C'est un Luis Enrique très offensif et en pleine forme qui s'est présenté en conférence de presse ce mardi à la veille de PSG/Barça. Confiant envers ses troupes, il n'a pas hésité à taquiner un peu son homologue Xavi malgré son lien avec le club catalan qu'il ne cache pas. Concernant l'absence de Hakimi, il a laissé la porte à toutes les solutions. Voici ses propos complets, traduits par nos soins.
Dans quel état d'esprit sentez-vous Mbappé avant ce match ? Est-ce qu'il y a toujours une petite excitation supplémentaire chez lui avant d'affronter un adversaire comme le Barça ? Et physiquement, comme le sentez-vous après l'avoir un peu ménagé ces derniers temps ?
« Ces deux matches arrivent au meilleur moment pour nous »
« Bonjour à tous (il répond en français puis enchaîne en espagnol). Vous m'interrogez sur un cas individuel et je vais vous répondre sur le collectif, qui m'intéresse plus. Je pense que nous sommes dans le meilleur moment de la saison avec de grandes dispositions. Nous sommes dans un grand moment mental, physique et footballistique et je crois que ces deux matches arrivent au meilleur moment pour nous. »
Vous parlez souvent d'ambition et non de pression. Est-ce que parfois, l'ambition ne peut pas amener quand même un peu de pression ?
« J’espère que l'ambition surmontera la pression, parce que nous, nous n'avons aucune pression. Absolument aucune. Et nous sommes ravis d'être à ce niveau de la compétition. J'ai constaté lors des premiers matches et de la phase de groupes qu'il y avait un excès de responsabilités. Je crois que cela a disparu et laissé place à un enthousiasme général de tout le monde - nos supporters, le club, les joueurs - et à une ambition énorme. Nous avons beaucoup d'envie de jouer ce tour contre un grand Barça et d'être capable de le passer. »
Quels avantages avez-vous de connaître le Barça, ses joueurs, ainsi que d'avoir été l'artisan de la remontada ?
« Je suis désolé, mais je ne connais pas Xavi en tant qu'entraîneur »
« Pour commencer, je suis désolé, mais je ne connais pas Xavi en tant qu'entraîneur. Je le connais comme n'importe quel supporter, mais je n'ai pas eu la chance d'être entraîné par lui. Je connais le Xavi coéquipier, car j'ai joué plusieurs années avec lui en étant son capitaine. Je connais aussi le Xavi joueur parce que j'ai été son entraîneur, mais le Xavi entraîneur, je le connais de la même manière que vous ou comme n'importe quel amoureux du football. Je connais en revanche très bien le Barça, le club et beaucoup de ses joueurs. Je ne suis pas persuadé que cela soit un avantage ou un inconvénient. Ce que je sais en revanche, c'est que c'est un match très spécial pour moi, pour ce qu'il signifie au niveau émotionnel, mais avec l'expérience que j'ai, je suis plus que prêt pour résoudre ce genre de matches et donner le maximum pour mon équipe. »
Achraf Hakimi est suspendu demain. Est-ce que vous avez trouvé une solution pour le remplacer ? Est-ce que vous avez une préférence entre Marquinhos et Zaïre-Emery ?
« Comme tous les entraîneurs, j'ai l'habitude de trouver des solutions quand des joueurs importants sont absents. Mais rien de bien anormal pour un entraîneur de haut niveau. J'ai des ressources et une équipe pour pouvoir faire face à des blessures ou des suspensions. J'ai déjà pris ma décision. Vous verrez demain. »
En tant que socio du Barça, que ressentez-vous avant un tel match ?
« Je l'ai déjà dit plusieurs fois auparavant, c'est un match différent pour moi. Totalement différent. Mais j'ai aussi affronté le Sporting Gijon (son club de coeur, ndlr) en tant que joueur et j'avais marqué et gagné le match. Alors affronter le Barça en tant que joueur ou entraîneur... au final, tu es un professionnel. C'est évident qu'avec le Barça, j'ai une relation d'amour total depuis des années, mais mon métier passe avant, tout comme le club qui m'a fait confiance après mon passage sur le banc de la sélection. Je suis totalement convaincu par ce projet, totalement convaincu de pouvoir offrir au club des victoires et des titres. Et j'ai hâte d'être à la hauteur de cette double confrontation. »
Hakimi étant suspendu, est-il possible de faire passer son rôle à gauche avec Nuno Mendes et d'utiliser cette force offensive que peut avoir le Portugais ?
« Tout est possible. Il s'agit de se servir des ressources de tes joueurs, de ton équipe. Quand j'ai un joueur important qui est absent, j'ai pour habitude d'envoyer un message différent en faisant passer cette chose négative pour une chose positive. Cette absence va permettre de voir un autre joueur dans un match de très haut niveau et voir la capacité de l'équipe à résoudre avec ses ressources, qui sont nombreuses, cet aléa. Donc en fin de compte, au lieu de voir un problème, moi je vois une opportunité. »
Historiquement, dans les grandes confrontations européennes, les joueurs et entraîneurs aiment jouer le match retour à domicile. Ce ne sera pas le cas pour vous face au Barça. Est-ce un désavantage selon vous ?
« Comme vous le savez, je suis un peu différent des autres. Je dirais même plus, depuis que la règle des buts à l'extérieur n'existe plus, moi je préfère jouer le premier match à domicile. Pourquoi ? Parce qu'à la maison, nous allons avoir une ambiance unique que je connais en tant qu'adversaire et désormais en tant qu'entraîneur du PSG. Une ambiance incroyable, avec des supporters qui vont nous soutenir quand on sera en difficulté. Ils vont nous soutenir jusqu'au bout et nous, nous allons donner le maximum. Donc je préfère jouer le premier match à la maison. Mais si on avait dû jouer le premier match à l'extérieur, je vous aurais répondu que je préfère jouer le premier match à l'extérieur (sourire). Je n'ai pas envie de me plaindre en fait et j'ai toujours envie de voir le côté positif des choses. Qu'est-ce que je peux contrôler ? L'état de mes joueurs, l'ambition de mon équipe. Le reste ? Que ce soit ici ou là-bas, on va jouer pour gagner. C'est ça notre objectif. On verra si on y arrive. »
Plusieurs joueurs du Barça sont sous la menace d'une suspension. Est-ce que c'est un avantage pour vous ? Est-ce que vous allez cibler ces joueurs ?
« Je préférerais que le Barça puisse aligner tous ses joueurs, même ceux blessés, même Gavi »
« C'est vrai qu'il y a plusieurs joueurs du Barça qui pourraient manquer le retour s'ils sont avertis demain. Mais nous avons aussi quelques joueurs sous la menace d'une suspension. Mais je le répète, ce n'est pas quelque chose qui m'intéresse beaucoup. Je vais même aller plus loin, je préférerais que le Barça puisse aligner tous ses joueurs, même ceux blessés, même Gavi. Mais c'est évidemment impossible puisqu'il est forfait. Tout ça pour dire que j'aimerais jouer le meilleur Barça possible car c'est le genre de matches dans lesquels j'aime voir les meilleurs joueurs sur le terrain. Mais mon désir est toujours d'affronter un adversaire au top de sa forme. Que le meilleur gagne et que le meilleur se qualifie pour le tour suivant. »
Que craignez-vous le plus chez le Barça ?
« Je ne vais évidemment pas parler de leur point faible. Et concernant leur point fort, personne ne peut penser qu'il s'agit d'un faible Barça. C'est un Barça dans une bonne dynamique, en forme offensivement, avec des individualités au top. Un Barça avec une certaine expérience, qui a déjà gagné cinq fois cette compétition. Ce sera un match difficile et compliqué pour nous, mais aussi très stimulant. J'espère que les deux matches se passeront dans un climat sain et qu'on verra deux très bons matches de football. »
Qui entre vous et Xavi représente le plus l'esprit footballistique du Barça ?
« Moi, sans aucun doute. Ce n'est pas une opinion, c'est factuel, regardez les chiffres. Regardez les chiffres de possession du ballon, d'occasions de but, de pressing haut. Regardez les titres, les trophées... Il n'y aucun doute, c'est moi. Après bien sûr, certains peuvent penser différemment, mais je le répète, c'est moi (qui représente le mieux le Barça), sans aucun doute. »
Les deux équipes vont vouloir le ballon. A quel match vous attendez-vous ?
« Les deux équipes auront la même idée, la même ambition d'avoir le ballon, de dominer l'adversaire, de générer des occasions, de presser haut »
« Les deux équipes auront la même idée, la même ambition d'avoir le ballon, de dominer l'adversaire, de générer des occasions, de presser haut. Ce sera notre objectif : être meilleur que le Barça dans tous ces aspects importants du match. Tout au long de ma carrière, ces différents aspects du jeu ont été à 99% en faveur de mes équipes. C'est pour ça que j'ai été aussi affirmatif lors de ma réponse précédente. Ce n'est pas une opinion, les chiffres le prouvent. Ce sont des faits. »
Par le passé, le PSG avait une énorme pression en Champions League. Vous, vous dites que la pression est sur le Barça. En quoi cela peut-il être un avantage pour le PSG cette année ?
« Oui, on peut gagner la Champions League, mais d'abord il faut battre le Barça en quart de finale, et ensuite passer les demi-finales, puis gagner la finale... Le chemin est long »
« La politique du club a clairement changé cette saison. Vous pouvez le voir avec le départ de joueurs qui ont été des légendes du club. On est désormais sur une ligne totalement différente. C'est aussi pour cela que je suis là. On est clairement sur la même longueur d'onde par rapport où on veut aller avec le club. A partir de là, j'explique simplement que ce n'est pas positif de mettre de la pression sur une équipe qui n'a jamais gagné la Ligue des champions. Cela ne veut pas dire que nous ne sommes pas ambitieux et que nous pensons que nous ne pouvons pas la gagner. Oui, on peut la gagner, mais d'abord il faut battre le Barça en quart de finale, et ensuite passer les demi-finales, puis gagner la finale... Le chemin est long. Mais nous sommes ambitieux pour essayer d'abord de passer ce quart de finale, mais ça ne sert à rien de se mettre la pression car en tant que club, on ne connaît pas ce trophée. »
Êtes-vous préoccupé par la menace terroriste qui plane sur le match ?
« Qui dans cette salle ou ailleurs dans le monde n'est pas préoccupé par cela ? J'espère que c'est quelque chose qui pourra être contrôlé, qu'il s'agira simplement de menaces et qu'il ne se passera rien de désastreux. Bien sûr que c'est inquiétant. »
Par rapport à tout ce que vous avez dit précédemment, acceptez-vous le statut de favori ?
« Même si je le refuse, des gens penseront que nous sommes favoris. Ce n'est pas quelque chose qui me préoccupe. Quand le ballon roulera sur la pelouse, on verra qui est le favori. Celui qui aura le plus le ballon, qui générera le plus d'occasions, qui pressera le mieux, qui sera le plus intense dans son pressing, qui sera le plus agressif, le plus efficace... voilà ce qui me préoccupe. Qu'on me colle l'étiquette de favori ou non, je m'en fiche. Au contraire, je préfère presque même qu'on me colle l'étiquette de victime. »
