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Stambouli, l'homme qui tombait mal

Publié le vendredi 17 juillet 2015 à 14:06 par Philippe Goguet
Pas encore arrivé au PSG, Benjamin Stambouli arrive pourtant pratiquement à faire l'unanimité, mais en sa défaveur. Analyse d'une situation contre laquelle le joueur ne peut pourtant pas faire grand chose.

Il vient de Premier League mais n'est ni argentin, ni international et encore moins désiré. Pas encore arrivé à Paris, Benjamin Stambouli réussit une performance à la Luccin, repoussé par ses futurs supporters sans n'avoir rien pu y faire. La foule attend Di Maria, depuis longtemps qui plus est, comme elle attendait Anelka à l'époque. Mais Stambouli n'y peut rien...

Né au mauvais endroit

Comme Luccin, Stambouli est un milieu défensif né à Marseille, il a un rapport fort avec sa ville qu'il n'a jamais caché, un amour que n'importe local partage d'ailleurs, à l'exception des sans-faces soudainement devenus fans du QSG après l'avoir appelé PDSG. Stambouli est le fils d'un ancien formateur et adjoint de l'OM, il a même porté le maillot olympien étant jeune avant de suivre son père à Sion, Sedan puis Montpellier. Depuis, le petit Stambouli fan de l'OM a fait de sa passion son métier et ses choix l'ont forcé à renier son âme de supporter. A deux reprises, il a refusé de rejoindre l'OM, notamment l'été dernier quand il s'est engagé avec Tottenham plutôt que de rejoindre son club de coeur. Alors, oui, si Stambouli signe au PSG, il sera un Marseillais avec les couleurs parisiennes, comme d'autres avant lui et probablement après. Et si Luccin fut un échec monumental, il est bon de rappeler que Jean-Pierre Dogliani, né à Marseille, formé et lancé par l'OM, a été un des grands joueurs de l'histoire du PSG, le propulsant même en première division il y a plus de 40 ans. 

A cette époque, le football était déjà professionnel et les choix des uns et des autres dépendaient plus des opportunités du portefeuille que des choix du coeur, même si les transferts étaient moins fréquents et les montants moins importants. Stambouli n'est pas le Totti de l'OM, il n'en sera peut-être même jamais un joueur tandis que bien d'autres actuellement au PSG montrent un attachement au club risible, parfois pas même compensés par des performances sportives de tout premier rang. Il est également bon de rappeler que, de Sakho à Chantôme, le club a vendu la plupart de ses joueurs les plus parisiens au cours de ses dernières années, faisant passer la politique sportive avant toutes les considérations de clocher dans lesquelles se reconnaissent les supporters.

Une arrivée secondaire qui ressemble à une priorité

Stambouli paye un passé qu'il n'a que peu choisi mais également une période médiatique où chaque annonce la plus folle est la plus commentée et reprise, la base de tout mercato. Depuis des mois, les supporters du PSG sont sevrés de folles rumeurs, fair-play financier oblige. La bride a été desserrée fin juin par l'UEFA et le supporter parisien habitué aux fastes de l'ère qatarie veut du nom clinquant, lui qui est privé de stars depuis deux ans. Il en a marre des Cabaye, David Luiz ou Aurier tandis que le sympathique Trapp a pour lui un goût de nouveauté et une bonne dose de folklore qui permettent de faire patienter. L'ancien capitaine de Francfort n'a pourtant pas plus de références que son alter ego montpelliérain : il est lui aussi né en 1990, il n'est pas non plus international et n'a jamais brillé plus haut que dans un club de seconde zone, Francfort n'étant guère meilleur que Montpellier. Mais Stambouli est de trop, il est déjà vaguement connu et c'est Di Maria qui est attendu. L'Argentin reste pourtant lui aussi sur un échec en Premier League malgré quelques bons passages mais il fait rêver, porte le maillot argentin, joue à MU et est un joueur capable de renforcer le onze de départ à très court terme, renvoyant loin dans la hiérarchie les très peu appréciés Lavezzi ou Bahebeck.

C'est là que le nom de Stambouli apparaît d'autant plus comme une incongruité. Son nom sort certes après le départ de Cabaye mais également au moment où l'histoire d'amour entre Motta et le PSG bat de l'aile. L'association est rapide et facile à faire : le PSG va remplacer son titulaire italien par ce remplaçant français d'un club de second rang. Là encore, le malheureux Stambouli trinque alors qu'il n'y est pour rien. Il n'est rien de plus que le remplaçant, certes en échec, d'un Cabaye devenu le cinquième choix du milieu de terrain, autant dire qu'il devrait être le cadet des soucis des supporters parisiens, celui dont on demande des nouvelles avant les matches de Coupe de la Ligue, pas loin du rôle de Chantôme l'an passé. Le transfert de Stambouli est un non-événement, soudainement propulsé sur le devant de la scène par l'absence d'actualités croustillantes. A 8M€, il s'agit d'un des plus petits transferts de l'ère qatarie, une ère où l'importance se mesure au nombre de zéros sur le chèque.

Une réponse à un besoin précis

Pour autant, s'il est un joueur qui n'est pas appelé à jouer beaucoup, il répond parfaitement de par son profil à deux besoins très précis du PSG. En L1, Stambouli était un milieu défensif reconnu, notamment pour sa capacité à remplir des missions défensives devant la défense, la soulager, faire tampon devant elle. A Tottenham, c'est en étouffant Wayne Rooney un soir de décembre 2014 que Stambouli avait le plus convaincu. Au PSG, il n'y a absolument personne capable de tenir ce rôle ingrat et on a même parfois vu l'hyper polyvalent Marquinhos s'y coller quand Motta était absent. De son côté, l'Italien est un relanceur plus qu'un défensif tandis que Verratti, Matuidi et Rabiot s'épanouissent plus haut sur le terrain. Et Stambouli arrive aussi pour remplir cette mission-là, spécifique, rare au PSG mais parfois précieuse. Oui, Paris s'était fait déchirer contre Barcelone quand ses Italiens étaient absents et ne tenaient pas le ballon. Non, ce n'est pas Stambouli qui aurait changé la phase de ce match. Mais il aurait au moins apporté un semblant de solidité à une équipe souvent en difficulté quand elle est privée du ballon et forcée à défendre.

Outre ce rôle au milieu du terrain, l'ancien Montpelliérain a également des aptitudes en défense centrale, un secteur où le gouffre est énorme entre le troisième choix, l'international brésilien Marquinhos, et le quatrième, le jeune Kimpembe et ses 16 minutes en professionnel. Cette limite forte de l'effectif s'est encore vue le week-end dernier quand Laurent Blanc s'est résigné à aligner Serge Aurier en défense centrale, alors même que le latéral droit doit préparer sa saison comme les autres. A ce niveau-là et vu la fragilité des deux titulaires, Stambouli offre une garantie à moindre frais sur ce poste, évitant au PSG de gaspiller de l'argent pour un quatrième rôle.

Un renfort à juger dans la durée

Dans le pire des cas, Stambouli sera un échec au PSG, il ne jouera pas ou peu et repartira par la petite porte, celle-là même par laquelle il est arrivé. Le PSG en tirera quelques millions en le refourguant à un club de l'élite prêt à le relancer, la marche entre le PSG et les autres étant grande et surtout connue. Jallet est l'exemple même du rebond réussi à l'OL et Stambouli n'a pas un statut inférieur à celui du latéral, il pourra donc suivre cette voie. Pour le PSG, les risques sont limités vu l'investissement initial et la plus-value attendue. Stambouli va coûter le tiers d'un Cabaye, aura probablement un des plus petits salaires du groupe professionnel et ne peut prétendre à rien vu son statut actuel. Paris aura finalement remplacé Cabaye par un joueur dont le niveau ne peut pas être bien éloigné vu les 18 mois passés au PSG, sera moins gêné par le statut du joueur et disposera d'un remplaçant dont les ambitions ne peuvent être légitimées que par ses performances sur le terrain.

Il est de coutume de dire que la qualité d'un recrutement se juge à la fin du mercato, voire même à la fin de la saison qui suit, et la situation actuelle tend à le prouver. Stambouli va arriver dans un effectif où figurent Motta, Verratti, Matuidi et Rabiot comme milieux de terrain. Si Motta s'en va, il est évident qu'un poids lourd va débarquer, le PSG ne pouvant se contenter de Stambouli pour remplacer l'Italien. Certes, Stambouli ne représente pas vraiment une menace pour l'Italien mais toute la difficulté du recrutement actuel se situe dans cette nuance entre doublure et concurrence. D'un côté, Motta estime que la concurrence est positive et en réclame. De l'autre, il se dit mal considéré par le club. Si le PSG achète un cador à son poste, Motta utilisera cet argument pour forcer son départ. En prenant Stambouli, le PSG ne fait que conforter la place de l'Italien, lui offrant une réelle démonstration de la considération qu'il a pour lui. 

Bien évidemment, le milieu de terrain parisien en général ne se renforce pas significativement avec l'arrivée de Stambouli à la place de Cabaye. Il n'apporte pas de concurrence, tout juste de la présence, et ce n'est pas lui qui va permettre de garder le même niveau de compétitivité dès lors que Verratti ou Motta sont absents. Mais ce n'est pas ce qui attendu de lui. S'il est en fin de mercato la seule retouche du milieu parisien, on pourra alors parler d'un recrutement raté, de façon incontestable. Mais pour l'instant, le mercato est bien loin d'être fini. Pour le PSG, il n'a même débuté que le 1er juillet dernier et Paris se situe à peine au quart du temps dont il dispose pour renforcer significativement son effectif. Pour le moment, lyncher Stambouli n'a pas de sens, non seulement parce qu'il est amené à avoir un rôle marginal mais surtout parce qu'il ne représente qu'un choix des dirigeants, certes discutable par son passé. S'il est effectivement la seule recrue du milieu parisien à la fin de l'été, la situation sera alors bien différente et la question de cette arrivée prendra une toute autre importance. Le joueur sera soudainement soumis à une pression bien plus forte, idem pour les dirigeants qui l'ont fait venir. Mais pour l'instant, on est encore bien loin de tout ça et Stambouli mérite, si ce n'est un soutien qu'il devra gagner, au moins de l'objectivité.


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