Luis Enrique a longuement répondu aux questions des médias à la veille du déplacement à Lorient (19h, ce mercredi), match en retard de la 29e journée de Ligue 1. L’entraîneur espagnol du PSG a confirmé que son groupe pense déjà au potentiel quadruplé qu’il peut obtenir lors des matches à venir, mais qu’il passera par une concentration et un jeu intacts. Il a également évoqué les cas personnels de Nuno Mendes et Gonçalo Ramos, mais a botté en touche au sujet de Kylian Mbappé.
Au micro de PSG TV :
Vous abordez les huit ou neuf derniers matches de la saison. Qu’attendez-vous de votre équipe ?
« C’est très simple. Nous devons continuer à faire ce que nous avons fait jusque-là. Nous devons conserver la même intensité à l’entraînement, bien nous préparer pour les matches. L’objectif est de s’améliorer, s’améliorer et continuer à être compétitifs. »
Paris se déplace à Lorient, l’équipe qui tire le moins au but sur ses cinq derniers matches. Doit-on s’attendre à un nouveau match fermé, comme à l’aller au Parc des Princes, le 12 août 2023 (0-0) ?
« C’est le scénario que pourrait se dérouler durant tout le match effectivement. Ils vont bien devoir tenter de nous contre-attaquer par moments et jouer les transitions. Nous allons devoir gérer ça. Mais ça va être un match avec peu d’espaces. Ils vont jouer près de leur but, ce qui est toujours difficile à contrer. Mais nous restons sur une très bonne dynamique et nous avons très hâte de jouer ce match. »
Le calendrier chargé se poursuit avec trois matches de Ligue 1 en sept jours avant de retrouver la Ligue des champions. Est-ce un moment clé de la saison en termes de gestion des forces composant l’effectif ?
« Pour dire vrai, c’est le moment que nous attendons tous cette saison. Les joueurs veulent jouer et tout donner. Nous approchons du meilleur, ce pour quoi nous luttons et nous nous entraînons depuis près de dix mois. Il faut simplement choisir les joueurs adéquats, le plan de jeu le plus juste. C’est un moment très appréciable, parce que tu n’as que très peu l’occasion de vivre ce moment dans ta carrière. Nous restons engagés dans chaque compétition et jouons tous les trois jours avec envie. Il nous reste au moins huit matches à jouer, voire neuf en cas de finale européenne. Espérons le. »
En conférence de presse :
Le match que vous allez disputer à Lorient ce mercredi peut vous offrir le titre de champion de France. L’enjeu va-t-il vous pousser à aligner la meilleure équipe possible ?
« Nous n’avons pas de onze de départ type »
« (Il réfléchit quelques instants) Quel est le onze de départ titulaire ? Ah, il y a onze titulaires ? Je ne savais pas (sourire). Nous n’avons pas de onze de départ type. Ce qui m'intéresse, ce n'est pas quand nous gagnerons le Championnat. Peu importe quand on gagnera le Championnat, nous l’avons mérité. Donc, ce qui est important, c’est comment nous jouons, comment nous allons le gagner. C’est ça notre objectif. Ça ne vaut pas seulement pour le match à Lorient demain (mercredi). Mais pour tous les matches qu’il nous reste à jouer. Il reste encore huit matches et nous espérons en disputer un neuvième. Nous voulons mettre le même engagement à chaque fois. Il reste du travail. »
Nuno Mendes a repris depuis deux mois. Quel regard portez-vous sur sa condition athlétique et de ses prestations ?
« Nous voulons protéger Nuno Mendes parce qu’il est resté très longtemps hors des terrains »
« Nuno Mendes est un top joueur à son poste. Nous voulons le protéger parce qu’il est resté très longtemps hors des terrains depuis la saison passée. Il est en parfaite condition physique et n’a aucun problème. Il est à 100% mais nous restons prudents avec lui. Nous voulons qu’il puisse se réintégrer au fur et à mesure. Il est disponible et il veut être compétitif. Vous le connaissez peut-être encore mieux que moi : il a un potentiel technique et physique uniques. C’est un joueur très difficile à dribbler en un-contre-un. Il est très doué avec le ballon, sait jouer au large mais aussi dans les petits espaces. Il frappe très bien le ballon et peut aussi faire des passes décisives. Il reste très jeune (il fêtera ses 20 ans le 19 juin) et possède un futur qui ne peut qu’être brillant. »
Aborder la demi-finale de Ligue des champions contre le Borussia Dortmund les 1er et 7 mai en étant déjà sacré en Ligue 1 serait-il plus facile ?
« Non, ça ne nous aiderait pas. Évidemment que j'espère que nous puissions remporter la Ligue 1 demain, mais, je le répète, ce n'est pas important quand ça arrivera, mais plutôt comment nous le ferons. Si nous ne gagnons pas, nous serons obligés de rester concentrés et connectés jusqu’au bout. Si nous nous déconcentrons après un titre, c'est difficile de se reconnecter. Même si nous gagnons le Championnat, nous continuerons de lutter jusqu’au bout en Championnat. »
« J’ai été surpris positivement par le niveau physique, tactique et technique de la Ligue 1 »
Vous entraînez depuis plus de douze ans et possédez un palmarès très fourni. Quelle serait la saveur de ce titre de champion pour vous ?
« De par notre histoire et notre effectif, nous sommes favoris, clairement. Mais tout le monde ne réussit pas à le faire tous les ans, surtout avec autant de matches d'avance. Le football est un sport qui peut réserver des surprises. Depuis le premier jour, je dis que nous sommes les favoris, avec le meilleur effectif, le plus gros budget et un certain écart. C'est presque une obligation, mais je trouve ça positif que nous ayons réussi à le faire en étant supérieurs à nos adversaires et en méritant nos victoires. C’est une satisfaction en tant qu’entraîneur. Si je dois placer ce titre parmi les autres, je dirais qu'on sous-estime le Championnat français à l’étranger. Il y a de très bonnes équipes, avec de très bons joueurs et entraîneurs. Je le répète, nous sommes largement supérieurs aux autres effectifs selon moi, mais j’ai été surpris positivement par le niveau physique, tactique et technique de la Ligue 1. »
Quel regard portez-vous sur la progression de Gonçalo Ramos ? Ses performances récentes peuvent-elles vous pousser à ne pas recruter à son poste l'été prochain ?
« En ce qui concerne le mercato, il faudra en parler avec Luis Campos. Ce n'est pas le moment d'en parler, même si ça ne l’est jamais vraiment et qu’on peut parler de choses qui n’arriverons pas ensuite. Je suis très heureux d'avoir un jeune comme Gonçalo, avec déjà autant d’expérience et ses qualités footballistiques. Il a été important tout au long de la saison avec un temps de jeu plus ou moins grand en fonction des périodes. Il a connu des hauts et des bas, mais il a toujours livré des performances justes par rapport à son temps de jeu. Il a bien répondu aux besoins de l’équipe. Pour un entraîneur, c’est bien d'avoir Gonçalo et (Randal) Kolo Muani, deux spécialistes du poste de numéro 9. Tous les entraîneurs seraient heureux d'avoir ces deux joueurs à disposition. »
Aucun club français n'a pour l’instant réalisé le quadruplé Ligue des champions-Ligue 1-Coupe de France-Trophée des champions. Que représenterait-il pour vous ? Est-ce une motivation supplémentaire évoquée dans le vestiaire ?
« Le quadruplé est un chemin long et sinueux »
« Sans aucun doute. Bien évidemment que nous en parlons. C'est une motivation. C'est une manière de marquer l'histoire du club, de la ville et même du pays. Ça nous motive. Pour le moment, nous n’avons qu’un titre, le Trophée des champions, donc il faut gagner la Ligue 1 et continuer à lutter ensuite pour respecter les autres clubs. Je n’ai aucun doute à ce sujet. Après, nous aura à jouer la finale de Coupe de France contre Lyon (le 25 mai). Un match forcément spécial. Et il y aura aussi la demi-finale de Ligue des champions face au Borussia Dortmund, que nous connaissons bien. C’est un chemin long et sinueux. Il va falloir que nous soyons très concentrés sur chacun de nos objectifs. »
À quel point le jeu en transition s’accorde-t-il avec votre vision du football ? Préférez-vous toujours voir votre équipe marquer un but après une phase de possession du ballon ?
« C’est beaucoup plus simple que ça en a l’air. Je veux des matches contrôlés. Mais, par exemple, le match contre Lyon (4-1, dimanche soir) reflète le football actuel. Le premier but que nous avons marqué, en trouvant de l’espace face à une défense resserrée, est lié à une envie de marquer stratégiquement des buts. Nous l’avons également fait contre le Barça (4-1, mardi) sur le but marqué par (Lucas) Beraldo. Je pense aussi au troisième but, survenu grâce à (Achraf) Hakimi. Nous avons généré des transitions très rapides, courtes, parce que notre adversaire nous pressait et laissait des espaces dans son dos.
« Il faut pouvoir être en mesure de dominer dans tous les registres »
Il faut pouvoir être en mesure de dominer dans tous les registres, avec des joueurs qui savent exploiter tous les espaces et sont capables d’identifier les types de situations également. Nous sommes capables de marquer dans des espaces resserrés, mais aussi sur des contre-attaques. C’est le football moderne. Tu dois être en mesure d’affronter et de battre des adversaires parfois plus faibles et très resserrés, et d’autres équipes prêtes à te presser haut et à oser. Il faut des joueurs prêts à faire face à tout ça à la fois. En tant qu’entraîneur, j’aime contrôler le match et que mon adversaire n’ait aucune possibilité de marquer. Mais cette idée est presque irréelle au plus haut niveau. Les joueurs ont accepté et assimilé mes concepts de jeu et je suis content de ce que je vois de leur part. »
Peut-on s’attendre à revoir le onze aligné lors du match retour face au Barça mardi dernier pour les dernières grandes échéances de la saison ? Ou pourriez-vous réserver de nouvelles surprises lors de ces matches ?
« Quand un entraîneur comme moi a à disposition un effectif aussi riche, avec des joueurs aussi compétitifs, je fais attention à ce que je vois pendant les matches mais aussi durant les entraînements pour construire mon onze. Même si j'ai deux joueurs en forme qui évoluent au même poste, je peux prendre une décision différente en fonction du profil de l'équipe adverse. Je sais que vous aimez cette notion d'équipe type et dire « ce sont les trois attaquants titulaires », etc. Non, moi, je vois les choses de manière différente. Je pense qu'il est important que les joueurs de l'effectif ressentent qu'ils ont quelque chose à jouer lors des entraînements. Il faut que 20, 21 ou 22 joueurs se sentent prêts à jouer. Tout le monde peut être protagoniste des matches. Il faut que tout le monde soit prêt et c’est ce que nous cherchons. Ce sont parfois des joueurs qui ont peu joué avant qui peuvent débloquer un match très important. »
Comment travaillez-vous mentalement avec votre staff pour que votre équipe reste calme en toutes circonstances, notamment comme elle l’a fait contre Barcelone (défaite 2-3 à l’aller, 4-1 au retour après avoir été mené 1-0)
« Je n’avais jamais vu des supporters continuer à soutenir leur équipe quand elle perd. Nos fans sont uniques ! »
« Préparer un joueur pour la compétition est la meilleure des choses. Il faut être prêt à affronter des difficultés. Tout n’est pas parfait dans la vie, le sport ou le travail. Si ça se passe bien, c’est beaucoup plus facile à gérer, donc il faut aussi savoir outrepasser les difficultés. Je pense que nos supporters comptent beaucoup. Ils sont uniques. Je n’avais jamais vu des supporters continuer à soutenir leur équipe quand elle perd. Généralement, quand tu es mené, les fans s’arrêtent de donner de la voix. Ce n’est pas notre cas et nous l’avons constaté contre Newcastle (1-1) ou contre Nice (2-3). Ce n’est pas quelque chose auquel nous sommes habitués dans d’autres stades. Quand tu as de tels supporters, tu te dois d’être prêt à traverser ces moments difficiles. Nous en avons connu cette saison, avec des matches compliqués. Nous avons toujours continué à essayer de marquer et avons su renverser le cours du match à Barcelone par exemple. C’est vrai que c’est une mentalité très positive. Contrôler ses émotions est vital dans les grands matches. Il ne faut pas rester frustré après un élément contraire, un but raté ou une décision arbitrale négative. »
À quel type de match vous attendez-vous à Lorient, qui vous avait tenu en échec à l’aller (1-1), mi-août ?
« Sans aucun doute à un match très difficile. Quand tu es en bas du classement, tu n'as rien à perdre. Ça vaut pour Lorient, mais aussi pour Le Havre. Si nous pensons que ça va être un match facile, nous nous trompons. Les équipes du bas de classement réussissent souvent des performances inattendues en fin de saison. Il y a beaucoup d'enjeu. Je le répète, si nous pensons que ce sera facile, nous nous trompons. »
Un certain nombre d'observateurs ont trouvé étrange que Kylian Mbappé ne soit pas utilisé une seule minute contre Lyon. Que répondez-vous ?
« Ah ! C'était la première fois de la saison qu'on ne me posait pas une question sur « Kyky » en conférence de presse et tu casses ce potentiel record. Je ne dirai rien à ce sujet. Quand Kylian parlera en public de sa situation, je le ferai également. »