Présent dans le groupe parisien pour Guingamp/PSG, Timothée Taufflieb sera officiellement champion de France s'il entre en jeu. Et à l'ère du « Rêvons plus grand », il est indispensable qu'il rentre pour valider son incroyable histoire.
Une incroyable trajectoire
Il y a trois ans environ, à la même époque de l'année, Timothée Taufflieb avait encore 20 ans et jouait avec le FC Franconville dans un des championnats régionaux parisiens, la très physique Division Supérieure Régionale, soit la 7ème division nationale. Il est un joueur qui,comme beaucoup, n'a pas eu la chance d'intégrer un centre de formation dans la durée et joue pour le plaisir. Il se fait toutefois repérer et signe au PSG pour la saison suivante.
Dans le PSG qu'il rejoint, celui de la section amateurs, il n'est pas question de Zlatan Ibrahimovic et de Carlo Ancelotti puisqu'il s'agit de l'équipe de division d'honneur du PSG, avec son coach mythique Carlos et ses figures (le gardien Johnny, le défenseur central Yvon, le milieu Arnaud, l'attaquant Anouar, etc). L'histoire prend déjà une belle tournure quand il intégère en cours de saison dernière la réserve du PSG, alors dirigée par David Bechkoura. De la DSR (la 3e équipe parisienne a été reléguée entre temps), Taufflieb change déjà de dimension et intègre donc la 4ème division nationale.
Un choix sportif que l'on peut discuter
Dans ce championnat de France amateurs qu'il découvre, il s'impose rapidement comme un ailier fiable sur son côté droit et fait son trou, finissant même meilleur buteur de la réserve avec 7 buts en 21 matches. Cette année réussie lui permet de participer au stage des pros en Autriche l'été dernier mais aussi à une partie de la tournée aux Etats-Unis, un honneur réservé à lui, Nkunku, Demoncy et Eboa-Eboa. Il est finalement exempté de la fin quand les cadors reviennent mais a au moins vécu durant l'été des péripéties difficilement envisageables un an plus tôt, quand il reprenait avec la troisième équipe parisienne.
Car s'il est un ailier performant pour le championnat de CFA, il est difficile de lui imaginer un avenir dans le PSG des professionnels. Il bénéficie certes d'un contrat de ce type vu sa situation mais reste un joueur étiquetté comme un « grand frère » de la réserve, présent pour encadrer une jeunesse aussi talentueuse qu'imprévisible. Ce n'est pas lui faire injure que de dire que Jonathan Ikoné, ailier champion d'Europe U17 l'an passé et que le PSG tente de faire signer pro, aurait pu être à sa place si la logique de valorisation du centre de formation avait prévalu.
Autant bien finir cette belle histoire
Laurent Blanc a fait un autre choix en prenant Taufflieb, joueur de devoir à la mentalité exemplaire, plus mûr mais probablement moins talentueux que d'autres qui auraient pu être à sa place. Et c'est là que le coach parisien doit aller jusqu'au bout et faire jouer l'ailier. En trois ans, Taufflieb est passé de la 7ème division à la feuille de match du champion de France lors d'une rencontre de Ligue 1, une trajectoire complètement hors norme du football français. Même Ngolo Kanté, autre comète du moment, ne peut pas prétendre à une trajectoire pareille.
Aujourd'hui, le grand PSG de QSI va disputer un match qui n'a strictement aucun intérêt à son échelle, celle d'une équipe déjà championne et concentrée sur son rêve de Ligue des Champions. Pour autant, quand on annonce à longueur d'année qu'il faut « rêver plus grand », faire participer à une rencontre de Ligue 1 un joueur construit et déstiné au monde amateur en serait une sorte de preuve ultime. Et peu importe que le PSG croule sous l'argent et écrase le football français, il pourra se targuer d'avoir fait d'un simple joueur amateur un champion de France. Un bonheur simple, et digne des rêves les plus fous.
