est vraiment franc. Je sens qu'il y a une forme de respect de sa part. Et ça, chapeau, vu son statut !

Après le match du titre entre le PSG et Rennes, vous avez fait une vidéo en selfie avec Cavani, sur la pelouse du Parc. Comment cela s'est-il passé ? Racontez-nous…

Edi était avec sa compagne. Je le vois, on se tape dans la main. Et puis je fais un selfie avec lui. Et je me dis «Ah tiens, je vais faire une petite vidéo». Je ne savais même pas ce que j'allais faire. Et là, je mime l'annonce d'un but. Au moment où je commence, je ne savais pas qu'Edi allait dire «Cavani». J'ai trouvé ça marrant qu'il joue le jeu. Je n'étais même pas sûr de le poster au départ, et cela a fait un buzz incroyable.

 


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