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Le très offensif 4-3-3 du PSG à Reims décrypté

Publié le mardi 29 septembre 2020 à 19:04 par Simon Piotr
Disposé dans un 4-3-3 original et particulièrement offensif avec Neymar relayeur gauche, le PSG a su utiliser toutes les failles laissées par le 4-5-1 de Reims et a ainsi retrouvé ses zones préférentielles pour s’imposer logiquement malgré une relative absence d’efficacité à la finition. Décryptage.
Disposé dans un 4-3-3 original et particulièrement offensif avec Neymar relayeur gauche, le PSG a su utiliser toutes les failles laissées par le 4-5-1 de Reims et a ainsi retrouvé ses zones préférentielles pour s’imposer logiquement malgré une relative absence d’efficacité à la finition. Décryptage.

Le choix du système

Avec Neymar et Paredes de retour de suspension, Thomas Tuchel a pu compter sur ses quatre fantastiques pour la première fois de la saison. Le système habituel pour faire cohabiter les quatre attaquants était le 4-2-2-2 avec deux meneurs-ailiers et deux attaquants axiaux et c’est avec une certaine perplexité que les observateurs attendaient une équipe alignée avec un double pivot défensif Paredes-Draxler, certains allant jusqu'à soupçonner une composition « politique » pour réclamer des recrues à la direction sportive.

Il n’en a rien été puisque le coach allemand a décidé de modifier ses habitudes en organisant son équipe dans un 4-3-3 qu'il a avoué n'avoir que peu préparé. Ce choix était possiblement fait dans le but d’accommoder Draxler à un poste de relayeur haut sur le terrain moins difficile pour lui qu'un éventuel double pivot. Son pendant à gauche a été Neymar et il était attendu que le Brésilien interprète le poste à sa manière, forcément de façon très électrisante.

Quant aux Rémois, ils se sont alignés dans un 4-5-1 défensif, système utilisé par pratiquement tous les adversaires du PSG actuellement. Un choix qui s'explique aussi par le contexte bien difficile du club champenois puisque tous leurs matches de Ligue 1 s’étaient soldés par des défaites ou match nul, sans compter les 120 minutes jouées en milieu de semaine en Europa League et conclues par une élimination.

D'entrée, le PSG prend à revers le bloc médian rémois

Bien entré dans son match avec une très large possession (68% en première période), le PSG fait d’emblée déjouer l’animation défensive adverse qui consiste à ne pas livrer le terrain trop facilement. En effet, les joueurs de David Guion se positionnent dans un bloc médian, qui permet en théorie de profiter des opportunités de pressing tout en n’exposant pas la ligne défensive trop haute sur le terrain. Cependant, la structure s’avère beaucoup trop fragile pour des Parisiens prêts techniquement.

Le 4-3-3 parisien organisé face au 4-1-4-1 (ou 4-5-1) défensif de Reims. Le positionnement parfois agressif des relayeurs adverses, surtout en début de match, offre les half-spaces aux Parisiens.
Le PSG a peu de présence au milieu autour de Paredes, mais compense par un positionnement très prudent des latéraux, ce qui permet aux attaquants de défier la ligne défensive adverse en égalité numérique : les trois attaquants plus Neymar et/ou Draxler face aux quatre défenseurs rémois.

D’entrée de jeu, Reims se fait peur sur une transition bien menée par Paris et conclue par un tir cadré de Mbappé à la 6ème minute, annonciatrice de l’espace que le PSG va parvenir à trouver tout au long de la partie.

Deux minutes plus tard, le bloc rémois tente de presser haut mais se fait éparpiller aux quatre coins du terrain par une belle tenue de balle parisienne : les milieux se livrent et la défense recule, menacée par Di Maria et Icardi, ce qui crée un espace énorme entre les lignes pour Mbappé servi par Neymar face au jeu. Cette action très verticale est conclue par un service de Mbappé vers Icardi qui conclut d’un bel enchaînement. Enfin, le PSG marque dans un premier quart d’heure de jeu, ce qui facilite toujours la tâche dans ce genre de rencontre.

Un peu assommé par ce premier but, Reims recule son bloc d’une dizaine de mètres et laisse le PSG dans un grand confort pour faire circuler le ballon. Malgré un resserrement des lignes, les Parisiens continuent de trouver des opportunités de progresser dans le dernier tiers, mettant en exergue tous les défauts potentiels du plan de jeu rémois. C'est notamment le cas de l'orientation en zone qui perd trop souvent la notion de compacité et d’agressivité.

Le coach David Guion a d’ailleurs regretté l’exécution du plan en après-match, déclarant que ses joueurs s’étaient montrés naïfs dans leurs positionnements, lui qui aurait voulu voir son milieu beaucoup plus à plat et capable de commettre les bonnes fautes sur les actions chaudes.  

Illustration peu après le but, Reims est de fait à neuf contre six dans son bloc défensif, mais la passivité crée un deux-contre-deux local pour Neymar et Mbappé qui combinent, entraînant une belle occasion pour Draxler positionné à l’opposé. Cette passivité peut être liée à une orientation en zone excessive qui a pour logique pour les Rémois « ce n'est pas mon espace, je n’y vais pas ».

L’approche rémoise a pu limiter quelque peu les options de Leandro Paredes qui n’avait pas toujours de lignes de passe directement exploitables depuis sa position. Mais en quelques passes courtes, le PSG parvenait à trouver Neymar ou Di Maria dans de bonnes conditions.

Illustration de la capacité du PSG a pénétrer dans le half-space par des combinaisons simples, avec deux offensifs positionnés pour être dangereux au second poteau, ce qui est souvent la garantie de très grosses occasions. 

Là où le PSG devait passer par les côtés face à Marseille, Metz ou Nice, avec un bilan contrasté, ce match-ci a été lopportunité dattaquer de manière plus axiale, ce qui favorise les attaquants parisiens vu leur profil de jeu. Bien sûr, la présence de Neymar a permis de maintenir un rythme offensif élevé avec de multiples situations de but créées.

Si l’équipe a été portée tour à tour par Di Maria puis Mbappé précédemment, le retour de Neymar a forcément changé le centre de gravité du onze parisien. Le Brésilien, replacé au milieu et en plein coeur du jeu, ne voit pas son rôle grandement bouleversé avec le ballon puisqu’il devait animer toute la partie gauche parisienne du terrain comme il en a l'habitude. Il a même trouvé des espaces préférentiels, ceux dans le half-space gauche, qui lui ont permis de causer des dégâts considérables.

Défensivement, le PSG résiste à la verticalité adverse

Si les Rémois ont grandement souffert du côté un peu cavalier de leur animation défensive, ils ont en revanche abordé l’attaque avec la plus grande humilité, bien qu’ils soient probablement dans l’incapacité d’envisager autre chose à l’heure actuelle. Leur jeu s’est résumé à des longs ballons sur les latéraux ou les attaquants pour sauter le pressing en 4-3-3 de Paris, suivis de quelques percées individuelles.

Le PSG presse haut dans un 4-3-3 : les attaquants isolent les défenseurs et la sentinelle adverses, le gardien a surtout joué mi-long vers les latéraux, naturellement laissés libres par le pressing très axial des Parisiens. Mais Neymar a pu jaillir plusieurs fois avec succès sur le latéral et il est ici le premier sur le ballon pour l'intercepter.

Pas de quoi inquiéter sérieusement la ligne défensive parisienne qui a pu jouer haut et couper beaucoup de transitions adverses malgré quelques flottements en seconde mi-temps avec une équipe coupée en deux. Cela a notamment abouti à un tir sur le poteau à l’heure de jeu. D'un point de vue individuel, Kimpembe s’est particulièrement illustré dans ce jeu de transitions avec des corrections de qualité en plus de ses jaillissements habituels. Au final, les Rémois ont tiré seulement huit fois en étant menés plus de 80 minutes au score, dont cinq tentatives depuis l’extérieur de la surface, pour un très faible total de 0,21 expected goals. 

Côté PSG, l’animation défensive a été différente de d’habitude avec Neymar qui devait défendre vers l’intérieur du terrain aux côtés de Paredes et Draxler plutôt que de bloquer le couloir gauche comme habituellement dans le 4-4-2. Dans l'ensemble, la hauteur du bloc parisien a permis à tout le monde de défendre sur des distances courtes et donc d’éviter des efforts de repli coûteux en énergie.

Une deuxième mi-temps moins enlevée mais un PSG qui aurait dû alourdir le score

Au retour des vestiaires, l’intensité de la partie diminue de façon sensible, notamment du point de vue des efforts défensifs des attaquants parisiens. Pour preuve, le pourcentage de possession de balle redescend à 60%, ce qui reste considérable mais montre que les Rémois ont pu passer plus de temps avec le ballon.

Ce changement de rythme engendre également une perte de compacité côté parisien, avec une équipe qui a tendance à se couper en deux à force de jouer de plus en plus de transitions rapides et vers les deux buts. Les opportunités de marquer continuent d'exister mais le bloc équipe n’a plus la même cohérence qu’en début de match. Un souci qui fait écho aux propos d'avant-match de Tuchel : « Le plus important pour nous, c’est de toujours attaquer et toujours défendre ensemble ».

Paris se rassure néanmoins en mettant le second but encore une fois par l’intermédiaire d’Icardi servi par Mbappé. L'équipe parisienne va même retrouver du contrôle dans les 20 dernières minutes après les entrées de Verratti et Herrera à la place de Paredes et Draxler.

Le 4-3-3 très offensif du PSG, un système d’avenir ?

Après cette sortie convaincante, la question de la viabilité de ce dispositif tactique en Ligue 1 se pose forcément. L’idée de jouer en 4-3-3 (ou 4-1-4-1) avec Neymar dans une rôle de relayeur très vertical pour accompagner Mbappé positionné en ailier gauche peut être séduisante pour la folie offensive qu’elle peut provoquer. Il n’est cependant pas difficile d’entrevoir les limites du système à un certain niveau.

Sans le ballon, le fait d’avoir une équipe aussi dépouillée défensivement sans aucun profil équilibrant par nature peut se compenser par la compacité et les efforts des uns et des autres. Mais dès lors que certains se désolidarisent de cette tâche défensive, c’est tout l’édifice qui peut s’effondrer comme l'a en partie prouvé la seconde mi-temps du match au cours de laquelle les attaquants ont moins défendu.

On peut toutefois imaginer que Tuchel garde cette option très offensive dans sa manche en cas de coffre-fort à déverrouiller en début de match ou de score à remonter. On peut également imaginer une formule plus prudente avec, par exemple, Herrera à la place de Draxler ou Sarabia à la place de Di Maria, eux qui sont plus des joueurs travailleurs que les premiers cités.

Quoi qu'il en soit, cette expérimentation tactique a été un vent de fraîcheur appréciable qui a en outre permis de prendre des points dans un début de saison qui voit enfin le Paris Saint-Germain décoller.


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