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Nantes/PSG (0-2) : Le retour d'Ibra et le gouverneur Motta

Publié le lundi 4 mai 2015 à 13:35 par Raphaël Cosmidis
Le PSG s'est imposé 2-0 à Nantes ce dimanche sans véritablement trembler et le nouveau blog « 24, Commandant Guilbaud » a analysé cette rencontre. Nous vous proposons cette intéressante vision du match ici.

Contre Metz, si Thiago Motta avait agi comme le coeur du Paris Saint-Germain, irrigant le reste de son corps, Javier Pastore avait été sa tête. Il était en charge des décisions finales. Face à Nantes, dimanche, c’est l’Italo-Brésilien et ses 96 ballons touchés – record de la rencontre – qui a pris le contrôle cérébral du PSG. L’Argentin, périphérique, a eu peu d’influence.

Le match

Une transformation qui s’explique par l’opposition : le FC Nantes n’a pas joué comme le FC Metz ou le LOSC. Obnubilée par les ailes parce que trop pauvre dans l’axe malgré un losange de circonstance, la formation de Michel Der Zakarian a forcé les joueurs de côté parisiens à défendre, et notamment Pastore sur Vincent Bessat, ailier reconverti latéral. Les Jaunes ont envoyé trente-six centres en quatre-vingt-dix minutes (douze pour Paris). Dix sont partis des pieds de Bessat.

Le retour d’Ibrahimovic a tout autant poussé l’ancien Palermitain sur le flanc. Moins facilement trouvé, Pastore est passé d’un rôle de meneur à une fonction de relais technique, utile lorsqu’il faut fuir le pressing. On l’a souvent vu repiquer depuis l’aile droite puis ouvrir sur le côté opposé, mais rarement en brisant des lignes. Comparer les heatmaps le confirme. À la Beaujoire, Pastore a été vif (quatre dribbles réussis) mais accessoire.


À gauche, la heatmap de Pastore face à Metz. À droite, celle face à Nantes. Plus une zone est verte, plus le joueur y a touché de ballons. Les flèches indiquent le sens du jeu.

Contre Metz, les latéraux parisiens avaient fait reculer les ailiers adverses. Lucas Digne, engagé très loin et très haut dans le camp messin, avait aidé à limiter l’impact de Bouna Sarr, meilleur lorrain dans la percussion. L’inverse s’est produit à Nantes, où le bloc parisien a progressivement perdu mètres après mètres sous l’intensité et l’allant des Canaris, particulièrement en deuxième période. Le premier acte avait pourtant satisfait et mis en exergue les faiblesses nantaises, leurs limites techniques et leur incapacité à relancer proprement sous la moindre pression. Paris avait récupéré des ballons à proximité du but de Rémy Riou.

À oublier pour ne pas cauchemarder, la deuxième période fut heureusement précédée de quarante-cinq minutes bien plus séduisantes, construites par et autour de Thiago Motta. L’ex de l’Inter est véritablement revenu au sommet ces derniers mois (alors que son agent pousse pour une prolongation de contrat, tiens donc…) et son habileté balle au pied métamorphose le Paris Saint-Germain. Car elle ne se limite pas à une circulation inoffensive du cuir. Motta est tout à fait apte à l’avancée avec le ballon. Un talent qu’il a retrouvé en 2015, et qu’il a exhibé sur le deuxième but parisien hier. Après un contrôle orienté et un jeu de corps parfaits, sa passe appuyée de l’extérieur du pied a touché Ibrahimovic entre les lignes. Il était déjà trop tard pour les locaux, dépassés par la projection de Matuidi. Pas aussi suivi que Verratti, chassé par Veretout et les attaquants nantais, Motta a évolué plus haut que son compatriote et compensé l’absence de Pastore dans l’axe.


À gauche, la heatmap de Marco Verratti face à Nantes. À droite, celle de Thiago Motta.

Passeur décisif, Ibrahimovic est resté dans son registre. Peu de mouvement, aucun pressing, mais une propension folle à créer du jeu en dépit de son immobilisme. Derrière Matuidi et Cavani, deux hommes qui vivent par l’appel de balle et la profondeur, il est le Parisien à avoir touché le moins de ballons (cinquante-deux). Une statistique qui va dans le sens d’une tendance : le Suédois s’inscrit de moins en moins dans les circuits de passes de son équipe. La saison passée, pour le premier exercice dans un jeu de possession, il réalisait près de cinquante passes par quatre-vingt-dix minutes. Cette saison, le chiffre est tombé à moins de quarante-cinq. Pas de quoi s’affoler, mais l’âge ou son talon endolori peuvent expliquer cette petite baisse. Ce mini-déclin, on le constate également dans son nombre d’occasions créées en Ligue 1 : 2,2 / 90 mins la saison passée, 1,6 cette saison.

Dans l’ensemble, le PSG a accordé des temps de possession au FCNA, peut-être trop. Mais les Canaris ont semblé bien incapables de marquer. Nicolas Douchez s’est interposé sur les têtes nantaises lorsque Thiago Silva et Marquinhos ne repoussaient pas les centres. Le club de Waldemar Kita n’a tiré que deux fois avec les pieds dans la surface parisienne. Paris n’a pas géré mais cessé de travailler en seconde période, négligeant le jeu de transition, comme souvent cette saison. En novembre dernier, face à l’APOEL Nicosie, David Luiz avait montré de l’agacement, agitant des bras pleins de mécontement sur le terrain lorsque ses partenaires n’accéléraient pas alors que le bloc adverse était désordonné.

Consultant pour Canal+, Mickaël Landreau a jugé que quand le PSG pratiquait un jeu direct, il facilitait la tâche des Nantais et leur rendait trop vite le ballon (en partie parce que le jeu direct de Paris est incomplet). Un avis qui rejoint la philosophie de l’homme du match, Thiago Motta. L’ancien Barcelonais a souvent insisté sur la nécessité de rester fidèle à ses principes de jeu. En l’occurrence, on s’attendait à une possession défensive des Franciliens. Mais la fidélité demande des efforts, que le PSG, trop usé physiquement ou pas assez motivé par le défi nantais, n’a pas effectués pendant quatre-vingt-dix minutes dimanche soir.

D’autres remarques :

  • Pas certain que Nantes aurait marqué face à un but vide. Néanmoins, le losange mis en place par Michel Der Zakarian a au moins gêné Marco Verratti. Le trio Veretout-Gakpé-Audel (le premier derrière les deux autres), resté haut dans le camp parisien, dessinait une géométrie intelligente pour bloquer la relance parisienne, qui s’opère la plupart du temps via le décrochage d’un des milieux italiens entre les défenseurs centraux. Sur le coup, Motta a gâché le plan de jeu nantais.
  • Thiago Motta a peut-être calculé son réveil pour qu’il intervienne au moment des négociations contractuelles, mais donnez-lui cette fichue prolongation. Oui, il est vieux, mais dénicher un joueur aussi fin techniquement et intellectuellement risque bien de prendre quelques années…
  • En parlant de milieu, les entrées de Cabaye et Rabiot n’ont pas empêché Nantes de tenir le ballon (44% de possession tout de même alors que les adversaires du PSG atteignent en moyenne 38%). En plus de Verratti, Motta et Pastore, Paris a besoin d’un quatrième milieu susceptible de garder la balle et de contrôler le rythme de la rencontre quand les trois premiers ne sont plus sur le terrain.
  • On essaiera d’écrire un article sur le visage potentiel de ce quatrième milieu (un joueur de rotation ou d’avenir donc, pas un cador) après la fin de la saison. Quelques noms à la volée : Milan Badelj, Jonathan Dos Santos, Ki Sung-Yueng, Ander Iturraspe, Morgan Sanson, Jordy Clasie, Granit Xhaka et d’autres. Évidemment, tout change si Paul Pogba débarque.
  • Le FC Nantes est valeureux et le FC Nantes est violent. La charnière Vizcarrondo-Djilobodji est sans doute la plus virile de France et les coups donnés par Lucas Deaux au milieu ne soulagent pas les adversaires des Canaris. Se rendre à la Beaujoire, c’est être sûr de repartir avec des bleus.
  • On se félicite des initiatives audacieuses prises par les adversaires du PSG ces dernières semaines, mais les vingt mètres offerts dans le dos de la défense à Cavani, Matuidi et Lavezzi, c’est plus de la folie que de l’audace.
  • Si le PSG doit perdre le titre lors des trois derniers matchs, la rencontre à Montpellier, sans Verratti et Motta (suspendus), a une belle tête de vainqueur.
  • Blaise Matuidi est un ailier gauche.
  • Et Papy Djilobodji est plutôt ambitieux.

Raphaël Cosmidis (Cahiers du Football, RMC) pour 24, Commandant Guilbaud, un blog que nous vous conseillons vivement de suivre.


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