Premier match d'une série de trois chocs à domicile, le PSG/OM est présenté comme une partie pour préparer le Real Madrid. Mais qu'est-ce que le PSG peut réellement préparer face à un adversaire d'un calibre bien moindre ?
Un aller qui n'a rien en commun
22 octobre dernier, le PSG arrache un nul pratiquement inespéré face à l'OM grâce à un coup-franc très tardif de Cavani. Pour autant, le club parisien n'a pas forcément été dominé dans le jeu et les deux équipes ont chacune marqué 2 buts en 3 frappes cadrées. Peu d'occasions de chaque côté, beaucoup de tension et de petits coups échangés et globalement une attaque parisienne qui s'est cassé les dents sur une défense olympienne bien en place, en témoignent les chiffres de la possession. Bien qu'à l'extérieur et en ayant fini à 10, Paris avait eu le ballon 62% du temps. De son côté, l'OM n'avait réussi que 75% de ses passes, contre 89% au PSG.
Cavani, héros à Marseille, fantôme à Madrid
Du côté de Madrid, c'était une toute autre affaire et il y a réellement eu un équilibre dans l'affrontement entre les deux équipes : 17 tirs à 14 en faveur du Real, dont 8 cadrés côté madrilène, une possession très légèrement en faveur du PSG avec le ballon 51% du temps (donc 49% dans les pieds adverses) et un taux de passes qui en dit beaucoup sur la faculté qu'ont eu les deux équipes à se rendre coup pour coup : 90% côté Real, 88% côté PSG. Et contrairement aux Marseillais, le Real a souvent tenté de faire reculer Paris et d'attaquer la profondeur,. Ils ont ainsi été signalés hors-jeu à 8 reprises, contre seulement 1 fois pour l'OM.
De l'OM au Real, un gouffre en terme d'attitude
Il est donc dur de faire un quelconque rapprochement entre OM/PSG (2-2) et Real/PSG (3-1) alors que les deux confrontations retour vont avoir lieu coup sur coup. L'attitude des deux équipes au Parc des Princes devrait encore être bien éloignée. L'an passé, l'OM était venu pour défendre, s'arc-boutant devant son but tout en proposant le plus de duels possibles. Il était uniquement question de défendre et les Olympiens étaient repartis avec un 0-0 sans faire le moindre tir. S'ils devraient être moins défensifs cette saison, les joueurs de Rudi Garcia se préparent encore une fois à beaucoup défendre et le point du nul serait même vu comme un bon résultat.
Côté Real, ce n'est pas vraiment dans les gênes du club de venir faire le dos rond en attendant que le temps passe. Autrement dit, Madrid ne joue pas comme la Juventus. Comme le PSG à Barcelone l'an passé, le Real sait très bien qu'un petit but au Parc serait un immense pas vers la qualification et les hommes de Zinedine Zidane vont logiquement tenter d'en profiter un minimum. Durant la préparation et au coup d'envoi, les aspirations madrilènes devraient être bien différentes des olympiennes, une envie qui se ressentira forcément dans l'attitude défensive et offensive des deux adversaires du PSG.
Talent ou tactique, peu de choses en commun
Si Marseille va probablement se retrouver à défendre bien plus que le Real Madrid, c'est bien évidemment parce que les deux équipes n'ont pas les mêmes armes. Il est plus facile de tenir le ballon au Parc avec Kroos, Modric, Isco ou même Casemiro qu'avec Zambo Anguissa, Sanson et Luiz Gustavo. L'immense qualité des joueurs madrilènes, notamment au niveau technique, leur fait jouer tous les matches de la même façon. Autre point, le score de l'aller a un impact complètement différent : PSG/OM n'est en rien lié à OM/PSG quand PSG/Real Madrid est la seconde mi-temps directe de l'aller, avec ce que cela implique en terme de calculs à chaque instant.
Et si le PSG place cette rencontre comme une préparation, il ne pourra pas en déduire grand chose sur bien des points. Tactiquement, outre l'attitude sur le terrain, les deux équipes n'ont pas grand chose à voir. Marseille joue en 4-2-3-1, le seul système que n'utilise pas le Real de Zidane... Et quand Madrid joue la plupart du temps avec une sentinelle nommée Casemiro, l'OM de Rudi Garcia s'appuie en permanence sur un double pivot Zambo Anguissa/Luiz Gustavo. Les phases d'attaques placées, les zones à occuper et à dézoner ou encore les surnombres à exploiter seront complètement différents.
Offensivement, l'OM joue avec une seule pointe quand Madrid en propose pratiquement deux en permanence vu à quel point Ronaldo est devenu un joueur axial. L'utilisation des côtés est également différente. Là où Thauvin et Payet ont tendance à repiquer dans l'axe et jouent en faux pied, Lucas Vazquez et Asensio, voire même Bale récemment, jouent sur leur pied fort afin de proposer de très nombreux centres dans la surface. La seule similitude semble être la présence régulière d'un milieu offensif axial. Isco avait été ce joueur à Madrid, Sanson devrait l'être ce soir, à un niveau forcément moindre malgré ses qualités dans la conservation et l'orientation.
Une préparation mentale avant tout
Côté Paris, les conclusions à tirer seront donc à modérer d'un point de vue technique et tactique, l'OM et le Real Madrid étant très éloignés sur de nombreux points. Plus tôt dans la saison, un PSG très moyen et particulièrement déséquilibré avait ainsi disposé de Lyon sans trop forcer (2-0). Face à une équipe de la trempe du Real qui punit son adversaire pratiquement à la moindre erreur, cela aurait forcément été une toute autre histoire. Ce gouffre entre la L1 et la C1 s'est déjà vu cette saison : brillant et archi-dominant à Monaco (2-1), le même onze du PSG s'était fait piétiner par le Bayern (1-3) 10 jours plus tard, des failles peu vues jusque-là apparaissant de façon bien réelle.
Mais là où ce PSG/OM devient un match préparatoire, c'est dans l'élan qu'il représente. Les gros matches sont rares en L1, ils ne peuvent donc être négligés et doivent même être réellement considérés. Peu concentré à Marseille, sévèrement bousculé à Lyon, le PSG doit lancer ses 10 jours les plus importants de la saison de belle façon. A l'heure où toutes les strates du club se mobilisent, d'Unai Emery aux supporters, Paris ne peut pas se prendre les pieds dans le tapis dès la première marche. C'est donc aussi la capacité mentale des Parisiens à s'élever qui sera mesurée. Avant la rencontre, les déclarations les plus enflammées ont eu lieu côté olympien. C'est sur le terrain que la réponse des Parisiens est attendue.
