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La révolution Luis Enrique au Barça, les débuts

Publié le mardi 9 décembre 2014 à 12:09
L'été dernier, Le FC Barcelone est allé chercher un ancien de la maison, Luis Enrique, pour se relancer. Un de nos forumeurs retrace ses 6 mois à la tête du Barça, de son arrivée au match de demain, en plusieurs parties.

Voici notre présentation du Barça de Luis Enrique, en grande mutation depuis cet été. Dans cette 1ère partie nous revenons sur ses débuts, de sa nomination jusqu'au match aller au Parc, elle a d'ailleurs été écrite à ce moment-là.

En juin dernier, le FC Barcelone se retrouve avec une saison sans titre et la nécessité de faire face à un changement de cycle fort est acté. Valdes avait annoncé son départ, Puyol sa retraite, Xavi ouvre la porte, Cesc est en situation d’échec et Messi inquiète énormément. Pendant ce temps-là, le Real gagne la décima tandis que le club ne saisit pas l’occasion de gagner une nouvelle Liga en réceptionnant l’Atletico lors du dernier match de la saison... L'ancien président Rosell prépare son procès dans le cadre du tranfert de Neymar et le club doit faire une croix sur le mercato 2015. Bref, y’a le feu à la maison ! 

Le choix de Luis Enrique 

Dans ce contexte, malgré le fait qu’ils soient limités, le président Bartomeu et le directeur sportif Zubizarreta ont quand même l’idée, certes pas compliquée de recourir aux traditions. Quand les flammes arrivent, on fait toujours appel au pompier local.
Sans être un enfant de la Masia, Luis Enrique est une figure du barcelonisme et, comme d’autres, il entraîne depuis plusieurs saisons. Mais surtout, il s’est définitivement injecté l’ADN du club en reprenant l’équipe B en 2008, à la suite de Guardiola qui venait de la faire remonter en 3eme division. Il finira 5eme puis second, faisant ainsi monter la réserve en Liga Adelante. Cela faisait 11 ans que la B n’avait pas joué en seconde division espagnole. Et pour ce retour, les jeunes finissent 3eme ! Mais bien sur, ils ne peuvent participer aux play-offs en tant que réserve. Pendant ces 3 saisons, il aura eu sous ses ordres des joueurs comme Pedro, Busquets, Bartra, Montoya, Tello, Rafinha, Thiago ou Roberto. Il était aussi aux premières loges pour voir évoluer la Pep Team. Donc, pour résumer, « Lucho » avait l’aura pour être un taulier de vestiaire, de par son passé au club et son caractère sur le terrain. Et il avait la formation et les relations pour s’adapter et travailler avec des personnes qu’il connait bien. On peut rajouter que, selon les médias, il a tout de suite négocié un large éventail de responsabilités et de libertés, ainsi qu’un rôle majeur dans le recrutement. Un exemple ? Il a ordonné de faire une préparation « européenne » et non une tournée éreintante. 

Le mercato d'été

Pour faire court, on peut dire que c’est un très bon mercato 2014. Mais il se révèle bien plus délicat dans le cadre d’une interdiction en 2015, et donc de l’obligation de faire avec cet effectif plus les jeunes pendant les deux prochaines saisons. Avec un joueur comme Cuadrado en plus cela aurait été parfait tandis que, là, ça sera un peu juste. Mais il est vrai que le chantier était énorme et qu’il fallait un grand nombre de signatures.

On peut évaluer l’impact de Lucho sur cet effectif en rappelant que Mathieu et Rakitic étaient des demandes fortes de l’entraineur. Après plusieurs mois, tant par leur nombre de minutes jouées que par les déclarations émises par l’asturien, on peut dire qu'il les utilise. Le coach a aussi eu un rôle dans le non-départ de Xavi, voulant lui donner un rôle de relais dans le vestiaire et le préservant au maximum physiquement, parfois même trop... Au passage, il fait prendre une décision forte concernant Deulofeu puisque l'espoir qui revenait au club pour s'imposer a été tout bonnement dégagé au bout d'un mois. Il n'a pourtant pas moins de ballon que Munir ou Sandro, mais le mec bosse pas, ne se replace pas, est faible dans son jeu sans ballon... Oust.

Les axes de travail

Plusieurs secteurs de travail se présentaient devant le coach. Des spécificités et des vertus que l’équipe a progressivement perdu au cours des 2 dernières saisons : 
- La soif de victoires : Elle s’étiolait au sein d’une équipe gavée de titres et ayant vécu ensemble depuis trop longtemps. Les ajustements d’effectif étant trop peu nombreux et même Pep s’était heurté à des refus de la direction.
- La concurrence. Progressivement éteinte par des coachs ayant peu d’assurance et de poids pour faire face à des légendes vivantes du club et du football. Le vestiaire ayant pris peu à peu le pouvoir. La victoire de Shakira sur Pep. Les sénateurs pilotent, Messi joue selon ses désirs. Et un type comme Martino étant limité par les performances de ses joueurs et n’ayant pas la force de lancer des jeunes.
- La disparition de qualités indispensables. Sacrifice et efforts au pressing, dynamisme et justesse des appels, volonté et acceptation du jeu sans ballon.. Bref, beaucoup d’éléments que les joueurs ne pouvaient/voulaient plus apporter pour X raisons.
- L’absence d’adaptions tactiques aux réponses adverses. Plus ou moins caractérisé par le coup de pression pris par Martino, lorqu’à l’automne 2013, l’équipe alignait des taux de possessions « normales » et jouant des contres. Des mecs comme Xavi ne pouvant le digérer longtemps. Mais il est vrai, que l’équipe était trop fragile derrière pour assumer durablement ce manque de maîtrise…

Les solutions apportées

Quand Lucho arrive, il diagnostique rapidement les problèmes évoqués et leur réalisation concrète sur le terrain : un jeu ultra axial avec un manque de travail dans la profondeur, aucune pointe ne faisant d’appels verticaux, des couloirs manquant de combinaisons avec des latéraux esseulés ou des ailiers trop espacés en phase de 3-4-3, un milieu perméable qui ne travaille pas et une défense trop laissée à l’abandon.

Le premier des chantiers est de récupérer un bon pressing, agressif et constant. Les ailiers sont essentiels dans la règle des « 5 secondes », l’équipe a donc réalisé une bonne préparation physique avec les nouveaux joueurs. Et le coach est en train de mettre en place un gros turnover sur les postes de latéraux et d’ailiers, car ceux-ci ont un boulot très important à fournir dans l’animation et le volume de courses.
Ainsi, Neymar a démarré tout doucement en étant remplaçant et a obtenu de plus en plus de minutes. Le quatuor Neymar-Munir-Sandro-Pedro se partageant plus ou moins équitablement le temps de jeu pour les 2 postes d’ailiers. Mais maintenant que Neymar est bien dans le bain, il enchaîne.
C'est pareil pour les latéraux, mais il y a une grosse différence de niveau entre une paire Alba/Alves et une Adriano/Montoya. Ces derniers sont solides derrière mais offensivement ils sont un peu justes alors que ce poste est crucial dans le jeu actuel.
De son côté, Messi fournit un travail irrégulier mais parfois intense et très utile dans la récupération. Quand il s’y met, il perturbe pas mal la relance central-6 et quelques buts ont été marqué sur ce genre de ballons récupérés. 

Un nouveau milieu :

Pour équilibrer ce placement très haut de 5 joueurs (latéral-attaquant-Messi-attaquant-latéral), Enrique a besoin de joueurs en couverture qui peuvent compenser et protéger la défense. Là, il faut parler de la grosse nouveauté de cette saison. Elle est surtout réalisé par Rakitic, qui joue plus bas qu’à Seville et forme en défense un véritable double-pivot avec Busquets. Ce dernier, très médiocre depuis plus d’un an et ayant souffert de pubalgie, semble avoir retrouvé sa forme et modifié son jeu vers une approche parfois plus directe. Plusieurs buts de ce style ont été marqués : Sergi récupère, lance Messi qui dribble, caviar puis but.

Iniesta est un peu le bémol de ce système, il est moyen et ne trouve pas sa place en étant positionné trop bas, ou bien trop près de Leo. On a d’ailleurs vu contre Grenade que le duo Rakitic-Xavi était prometteur car les deux peuvent switcher à volonté entre ce rôle de milieu def’ qui couvre et ce rôle de 10 qui va soutenir Messi et créer la deuxième lame. Andrès, pour l’instant, ne fait rien de spécial quand il est bas et donc il reste plutôt haut, laissant Rakitic jouer durablement dans le pivot ce qui bride la création et déstabilise moins le milieu adverse. Le Croate peut apporter beaucoup dans un rôle avancé de 8/10 qu’il affectionnait au Sevilla.

On va visualiser avec les positions moyennes contre Grenade : 

Le double pivot ne se voit pas car, avec le duo Xavi-Rakitic et une très grosse domination, les deux milieux se sont partagés les tâches et Rakitic s’est bien plus projeté. Avec Iniesta, on peut constater une différence plus grande qu'avec le Croate qui est un peu plus bas et défend mieux son couloir. Oui, son couloir, car les deux relayeurs ont un rôle crucial de couverture des latéraux. On constate bien la position très haute des latéraux et les relayeurs qui vont ainsi couvrir et animer des combinaisons sur ces couloirs. L’axe est alors bien plus aéré et la connexion Busquets-Messi forme la colonne, la ligne directrice du jeu.

On peut voir ce travail avec cette photo (chroniquestactique.fr)

On a Iniesta couvrant Alba et Rakitic le fait encore bien plus à droite avec Alves…Iniesta n’est donc pas toujours sublimé dans ce rôle. 

Dans le jeu, on peut constater aussi ce décentrage avec les passes réalisés par Iniesta et Rakitic contre Bilbao.

Et on voit ensuite le recentrage des attaquants. Cette année le Barça n’a pas d’ailiers véritables mais de vrais attaquants recentrés qui jouent devant Messi. Un peu comme en 2011, mais c’est encore plus marqué.

En phase arrêtée, on va avoir 2 pointes, avec un Messi très libre et naviguant entre les lignes pour mener ou accélérer le jeu.
La force et la faiblesse de cette animation, qu’on peut d’ailleurs retrouver au PSG, c’est que les couloirs sont animés par les latéraux d’une manière quasiment exclusive. Quand les connexions se font et que tout bouge bien, on va voir le relayeur ou Messi qui va venir jouer vers la ligne combiner. Mais d’une manière plus figée, seuls les arrières vont pistonner, centrer et derrière on aura le milieu à 3 en couverture. Pour l'instant, Rakitic est monstrueux dans ce travail-là.

Une équipe qui centre beaucoup

Pour finir cette analyse du Barça actuel [rappel, l'analyse date de fin septembre] il faut revenir sur un point assez particulier aussi : l'équipe centre énormément en ce moment, Alves pouvant délivrer une dizaine de centres dans la surface par match. Et c’est souvent raté. Les observateurs peuvent se poser des questions sur tous ces centres et ce déchet.
Disons que dans un premier temps, il n’y a pas de pointe qui vient scorer de la tête. Et on a l’impression que l’équipe voit les conséquences de ces centres. Ce qu’il se passe, c’est qu'il est possible de récupérer les centres directement (rarement) ou sur un second ballon consécutif à une mauvaise relance ou dégagement. A ce moment-là, les dribbles de Messi ou de Neymar peuvent faire mal, très mal. Et dans un troisième temps, il y a la commande tactique. Après un centre, l’adversaire peut aussi mettre le pied sur la balle et commencer sa relance. Et donc, ici, on est dans une situation appréciée par les Blaugranas. L’adversaire est très bas avec le ballon, les attaquants sont en nombre, tout proches, et le pressing « 5 secondes » peut alors commencer.
C’est le pressing proactif ou comment se mettre en bonne position de jeu alors que l'action part d’une perte de balle ou d’un centre moyen…En Espagne, on parle de « contra-contras ». C’est une spécialité à Barcelone, et Luis Enrique semble faire très attention à ces phases. On voit des choses intéressantes se développer, en ce moment, lors de ces phases. Notamment avec la colonne Busquets-Messi-Neymar. Récupération, deux transmissions et but. C’est une manière de jouer de façon directe.

Cette après-midi, nous verrons la deuxième partie avec les conséquences de la défaite au Parc des Princes (3-2).

Kirk


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