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Meunier pour Cavani, un changement fatal qui partait pourtant bien

Publié le jeudi 15 février 2018 à 16:32 par Philippe Goguet
66ème minute de Real Madrid/PSG ce mercredi, Unai Emery décide de sortir son avant-centre Edinson Cavani pour faire rentrer Thomas Meunier. Très décrié et vu comme une des causes de la défaite parisienne, ce changement mérite pourtant d'être passé en revue, tout n'ayant pas été négatif.

Un changement rapide et lié à un contexte precis 

Hors gestion physique, il est rare de voir Unai Emery faire un remplacement aussi précoce dans un match, l'entraîneur parisien préférant en général attendre la 70ème minute pour faire entrer du sang frais. S'il décide de faire entrer Meunier dès la 66ème de ce Real/PSG, c'est aussi pour répondre à une situation donnée. Depuis 10 minutes et la main de Sergio Ramos dans la surface qui marque la fin d'un temps fort parisien, la rencontre s'est installée dans un faux rythme et c'est Madrid qui en profite le mieux. Le PSG s'endort, peinant à se créer des occasions tandis que Marcelo, l'un des grands bonhommes du match, monte sérieusement en régime sur son flanc gauche.

En outre, Paris ne parvient toujours pas à trouver Edinson Cavani dans la surface. Quelques minutes avant sa sortie, deux échanges très clairs et coup sur coup entre Alves et l'attaquant concernant l'endroit où l'Uruguayen doit se placer sur les centres montrent d'ailleurs très bien à quel point Cavani n'y est pas, en dehors du tempo de son équipe. Plutôt que d'insister avec son avant-centre, Emery décide donc de le sortir et de placer Mbappé en pointe. Celui-ci se rapproche donc d'un Neymar qui n'a jamais trouvé Cavani jusque-là tandis que c'est Alves qui monte d'un cran, Meunier prenant sa place d'arrière droit. Un duo régulièrement vu cette saison et plutôt performant.

Meunier/Alves, un premier effet positif

Ce changement a des atouts positifs immédiats, et au nombre de deux. Le PSG reprend la maîtrise grâce à plusieurs points. Contrairement à un Mbappé qui a cherché sa place toute la soirée, Alves apporte tout d'abord une vraie présence haut dans son couloir en phase offensive et une agressivité qui vont, durant un temps, réduire l'influence de l'incroyable Marcelo. Auparavant pratiquement à un-contre-un dans son couloir avec Alves, le marathonien du Real se retrouve à devoir gérer deux joueurs et on voit alors plusieurs montées de Meunier sur son côté droit, le Belge ayant de l'espace.

L'autre bon point de cette entrée vient de la solution aérienne apportée par le grand latéral droit. Lors de sa période compliquée vécue par le PSG avant ce premier changement du match, Paris souffrait fortement dans la relance et Areola, souvent sollicité, avait de plus en plus de mal à trouver des solutions. Le jeu long vers Cavani étant inutile, il multipliait alors les passes mi-longues vers Berchiche ou Rabiot, pas forcément très à l'aise pour des remises. Avec Meunier, le PSG retrouve un circuit préférentiel connu, à savoir dégagement du gardien, remise du Belge vers un joueur proche et le PSG qui efface ainsi la première ligne de pressing adverse.

Durant un quart d'heure, la stratégie fonctionne plutôt bien et Paris semble proche de pouvoir prendre l'avantage. Alves fait mal haut sur le terrain, à l'image de sa géniale talonnade pour Mbappé et cette meilleure utilisation de la largeur donne de bons résultats puisque Meunier et Berchiche parviennent à offrir des centres très dangereux à leurs partenaires. Présents au second poteau à chaque fois, Neymar (67e) puis Alves (76e) passent ainsi plutôt proches de marquer le deuxième but du match.

Zidane et Asensio ont tué Emery et Meunier 

Face à ce 4-3-3 parisien qui tourne mieux, Zidane va alors réussir un coup de maître à la 79ème minute. Il sort deux joueurs axiaux, à savoir le milieu défensif Casemiro et son n°10 Isco pour deux joueurs de couloir que sont Asensio et Lucas Vazquez. Exit le 4-3-1-2, le Real passe en 4-4-2 à plat avec un duo Kroos/Modric pour protéger la défense. Le choix est osé mais c'est un coup de maître. Car s'il a théoriquement affaibli son axe d'un point de vue défensif, il a renforcé ses côtés et offre désormais un deux contre deux sur chaque aile avec Nacho et Vazquez face à Neymar et Berchiche d'un côté, Marcelo et Asensio contre Alves et Meunier sur l'autre.

C'est de ce côté, le droit du PSG et le gauche du Real, que tout va basculer. Alves commence à manquer d'essence dans le moteur tandis que Marcelo en a encore. A chaque montée du latéral gauche, le milieu droit parisien est de plus en plus en souffrance, épuisé par ses longues courses depuis le début de la partie. Sur l'action du 3-1, il n'arrive plus à suivre et c'est Verratti qui vient compenser. Le petit Italien s'époumonne au pressing avant de céder. Il est en retard dans la surface au moment du centre et Rabiot, qui a compensé après que son relayeur droit ait explosé, oublie Marcelo dans son dos, confirmant ses lacunes défensives sur les centres. La reprise est chanceuse et en plus légèrement déviée mais le résultat est là.

Alves n'en peut plus, Verratti tente de compenser puis explose et Rabiot oublie Marcelo : 

Mais si Marcelo se retrouve à la conclusion, c'est aussi parce qu'Asensio va se retrouver pratiquement à chaque fois en un contre un face à Meunier. Le Belge est face à ses limites dans le duel défensif et explose littéralement, le brillant ailier espagnol parvenant à centrer pratiquement à chaque fois qu'il se retrouve contre lui. Les deux derniers buts viennent de là. Et comme l'écrit la presse espagnole aujourd'hui, ce n'est ni Neymar ni Mbappé qui ont fait basculer la rencontre comme attendu, c'est bien Asensio.

A la fin du match, dur de nier que le changement Meunier/Cavani a fait basculer le match. Ou plus exactement, c'est la réponse de Zidane à Emery qui a fait basculer la partie. Le coach français a su répondre et même profiter de l'entrée de Meunier pour appuyer sur les faiblesses du Belge en un-contre-un. Le risque pris dans l'axe a largement payé, Paris n'ayant su exploiter ce sous-nombre dans ce secteur qu'à une seule reprise en toute fin de rencontre, quand Rabiot s'est retrouvé haut sur un contre mais a loupé sa dernière passe.

D'autres choix à faire vraiment meilleurs ? 

Il est aujourd'hui facile de refaire l'histoire et de pointer du doigt le coach espagnol étant donné que c'est lui qui prend les décisions. Pour autant, quelles solutions étaient meilleures ? Le nom de l'évidence est celui d'Angel Di Maria, resté sur le banc durant tout la partie. Au moment où Cavani sort, il est un candidat très crédible mais le premier effet apporté par l'entrée de Meunier est pourtant très bon, Paris entrant alors dans sa meilleure période du match avec Alves un cran plus haut. Mordant et incisif, le vétéran a apporté dans un premier temps une vraie réponse à Marcelo.

Reste que le coach parisien est en revanche resté sans réponse au changement de plan de Zidane, Alves finissant la partie tandis qu'il était impossible de sortir Meunier à peine 15 minutes après son entrée, le Belge ne souffrant réellement que sur la toute fin des 25 minutes qu'il a jouées. Les difficultés récurrentes du Brésilien à défendre contre des ailiers laissent aussi planer quelques doutes quant au fait qu'il aurait fait mieux que Meunier face à Asensio. Mais c'est comme milieu offensif droit qu'il a terminé la partie et son apport dans les derniers instants a été nul. Incapable de suivre Marcelo dans ses montées, il est donc lui aussi à incriminer dans cette fin de match apocalyptique et qui condamne le PSG à l'exploit.

L'erreur d'Emery est donc peut-être de ne pas avoir sorti Alves. Reste qu'il est un élément dur à enlever du terrain. En difficulté sur des petits matches, il avait jusque-là apporté une réponse digne de l'immense champion qu'il est, montrant notamment l'exemple au reste de l'équipe parisienne dans les duels. Emery lui a fait confiance jusqu'au bout, probablement à tort alors que le Brésilien était à bout de souffle. Mais rien n'indique non plus que Di Maria ou un autre entrant aurait mieux suivi Marcelo jusque dans la surface adverse. Quant aux difficultés de Meunier dans les duels, ce n'est pas le joueur devant lui qui les auraient masquées.

Et alors que la partie a globalement vu les plus grosses individualités des deux équipes être neutralisées durant les 83 premières minutes, le talent individuel madrilène est ressorti dans cette fin de partie, bien provoqué par le coaching du Real. Emery avait avancé un premier pion venu du banc dans cette partie, Zidane a parfaitement su lui répondre. Il pourra alors être reproché au Basque de ne pas avoir immédiatement réagi mais il n'y a que quatre minutes entre l'entrée en jeu d'Asensio et le deuxième but du Real, puis seulement trois minutes d'écart avec le troisième et dernier but. La chance du PSG était passsée, il était désormais l'heure des regrets.


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