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[ITW CulturePSG] A. Boulma : « C'est très difficile de travailler sur le PSG »

Publié le samedi 18 mai 2024 à 23:15 par Numéro 10
Figure connue de la communauté parisienne, qui a su créer un vrai lien avec les supporters sur X, Abdellah Boulma a collaboré avec la FIFA ou encore Les Cahiers du Football. C'est en tant que journaliste indépendant qu'il suit désormais avec une attention toute particulière le PSG, son club de cœur. Mercredi, il a fait avec nous un tour d'horizon de tous les sujets du moment, avant de se confier sur son métier et sa vision du football.

Après l'élimination contre Dortmund, vous avez parlé d'un « plafond de verre » qui a empêché Paris d'aller en finale. Quel premier bilan faites-vous de cette saison ? 

« Je pense que les objectifs ont été plus que remplis dans la mesure où, quand tu reviens au début de saison, personne ne s'attendait à voir le PSG arriver dans le dernier carré de la Ligue des Champions. Et vu les déboires de cette première partie de saison, ce n'était pas possible de voir le PSG arriver en demi-finale de la Ligue des Champions. Donc, de ce point de vue-là, c'est quand même une réussite. Après, pour le reste, « plafond de verre », oui, parce que quand tu regardes le contenu des matches du PSG, n'importe quel observateur te dira - et je le répète inlassablement - que c'est une équipe imparfaite. 

C'est un effectif imparfait depuis le départ. Donc, forcément, ça n'a pas été une équipe souveraine de A à Z. Ça n'a pas été une équipe souveraine, non seulement en Ligue des Champions, où il y a eu plusieurs défaites, et de surcroît en Ligue 1, où ils ont quand même galéré face à des clubs moins huppés, moins costauds. Pour faire un bilan définitif, il va falloir attendre la finale de la Coupe de France. Ne pas repartir avec la Coupe de France et simplement récupérer le Trophée des Champions et le championnat, là ce serait une saison plus mi-figue, mi raisin. Même si faire une demi-finale de la Ligue des Champions pour une année de transition, avec le gros chantier de l'été dernier, c'est-à-dire un chamboulement de l'effectif avec dix arrivées, ça resterait globalement une réussite. »

Et dans cette réussite-là, quelle est pour vous la part de Luis Enrique ? 

« Luis Enrique est arrivé en terrain non conquis »

« Une grande part, évidemment que c'est une grande part. Il est arrivé en terrain non conquis. On sait pertinemment qu'il est difficile de travailler avec Luis Campos et Nasser Al-Khelaïfi. Et dans les choix de Luis Enrique, tu comprends très vite qu'il n'a pas eu la main mise sur tous les transferts de l'été dernier. Ugarte, je ne pense pas que ce soit du fait de Luis Enrique. Kolo Muani non plus. Ramos, même si c'est beaucoup mieux sur ces derniers mois, il l'a quand même laissé sur le banc à maintes reprises, en particulier en Ligue des Champions, et ça témoigne quand même du fait qu'il ne lui faisait pas confiance. Il ne veut pas jouer avec un neuf, ça on le sait, on avait l'habitude avec cet entraîneur. Malgré cela, il s'en est très bien sorti jusqu'à présent. Donc bien sûr que c'est une réussite totale de Luis Enrique. Avec lui, on est passé de l'individualisme au collectif. Évidemment que c'est une réussite. Maintenant, on va voir s'ils vont lui filer définitivement les clés du camion. »

Vous faites partie de ceux qui estiment que le PSG aurait dû organiser un hommage pour Kylian Mbappé lors de son dernier match au Parc contre Toulouse. Pourquoi ?

« Vous savez, moi,  je me mets à la place des supporters. Effectivement, je savais qu'en disant ça j'allais prendre une salve de critiques. Mais en même temps, quand tu es dirigeant d'une grande entreprise, comme je l'ai écrit, et d'une entreprise aussi importante que le PSG, d'un club aussi important que le PSG, tu dois être capable de prendre de la hauteur par rapport à ce qui peut se passer. Je sais que c'est facile à dire, mais un bon manager, c'est celui qui prend de la hauteur. C'est celui qui ne lave pas son linge sale en public. C'est-à-dire que pour moi, ils auraient dû régler ça, cette embrouille, en interne.

Par au rapport au joueur qu'est Kylian Mbappé, quand bien même il y a eu des frictions, des tensions, des conflits, et même encore aujourd'hui, ils auraient dû prendre de la hauteur et lui réserver un hommage. Mais ils ne pouvaient pas lui réserver un hommage. Parce que c'est une histoire d'ego, c'est une histoire d'orgueil, pour les deux parties, évidemment. Du côté du clan Mbappé et du côté de Nasser Al-Khelaïfi, qui est quelqu'un de très orgueilleux. Nasser Al-Khelaïfi n'a pas été remercié dans la vidéo d'adieu du joueur. La mise en ligne de cette vidéo n'avait pas été communiquée au PSG. Encore un pavé dans la mare de la part du clan Mbappé, qui est un clan qui fait un peu ce qu'il veut.

C'est la raison pour laquelle je parle de coresponsabilité dans cette histoire. Donc, si vous me posez la question, je me dis que quand tu es une institution comme le PSG, tu te dois de préserver l'image de toutes les parties. Tu te dois surtout de préserver ton image à toi. Tu es un grand club, donc prépare lui des adieux dignes de ce nom et après ça, règle les problèmes financiers en interne. Regardez ce qu'il s'est passé. Dans sa vidéo, Kylian Mbappé n'a pas remercié Nasser Al-Khelaïfi, qui l'a très mal pris. C'est la raison pour laquelle il y a eu de nouveau des tensions entre eux. Et par la suite, aux Trophées UNFP, Kylian Mbappé, du bout des lèvres, a remercié son président. Et on comprend qu'il y a eu un peu de pression derrière, évidemment. Mais ce n'est pas ça qui va régler le torchon qui brûle. Ce n'est pas ça qui va régler la relation entre les deux parties.

« C’est un secret de Polichinelle, le départ du clan Mbappé est un soulagement pour beaucoup »

C’est un secret de Polichinelle, le départ du clan Mbappé est un soulagement pour beaucoup. Les frasques qui ont accompagné le joueur ces différentes saisons ont laissé des traces et un goût amer aux yeux des dirigeants et de nombreux supporters. Mais il n’y a pas de fumée sans feu, le club est aussi responsable de ce qui s’est passé (Passe-droits…). Donc, encore une fois, je persiste et je signe, Je pense que le Paris Saint-Germain aurait dû lui préparer quelque chose d'un peu plus officiel. Alors que là, c'est passé un peu à la trappe. Ce sont des adieux qui sont totalement ratés pour les deux parties. »

Donc si on refait le fil de l'histoire depuis l'été dernier,  les relations tendues entre Nasser Al-Khelaïfi et Kylian Mbappé ont quand un peu plombé le PSG aussi quelque part...

« Bien sûr, ça a déjà plombé Kylian Mbappé d'une certaine manière au départ, parce qu'il loupe deux matches en étant envoyé dans un loft. Finalement, il négocie sa sortie du loft. Personne ne sait aujourd'hui ce qui a été réellement négocié, hormis le fait qu'il aurait renoncé à différentes primes, notamment celle de fidélité, qui s'élèvent à un montant situé entre 80 et 100 millions d'euros. Est-ce qu'il les a restituées ? Est-ce qu'il s'est vraiment assis dessus ? La seule déclaration publique de Kylian Mbappé sur le sujet date du Trophée des Champions, le 4 janvier dernier, où de son propre chef, il avait évoqué un deal conclu entre lui et le club (NDLR : « Avec l’accord que j’ai passé avec le président cet été, peu importe ma décision, on a réussi à protéger l’ensemble des parties. »). 

Et la seconde chose, bien sûr que dès le départ, les dés étaient pipés pour tout le monde, pour Kylian Mbappé, mais aussi pour Nasser Al-Khelaïfi et pour Luis Enrique, qui a quand même travaillé toute une saison, et c'est tout à son honneur, avec cette épée de Damoclès sur la tête. C'est-à-dire qu'on le fait jouer, on le fait pas jouer, et à partir du moment, tout le monde le sait désormais, où Kylian Mbappé a annoncé à Nasser Al-Khelaïfi qu'il n'allait pas prolonger au club, la situation a totalement changé du côté de Luis Enrique, qui a commencé à le mettre sur le banc, tout simplement. Donc c'est très simple à comprendre. Mais dès le départ, ça a fragilisé un petit peu cette saison du Paris Saint-Germain. Tout le monde a été impacté par le dossier Mbappé. On peut parler d'une relation toxique du début à la fin. »

Concernant les conditions de départ de Mbappé, où en est-on à l'instant T ? Des négociations doivent-elles encore avoir lieu entre les deux parties pour acter les contreparties envisagées ?

« En fait, on pourrait reposer la question autrement : Est-ce qu'il y a véritablement des négociations ? Dès le départ, est-ce que ce n'est pas un storytelling qui a été initié par le Paris Saint-Germain pour sortir de ce conflit la tête haute d'une certaine manière ? On préserve notre image en disant qu'on a négocié avec lui, qu'il va nous restituer un certain nombre de ses primes pour cette saison, mais aussi une partie de sa prime à la signature au Real Madrid. Et qu'il nous annoncera quand il aura signé au Real Madrid. Comme ça, on règle tout ça ensemble. Chose qui n'a pas été faite. 

Quand on parle au Paris Saint-Germain, c'est le storytelling qui nous est raconté. En revanche, du côté du joueur, il était hors de question jusqu'à il y a quelques temps, et je ne me suis pas renseigné depuis... Il était hors de question de restituer le moindre kopeck au Paris Saint-Germain. C'est beaucoup plus complexe que ça en a l'air. Il faut faire attention à tout ce qu'on nous dit. Il y a la version du Paris Saint-Germain et il y a aussi la version du clan Mbappé. »

Il y aurait donc encore un doute sur la volonté du clan Mbappé de réellement dédommager le PSG...

« Oui, parce que le joueur va te dire, « Écoutez, je ne me suis pas engagé juridiquement, je ne me suis pas engagé par écrit. Pourquoi vous me saoulez avec ça ? » Alors que du côté du Paris Saint-Germain, on t'explique qu'on aurait pu le vendre 150 millions, que c'était sa valeur au moment où il était dans le loft. Et donc pour pouvoir récupérer cette somme, non seulement il va devoir s'asseoir sur ces fameuses primes de 80 à 100 millions, mais aussi restituer une partie de ce qu'il va toucher comme prime à la signature de la part du Real. C'est l'histoire qu'on nous raconte. 

C'est une guerre psychologique, c'est une guerre médiatique. Kylian Mbappé ne s'exprime pas là-dessus, parce qu'il n'a pas encore annoncé au Paris Saint-Germain, à ce jour, qu'il a signé au Real Madrid. Mais ils le savent tous au Paris Saint-Germain, tout le monde le sait qu'il a signé au Real. Maintenant, alors qu'il s'était engagé moralement, en gros, je ne sais pas ce qui s'est exactement passé depuis avec Nasser Al-Khelaïfi...

« C'est une première ce qui se passe avec Mbappé. Normalement, un joueur libre fait ce qu'il veut »

Est-ce que le joueur a demandé à parler à Nasser Al-Khelaïfi pour lui dire « C'est bon, j'ai signé. Maintenant que c'est signé, on peut acter les modalités de mon départ. » ? En tout cas, c'est la première fois qu'on entend ça dans l'histoire du foot. Un joueur libre qui règle les modalités financières et juridiques de son départ avec son club, ça n'existe pas. À partir du moment où il est libre, normalement il fait ce qu'il veut.

Justement par rapport à ça, vous avez sorti l'information selon laquelle sa signature au Real aurait eu lieu aux « alentours du 21 février ». Vous confirmez ? 

« Oui, je confirme à 100%. Le 21 février, il y a eu un jour off du côté de Paris Saint-Germain. Les joueurs ont eu un jour off. Ce jour-là, il a été filmé à Barcelone et c'est ce jour-là qu'il a signé son contrat au Real Madrid. »

Toujours selon vous, un peu à rebours de ce qui est sorti côté madrilène, « Kylian Mbappé deviendra le joueur le mieux payé du Real Madrid et de très loin »...

« Peut-être que j'ai employé des termes un peu forts et que j'aurais dû être un peu plus précis. Quand je dis ça, je ne parle pas seulement du salaire qu'il va toucher. En fait, il faut aussi compter la prime à la signature qui, pour moi, s'élève à bien plus que 100 millions d'euros. Pour moi, elle s'élève à 130 millions d'euros. Lissé sur ses cinq années de contrat, ça fait 26 millions d'euros par an à ajouter à son futur salaire. Et au total, effectivement, on sera bien au-delà de ce que perçoivent les Bellingham et les Vinicius. Donc, le storytelling qui nous raconte, effectivement, qu'on est au Real Madrid et que c'est plafonné, moi, j'en souris. 

J'ai pris une tempête par les Madrilènes, quand j'ai annoncé ça, mais selon mes infos, le joueur va très très bien gagner sa vie. Et il ne faut pas oublier les droits à l'image. On sait pertinemment comment ça se passe du côté du Real Madrid (NDLR : le club madrilène a pour habitude de partager les droits à l'image des recrues à 50-50). Et je sais que certains ont pu évoquer une négociation sur ce point très favorable à Mbappé. Donc ça aussi, ça rentre en compte. Au final, quand on prend tous ces éléments, un à un, il va toucher bien plus que les autres joueurs du vestiaire. On parle quand même d'un champion du monde. Évidemment, qu'il va toucher bien plus. Donc la belle histoire, le roman, le conte... la soupe qui nous est servie selon laquelle Kylian ne gagnerait pas plus qu'un Jude Bellingham ou un Vinicius, pour moi, c'est n'importe quoi. Je comprends le message véhiculé. On est le Real Madrid. une grande institution. On est au-dessus d'un grand joueur comme Mbappé. Donc il touchera la même chose que les autres stars de l'équipe. Non, non, non. Il va toucher bien plus. »

Avec ce départ de Mbappé, il y a eu des interrogations ces dernières semaines sur le fait que Luis Campos conserve ou non son poste la saison prochaine et en creux il s'agit de savoir si Luis Enrique, cette fois, aura les mains libres pour recruter des joueurs qui correspondent à son style de jeu...

« Sur la seconde partie, il y en a beaucoup qui l'espèrent. Luis Enrique en premier lieu. Est-ce qu'ils vont vraiment lui filer les clés du camion ? Ça a toujours été compliqué dans l'histoire du Paris Saint-Germain, sous l'ère QSI. Leonardo-Tuchel, Pochettino-Leonardo... Il y a toujours eu ces brouilles, ces conflits au sein de la cellule sportive, pour savoir qui décide de quoi, qui commande.

« Tuchel a découvert la prolongation de Kurzawa dans la presse »

Par exemple, Tuchel a découvert la prolongation de Kurzawa dans la presse. Aujourd'hui, c'est la même chose avec Luis Campos. C'est une personnalité très, très forte, Luis Campos. C'est quelqu'un de très orgueilleux, c'est quelqu'un de très fier, qui connaît son métier. Quoi qu'on en dise, il s'est planté comme beaucoup se sont plantés au Paris Saint-Germain. Il n'y a pas eu que des réussites par le passé.

En revanche, dans l'entourage de Luis Campos ou de ceux qui le connaissent, on s'est beaucoup posé la question ces derniers temps de savoir s'il allait continuer la saison prochaine. Parce que la non-prolongation de Mbappé c'est un peu pour lui aussi. Que va décider Nasser Al-Khelaïfi ? On sait que c'est quelqu'un qui est imprévisible. On l'a vu avec Laurent Blanc, on l'a vu avec tellement de monde. Il est capable de dire oui la veille et non le lendemain. Donc, attention quand même à ce qui va se passer avec Luis Campos dans les semaines à venir. Même s'il a déjà commencé à travailler sur le mercato, attention. C'est-à-dire que, là, on n'a pas la garantie qu'il reste au Paris Saint-Germain cet été. 

Sur le poids qu'aura Luis Enrique lors du prochain mercato, c'est très très difficile d'avoir des informations. On fantasme beaucoup sur la façon de travailler du Paris Saint-Germain. C'est-à-dire, est-ce que Luis Campos travaille ses dossiers de son côté ? Est-ce que Nasser travaille ses dossiers de son côté ? Est-ce que Luis Enrique travaille ses dossiers de son côté ? Non. En fait, c'est une cellule sportive qui travaille de concert. Ils discutent pour savoir s'ils sont d'accord sur un joueur. Est-ce qu'il a le bon profil ? 

« Le dernier mot, c'est Nasser Al-Khelaïfi qui l'aura »

Je vais vous donner un exemple parlant. On dit souvent que c'est Nasser qui a fait Kolo Muani. Pourquoi on dit ça ? Parce que dans ce dossier, Campos n'avait pas réussi à trouver un compromis avec la direction de Francfort. Et dans ces cas-là, c'est Nasser Al-Khelaïfi qui va débloquer le dossier. C'est pour ça qu'on dit que c'est Nasser Al-Khelaïfi. Mais ils travaillent de concert. Sur qui va débloquer le dossier... Est-ce que c'est Nasser ? Est-ce que c'est Luis Campos ? Est-ce que c'est Luis Enrique ? Il faut tout le temps nuancer. Ils ne sont pas là dans leur bureau, chacun à travailler leurs dossiers. Donc il faut arrêter avec toutes ces histoires. C'est une cellule sportive qui travaille de concert. Effectivement, il y en a un qui va proposer tel profil, l'autre va proposer tel profil, etc. On discute. Et le dernier mot, c'est Nasser Al-Khelaïfi qui l'aura. Voilà, c'est comme ça que ça fonctionne.

Mais pour revenir à la question : Est-ce que Luis Enrique va avoir les mains libres pour ce mercato ? Si c'était le cas, évidemment que ça ferait chier Luis Campos, qui lui aussi veut avoir la main dessus. Donc on verra dans les jours, voire les semaines à venir. Est-ce que Luis Enrique et Luis Campos s'entendent bien ? Ça va, ça va. Après, ils n'ont pas non plus une grande complicité. C'est une relation avant tout professionnelle. »

Pour le prochain mercato du PSG, est-ce qu'il faut s'attendre à des bouleversements importants pour combler le départ de Mbappé et renforcer un effectif, comme vous l'avez dit, insuffisant ? Et quels sont les profils ciblés ?

« Ce que je sais, c'est que le mercato, ils l'ont commencé déjà depuis quelques semaines. Ils ont ciblé, supervisé, plusieurs profils par poste. Tout ce que je peux dire aujourd'hui, c'est qu'il y aura un renfort par ligne. Et il y a aussi un dégraissage de l'effectif qui va s'effectuer avec des joueurs dont, de toute façon, c'est un secret de polichinelle... On l'a vu avec la récente sortie de Luis Enrique en conférence de presse. Certains joueurs n'ont plus leur place au Paris Saint-Germain.

Skriniar en fait évidemment partie. Il n'a pas répondu aux attentes, en dépit d'un temps de jeu conséquent, et il n'entre plus dans les plans d'une certaine manière de Luis Enrique. Il te faut donc un défenseur, parce que tu as Lucas (Hernandez) qui est out pour un bon moment et Kimpembe qui n'a toujours pas repris la compétition. Tu as aussi Nuno Mendes qui a été out pendant huit mois et qui revient à peine. Je sais qu'ils recherchent un défenseur central, polyvalent. 

Au milieu de terrain, ils visent un joueur expérimenté qui peut accompagner Vitinha, surtout au niveau technique. En tout cas, il te faut quelqu'un de beaucoup plus fort que ceux qu'on a aujourd'hui. Je pense notamment à Soler, out. Je pense à Fabian Ruiz, out. Je pense aussi à Warren qui était fatigué, qui était épuisé sur la deuxième partie de saison. Donc il te faut quelqu'un de plus confirmé, avec beaucoup plus d'épaisseur au milieu de terrain pour l'associer à Vitinha. 

Et en attaque, c'est un peu plus complexe dans la mesure où, comme je l'ai annoncé, Kolo Muani ne devrait pas partir en prêt. Ça, c'est une certitude. Il a été acheté 90 millions, il a un salaire conséquent, donc ce sera difficile de le bouger. Et Ramos logiquement va rester, parce qu'il a donné satisfaction ces derniers temps. Devant, ce serait donc plutôt un joueur côté gauche, avec le départ de Mbappé. Même si on a déjà Barcola, il faut quelqu'un qui soit capable d'occuper ce côté gauche. »

Que pouvez-vous nous dire sur les joueurs suivants qu'on associe régulièrement à Paris ?

« Lenny Yoro : Je sais que Yoro était plutôt partant pour le Real Madrid et que le Paris Saint-Germain l'apprécie énormément. Il y a déjà eu des premiers contacts avec lui, mais je n'en sais pas davantage. 

Bruno Guimaraes : Je crois que j'ai été le premier à éteindre cette piste lors du dernier mercato d'hiver. Évidemment qu'il y a eu des petits contacts informels, mais son agent a surtout beaucoup joué avec la presse, les médias, les observateurs, les supporters, via les réseaux sociaux. Il n'y avait rien avec Bruno Guimaraes, nous, c'est ce qui nous a été communiqué du côté du Paris Saint-Germain. Il n'y avait absolument rien de concret, mais vraiment rien. Est-ce que la donne a changé depuis ? Je n'en sais rien du tout. Mais à l'époque où Guimaraes était cité comme en approche du côté du Paris Saint-Germain, c'était totalement faux. 

Bernardo Silva : Il y avait un accord de principe l'été dernier. Finalement, vous connaissez l'histoire, ils ont voulu le conserver et il est resté là-bas. Le PSG va essayer de repartir à l'abordage pour tenter de le récupérer cet été. Il aura fait le tour du propriétaire du côté de Manchester City et il a désormais une clause de départ (d'environ 60 millions d'euros). Après je ne sais pas s'ils vont réussir. Il faut toujours prendre en considération la relation Abu Dhabi-Qatar. Il n'y a jamais eu de transfert entre eux, il me semble. C'est une donnée importante à prendre en compte, malgré ce que peuvent dire les différents observateurs.

Désiré Doué : Je n'en ai jamais parlé parce que je ne sais pas, je n'ai pas eu cette information. Tu as des confrères qui en parleront peut-être mieux que moi. Mais là, jusqu'à aujourd'hui, je ne me suis absolument pas renseigné. Je n'ai pas eu d'écho là-dessus. 

Khvicha Kvaratskhelia : Il y a eu des contacts informels avec le joueur, avec son entourage. On connaît le Napoli et son président, c'est très très complexe. Est-ce qu'ils vont le prolonger ? Je n'en sais rien. Je pense que c'est un jeu de dupes aussi dans la mesure où, s'ils lui proposent un salaire très conséquent, il restera probablement là-bas. À moins qu'il ne cède aux sirènes du Paris Saint-Germain. Mais le  joueur pourrait aussi se dire, attention, oui il y a le paramètre salaire, mais il y aussi aussi le paramètre concurrence et la possibilité d'être titulaire. Comme pour Xavi Simons, d'ailleurs, ce sont des joueurs qui veulent être titulaire et ne pas rester sur le banc. On sait que Lucho, il fait beaucoup tourner son effectif. Est-ce qu'il serait capable de venir pour jouer un match sur deux comme Barcola ? Non, lui, il a envie de jouer. Il joue à Naples et à tous les matches. Ça, c'est une donnée hyper importante à prendre pour les joueurs susceptibles de venir au PSG. »

Xavi Simons est justement susceptible de revenir au PSG, mais on peine à y voir vraiment clair dans ce dossier. Pouvez-vous nous éclairer ?

« Il y a des certitudes et il y a des choses qu'on ne sait pas, parce que c'est un dossier hyper flou. C'est un dossier dans lequel il y a eu très peu de transparence. Ce que l'on sait c'est qu'il a été prêté une saison à Leipzig. On en est là aujourd'hui. Nasser adore ce joueur, Luis Enrique adore ce joueur, tout le monde à Paris apprécie ce joueur, qui est un un gamin du PSG, mais Xavi Simons, déjà, a son mot à dire. Ensuite, il y a une clause qui indique, ça c'est une certitude aussi, que si le PSG le vend avant le 1er janvier 2025, le PSG perd de l'argent. C'est-à-dire qu'il y a un pourcentage de cette somme qui sera reversée au PSV Eindhoven.

« La tendance pour Xavi Simons, c'est un nouveau prêt à Leipzig ou ailleurs » 

Donc, en fait, c'est un billard à trois bandes. Et il est hors de question pour le Paris Saint-Germain de vendre le joueur avant 2025. À moins que quelqu'un ne mette 100 millions sur la table ou en tout cas la valeur du joueur aujourd'hui, qui doit être autour de 80 millions d'euros. En tout cas, encore une fois, les certitudes qu'on a c'est que le joueur a son mot à dire et nous, on nous dit que le club est confiant dans ce dossier. La grande tendance aujourd'hui, c'est qu'il reparte une année en prêt, à Leipzig ou ailleurs. Attention, je dis bien la grande tendance. Maintenant, qu'est-ce qui va se passer ? Ça va se décider bientôt. 

Xavi Simons s'éclate du côté de l'Allemagne et il aimerait aussi s'éclater du côté de la Premier League, car c'est un joueur qui a besoin d'espaces pour s'exprimer. En Ligue 1, c'est un peu plus complexe avec des défenses regroupées. Est-ce que c'est un percuteur comme Dembélé ? Non. C'est un joueur qui a besoin d'être libéré du marquage. En tout cas, avec son profil hybride, il ressemble au chaînon manquant en attaque d'une certaine manière et il est très apprécié, je le répète, par Luis Enrique et par Nasser Al-Khelaïfi. Maintenant, il faut le retour du joueur, le retour de son entourage. Avec cette fameuse contrainte qui est sa clause en cas de revente jusqu'en 2025. Donc, est-ce que ça repart en prêt ? Est-ce qu'il va revenir ? Ça, on va le savoir très, très vite. Mais la tendance, c'est un nouveau prêt à l'étranger. »

Au rayon des prolongations à l'étude, trois noms se dégagent : Hakimi, Vitinha et Donnarumma...

« Avec Achraf, c'est compliqué, parce qu'il n'a pas non plus montré un désir important de vouloir rester au Paris-Saint-Germain. Je sais qu'il y a eu des premiers pas de négociations, des pourparlers au moment où j'en ai parlé (le 1er mars dernier). Le PSG veut le conserver. À date, aujourd'hui, est-ce que Hakimi veut véritablement rester au Paris-Saint-Germain ? Il a sa famille en Espagne, il y a Kylian qui s'en va. C'est une donnée à prendre en compte. Encore une fois, les certitudes que j'ai, c'est que le PSG voulait le prolonger. Quelle est la volonté, le désir d'Hakimi ? Là, aujourd'hui, je ne peux pas vous répondre. 

La prolongation de Vitinha ne fait quasiment aucun doute. Il plaît à tout le monde, il fait l'unanimité. Pour Donnarumma, c'est un petit peu différent. Effectivement, c'est un gardien qui a sauvé le PSG à maintes reprises cette saison. Avec beaucoup de qualités, mais aussi avec des défauts. En Ligue des Champions, il a quand même un petit peu sa part de responsabilité. Et ça, ça n'est pas passé inaperçu du côté de la cellule sportive. Il ne fait pas totalement l'unanimité. Ça, c'est une certitude. Est-ce qu'ils vont le prolonger ? Probablement, parce que ça reste un jeune gardien et l'un des tous meilleurs à son poste. Et sur ce qui va se passer après, j'en sais rien du tout. Est-ce que ce sera une prolongation pour le vendre derrière ? Est-ce que ce sera pour faire venir un autre gardien de haut niveau afin de le concurrencer ? Je ne pense pas que ce soit la bonne solution. 

C'est vrai que dans son profil, il ne correspond pas à ce qu'attend Luis Enrique. On l'a vu avec Tenas contre Toulouse, où il délivre cette passe décisive à Kylian Mbappé. Chose que Donnarumma n'a jamais produite. Luis Enrique veut faire repartir le jeu de derrière, à l'espagnole, à la Guardiola. Donc, il a besoin d'un gardien qui sache jouer au pied. Dans le jeu aérien, Donnarumma a aussi été en difficulté, malgré sa taille et son envergure. Et dans ses sorties, c'est pas toujours ça. Bien sûr,  ces manques n'ont pas échappé a la cellule sportive, même s'il compense par d'autres qualités. C'est pour moi, le meilleur gardien au monde sur sa ligne. »

C'est quoi le secret pour avoir des informations sur le Paris Saint-Germain quand on est comme vous un journaliste indépendant ? 

« C'est très difficile de travailler sur le Paris Saint-Germain, parce que c'est très compliqué d'avoir de l'information du côté du Paris Saint-Germain »

« C'est très difficile de travailler sur le Paris Saint-Germain, parce que c'est très compliqué d'avoir de l'information du côté du Paris Saint-Germain. Même pour une information banale. Je repense notamment à une information que j'avais délivrée concernant Marco Verratti et l'hommage qui devait lui être rendu. C'est-à-dire que dans n'importe quel club au monde, on aurait communiqué aux journalistes le fait qu'un hommage serait rendu à Marco Verratti. Mais, on ne nous l'a pas dit. Il a fallu gratter ailleurs pour tenter de savoir si effectivement il y aurait un hommage. Alors que c'était une information positive qui plaisait à tous les supporters, aux suiveurs du club. Ça plaisait à tout le monde. Donc on aurait pu nous communiquer cette information et on ne l'a pas fait. Alors imaginez pour les informations transferts.

En règle générale, les cellules sportives ne délivrent pas ce genre d'informations. Et pour y avoir accès, tu as plusieurs biais. C'est-à-dire un, il faut un carnet d'adresses. Deux, il faut te déplacer. Trois, il faut aller voir les différentes catégories de jeunes. Là, c'est une source d'informations intarissable. Mais de fou. C'est-à-dire que là, tu as énormément d'informations chez les gamins, chez les jeunes. Tu peux aussi avoir des intermédiaires. Tu peux aussi avoir des agents. Mais pour que des agents puissent te faire confiance, avant d'être indépendant, moi j'ai travaillé pour la FIFA, j'ai travaillé pour Les Cahiers du foot, j'ai travaillé pour les Cahiers de l'Afrique, j'ai travaillé pour plein de médias. Mais le truc, c'est qu'aujourd'hui, quand tu téléphones à un confrère, c'est plus facile d'avoir accès à des confirmations d'informations quand tu es estampillé grand média.

Mais quand tu es indépendant, comme moi, c'est beaucoup plus complexe. D'une certaine manière, je dis bien d'une certaine manière, ce n'est pas la même chose. Tu t'appelles Fabrizio Romano, tu as 20 millions d'abonnés, forcément, bien sûr que tu pèses. Mais si vous me posez la question de savoir est-ce que c'est un atout d'être indépendant ou l'inverse, je vous dirais que c'est un peu les deux. Pour confirmer une information, c'est plus compliqué pour moi. En revanche, ça me permet d'avoir accès peut-être à des strates, à des gens, à des intermédiaires. Mais ça, ça dépend de chaque journaliste. C'est-à-dire que c'est ton carnet d'adresses qui va faire la différence et c'est aussi ta volonté d'aller chercher l'information. C'est le travail d'un journaliste tout court, ce n'est même pas le travail d'un journaliste sportif. Va à l'information, va la chercher. Déplace-toi sur le terrain, va discuter avec les gens, etc. Et là, tu auras accès à ces informations-là. »

Racontez-nous votre rapport particulier avec le Paris Saint-Germain...

« Très particulier même. Dans ma famille, on est supporter du Paris Saint-Germain de père en fils. Je vais au Parc depuis que j'ai 5-6 ans. Toute ma famille est abonnée au Paris Saint-Germain. Je supporte ce club alors que j'étais au collège dans les années 89, 90, 91, 92. C'était les années Tapie, les années Marseille. La plupart de mes potes qui ont le même âge que moi, aujourd'hui, sont supporters de l'Olympique de Marseille, alors que c'est des Parisiens. Moi j'ai toujours estimé, et ça ça n'engage que moi, que je ne pourrais pas supporter un club dont je n'habite pas la ville. Je trouve que c'est une donnée hyper importante. J'habite Paris depuis tout petit, donc je m'identifie à ce territoire, je m'identifie à cette ville, je m'identifie à ce club. Je suis d'autres équipes, mais je suis supporter du Paris Saint-Germain avant tout. 

Après, si la notion de territoire et supportérisme compte à mes yeux, je peux comprendre aussi qu’on puisse supporter le club que l’on veut même si on ne réside pas dans le ville concernée. Sinon, je ne suis pas anti-marseillais, ni quoi que ce soit. J'ai un certain âge maintenant, je m'en fous totalement. J'ai passé l'âge, on va dire. »

Est-il compliqué pour vous de sortir une information qui peut porter préjudice à votre club de cœur ? 

« Sa déontologie fait qu'un journaliste se doit de sortir une information, quelle soit négative ou positive »

« Bien sûr. Mais un journaliste se doit de sortir une information négative. Sa déontologie fait qu'un journaliste se doit de sortir une information, quelle soit négative ou positive, on n'en a rien à foutre. Par exemple, j'ai vu passer cette semaine l'information selon laquelle Nasser Al-Khelaïfi aurait eu une violente altercation avec Kylian Mbappé avant PSG-Toulouse. Non, ça ne me dérange pas de sortir une info comme ça. Je sais qu'on ne peut pas plaire à tout le monde. Et je sais que ça ne va pas plaire aux aux Parisiens. Mais si je sors une info négative, ça fait partie de mon job. Les supporters, le grand public, se doivent de savoir ce qui se passe dans un vestiaire, autour de ce vestiaire, comment fonctionne cet environnement. 

Vous savez pourquoi ? Je vais vous donner un exemple. Une fois que les infos sont sorties sur Neymar et sur le fait qu'il arrivait alcoolisé à l'entraînement, on m'a demandé « Ah, mais pourquoi vous ne nous l'avez pas dit ? » Oui, mais si je l'avais dit à l'époque, je me serais fait rentrer dedans. Voilà, à un moment donné, quelle est ta ligne directrice ? Un vrai journaliste, qu'il soit un journaliste politique, économique, sportif, il se doit de sortir l'information qu'elle plaise ou non. Ton métier, c'est de pondre une information. C'est tout. Quitte à te mettre des supporters à dos, quitte à te faire insulter, etc. Tu dois sortir l'information. »

Justement, dans le milieu des journalistes, vous détonnez dans votre relation avec la communauté parisienne, puisque vous avez décidé d'avoir une vraie interaction avec les supporters, en répondant notamment à leurs questions sur X (ex-Twitter). Pourquoi ce choix ? 

« Je pense que X est un fléau. Mais si tu mets ce fléau et tous ces comptes négatifs, anonymes, de côté, en fait, tu tombes sur des personnes extrêmement intelligentes qui savent écrire, qui savent penser, qui savent résonner, qui comprennent un petit peu l'environnement du PSG. Moi, ce que je déteste le plus, c'est ceux qui vivent du clubisme au quotidien, qui ne savent pas faire la part des choses, qui ne savent pas trier les choses. C'est-à-dire que, moi, j'aime bien communiquer, interagir avec des gens qui ne comprennent pas parfois. Quand j'ai le temps, j'aime bien éclaircir un petit peu une information, la préciser. 

« J'aime bien raconter aux jeunes générations l'histoire du PSG »

Il y a des supporters qui ne savent pas ce qui se passe dans ce club. Ils ne savent même pas qui sont les gens qui apparaissent en photo autour de Nasser Al-Khelaïfi. Ils ne savent même pas qui est qui. Ils ne savent même pas qui est le directeur de la communication (Pascal Ferré) et quel est son pedigree. Ils ne connaissent pas Victoriano Melero (le secrétaire général du club). Ils ne connaissant pas 1, 2, 3% des gens de l'organigramme du Paris Saint-Germain. Et moi, je suis juste là pour les éclairer. Parce que c'est des supporters de mon club et parce que j'ai envie de les éclairer, tout simplement. »

N'est-ce pas aussi une question générationnelle, avec une génération QSI qui ne s’intéresse pas toujours à l'histoire du Paris Saint-Germain  ?

« C'est sûr que beaucoup ne connaissent pas déjà le Paris Saint-Germain. L'autre jour, on m'a interrogé sur mes souvenirs liés à Michel Montana (le speaker du Parc des Princes) et j'ai pensé tout de suite à Cavani parce que j'aimais bien quand il criait son nom, c'était enivrant. Mais j'aimais bien aussi dans les années 2000 quand il criait le nom de Pauleta. Je suis d'une ancienne génération et c'est bien aussi de rappeler à tous ces gens-là que le PSG, ce n'est pas seulement à partir de 2011-2012. Que le PSG c'est Canal+, que le PSG c'est Denisot, que le PSG c'est Bazin, que le PSG bien bien avant, c'était Borelli, c'était Hechter. Que derrière le PSG, en fait, il y en a une histoire. 

Et moi, j'aime bien leur raconter cette histoire. Voilà, on nous prend pour des vieux cons, mais avant Ibrahimovic, il y avait des Dalheb, des Susic. Et après, on avait des Guérin, on avait des Weah, on avait des Ginola, on avait des Daniel Bravo, on avait des Djorkaeff, même s'il est resté qu'un an. On avait même des mecs comme Francis Llacer, qui se « tuait » comme pas deux, et qui a inscrit l'un des plus beaux buts de l'histoire du PSG. Les jeunes générations ne connaissent pas tout ça et c'est bien de leur rappeler notre histoire, notre héritage, notre tradition, etc. Le PSG est un jeune club, mais avec une histoire. »

Pour terminer, parlons un peu de votre actualité et de cet ouvrage collectif, « Tout n'est pas footu », auquel vous avez participé aux côtés de quatorze autres signatures, parmi lesquelles Nicolas Vilas ou encore Pierre Rondeau. Comment est né ce projet et quelle thématique avez-vous choisi d'aborder de votre côté ?

« Déjà, il faut dire que « Tout n'est pas footu » fait suite à un autre ouvrage collectif, « Le grand footoir », où un certain nombre de journalistes, de chercheurs, d'économistes, d'universitaires ont pris la plume pour alerter les gens sur le football tel qu'on le vit aujourd'hui, parce que l'on allait droit dans le mur. Avec la financiarisation accrue du football, les billetteries des stades qui sont devenues inaccessibles, du légalisme à outrance, etc. Ça, c'était la thématique du premier bouquin. En revanche, dans « Tout n'est pas footu », là, on a voulu rappeler aux gens qu'en fait, il y a encore des choses positives qui existent dans le football. Il y a encore des clubs qui continuent de vivre, qui continuent à nous donner des émotions. Moi, par exemple, ma thématique, ça a été de parler de la CAN des quartiers. Ça a été de parler du football de rue. Ça a été de dire, attention, malgré cette ère des écrans et des jeux vidéo, il y a encore beaucoup de gamins qui sont passionnés de football. 

Il y a beaucoup de choses qui ont été mises en place par des collectivités territoriales, par des associations ou par ces gamins, qui ont créé la CAN des quartiers et qui ont créé des émulations énormissimes sur le terrain. C'est hyper important de rappeler que nos gamins aussi adorent le football et que leurs origines ne leur coûtent pas d'une certaine manière. Moi, j'ai voulu écrire sur la CAN des quartiers parce que, franchement, cette initiative, elle est extraordinaire. Elle a commencé à Ivry, elle a commencé en banlieue parisienne. Et elle a pris une envergure monstrueuse. Quand tu regardes ce qui s'est fait à Barbès, tu regardes ce qui s'est fait à Aulnay-sous-Bois, tu regardes ce qui s'est fait même partout en France, c'est exceptionnel. Et ça, c'est un indicateur qui est hyper important. Ça nous raconte une autre histoire, qui nous dit que non, le football n'est pas mort, non, le football des gamins est encore là, est encore vivant et il passionne encore énormément de monde et c'est toujours le sport populaire numéro un dans le monde. En tout cas, au-delà de mon chapitre, c'est un excellent bouquin qu'on a écrit tous ensemble. »

Le football d'aujourd'hui a-t-il perdu en quelque sorte un peu de sa magie d'antan ?

« J'en ai parlé dans « Le grand footoir ». Parmi les choses négatives, j'ai abordé l'athlétisation du footballeur, en posant la question suivante : Est-ce qu'un mec comme Michel Patini, qui était un génie du football, aurait pu jouer dans une équipe de la Coupe du monde de 2018 ? C'est la problématique. Il y en a certains qui me disent qu'avec son talent il aurait pu jouer, mais moi je pense que non. Avec l'athlétisation des joueurs, avec la nutrition, avec les joueurs qui sautent plus haut, qui courent plus vite, qui jouent plus vite. Le football d'aujourd'hui n'a strictement rien à voir avec le football des années 80, même des années 90. Il a totalement changé. 

Aujourd'hui, on a presque affaire à des robots pour certains, à l'image un peu de Cristiano Ronaldo, qui est un génie d'un autre football, celui du futur. Aujourd'hui, on a des gamins qui vont plus vite dans leur carrière, c'est-à-dire qu'ils ont eu accès à certains outils, quels qu'ils soient, qui font naître des footballeurs hors normes. C'est des véritables machines de guerre. D'une certaine manière, cette athlétisation à outrance tend à faire disparaître le football romantique. Regardez les numéro dix, aujourd'hui ça n'existe plus. On a connu Javier Pastore au Paris Saint-Germain, avec son jeu un peu plus nonchalant... Mais, le football va désormais beaucoup plus vite. Et les gens, ce qu'ils veulent, en fait, c'est de la stat, c'est des buts, c'est le top buts, etc. On ne prend plus le temps d'apprécier les choses. »

Propos recueillis par Numéro 10

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