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Cavani, (presque) un air de déjà-vu

Publié le mercredi 14 septembre 2016 à 16:20 par Philippe Goguet
Buteur mais aussi très maladroit contre Arsenal (1-1), Edinson Cavani a relancé les interrogations entourant son réel niveau, comme depuis de longs mois. Pour autant, sa situation n'en reste pas moins légèrement différente, notamment vis à vis du groupe et de l'entraîneur.

Du soutien, encore et toujours

A l'issue du match contre Arsenal (1-1), il est plus que tentant de dire que les titularisations d'Edinson Cavani se suivent et se ressemblent au Parc des Princes. La précédente, il y a trois semaines, avait vu le «buteur » rater à peu près tout ce qu'il est possible de rater contre le FC Metz. Ce jour-là, la maladresse du joueur n'avait pas pénalisé son équipe puisque d'autres avaient marqué  (3-0) mais le joueur avait malgré tout été l'un des grands thèmes de l'après-match. Déjà, Unai Emery avait exprimé son soutien envers son joueur, soutien encore une fois affirmé hier soir.

Soir de Ligue des Champions oblige, Nasser Al-Khelaïfi est aussi monté au créneau pour défendre son protégé : «J'ai une grande confiance en Edi. C'est un grand attaquant, un des meilleurs du monde. Il veut marquer plus de buts. Son premier but est magnifique, c'est dommage qu'il ne marque pas après. La confiance arrive, il a confiance en lui. C'est normal de ne pas toujours marquer.» Et comme contre Metz, ses partenaires se sont montrés solidaires, à l'image de Rabiot : «Il a bien débuté parce qu’il a été décisif d’entrée. Après, certes, il a eu des ratés, mais on ne peut pas remettre la faute sur lui. Je pense que c’est juste une question de confiance. Il faut l’encourager, lui montrer qu’on est avec lui. Je pense que c’est un grand buteur et il l’a prouvé aussi ce soir.» 

Un brin fataliste, le jeune milieu lachaît également :  «Ça arrive de rater. Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ? Tout le monde rate. Certes, en ce moment, il rate peut-être beaucoup, mais j’ai confiance en lui et je sais que dans le futur, ça va aller. »

Arsenal après l'APOEL ou le Real Madrid

L'appelation de buteur attribué à l'Uruguayen peut faire sourire alors que celui-ci a bien plus souvent mangé la feuille que fait trembler les filets mais c'est tout le paradoxe de Cavani, celui de marquer et de gâcher encore plus, pratiquement sa signature depuis son arrivée à Paris. Il y a deux ans, déchargé d'un Ibrahimovic alors en pleine talalgie, il avait signé un match très similaire face à l'APOEL Nicosie (1-0), déjà en poules de la Ligue des Champions. A l'époque, le Matador avait ouvert le score au bout de 58 secondes à peine sur une action de très haut niveau avec un enchaînement contrôle et frappe en pivot impeccable. Par la suite, il avait tout raté mais la défense avait su conserver le score, rendant ses ratés du soir bien moins ennuyeux.

Problème, le PSG n'est pas toujours capable de garder sa cage inviolée afin de faire passer le déchet de Cavani devant les buts comme une mauvaise péripétie. Il y a un an à Madrid, Paris avait largement tenu tête au Real (0-1) sur sa pelouse mais l'Uruguayen s'était déjà signalé par son incroyable maladresse avec plusieurs grosses occasions loupées, parfois de manière ridicule avec sa fameuse gestuelle défiant les lois de l'équilibre. A l'époque, le club ne s'inquiétait pas et cette défaite en poules était restée anecdotique, plutôt même vue comme un résultat encourageant que comme un mauvais. 

Aujourd'hui, le problème devient tout autre et montre, une nouvelle fois, les limites du joueur au plus haut niveau. Car si Ibra a été sacrifié sur l'autel des quarts de finale de la Ligue des Champions, il est bon de rappeler que Cavani n'a pas inscrit le moindre but à ce niveau de compétition malgré six matches disputés avec le PSG, dont plus de la moitié dans l'axe du terrain, la place qu'il a tant revendiquée et où il rate finalement autant d'occasions que sur l'aile.

Une situation qui a malgré tout changé

Le paratonnerre suédois n'est plus là et le Matador se retrouve en première ligne face aux critiques, bien logiques. Pour autant, cette mise en avant des responsabilités du joueur s'accompagne aussi d'un deuxième effet, bien plus positif. Les autres joueurs ne peuvent plus compter sur Zlatan Ibrahimovic et le soutien apporté à Cavani est forcément plus franc. Ce qui était l'an passé une sorte de «Ne t'en fais pas mon gars, il y a Ibra pour marquer et tout le monde voit qu'il est plus important que toi » ne peut plus être de mise car Cavani est le seul avant-centre du PSG, une situation qui l'avantage autant qu'elle l'écrase jusqu'alors sous le poids des responsabilités.

L'an passé, ce manque de soutien réel avait même petit à petit conduit l'Uruguayen hors du groupe, d'ailleurs peu après ses échecs de Madrid. Durant la trêve, le conseil des sages décidait même d'une mise au ban du reste des troupes, forçant Blanc à marcher sur des oeufs entre sa volonté de respecter son vestiaire et son impératif besoin de soutenir Cavani afin que le goleador revienne à son niveau. Aujourd'hui, la situation dans le groupe du joueur paraît toujours douteuse, particulièrement quand on voit ce mardi les trois quarts de l'équipe d'abord féliciter Aurier plutôt que lui sur son but, mais il est devenu un élément central. Et le soutien dont il n'a que partiellement bénéficié par le passé s'est traduit par des actes cet été avec le refus de son président et de son entraîneur d'aller lui chercher une vraie doublure, Paris préférant le polymorphe Jesé.

Un destin lié avec Emery

Pour la première fois depuis son arrivée, il n'est plus la pièce rapportée mais angulaire de l'attaque parisienne et, comme le match d'hier l'a confirmé, le PSG a complètement lié son destin sportif à celui de son attaquant. Le pari est risqué et semble aujourd'hui suicidaire mais le club a encore quelques mois pour que Cavani se transforme. Hier, face à un adversaire de niveau européen, il a profité du jeu plus rapide du PSG pour se créer plus d'occasions que durant l'immense majorité des rencontres qu'il a disputées avec le PSG. C'est ce bon point qu'a souhaité retenir son entraîneur, pas son manque de réalisme, comme un signe du retour à un meilleur niveau du Matador.

A Séville, Emery a su transformer Gameiro, limité et moqué à Paris, en un buteur de calibre européen. Avec Cavani, le pari est pratiquement similaire, si ce n'est que le joueur part de moins loin et doit finir plus haut. Les deux hommes sont plus que liés puisque le projet de jeu d'Emery correspond aux qualités de Cavani tandis que l'entraîneur a impérativement besoin des buts de son seul attaquant. Pour l'instant, celui-ci ne lui a apporté que ses fameuses courses, tellement manquantes contre Saint-Etienne quelques jours plus tôt, mais pas encore assez de buts. C'est donc insuffisant mais, pour Cavani comme pour Emery, c'est au printemps qu'ils devront être jugés. Le buteur, comme tous ses partenaires, doit s'imprégner des changements en cours et il a aussi droit à sa période d'adaptation. Même si celle-ci a effectivement une sale impression de déjà-vu...


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