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Avant Barça/PSG, comment Emery avait cassé le 4-4-2 catalan à l'aller

Publié le lundi 6 mars 2017 à 20:59 par Victor Lefaucheux
Alors que le match retour entre le Barça et le PSG a lieu mercredi soir, le bloc tactique PremièreTouche.com est revenu sur la façon dont le PSG avait fait exploser le dispositif tactique des Catalans lors du match aller.

Souvent en échec dans la possession cette saison, le PSG a fait exploser le pressing haut du Barça en prenant l’initiative dès la sortie de balle, autour de Verratti et Rabiot. Avant de récolter les fruits de ce travail dans le camp adverse, avec un plan précis et adapté à l’animation défensive de son rival.

Sortie de balle : Double décrochage et largeur des centraux

Dès l’entame du match face à Barcelone, Paris a pris l’initiative du jeu en décidant de sortir court face au 4-4-2 à plat déployé par Luis Enrique en phase défensive. Incapables de répondre, les Catalans ont vu leurs lignes transpercées, et leur équilibre défensif mis à mal dès les premiers instants du match.

Quelques semaines plus tôt, avec Motta en sentinelle (et sans Verratti, Rabiot relayeur droit), la sortie de balle du PSG en simple pivot (4-3-3) avait parfaitement été lue par l’AS Monaco de Jardim, en contrôle au Parc sur le plan défensif.


Rabiot relayeur droit face à l’ASM, Motta en simple pivot

Avec Motta suspendu pour ce match face à Barcelone, Rabiot évoluait – en théorie – en sentinelle à la place de l’ancien Interiste. Dans les faits, lorsque Paris sort court, Rabiot et Verratti, décrochaient tous les 2 pour venir former un double pivot devant les centraux du PSG.


La position moyenne des Parisiens en possession face à Barcelone : c’est clairement une sortie de balle en 2+2 qui se déploie face à Kevin Trapp. On constate que les centraux sont sur des lignes verticales excentrées par rapport au double pivot Rabiot – Verratti

Performant sur le plan défensif avant cette rencontre – en dépit de ses difficultés dans le jeu placé – le Barça de Luis Enrique est habitué à répondre à la sortie de balle de ses adversaire avec son duo d’attaque Suarez – Messi (4-4-2 en phase défensive), et grâce à l’éventuelle sortie de Busquets ou Iniesta sur le 6 adverse qui décroche.

Face à ce double décrochage parisien, les Catalans ont été surpris et n’ont pas su s’adapter : Iniesta et Busquets ont suivi Verratti et Rabiot ; et Suarez et Messi n’ont souvent pas su récupérer leur marquage, en se déplaçant par rapport au ballon, et non aux joueurs parisiens.


Le Barça surpris par le double pivot parisien en possession : Busquets et Iniesta sont les deux attirés par Rabiot et Verratti, alors que Suarez et Messi sont attirés par les centraux, et ne récupèrent pas les marquages des milieux décrocheurs parisiens.

Incapable de changer les marquages dans le cœur du jeu (avec un Messi totalement démissionnaire dans le pressing), le Barça trahit le premier principe de la défense en zone voulue par Lucho : rester derrière le ballon.

Messi et Suarez ne récupèrent pas Verratti et Rabiot et sont attirés par les décrochages de Marquinhos et Kimpembe, le Français rendant en plus une copie parfaite dans la conduccion, au moment de porter le ballon face à l’espace libre.

Souvent éloignés en largeur par les centraux du PSG, Suarez et Messi sont sortis avant – plutôt que sur – le temps de passe, ouvrant des lignes de passes verticales aux relanceurs parisiens, et cassant de fait le mécanisme de pressing.

Paris dans le camp adverse : Emery casse le hors-jeu du Barça

Depuis le début de saison – comme indiqué non sans hystérie dans la vidéo plus haut – l’une des forces défensives du Barça est sa ligne haute et son offside-trap : Pique et Umtiti évoluent très haut et laisse l’avant centre adverse hors-jeu. Les 8 autres joueurs de champ restant compacts, et proches les uns des autres, pour mieux échanger les marquages, et ainsi garder le porteur du ballon sous contrôle, pour l’empêcher de jouer vers l’avant dans la profondeur, alors que la ligne est haute.

En prenant l’initiative du jeu avec succès depuis l’arrière comme vu plus haut, Paris a souvent su trouver un joueur libre face au jeu, ce qui a mis Umtiti et Pique dans une situation périlleuse : impossible de jouer le hors-jeu avec assurance si le porteur n’est pas cadré en face.

Lors du match face à l’ASM, les changements de marquage n’avaient pas été un problème pour Jemmerson et Glik, qui récupéraient sans problème le marquage de Draxler, Matuidi ou Lucas alors que Cavani était quant à lui laissé constamment hors-jeu.


Paris bloqué par les changements de marquage de l’ASM : les ailiers du PSG viennent à l’intérieur, mais sont récupérés. Cavani est mis hors-jeu et le porteur reste sous contrôle.

Emery s’est adapté à l’animation défensive de son adversaire du soir : les ailiers du PSG ont bougé de façon asymétrique : L’ailier côté-ballon au large ; l’ailier côté opposé à l’intérieur, pour proposer une solution entre les lignes au porteur, alors que la ligne recule face à un porteur (souvent Kurzawa) libre.

Quand le ballon était à gauche, Draxler venait coller la ligne, et décrochait latéralement, vers l’extérieur, pour fuir la zone de Sergi Roberto. Souvent sur la même ligne verticale que lui, Kurzawa a systématiquement sollicité le une-deux vers l’intérieur pour se trouver libre face au jeu.


Un circuit privilégié du PSG : une-deux Draxler-Kurzawa, qui décale le latéral français, trouvé face au jeu, face à un piège du hors-jeu barcelonais désormais flottant et incertain.

Le porteur n’étant plus cadré, Pique et Umtiti devaient alors reculer pour garder le contrôle de la profondeur, augmentant de fait l’écart entre les lignes.


Le 4-2-3-1 asymétrique du PSG (ballon à gauche) : ailier côté ballon large, ailier côté opposé comme un 10, devant le double-pivot Verratti – Rabiot

Matuidi venait alors attaquer l’espace face à Pique, alors que de l’autre côté, Di Maria (ailier opposé) venait entre les lignes, comme un numéro 10, pour essayer de solliciter le ballon dans les pieds. Une défense basse qui, en plus de couvrir Cavani, se trouvait en retard pour échanger les marquages et intervenir sur Matuidi, Draxler, Di Maria. L’activité très haute de Meunier (qui emmène Alba sur le 3-0) n’arrangeait rien pour le Barça.

Sur le premier but, le même mouvement est produit cette fois côté droit, et on retrouve un Di Maria extérieur, fuyant le marquage d’Alba, attiré par la course intérieur de Meunier. Les mêmes causes (porteur non-cadré) produisant les mêmes effets (défense qui recule), Umtiti, trop bas, arrive en retard sur Draxler (ailier opposé qui pique à l’intérieur) et concède le coup-franc fatal du 1-0.


Paris dans le camp adverse : ailier côté ballon au large, ailier côté opposé à l’intérieur, entre la défense et le milieu.

Paris n’a pas eu la possession dans ce match (chiffre) mais aura largement été l’équipe à l’initiative du jeu, en marquant 3 buts en attaque placée, grâce aux mêmes concepts, et en s’adaptant avec efficacité à l’animation défensive du Barça.

Le pressing du PSG…

Souvent mis en difficulté sur sa sortie de balle cette saison en Espagne, le Barça a également été mis sous grosse pression par Paris sur sa première passe.

Avec des ailiers sur la même ligne verticale que les centraux adverses, et Cavani prêt à charger le gardien, le PSG a réalisé une grande moisson de ballon dès les premières minutes du match.


Le pressing du PSG face à la sortie de balle du Barça : les ailiers sur les centraux et les latéraux adverses plus ou moins libres (récupérés en théorie par les ailiers parisiens sur le repli)

 

Même si ce pressing ne lui a pas directement permis d’être dangereux, il a tout de même permis à Paris de consolider son emprise psychologique sur un Barça particulièrement peu inspiré dans l’utilisation du ballon, à l’image de Pique et Umtiti, loin de Kimpembe et Marquinhos dans leur capacité à faire gagner du terrain à leur équipe par la conduite du ballon.

… Motif d’espoir pour Barcelone ?

Avant que ce pressing sur la sortie de balle ne soit déclenché, Paris se positionne en 4-1-4-1, assez bas sur le terrain. Draxler et Di Maria se replient de façon disciplinée, Cavani reste sur Busquets, et Matuidi et Verratti sortent à tour de rôle sur le porteur.

Pendant le dernier quart d’heure de la première mi-temps, Paris restera dans son camp, face à un Barça impuissant ballon au pied. Sans ça, Paris aurait surement gagné le match de la possession sur l’ensemble du match.


Le repli discipliné du PSG, en 4-1-4-1 bas, sans pression sur la relance

Parmi les points forts de cette organisation : un bloc compact et dense, avec 9 joueurs, et un 6 entre les lignes. Même si le Barça n’a rien montré dans le camp adverse, Paris a laissé apparaître quelques points faibles dans cette phase du jeu.

D’abord, la défense relativement basse et ne joue jamais le hors-jeu au moment du repli, ce qui peut se payer cher face à un Barça qui pilonne le but adverse.


Le repli du PSG en 4141 face au 3-4-3 du Barça en phase offensive. La gestion de l’espace entre Rabiot et les centraux au cœur de l’équilibre défensif.

Transition 

Avec ce changement tactique, le Barça a également changé son circuit dans la sortie de balle. S’il empêche Paris de passer convenablement de son pressing haut à son repli (notamment via Neymar, qui a fait souffrir Meunier à l’aller), il peut peut-être espérer appuyer sur les quelques points faibles montrés par Paris au moment du repli.

Si Paris décidait de ne pas presser sur la première relance, son absence totale de transition offensive dans ce 4-1-4-1 bas pourrait également le priver d’oxygène dans la cathédrale catalane. La position au large des centraux pourrait également être un motif d’espoir pour Barcelone en cas de récupération haute. Rabiot malgré son rôle de 6, s’est également montré prompt à se projeter à l’aller.

Que ce soit du pressing au repli, de l’attaque à la défense, ou de la défense à l’attaque, pour espérer revenir, le Barça devra être équilibré et efficace dans toutes les phases du jeu. Y compris le contre, marque de fabrique d’Enrique lors du succès continental de 2015.

Victor Lefaucheux / PremiereTouche.com

NB : Le contenu est publié avec l'accord de l'auteur.


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