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Le PSG en 3-5-2, ou l'histoire d'un coup tactique raté

Publié le mercredi 13 avril 2016 à 2:57 par Philippe Goguet
En alignant un système qu'il n'avait pratiquement jamais aligné et avec des joueurs pas vraiment adaptés, Laurent Blanc s'est noyé avec son 3-5-2. Retour sur une aberration qui a duré 43 minutes.

Un système pratiquement jamais utilisé

Laurent Blanc n'est pas un adepte d'un système à trois défenseurs, loin de là, et il a refusé tout essai depuis des mois, et même des années, alors qu'il dispose pourtant dans son effectif de trois défenseurs centraux de très bonne qualité avec Thiago Silva, David Luiz et Marquinhos. Le coach parisien s'y refuse pratiquement en toutes circonstances et ne l'a utilisé qu'une seule fois avec le PSG cette saison. C'était à Saint-Etienne, le 31 janvier dernier, alors que le PSG était en difficulté face au 5-2-3 des Verts (0-0 à la pause, 0-2 score final). Ce jour-là, en seconde période seulement, Thiago Motta était venu se glisser entre Kimpembe et Marquinhos dans la défense centrale parisienne, formant un improbable trio.

Deux mois et demi plus tard, le PSG a donc ressuscité ce système dont les moqueurs avaient dit qu'il avait été imposé par Motta à Blanc. Cette fois-ci, il semblerait qu'il ait été un peu plus travaillé qu'à Saint-Etienne où les circonstances l'avaient vraiment décidé. Dès lundi, avant même le dernier entraînement de mise en place tactique, des fuites avaient eu lieu laissant à penser que le système allait être utilisé et qu'il avait été travaillé. Mais au début du match face à City, le PSG ne l'avait donc exprimenté en match qu'avec un seul des joueurs qui allait devoir reproduire la chose, Marquinhos.

Des joueurs dont on peut douter de l'adaptation

Au coup d'envoi du match le plus important de la saison, le PSG s'aligne donc dans un 3-5-2 pour le moins original avec une défense centrale composée de Serge Aurier, Thiago Silva et Marquinhos. Le latéral droit ivoirien rejoue dans l'axe pour la première fois depuis la dernière demi-heure de Toulouse/PSG le samedi 16 janvier et, à l'époque, il avait fait la paire avec David Luiz, dans une défense à 4 bien évidemment. Quant à Marquinhos, il se retrouve stoppeur gauche, lui qui joue toujours à droite de la défense centrale dans une défense à quatre ! Et comme rappelé précédemment, son dernier passage dans une défense à trois s'était d'ailleurs passé de l'autre côté du terrain.

Au milieu, on retrouve finalement le joueur qui connaît le mieux ce système, Motta, accompagné de Rabiot avec deux joueurs sur les couloirs nommés Van der Wiel et Maxwell. Là, encore, la question des choix se pose. Si Maxwell est un superbe joueur de ballon, son volume de jeu est des plus limités et son remplaçant Layvin Kurzawa, monstre offensif, est largement plus recommandé pour animer un couloir. Sur l'aile droite, on retrouve Van der Wiel, troisième choix au poste d'arrière latéral il y a peu. Dans un système dont on peut déjà douter de la maîtrise par ceux qui doivent l'animer, les joueurs alignés sur toute la partie latérale ne sont même pas les mieux adaptés, le PSG étant trop handicapés par les blessures. Un comble alors que Blanc a justifié ce choix du 3-5-2 par les absences de Matuidi et David Luiz !

Quant aux trois devant, comme l'a dit Blanc, c'était comme d'habitude. A ceci prêt qu'il y a un joueur de moins au milieu, que les couloirs ne sont pas occupés de la même façon, qu'Ibra et Cavani doivent réellement cohabiter dans l'axe et que Di Maria est censé exister tout seul au milieu du double pivot Fernando/Fernandinho, déjà dominateur à l'aller face au PSG.

Une bouillie sur le terrain

Dès les premières minutes, le système apparaît très tangent sous les coups de boutoir anglais, certes désordonnés et très basés sur l'impact physique. Les premiers placements ne sont guère rassurants, tout le monde se cherche mais le PSG met peu à peu en place son jeu de possession et commence à avancer de façon collective vers le but adverse. A la 8e minute, sur une très longue séquence collective, Di Maria rate sa passe aux 25m pour Cavani qui avait pris la profondeur mais voit Joe Hart le devancer. Ce sera tout bonnement la seule et unique action de but issue de ce changement de système durant les 43 minutes au cours desquelles il va être utilisé.

Petit à petit, le milieu se dérègle, les ailes se noient et les ballons n'arrivent plus jusqu'à Ibra ou Di Maria. Ces derniers décrochent à tour de rôle mais le bloc ne suit pas quand ils repartent vers l'avant. Les latéraux sont plus qu'isolés et Van der Wiel n'arrive à se retrouver en position de centre que sur des exploits individuels basés sur sa vitesse (reconnaissons-lui au moins ce mérite). Problème, la structure défensive est fragile et Agüero s'impose de plus en plus dans les duels, là où le très discuté David Luiz avait globalement su le maîtriser à l'aller avec sa pression physique. Petit à petit, le système se dérègle et on arrive à quelques aberrations :

Les deux défenseurs qui entourent Thiago Silva, mais aussi le monstre brésilien, se retrouvent également perdus à la relance avec une solution de moins que d'habitude. Encerclés par les joueurs adverses quand ils avancent, Motta et Rabiot sont parfaitement étanchéifiés du reste de l'équipe, notamment les joueurs devant eux, et n'ont plus aucune possibilité de ressortir la balle, forçant Rabiot à des percées balle au pied pour casser des lignes. Dans ces conditions, Marquinhos et surtout Aurier prennent des risques dans la relance et se font intercepter. Le penalty comme la frappe de Navas de peu à côté viennent d'erreurs de l'Ivoirien, perdu à ce poste de stoppeur droit et à peine mieux par la suite.

43 minutes horribles qui n'éliminent même pas le PSG

A la 43ème minute, Thiago Motta se blesse et doit sortir, il est remplacé par Lucas et Laurent Blanc revient à son 4-3-3. La terrible expérience s'achève là, enfin. On peine à imaginer ce que cette horreur tactique aurait donné sur 90 minutes mais 43 minutes ont suffi. Et le pire dans ce 3-5-2 sorti de nulle part, c'est qu'il n'a même pas réellement éliminé le PSG. Il a juste enlevé une mi-temps à une équipe qui n'en avait que deux pour gagner le match et a à peine fait mieux par la suite. Car si le système n'a pas aidé, c'est paradoxalement la seule mi-temps des 4 jouées au cours de laquelle City n'a pas eu l'avantage au score sur le PSG.


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