Affrontement entre deux coaches qui se connaissent bien, la demi-finale PSG/Leipzig promet d'être un duel tactique au cours duquel les deux coaches vont se rendre coup pour coup. Petite revue tactique avant la partie.
Un PSG en 4-2-3-1 pour jouer sur les côtés ?
Alors qu'il a souvent joué en 4-4-2 cette saison, avec Icardi et Mbappé sur la même ligne en attaque, le PSG pourrait évoluer dans un 4-2-3-1 selon divers échos de presse, Neymar prenant l'axe quand Mbappé et Di Maria seraient les joueurs de côté. Côté Leipzig, c'est une organisation défensive habituelle qui est attendue, celle vue contre l'Atlético notamment, et cela donnerait donc la configuration théorique suivante :
Face à l'Atlético, Leipzig a su très bien limiter l'accès aux half-spaces grâce au positionnement de Sabitzer et Nkunku face à la relance adverse.
Le 4-2-3-1 peut être une réponse efficace pour contourner ce bloc très dense dans l'axe afin de toucher Mbappé et Di Maria :
Pour l'Atlético, c'est d'ailleurs la seule chose qui avait fonctionné dans le jeu sur le côté gauche avec le tandem Lodi-Carrasco... soutenu ensuite par l'entrée en jeu de Joao Felix.
Une fois les ailiers touchés, il faudra du mouvement autour d'eux : comme Lodi avec Carrasco, Bernat et Kehrer devront accompagner les joueurs devant eux. A défaut de toucher le ballon (ce qu'il a d'ailleurs très peu fait lors des dernis matches...), Icardi devra fixer le défenseur central côté ballon afin de permettre à Neymar d'offrir un soutien dans l'axe.
L'idée est de créer une situation d'égalité numérique dans la zone (4 contre 4) grâce à la montée du latéral et au soutien de Neymar :
Vu les individualités parisiennes, Leipzig voudra éviter cette configuration de 4 contre 4 dans cette zone proche de sa surface de réparation. Conséquence : des joueurs coulissent pour resserrer et en libèrent d'autres. Si Dani Olmo redescend, le PSG devra ressortir par le milieu. Si Kampl accompagne Laimer pour Neymar, Di Maria pourrait en profiter :
Pour Leipzig, il s'agira d'avoir le bloc le plus compact possible sur ces séquences de possession adverse. A voir si les Parisiens auront les capacités pour sortir de ces zones denses afin d'exploiter les espaces à l'opposé en renversant le jeu pour Kehrer ou Bernat selon le côté initial de l'attaque :
Reste à savoir si Leipzig se présentera vraiment dans le même système défensif que face à l'Atlético. Nagelsmann étant lui aussi un habitué de l'adaptation dans les gros matchs, il ne serait pas étonnant de le voir aligner le même onze en l'ajustant sur certains points.
Le PSG en 4-3-3 comme face à l'Atalanta ?
Le PSG pourrait aussi évoluer en 4-3-3 plus qu'en 4-2-3-1, comme face à l'Atalanta : Neymar dans l'axe dans une position entre faux 9 et vrai 10, Mbappé et Di Maria sur chacun des côtés à la place de Sarabia et Icardi. Une configuration qui peut être résumée ainsi :
Mais si Paris joue vraiment comme ça, la première grande question concerne l'identité du joueur placé à la pointe de l'attaque : Neymar ou Mbappé. Les deux hypothèses sont valables.
D'abord la phase défensive (face au possible 3-1-5-1 adverse). Le 4-5-1 offre plus de certitudes défensives - pour peu que les ailiers défendent.
Sur le papier, il stoppe la progression adverse et doit permettre de défendre en avançant en cas de passe neutre ou en retrait.
Sur ce point, l'activité défensive des trois attaquants sera primordiale et reste une inconnue à ce jour (surtout pour un Mbappé qui manque de culture défensive quand la volonté est présente).
Si Mbappé est aligné en pointe, il sera une menace en cas de récupération. Ses appels dans le dos de Klostermann et Halstenberg peuvent faire de gros dégâts et obliger Upamecano à sortir de sa zone de confort dans l'axe. Reste à savoir combien de Parisiens l'accompagneront :
Du 4-2-3-1 au 4-3-3, le projet en possession devrait rester le même : contourner le bloc de Leipzig et travailler sur les ailes.
Plus de n°10 entre les lignes, même si on peut imaginer des projections d'Ander côté droit. Mais l'entente Ney-Mbappé suffira peut-être à gauche.
Bref, il sera encore plus dépendant de Ney-Mbappé sur attaque placée mais ce PSG en 4-3-3 semble aussi plus armé pour tenir et attendre l'erreur. Mais encore faut-il que tout le monde défende.
Une équipe plus gestionnaire donc, tout en conservant l'option du 4-2-3-1 si le scénario le demande.
Les interrogations de la défense parisienne
Autre point, plus court et qui concerne l'aspect défensif : il existe une grande interrogation à propos de la capacité du 4-2-3-1 parisien à lutter sur les deuxièmes ballons. Dans ce domaine, le 4-3-3 apporte une densité de joueurs qui aide à défendre contre cette arme mais offre en revanche une solution courte de plus à Leipzig avec les décrochages de Kampl. Si ce dernier permet à son équipe de sortir court, les attaquants devront rapidement faire l'effort de revenir afin de reformer le bloc pour faire face à l'animation adverse en 3-1-5-1 (déjà évoquée plus haut).
En cas de pressing de l'Atlético, Leipzig est revenu plusieurs fois sur Gulasci afin d'allonger vers Poulsen, devenu l'avant-centre suite au départ de Timo Werner. Il peut y avoir danger pour Paris à la retombée pour peu que les attaquants se fassent aspirer par une première relance courte :
C'est d'autant plus vrai pour Paris qui possèdent des attaquants qui préfèrent - lorsqu'ils le font - défendre en avançant plutôt que de revenir vers leur but. A voir aussi les niveaux de forme physique pour faire ce type d'efforts durant 90 minutes.
Là encore, le PSG a une autre possibilité : laisser Leipzig ressortir court, compter sur un bloc solide avec des joueurs concernés défensivement (un autre doute...), réduire au maximum les espaces à un adversaire qui manque de créativité individuelle pour en créer... et frapper en transition.
Toutefois, on a vu face à l'Atlético que Leipzig était en capacité de manoeuvrer un 4-4-2 pourtant réputé très solide. Il ne leur avait d'ailleurs souvent manqué que la dernière passe...
Florent Toniutti / Vu du banc