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Caen/PSG : l’analyse

Publié le vendredi 26 septembre 2014 à 2:16
La victoire à Caen aura été intéressante par bien des aspects, tant dans la dualité du jeu parisien en première mi-temps que par l’ouverture des espaces de la deuxième période. Analyse de la rencontre.

Composition et gestion :

Laurent Blanc avait annoncé qu’il ferait du turnover quand les matches s’enchaîneraient. Il a tenu parole puisqu’il a changé cinq titulaires entre Lyon et Caen. Et alors que les compositions annoncées par la presse souffraient d’un déséquilibre criant, le coach parisien a sorti un onze inattendu mais intéressant, tant dans la gestion des temps de jeu qu’en terme d’équilibre collectif.

Gestion sur plusieurs matches :

Du point de vue de la gestion, et s’il continue dans cette voie, il aura ainsi réussi à donner du temps de jeu aux joueurs en bonne forme physique (Pastore et Lucas notamment), à mettre au repos ceux fortement sollicités dernièrement (Matuidi et Verratti, même si c’est par le jeu des suspensions) et à faire jouer ceux qui en avaient besoin après la Coupe du Monde (Cabaye et Lavezzi). D’ici à Barcelone, le onze devrait encore tourner à Toulouse, sur les postes de latéraux notamment, et les seuls joueurs qui vont arriver en ayant joué tous les matches depuis le début du marathon du mois de septembre vont être les deux défenseurs centraux et Sirigu, soient les joueurs les moins exposés physiquement. Enfin, il reste un cas particulier, Cavani. L’effectif parisien ne permet pas de le laisser souffler en l’absence d’Ibrahimovic et la raison de sa sortie contre Lyon était peut-être due à cet enchaînement de rencontres, Zlatan étant touché depuis le match contre Rennes et donc en sursis.

Une gestion déjà vue :

L’an dernier, à la même époque, Laurent Blanc avait là aussi très bien géré cette période post-trêve internationale, incluant notamment Ongenda ou Rabiot alors que les internationaux multipliaient les longs voyages. Mais cette gestion reste validée par les résultats. En gagnant hier, il l’a validée, au moins temporairement.

Une équipe surprenante et séduisante :

Au niveau de la construction de l’équipe, alors qu’on avait pointé dans les compositions de la presse le déséquilibre qui s’annonçait au milieu, Laurent Blanc a surpris tout le monde en sortant Matuidi pour Pastore, lui permettant de récupérer l’axe gauche du milieu, et même l’axe tout court. Si le reste de la composition était plus classique, il a enfin réussi à aligner tous les joueurs du onze à leur meilleur poste théorique. Comme quoi, l’absence d’Ibra a aussi du bon.

Du 4-1-2-3 au 4-2-1-3 :

C’est bien évidemment l’immense nouveauté tactique du match, le coach parisien a inversé son triangle du milieu, passant d’une pointe basse à une pointe haute, alignant Thiago Motta et Cabaye sur la même ligne. Dans les faits, cette distinction s’est surtout vue en 2ème mi-temps, la configuration spatiale de la 1ère mi-temps, jouée sur un demi-terrain, n’aidant pas à bien visualiser la hauteur du positionnement de Motta, Cabaye et Pastore. Dans cette deuxième mi-temps, on a réellement vu Pastore devant les deux autres, et ce même après l’entrée de Matuidi. On finit même dans une sorte de 4-3-1-2 avec l’entrée de Chantôme mais le placement de cette fin de match était particulièrement folklorique, Chantôme se baladant un peu partout.

Construction et percussion

Une situation déjà vue :

La première mi-temps aura été très caractéristique du PSG actuel sur bien des points. Comme souvent, les deux équipes se sont retrouvées à jouer sur un demi-terrain, Caen ayant décidé d’attendre le PSG. Comme souvent, le PSG avait décidé de monopoliser le ballon et de faire tourner pour user l’adversaire. Et comme souvent, l’adversaire n’a pas vraiment été fatigué et les occasions ne sont pas vraiment venues de ce jeu de redoublement de passes.

Construction d’un côté, percussion de l’autre :

En schématisant à l’extrême, le jeu du PSG était basé sur la construction dans l’axe et sur la gauche, sous la houlette de Pastore, Motta, Maxwell et Lavezzi. Le ballon a majoritairement circulé dans cette zone et s’il a rarement été perdu, aucune occasion n’en est non plus venue par le biais de ces joueurs. La sortie de Lavezzi a d’ailleurs bien paralysé cette partie du terrain le temps que Bahebeck rentre réellement dans son match. De l’autre côté du terrain, sur la droite donc, on était dans un style de jeu complètement différent et opposé, basé uniquement ou presque sur la percussion, qu’elle soit de Van der Wiel ou de Lucas.

Un but synthèse des deux :

Le but est d’ailleurs une très belle synthèse de ces deux façons de jouer. A la préparation, les artistes récupèrent le ballon et sont positionnés à plusieurs autour des 25m adverses, sorte de mèche qui ne demande qu’à brûler. A ce moment-là, la percussion prend le relais et Lucas allume la dite mèche. Il profite du surnombre lié à la construction préalable pour se balader au milieu des défenseurs occupés à surveiller tout le monde avant d’aligner le gardien. Dans la surface, on trouve par exemple Maxwell qui attire l’arrière droit au départ et permet à Lucas de dribbler un joueur qui n’est pas sur ses appuis. En une passe, celle de Pastore à Lucas, on est passé de la construction à la percussion et c’est ce changement de rythme qui fait la première différence. Lucas enchaîne très bien ensuite et c’est dans ce changement de rythme que le PSG a trouvé la solution. Le développement posé de l’action au début est donc malgré tout utile puisqu’il permet la mise en orbite ensuite en bonne position, Lucas récupérant la balle à 22m plein axe et face au but.
Sur l’action, on pourra noter la qualité du pressing au départ, en position très haute, une des forces du PSG qui est en train de revenir. Laurent Blanc en avait parlé en conférence de presse la veille et a du être satisfait.

Deux joueurs hors systèmes :

Entre ces deux zones et ces deux façons de jouer, on retrouve les acteurs qui ont parfois eu du mal, Cabaye et Cavani. Si l’Uruguayen arrive toujours à exister par ses déplacements sur le front de l’attaque, on ne peut pas en dire autant du Français. Exclu des échanges redoublés sur la gauche et pas forcément clairvoyant dans ses passes axiales, il voyait en plus les dragsters du côté droit partir à toute vitesse et garder le ballon jusqu’à le centrer ou le perdre. Dur dans ces conditions d’exister, et le coup de gueule de la fin du match prend d’un coup un autre angle.

De l’attaque-défense à un match ouvert

Des espaces pour Paris :

A la pause, Patrice Garande a changé le match en demandant à son équipe de jouer plus haut et le match a commencé à exister sur un terrain complet et plus seulement sur une moitié. A partir de là, s’il permet à son équipe d’avoir des occasions et donc de pouvoir revenir, il ouvre une voie royale au PSG. Résumons les forces à ce moment là : un 10 de la qualité de Pastore, deux flèches sur les côtés et un attaquant axial qui voit la profondeur s’ouvrir à lui, lui qui raffole de l’espace. Si l’utilisation n’a pas non plus été parfaite, cela a permis de retrouver des repères d’attaques dans une situation que le PSG a rarement à affronter en L1.

De la place puis l’entonnoir :

Caen s’est offert quelques occasions suite à ce changement de cap mais le PSG s’en est également offert un nombre beaucoup plus important qu’en première période. Bahebeck et Pastore ont bien plus profité des espaces et la prestation des deux est montée d’un cran en qualité malgré les petites maladresses techniques de JC. Les deux ont très bien exploité les espaces du milieu pour lancer les actions mais ont été moins performants aux abords de la surface, là où la défense caennaise était encore en nombre. On a ainsi vu plusieurs frappes ou centres être gâchés car facilement contrés, comme si les parisiens considéraient que les joueurs adverses n’existaient pas, à l’instar du milieu.

Zone faible axiale

Du côté des Caennais, ils auront eu raison de tenter ce coup puisqu’ils se sont créés trois occasions franches en 2ème mi-temps contre une seule en 1ère. On peut d’ailleurs noter le gros manque d’efficacité défensive des Parisiens aux abords de la surface, dans la zone axiale, pourtant théoriquement couverte par deux joueurs. Si on enlève la tête et le retourné de Duhamel lié à un mauvais renvoi, toutes les occasions caennaises viennent  de frappes à l’entrée de la surface de réparation. A Amsterdam, c’est également dans cette zone que le coup-franc de l’égalisation avait été concédé après une percussion axiale mal gérée. L’an dernier, cette zone était régulièrement l’objet de buts suite à des remises ou des centres. Pour l’équipe parisienne, c’est donc un axe de travail bien visible.

 

Au final, une victoire méritée, une première mi-temps dans des conditions souvent bloquantes cette saison qui finit malgré tout à 1-0 et une deuxième où l’ouverture du jeu a forcément profité à la meilleure équipe, malgré quelques rappels à l’ordre de l’adversaire.


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