S’il y a bien un domaine qui a dû décevoir Mauricio Pochettino mercredi soir pour sa première à Saint-Etienne, c’est celui des centres. Avec seulement deux tentatives réussies sur vingt-deux, les Parisiens ont réalisé leur pire performance de la saison. Tentative de décryptage.
On ne sait pas si lors des trois séances d’entraînement sous les ordres du nouveau staff, les joueurs du PSG ont pu montrer l’étendue de leur talent dans ce domaine, mais en tous les cas, désormais, après ce match 1 de l’ère Pochettino, le coach argentin connaît au moins un des axes de travail prioritaires : les centres.
A Geoffroy Guichard en effet, le PSG n’a réussi que 2 centres sur 22 : un par Dagba et l’autre par Di Maria.
La palme de la soirée revient à Bakker qui a pathétiquement échoué dans ses sept essais.
Alors, comment expliquer cette faillite ?
Limites techniques, profil des attaquants, localisation des centres, manque d’automatismes
Les limites propres aux centreurs, le latéral néerlandais en particulier, ne peuvent en premier lieu pas être occultées. Dans plusieurs situations, on a senti Bakker, ou même Dagba, le nez dans le guidon au moment de centrer, sans être en capacité de prendre le temps de s’informer du positionnement des attaquants. Parfois, c’est tout simplement la justesse technique qui a fait défaut.
Le manque de présence offensive doit également être invoqué. Hormis Kean qui a un bon jeu de tête et semble plutôt adroit pour se démarquer et réceptionner les centres, aucun autre joueur mercredi soir ne semblait en mesure de reprendre un centre. Cela ne fait pas partie des caractéristiques de Mbappé et Di Maria. Quant à Verratti, le plus offensif des milieux à St-Etienne, il n’est pas vraiment réputé pour son sens du démarquage et du but. Multiplier autant les centres avec un renard comme Icardi présent dans la surface aurait en revanche eu plus de sens. 22 centres avec si peu d’atouts « in the box », c’est du gâchis.
La localisation des centres est également à prendre en considération. Dans un récent article pour Coparena, Julien Assunçao expliquait qu’il avait été démontré statistiquement que non seulement les centres n’étaient pas vraiment une arme fiable (le taux de conversion en but est de 1.4 % : il faut donc en moyenne 71 centres pour marquer une fois), mais qu’en outre il y avait une zone où les centres avaient plus de chances d’aboutir (la zone « départ » dans l’image ci-dessous).
Or, face aux hommes de Claude Puel, les Parisiens ont plutôt centré à partir de zones plus éloignées, et donc avec moins de chances de trouver un coéquipier :
On voit dans l’image ci-dessus issue du site Whoscored qu’aucun centre de la gauche par exemple n’a été pris de l’intérieur de la surface de réparation, réduisant d’autant les chances de succès. Pire même, une grosse partie des centres trouve son origine dans des zones assez éloignées du but, rendant donc la probabilité de toucher un attaquant encore plus aléatoire.
Enfin, comment ne pas mettre en avant le manque d’automatismes ? Au-delà du fait que Pochettino venait d’arriver, la relation centreur-attaquant demande de la complicité, une connaissance des déplacements de l’autre, un sens du timing que n’ont pas les protagonistes actuels pour la simple raison qu’ils disputent, globalement, leur première saison ensemble : Bakker et Kean ont une grosse dizaine de matches en Ligue 1 dans les jambes et les titularisations de Dagba sont trop épisodiques pour nouer une véritable relation avec ses attaquants. Sans même parler de Pembélé qui fait ses tout premiers pas.
Le PSG a cette saison déjà utilisé cinq joueurs différents au poste d’arrière droit et autant à celui de latéral gauche ! Difficile de nouer de la complicité dans ces conditions.
D’ailleurs, les deux latéraux les plus utilisés (Florenzi et Bakker) ont fait leurs débuts sous les couleurs parisiennes cette saison.
Quelques motifs d’espoir cependant
Pourtant, tout ne semble pas perdu. Tout d’abord parce que, malgré la performance catastrophique de mercredi soir, les stats parisiennes en matière de centres sont quand même en hausse par rapport aux dernières saisons.
Avec le 0/17 face à Bordeaux, le 2/22 de mercredi fait en effet partie des pires prestations de la saison en la matière.
En moyenne depuis le début de saison, le PSG réussit 23.5 % de ses centres. C’est bien mieux que le 9 % de Geoffroy Guichard. C’est surtout mieux que les saisons antérieures. La saison dernière par exemple, le PSG ne réussissait que 20.2 % de ses centres.
On voit sur le graphique ci-dessus que le taux de réussite, sans être extraordinaire (23.5 %), est le meilleur des quatre derniers exercices.
Le principal responsable de ce taux en progrès se nomme Alessandro Florenzi. L’Italien a déjà réussi 15 centres cette saison, soit autant à lui seul que les deux latéraux titulaires, Meunier et Bernat, sur l’ensemble de la saison (certes tronquée) de Ligue 1 en 2019-2020 (11 pour le Belge, 4 pour l’Espagnol).
Le taux de réussite de Florenzi dans l’exercice est en outre bon (33 %). Rien d’anormal pour celui qui tournait à 32 % lors de sa dernière saison pleine avec la Roma (2018-19) par exemple.
A gauche aussi, il y a peut-être de l’espoir : avant son match catastrophe de mercredi, Bakker était à 31 % de réussite et Kurzawa reste sur un 4 sur 4 à Lille fin décembre (ce qui signifie en passant qu’il a réussi en un match cette saison autant de centres que sur toute la saison précédente).
Alors, avec quelques entraînements « à la Pochettino » et le retour de Florenzi, on a bon espoir de voir le scénario catastrophe de mercredi ne plus se répéter.