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Malgré le nul, l'Italie et Verratti entrevoient la lumière

Publié le dimanche 18 novembre 2018 à 9:22 par Matthieu Martinelli
Au terme d’une rencontre qu’elle a dominée dans les grandes largeurs jusqu’à l’heure de jeu, avant de baisser progressivement le pied, l’Italie a concédé un match nul et vierge face au Portugal, qui ne lui permet pas de se qualifier pour le final four de la Ligue des Nations en juin prochain, mais qui confirme les nets progrès entrevus lors de la dernière trêve.

La Nazionale va beaucoup mieux

Suite logique de la victoire convaincante en Pologne, qui marquait l’émergence d’une nouvelle identité pour la Nazionale, basée sur une large possession, un jeu de passes courtes et un pressing efficace à la perte, le sélectionneur Roberto Mancini avait décidé de reconduire un XI très similaire (avec Immobile remplaçant Bernardeschi, forfait sur blessure), et plus fondamentalement, la même animation avec le ballon. Pour rappel, la construction italienne s’organise comme autour des mécanismes suivants :

  • Le latéral droit, Florenzi, se recentre et fait office de troisième défenseur d’une ligne dirigée par Bonucci en libéro, pendant que Chiesa (à droite) et Biraghi (à gauche) donnent la largeur d’un 3-4-3 italien en possession.
  • L’essentiel de la manœuvre est orienté côté gauche, autour du triangle Jorginho (n°6), Verratti (relayeur gauche) et Insigne (ailier gauche à la zone d’activité principalement axiale, entre les lignes). L’objectif étant clair, il s’agit de recréer les triangles napolitains de l’époque Sarri, avec le milieu parisien dans le rôle alors dévolu à Hamsik.
  • Côté opposé, Chiesa apporte la largeur avec l’espoir d’une contribution aussi importante que Callejon et l’excellent Barella complète le duo Jorginho-Verratti en fonction de leurs besoins, alternant positions entre les lignes, au large ou à leur hauteur pour faire vivre la circulation. 
  • Enfin, Immobile est chargé de donner un sens à l’excellente qualité de passe en profondeur du duo de métronomes azzurro par ses appels.

Dans la lignée de ses dernières prestations, c’est peu dire que l’Italie a convaincu pendant une heure, et ce face à un adversaire d’un autre calibre que ceux rencontrés il y a un mois. Prenant le jeu à son compte (jusqu’à 72% de possession à la mi-temps, 372 passes réussies contre 98 pour l’équipe de Fernando Santos) et s’échappant facilement du pressing adverse grâce à la grande maîtrise de ses manieurs de ballons, la sélection du Mancio n’a eu aucun mal à trouver Insigne en position favorable au cœur du bloc adverse par de rapides jeux en triangle, sans toutefois réussir à concrétiser ses occasions, Immobile se montrant une nouvelle fois imprécis sous le maillot azzurro. Si ce défaut récurrent qui ne permet pas à l’Italie de tuer ses matchs a peu de chances de se résorber à court terme par manque de relève à ce poste, une autre limite de cette équipe, plus embêtante, semble émerger. Comme face à la Pologne et l’Ukraine, l’heure de jeu fait office d’autonomie maximale pour cette équipe, qui perd alors en continuité dans le camp adverse et voit ses distances s’étirer, un grand problème pour des joueurs qui ne brillent pas par leur puissance physique. Un problème de moteur qui se révèle d’autant plus problématique qu’il aggrave le problème de finition : l’Italie arrive au milieu de la seconde mi-temps sans avoir fait le break et, baissant le pied, se retrouve alors à la merci de l’équipe adverse. Cette fois, c’est le Portugal qui aurait pu en profiter sans une très belle parade de Donnarumma sur une frappe à l’entrée des 16 mètres de William Carvalho.

Le récital de Verratti

Au cœur de la domination italienne, Marco Verratti a livré un véritable récital, à tel point que la question n’est pas de savoir s’il s’agit de son meilleur match avec son équipe nationale, mais plutôt, depuis combien de temps on ne l’avait pas vu à ce niveau tout court. Le duo avec Jorginho a amplement confirmé ses promesses de l’automne (encore près d’une soixantaine d’échanges entre les deux joueurs en 80 minutes, au-dessus des standards historiques avec Motta à Paris), et ce malgré le répondant supérieur en face, et le trio avec Insigne a accouché de mouvements collectifs sublimes. Avec un schéma qui se répétait inlassablement : les échanges répétés entre le Londonien et le Parisien ainsi que leurs constantes permutations attiraient leurs homologues portugais… et les mettaient hors de position, facilitant la possibilité de trouver le Napolitain entre les lignes.  Très en jambes, comme en attestent ses nombreux ballons récupérés sur des tacles glissés, le petit hibou a ajouté un côté virtuose à sa partition de métronome. Talonnades en une touche dans la course d’un partenaire, ouvertures en profondeur pour mettre Immobile en face-à-face avec Rui Patricio, conservations sous pression, passes sur un pas de l’extérieur du pied… Tout y est passé, et la panoplie n’eut été complète sans quelques numéros devant sa propre surface qui ont dû donner quelques sueurs froides à des tifosi italiens qui n’ont jamais vu leur équipe adopter ce style de jeu, de même que les supporters parisiens frissonnaient devant les risques pris par Il Gufetto lors de ses premiers pas sous le maillot du PSG. 

Une prestation référence donc avec son équipe nationale jusqu’à sa sortie à la 81ème minute pour faire place à Lorenzo Pellegrini, mais qui ne manquera pas d’interroger à Paris, alors que le Parc peine à voir depuis plusieurs mois la meilleure version de son petit Italien avec régularité. Après plusieurs années où les Parisiens étaient les seuls à voir Verratti sous son meilleur jour, pendant que les transalpins évoquaient avec sévérité un talent gâché et un éternel espoir à chaque apparition en sélection, la tendance serait-elle sur le point de s’inverser ? Dans ce contexte, le cadre collectif dans lequel évolue Verratti apparaît décisif et fait écho aux récentes déclarations de Laurent Blanc, qui soulignait dans France Football le manque laissé par Thiago Motta au PSG. En voyant l’Italien comme un poisson dans l’eau flanqué de Jorginho, et bénéficiant d’une multitude de solutions courtes vers l’avant en particulier avec Insigne, il était ainsi difficile de ne pas penser à ce match au Vélodrome seul au milieu du désert parisien de l’entrejeu, à se contenter de passes répétitives avec ses défenseurs, jusqu’à ce que Neymar décroche à sa hauteur et lance une action. L’idéal pour Paris serait alors d’utiliser le Brésilien à la manière d’un Insigne toujours entre les lignes ce soir, mais les limites de son effectif permettent-elles vraiment de se calquer sur ce même schéma ? Il n’aura échappé à personne que le PSG n’a pas de Jorginho dans son effectif.

Quoi qu’il en soit, un an après le désastre face à la Suède, l’Italie semble enfin repartir sur des fondations solides qui correspondent aux qualités de ses meilleurs éléments, et qui  par ailleurs tranchent singulièrement avec sa tradition footballistique. Un processus assurément à suivre, ne serait-ce que pour revoir le « vrai » Verratti, même si les carences d’effectif à certains postes limitent forcément les ambitions de cette Nazionale new-look.


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