Article 

La révolution Luis Enrique au Barça, l’éclaircie et le retour du Roi

Publié le mercredi 10 décembre 2014 à 15:50
L'été dernier, Le FC Barcelone est allé chercher un ancien de la maison, Luis Enrique, pour se relancer. Un de nos forumeurs retrace ses 6 mois à la tête du Barça, de son arrivée au match de demain, en plusieurs parties.

Après les débuts réussis mais trompeurs de Luis Enrique (Partie 1), l'échec de PSG/Barça et les doutes qui ont suivi (Partie 2), le fiasco du Clasico et l'urgence des résultats qui en a découlé (Partie 3), voici la quatrième et dernière partie de notre rétrospective sur les 6 premiers mois du nouveau Barça. Elle raconte la reprise en main de l'équipe :

En guise d’introduction, un petit retour imagé sur le déséquilibre du placement de base qui enraille le pressing habituel.
Le Barça a historiquement toujours basé son animation sur des ailiers polyvalents, travaillant l’espace au physique tout en assurant une grande qualité technique et un sens du but aiguisé. De Hristo à Villa, en passant par Rivaldo et Giuly, les grands Barça ont compté sur « leurs chorégraphies » comme dirait Xavi, à l’avant des courroies de distribution que sont les milieux blaugrana, metteurs en scène du ballet. 

Sous Guardiola, le schéma de départ pouvait se représenter ainsi : 

Alors que durant les 4 premiers mois de Luis Enrique, à cause de ses choix mais aussi des capacités de son effectif, nous observons ceci :
 

Vous voyez la différence ? Les ailiers n’existent plus. Si la centralisation permet les combinaisons des 3 stars, le placement est trop bancal pour déclencher un pressing haut et asphyxiant. L’équipe est donc coupée en 2 à la perte du ballon et récupère beaucoup plus difficilement. Les relayeurs s’écartant pour couvrir les latéraux, la carré magique Sergio-Xavi-Iniesta-Messi n’existe plus. Les 2 pointes de ce losange se retrouvant bien seuls dans l’axe et surchargés de tâches. Les consignes de verticalité et l’espace entre les joueurs provoquent des situations de 1 contre 1 bien plus nombreuses et le surnombre nécessaire aux 2 contre 1 et triangulations médianes a disparu petit à petit. Si la réalité de l’effectif ne permet plus les bonnes méthodes d’antan, la solution consistant à transformer des rela yeurs en milieux latéraux et des secondes lames Alves-Alba en ailiers de position n’est vraiment pas l’idée du siècle…


Reprise en main du milieu de terrain, accélération de la circulation de balle, réglage des espaces laissés à l’adversaire…De nombreux aspects que l’équipe va tenter d’améliorer.

Mais revenons à notre chronologie : La trêve FIFA est derrière nous, le 22 novembre propose un choc de Liga, le Sevilla débarque dans un Camp Nou craintif. 
Et là, 5-1 au terme d’un match un peu foufou, sorti tout droit de Bundesliga. Un match aussi ouvert est rare au Camp Nou et un Barça en progrès profita à plein de l’ambition andalouse. Avec Xavi au milieu et un Messi alternant droite et axe avec Suarez, l’équipe présente une belle maitrise malgré une attaque brouillonne et manquant d’automatismes. En défense on voit un cynisme adéquat, on se débarasse des manques au pressing en se replaçant bas à la perte afin d’attirer les andalous et de lancer les cracks en contre. 
La partie est débloquée sur coupds de pieds arrêtés. Précieux travail de Suarez, milieu plus classique avec un Rakitic box to box, et Messi qui prend le record de buts en Liga avec une finition clinique. 

C'était vraiment un match spécial et à part, avec 2 équipes contrant chacune leur tour, un spectacle rare au Camp Nou. 

Quelques jours plus tard, l’effectif réalisera sa partie la plus convaincante offensivement. Sur le terrain de l’APOEL, un milieu B (Rakitic-Mascherano-Rafinha) et une attaque Pedro-Suarez-Messi va livrer un match complet et une domination totale. Facilités par la faiblesse de l’adversaire dont le bus se disloque après le premier but et le déchet technique à la relance est exploité par une équipe autoritaire.

Exemple (Gif de 1mo)

Alliant pressing haut, rapidité et verticalité, les Catalans offrent de l’espoir à leurs supporters. L’activité de l’attaque expliquant le score (presque gentil) de 0-4, plus lourd que ce dont a été capable les Hollandais et les Parisiens contre le même adversaire. Leurs attaques respectives étant bien plus statiques et manquant de permutations.

Le 30 novembre, la formation barcelonaise est provisoirement à 5 points de son rival madrilène et doit effectuer l’un de ces plus difficiles déplacements de sa saison. Le stade Mestalla de Valence et ses nouvelles ambitions l’attendant de pied ferme. Luis Enrique va alors nous sortir une fois de plus une expérimentation, plus ou moins heureuse et déséquilibrante. Craignant la qualité technique et la vitesse de contre des Ché, il aligne un tandem Busquets-Mascherano au milieu épaulé par un Xavi plus haut dans un rôle de 8-10. On va alors voir un Barça plus modeste, neutralisant une partie hachée mais incroyablement intense et nerveuse, marquée par un manque de réalisme des deux camps. Si ce dispositif est plus ou moins efficace au fil du match dans la sécurité de sa défense, le jeu est très poussif à cause d’un Xavi isolé dans l’animation et d’un Messi décrochant de son aile droite vers le milieu afin de l’aider, engendrant automatiquement une formation bien trop axiale, manquant d’espaces et de vitesse.


Malgré cela, Suarez rate une énorme occasion sur un service de Neymar puis se voit refuser un but pourtant valable. 
La rentrée de Rakitic, Mascherano reculant d’un cran, va permettre de retrouver une équipe plus habituelle et de stopper un Valence de plus en plus dangereux. Les joueurs vont alors pousser fortement dans le dernier quart d’heure pour arracher les points qu’ils sont venu prendre.

Et à la dernière seconde, Messi débloqua la situation d’un caviar délicieux dans la surface pour Neymar dont la tête est repoussée mais suivie par Busquets qui délivre son camp. Une victoire au calcul mais très instructive sur la mentalité et l’implication d’un groupe en renouveau. 

S’ensuit une victoire facile de l’équipe B à Huesca pour le premier tour de la Copa del Rey. Des minutes sont offertes à Douglas, ter Stegen ou au revenant Iniesta. 

Nous en arrivons au weekend dernier et au derby barcelonais. Encore une fois, le Barça démarre timidement et met du temps à trouver un rythme de jeu efficace. Contre des Pericos très regroupés, ils vont tourné autour du pot un certain temps en s’exposant aux contres. Une erreur grossière d’un Busquets gourmand (mais peut-être victime d’une faute) laisse Sergio Garcia jouer un duel sur 30 mètres avec un Piqué surpris, hésitant, puis ridiculisé par ses petits pas en marche arrière. 
Cette ouverture du score ne bousculera pas le scénario d’un match d’un Barça de plus en plus serein et montant en puissance. 

C’est un point à souligner fortement. A l’image de sa saison, le Barça monte en régime au fil du match et offre beaucoup d’opportunités dans la première demi-heure. Paris devra profiter de cela et serait inspiré de marquer avant la pause. La fatigue des blocs adverses facilite la mainmise des Catalans lors de leurs matchs et le siège du camp adverse.
Ce tâtonnement initial est dû aux limites du trio Neymar-Suarez-Messi qui manque de mouvements et d’entente. Messi est un faux ailier droit qui va se recentrer au fil du match, laissant un trou à droite qu’il faut gérer à plusieurs. Suarez est encore en manque de confiance et de justesse technique, mais il a pour lui l’intelligence de jeu et l’adaptation au petit jeu. Neymar a un rôle d’ailier gauche plus classique afin d’écarter un minimum l’adversaire, mais il est intermittent et a encore du mal quand l’espace est manquant et qu’il faut percer une muraille basse. 

Après 30 minutes, les culés passent la deuxième et un Messi stratosphérique égalise avant la pause avec une action et un tir dont il a le secret. L’attaque a toujours des problèmes de justesse et d’automatismes mais elle tente et propose beaucoup de choses. Avec Messi et Xavi à la baguette, l’équipe va se faire plaisir et la rentrée d’un excellent Pedro à la place de Suarez va apporter, enfin, cet équilibre et justesse dans le front offensif. Pour voir l’Espanyol exploser. 

Barcelone se reprend et règle donc quelques impasses observées plus tôt. Tout en conservant ses faiblesses et de larges axes de travail. Mais ces 5 derniers matchs soldés par le bilan de 5 victoires, 19 buts marqués et 2 encaissés, montre que cette formation a repris le bon chemin. Un chemin de transition et de renouvellement qui demande des nouveautés et de la patience. Mais le Barça doit écrire une autre histoire et se défaire du lourd héritage de la Pep Team, ce niveau n’est plus atteignable mais en retrouvant ses principes tout en profitant de la puissance (et du déséquilibre induit) de ces talents offensifs. Les Catalans pourront assumer la réalité de leur effectif actuel et maximiser son potentiel en acceptant ses défauts et en laissant Luis Enrique apporter sa patte au fil du temps. 
Un Barça qui pourrait se révéler plus Cruijffien que Guardiolesque…

Kirk


Vous pouvez retrouver les commentaires de l'article sous les publicités.
Match lié 

News 

Aujourd'hui

samedi 27 avril

vendredi 26 avril

jeudi 25 avril

mercredi 24 avril

mardi 23 avril

lundi 22 avril

dimanche 21 avril

samedi 20 avril

 

Soutenez CulturePSG 
Soutenez CulturePSG sur Tipeee