Il y a quatre ans, le Barça devait également remonter 4 buts en Ligue des Champions face au FC Bayern. Des supporters bavarois nous ont raconté comment la remontada espérée s'est transformée en raclée historique, le Bayern s'imposant 3-0 en Catalogne.
4-0 à Münich, un tarif inattendu
23 avril 2013, le FC Bayern défie le FC Barcelone en demi-finale aller de la Ligue des Champions. Au tour précédent, les Bavarois ont découpé la défense de la Juventus avec une précision rare (2-0 à Turin puis à Münich) tandis que les Catalans ont peiné face au PSG : 2-2 au Parc puis 1-1 au Camp Nou, Messi venant sauver les siens à une demi-heure de la fin. Cette demi-finale aller est à sens unique, les hommes de Jupp Heynckes infligant un cinglant 4-0 aux troupes de Tito Vilanova. D'après Elias, supporter bavarois, c'est à l'époque une surprise : «C'était inattendu. Heynckes avait certes dit qu'ill savait comment battre le Barca et qu'il n'avait pas besoin de conseils de Guardiola (annoncé comme successeur) mais le score et la maniere étaient totalement inattendus.»
Comme le précise Alex, autre supporter du FC Bayern, ce 4-0 était une demi-surprise : «Si on regarde bien, l'équipe était au top de sa forme, les individualités étaient au sommet de leur carrière (Schweinsteiger, Lahm, Ribéry, Robben) et l'entraîneur savait exactement ce qu'il voulait mettre en place. Heynckes avait d'ailleurs déclaré avant le match "Je connais mieux le Barça que ma propre équipe" ce qui peut paraître surprenant sauf lorsqu'on connaît Jupp. Donc je dirais surpris par le score mais pas par la victoire ni la manière.»
La remontada s'annonce en Espagne
Comme après la claque à Paris, la presse espagnole se met à y croire, Messi retrouvant un peu de jus après avoir été amorphe lors de l'aller. Le Barça reste le Barça et l'emballement médiatique fait le reste. Huit jours après la gifle, le Camp Nou est plein et croit dur comme fer à une remontée de ses troupes. Du côté des joueurs bavarois, on reste très zen comme l'explique FC Bayern France : «On avait l'équipe actuelle, mais plus jeune, les Ribéry, Robben, Lahm, Martinez avec 5 ans de moins. Mais ils avaient cette expérience et ce souvenir de 2010 et 2012, les deux finales perdues. Ils étaient vraiment concentrés et n'ont pas pris comme acquis la victoire 4-0.»
Alex précise que «les leaders étaient très calmes voire impatients d'en découdre à nouveau afin de montrer que le résultat de l'aller n'était pas un hasard.» Du côté des supporters, Elias décrit des personnes également sereines : «Tout le monde était confiant quant à la qualification même si la plupart pensaient que ce serait dur au Camp Nou.» Il évoque toutefois une crainte, celle de «la bête catalane blessée» et précise également un détail : «Après la débâcle face à Chelsea en finale (l'année d'avant, le Bayern perd à domicile après avoir été rejoint dans les arrêts de jeu), le sentiment de revanche était présent.»
Si les Bavarois sont sereins à tous les étages, la presse barcelonaise vend de la remontada à tour de bras et Alex se rappelle l'état d'esprit local : «Les journaux catalans étaient provocateurs et voulaient absolument leur remontada, mais ça n'allait pas faire paniquer Jupp et sa machine.» Il précise sur les supporters : «On a senti que le peuple catalan avait une grande confiance en leur équipe et que les joueurs savaient qu'ils étaient capables de miracles. Apres l'arrogance est toujours à relativiser. Les Bavarois sont de nature très fiers, ne craignent personne et à cette époque le Bayern se faisait appeler la Bestia Negra en Espagne...»
FC Bayern France confirme que d'ailleurs ce sont surtout les médias qui ont beaucoup parlé : «L'arrogance catalane, on l'a sentie du côté de la presse. Elle ne voit que Messi et ses sbires qui sont censés marcher sur le football européen. Et puis, la Roja venait de gagner son 3ème trophée en 3 compétitions internationales. Beaucoup de joueurs de l'équipe de l'équipe nationale étaient dedans et donc, psychologiquement, ils pensaient être supérieurs sur le papier.»
Une claque au Camp Nou
Sur le terrain, Barcelone a 4 buts à rattraper au coup d'envoi et «le debut de match était tendu raconte Alex. Le Barça voulait tout de suite mettre le stade dans sa poche et montrer qui allait dominer la rencontre. Mais ils semblaient tendus, comme si la gifle de l'aller était restée dans un coin de leur tete. À l'inverse, le Bayern était patient et semblait suivre à la lettre ce que Jupp Heynckes voulait mettre en place, le plan de jeu était connu de tous les joueurs et tous s'y tenaient. La lecture du match était simple : si tu en prends un rapidement, tu leurs permets d'allumer la mèche. Par contre si tu en mets un, ils sont cuits et le souvenir du match aller surgira.»
A la pause, le score est toujours de 0-0 et l'objectif s'éloigne mais le Barça y croit encore vaguement. Robben ouvre finalement le score à la 49ème minute et l'effet est immédiat comme le raconte Elias : «Cela se voyait que c'était fini.» Alex confirme et va même plus loin : «Dès que le Bayern a mis le premier but, on a pu lire le désarroi et l'impuissance sur les visages barcelonais. Selon moi, ils n'y croyaient pas réellement avant le match et n'avaient pas la qualité pour renverser ce Bayern-là.» Un deuxième et un troisième but marqués par Piqué contre son camp et Müller suivront, faisant boire le calice jusqu'à la lie aux Catalans.
Ambiance de fin de cycle à Barcelone
Le Bayern s'impose finalement 3-0 dans un stade mythique et Elias raconte le bonheur vécu par les supporters : «C'est très sympa, surtout de voir le Camp Nou silencieux pendant presque tout le match, incrédule devant ce qui se passait sous leurs yeux.» Alex confirme : «C'est jouissif et valorisant pour ton équipe. Pourquoi ? Car on sort d'une finale manquée face à Chelsea à domicile, car on bat aller-retour la "meilleure équipe du monde" sur un score cumulé de 7-0, et donc sans encaisser le moindre but en 180mn face à Messi et compagnie.»
De son côté, et après avoir beaucoup parlé, la presse catalane dépose les armes le lendemain du match et salue l'exploit des Bavarois :
FC Bayern France souligne de son côté une autre impression, celle d'avoir fait très mal à l'adversaire : «C'est juste extraordinaire, mais cela a surtout marqué la fin d'un cycle : celui du Barça. C'était inattendu et nous avons fêté ça comme si nous avions gagné la Ligue des Champions.» Alex y voit une autre conséquence : «A ce moment-là, le Bayern n'était pas aussi populaire qu'aujourd'hui, mais tu sais immédiatement que cette victoire permettra de gagner en reconnaissance, en France et à l'étranger. Puis derrière tu finis la saison en trombe avec le triplé...rendant le tout un peu plus magique et historique.» Deux mois après cette remontada ratée, le FC Bayern gagnait la Ligue des Champions à Wembley face au Borussia Dortmund (2-1)...
NB : Un immense merci à FC Bayern France, Elias et Alex pour leurs témoignages.
