Titulaire et buteur à Lorient, le jeune Christopher Nkunku a su montrer ses qualités dans une équipe du PSG traumatisée. Alors que la fin de la Ligue des Champions devrait réduire les rotations, le milieu a su se placer pour l'avenir en corrigeant quelques uns des points faibles vus lors de ses récents matches..
Sa dernière titularisation avec le PSG avait ressemblé à un petit cauchemar, trop timide et sorti dès la mi-temps lors de la réception de Toulouse (0-0). Trois semaines plus tard, Unai Emery a de nouveau titularisé le tout jeune milieu relayeur pour le match d'après Barcelone. Après avoir intégré une équipe encore dans les nuages, il a cette fois dû assumer dans un onze traumatisé par l'échec de Barcelone. Et paradoxalement, le résultat fut meilleur.
Quatre jours après voir vu son équipe encaisser six buts au Camp Nou, Unai Emery n'a pas hésité à aligner une composition d'équipe pour le moins offensive sur la pelouse de Lorient et il a notamment fait un choix fort en privilégiant le jeune relayeur qu'est Nkunku à l'expérimenté milieu défensif Grzegorz Krychowiak. Avec ce choix, il a au passage redéfini le nom du n°5 du milieu de terrain et il s'agit donc du joueur formé au club plutôt que le Polonais acheté 30M€ l'été dernier. Le coach basque aurait pu placer Krychowiak devant la défense, Rabiot en relayeur gauche et Pastore comme son pendant à droite. Il n'en a rien été et le Basque a préféré intégrer Nkunku, un signe de confiance fort alors que la recherche de sécurité défensive aurait pu prévaloir.
Le match a finalement donné raison au coach parisien, et pas seulement parce que le but du break inscrit par l'international U20 vaut finalement très cher. Timide contre Toulouse, Nkunku a cette fois-ci été lui-même, ce joueur multiforme capable de percuter comme de passer qui se faufile en permanence entre les lignes, n'hésitant pas à quitter sa position théorique de milieu relayeur droit pour provoquer des déséquilibres adverses. Ses deux frappes dans le match l'illustrent bien : il est tout d'abord un milieu relayeur qui se projette vite vers l'avant et est présent pour réceptionner le décalage de Cavani sur le contre. En fin de rencontre, sur une attaque placée, il est encore présent en pleine surface et propose une solution à Pastore. Après ce déplacement à la Matuidi, la lucidité lui manquera et il va finalement tenter une frappe puissante hors cadre quand le centre en retrait offrait un but tout fait.
Peu importe, il aura surtout montré ce qu'on attend d'un milieu relayeur parisien et a atténué quelques uns de ses défauts vus ces derniers mois, notamment en Youth League ou avec la réserve. Alors qu'il est souvent un de ces joueurs qui montent en puissance au fur et à mesure du match, le temps de prendre la mesure de celui-ci, il a commencé sa partie dès le début, s'évitant ainsi la sortie précoce du match face à Toulouse. De ses 46 passes du soir, on en retrouve ainsi près de la moitié avant la pause (21 très exactement). Dans un PSG qui a moins fait tourner la balle que d'habitude (556 passes seulement), il finit avec des chiffres relativement proches de l'autre milieu relayeur du soir, Javier Pastore, un meneur de jeu accompli. En 90 minutes, le meneur argentin a touché 73 ballons quand le jeune français termine à 60.
On retrouve là l'autre aspect particulièrement intéressant du match de Nkunku, il a réellement pesé sur la partie et a affiché un vrai volume de jeu, un de ses grands soucis jusque-là. Capable de prendre en compte le jeu de son équipe quand il le souhaite comme il l'a déjà prouvé en jeunes, il semblait avant cette partie subir les événements avec les professionnels plus qu'il ne les provoquait. Et s'il n'a pas encore l'impact dans le jeu d'un Di Maria qui aimante les ballons malgré son placement sur l'aile (78 touchés hier), le relayeur parisien a su profiter de sa liberté pour se rendre disponible aux quatre coins du terrain et ainsi exister dans la création malgré Di Maria et Pastore, autre grand voyageur entre les lignes.
A l'heure de faire le bilan du match de Nkunku, il faut bien évidemment raison garder vu la faiblesse de Lorient mais c'est dans l'amélioration de ces trois points faibles souvent constatés cette saison que résident les meilleures nouvelles. Le jeune Parisien a su entrer dans son match dès le début, il a réussi à exister entre Di Maria et Pastore et à avoir un volume de jeu de niveau digne d'un professionnel qui s'affirme. Alors que la fin de saison du PSG va désormais se concentrer sur les trois compétitions nationales, les rotations d'effectif qui ont permis à certains joueurs du banc de touche d'avoir leur chance vont logiquement se réduire et Nkunku s'est mis en évidence au meilleur moment. S'il devrait relativement peu jouer jusqu'à la fin de la saison avec son statut de n°5 du milieu, il s'est probablement assuré une place dans les 18, une belle performance pour un joueur de 19 ans dont la saison avec les pros a débuté début décembre.
