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Ibrahimovic/Messi, le duel vu du côté économique

Publié le mardi 21 avril 2015 à 11:56
Pierre Rondeau, économiste chez Football & Stratégie, doctorant en économie et professeur à l’université Paris I Panthéon-Sorbonne, arbitre le match économique entre Ibrahimovic et Messi qui s’affrontent en quart de finale de la Ligue des champions.

La rémunération

En économie, la théorie néoclassique suppose que le salaire est égal à la productivité marginale, l’apport à la production de l’agent considéré. Plus un salarié contribue aux bénéfices de l’entreprise, plus celui-ci est rémunéré. En d’autres termes, le salaire représente la force de l’agent. De plus, les travaux du prix Nobel d’économie, Joseph Stiglitz, ont établi la théorie du salaire d’efficience : la productivité de l’agent augmente dans les mêmes proportions que la hausse de son salaire. Augmenter la rémunération tire vers le haut sa productivité marginale.

Appliqué au football, on devrait considérer que la force d’un joueur est directement liée à son salaire et son évolution sportive à la variation de sa paye. En comparant l’Argentin Lionel Messi avec le Suédois Zlatan Ibrahimovic, on constate que le seul salaire du joueur de Barcelone dépasse largement celui du Parisien. Messi touche 36 millions d’euros par an contre 15 millions pour Ibrahimovic. Sur ce point, il n’y a pas photo. En accord avec la théorie économique, si le salaire est égal à la productivité marginale et qu’il y a une causalité entre rémunération et productivité, Messi surpasse Ibrahimovic. La différence est de 1 à 2.4.

Messi – Ibrahimovic : 1-0

Les primes

D’après l’enquête de France Football sur la rémunération des attaquants, Messi toucherait un salaire bien plus important qu’Ibrahimovic mais les primes liées au résultat sont en faveur du Suédois. Ce dernier devrait toucher 2 millions d’euros en plus de son salaire à la fin du championnat. De plus, les dirigeants Parisiens lui auraient promis une prime de 1 million d’euros en cas de victoire en Ligue des Champions.

Chose que Messi ne peut pas envisager. Bien qu’il dispose déjà du salaire le plus élevé du monde, ses primes ne s’évaluent qu’à 1 million d’euros à la fin de la saison. Et le Barca ne lui a pas promis une revalorisation en cas de victoire en C1. Surement parce que le club catalan est déjà une machine à GAGNER et n’a pas besoin de motiver encore plus ses joueurs à se surpasser. Chose que ne peut pas encore faire le PSG, grand club en devenir.

Messi – Ibrahimovic : 1-1

Revenu publicitaire

Les recettes publicitaires sont directement liées à la notoriété du joueur. Cette dernière peut être mesurée à travers le nombre de fans sur les réseaux sociaux : plus des gens supportent un joueur et le suivent, plus les marques sont incitées à passer des contrats de sponsoring avec lui. Sur ce point, Messi est encore loin devant. Alors qu’il n’a même pas de compte Twitter, il regroupe plus de 76 millions de likes sur Facebook à travers le monde, loin DEVANT les 20 millions pour le géant suédois. A cela se rajoute ses 2.14 millions de followers sur twitter. Résultat, l’Argentin récolte plus de 28 millions d’euros de revenu publicitaire par an contre « seulement » 4.5 millions d’euros pour Ibrahimovic.

Messi – Ibrahimovic : 2-1

Valeur sur le marché

D’après le CIES, le Centre International d’Etude du Sport, basé en Suisse, Lionel Messi vaudrait, sur le marché des transferts, près de 220 millions d’euros. Un record absolu. Contre 17 millions d’euros pour Zlatan Ibrahimovic, 141ème au classement mondial et 11ème en Ligue 1, derrière Sirigu et Kondogbia. La méthodologie du CIES se base sur les statistiques sportives des joueurs, l’année en COURS, mais aussi l’âge, la potentialité mercantile (basée sur son attractivité et sa popularité) et la puissance financière de son club. Ici, c’est l’âge du Suédois qui le dessert. 33 ans contre 27 ans pour la Pulga. Il a tout l’avenir devant-lui alors que le Parisien connait ses dernières heures dans le football professionnel de haut-niveau.

Messi – Ibrahimovic : 3-1

L’apport au collectif

En mars dernier, le journal économique The Economist s’est amusé à comparer les joueurs Cristiano Ronaldo et Lionel Messi sur la seule base de leur apport au collectif. Autrement dit, est-ce que leurs buts sont importants pour l’équipe ? Pour ce faire, ils se sont basés sur une méthodologie appliquée outre-Atlantique en baseball : l’EPA (« Expected Points Added »). En étudiant leurs nombreux buts entre 2013 et 2014 et en les comparants avec les probabilités de victoire avant et après ces derniers, The Economist a établi un EPA égale à 0.40 pour C. Ronaldo et 0.48 pour Messi. En moyenne, un but de l’Argentin apporte 0.48 points au Barca et un but du Portugais 0.40 points au Real.

Avant le Clasico OM-PSG, le quotidien L’Équipe a réalisé le même travail en comparant l’EPA d’Ibrahimovic et de Gignac. Résultat ? 0.63 pour le premier et 0.81 pour le second. Mais quelle différence entre Messi et Ibrahimovic ? Pour ajuster la comparaison, considérons seulement les buts inscrits en championnat, ligue 1 et liga. En pondérant les calculs, on obtient 0.60 pour Messi et toujours 0.63 pour Ibrahimovic. Le fantasque Suédois apporte plus à son équipe comparé à la puce, mais la différence est relativement faible.

Messi – Ibrahimovic : 3-2

Messi remporte le match, il est plus jeune, mieux payé et fédère plus de monde. Mais la Ligue des Champions présente toujours des surprises, et le foot ne se joue pas à un contre un.

Pierre Rondeau 

NB : Cet article a été initialement écrit pour WebFootballClub, nous le proposons ici avec leur autorisation.


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