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Attaque, défense, points forts et faibles, la saison 2018/2019 d'Alves vue par les stats

Publié le dimanche 23 juin 2019 à 21:50 par Thibaut B. / ParisStatsGermain.fr
La nouvelle est donc tombée ce dimanche, annoncée par l’intéressé lui-même : Daniel Aves ne prolongera pas son aventure avec le Paris SG. Dans quelle mesure son départ constitue une grosse perte pour le PSG ? Stats à l’appui, nous allons essayer de répondre à cette question en mettant en évidence les forces, mais aussi les limites du jeu du capitaine actuel de la Seleção.

Fallait-il ou non offrir un nouveau contrat correspondant aux exigences de Dani Alves ? La question agite la communauté des supporters parisiens. Chacun y allant de son argumentaire (âge, expérience, caractère, amitié avec Neymar, lenteur…) pour défendre sa thèse. A l’aide des statistiques, nous allons essayer d’alimenter la réflexion.

Comme à l’accoutumée, les données sont issues du site Whoscored. Néanmoins, ce dernier ne fournit des données que depuis la saison 2009-2010, ce qui correspond à la seconde saison du Brésilien à Barcelone (sa 1ère saison catalane et ses cinq années sévillanes ne pourront donc pas être utilisées dans l’analyse). Ou comment prendre encore plus conscience, par ce genre de petit détail, de l’incroyable longévité du bonhomme…

De manière schématique, nous commencerons par distinguer ce qui ressort positivement de sa dernière saison, avant de mettre en évidence les stats moins favorables.

A 36 ans, il est toujours décisif

L’ancien Barcelonais a encore distribué du caviar cette saison : 7 passes décisives, soit le même total que l’an passé en Ligue 1. D’ailleurs, avec 7 passes décisives et 1 but, il aligne exactement la même ligne de stats en championnat en 2019 qu’en 2018.

Bien sûr, on est loin des perfs de ses premières saisons en terre catalane à 10 passes décisives ou plus, mais avec ces 7 passes décisives, il est le 2ème meilleur passeur parisien de la saison en Ligue 1, derrière les 11 de Di Maria (attention : les stats issues de Whoscored retenues dans cette étude peuvent diverger, à la marge, de celles de la LFP)

On se souvient notamment de son « doublé » pour Mbappé contre Monaco lors du match du titre fin avril ; ou de sa merveille de passe dosée, toujours pour Mbappé, pour le but du 1-0 à St Etienne en février. Dans le détail, cela donne trois caviars pour Mbappé et autant pour Neymar (pas de différence de traitement entre les deux stars, l’expérience du vieux briscard ?) et 1 pour Kurzawa (un centre millimétré contre Montpellier).

Son but en championnat provient d’une de ses frappes monstrueuses dont il a le secret. C’était à Nantes en fin de saison mais ce fut insuffisant (défaite 3-2). Il avait d’ailleurs déjà marqué contre les Canaris deux semaines plus tôt, en Coupe de France, d’un lob somptueux le but du 3-0 en fin de rencontre.

Pour le plaisir, ci-dessous, ses stats de buts et passes décisives en carrière :

Ses passes décisives ne sont pas le fruit du hasard tant il a le souci de mettre ses coéquipiers en situation de frappe. C’est ce que reflète ses 1.8 passes clés/90 minutes (les stats de cet article seront ramenées à 90 minutes par souci de comparaison avec les années antérieures notamment) qui en font le 3ème pourvoyeur de frappes du PSG derrière Neymar (2.6) et Di Maria (2.1).

Il a d’ailleurs offert au moins une passe clé à tous les matches qu’il a joués sauf 3 (dont un où il n’a joué que 2 minutes).

Ce ratio de 1.8 passe clé par 90 minutes constitue en outre sa moyenne en carrière (toutes compétitions confondues), signe que le joueur en a encore sous le pied et que, malgré le poids des années, il sait toujours se montrer décisif à l’approche du but adverse.

Il n’a jamais autant frappé au but de toute sa carrière !

Autre signe que Daniel Alves est toujours compétitif offensivement, il affiche son plus haut ratio de tirs à la minute en carrière ! Son positionnement, plus haut sur le terrain que par le passé, et souvent plus axial, lui offre plus de possibilités de frappes et n’est pas étranger à cette performance. Ramené à 90 minutes, il affiche ainsi une moyenne de 1.5 tirs, contre 1.2 l’an passé et 1.1 en carrière.

En outre, même s’il partait de très bas, il a plus cadré ses tirs que l’an passé : 22.2 % contre 18.5 %. Ce taux de frappes cadrés reste faible (la moyenne parisienne de la saison est de 41 %) et s’explique par la proportion de frappes prises de loin (63 %). 17 de ses 27 tirs ont en effet été initiés d’en-dehors de la surface alors que la moyenne de l’équipe est de 29 %. Il a pris à lui seul, et en ayant disputé seulement 23 matches de championnat, 10 % des frappes de loin de toute l’équipe, et essaye donc de pallier une des faiblesses de la formation parisienne.

Parmi ses performances au tir de la saison, on retiendra en particulier ses 5 tentatives (dont une sur la barre transversale) contre Strasbourg en avril pour essayer de forcer la victoire (match nul 2-2).

Un volume de jeu impressionnant

Alors, certes, son nombre de ballons joués a légèrement diminué par rapport à sa première saison dans la capitale, mais avec 101 ballons touchés par 90 minutes, il présente toujours un énorme volume de jeu. Impressionnant, surtout pour un joueur de 36 ans qui revient d’une grave blessure au genou !

Ramené sur 90 minutes, il est le 4ème joueur de l’effectif touchant le plus de ballon derrière trois milieux de terrain au profil plus organisateurs. C’est dire, quelle que soit sa position sur le terrain (en milieu récupérateur, en latéral droit ou en ailier), qu’il aimante le ballon et qu’il se donne les moyens d’en toucher le plus possible pour distribuer le jeu.

Whoscored recense cinq matches de championnat (et 1 de coupe d’Europe) à plus 100 ballons touchés avec un pic à 146 contre Guingamp lors de la démonstration 9-0, dans une position de milieu récupérateur aux côtés de Verratti. Mais même en tant qu’arrière droit (à Nantes en fin de saison), il est également capable d'afficher un nombre important de ballons joués (132). D’ailleurs, la saison précédente, dans ce rôle de couloir, il touchait déjà plus de 100 ballons (106 pour 90 minutes).

Ses stats relatives à la passe confirment sa capacité à peser sur les matches et ce gros volume de jeu. Ses 80.4 passes tentées par 90 minutes constituent le 5ème total individuel du PSG (le 1er est Verratti avec 98.6). Encore plus impressionnant, ce nombre de passes est nettement supérieur à ce qu’il faisait à Barcelone ou à Turin. Le tout avec un taux de réussite toujours très élevé (85.6 %), même si très légèrement en baisse cette saison.

Après avoir vu ce qui faisait encore la force de Dani Alves, même à 36 ans, c’est-à-dire sa capacité à être décisif, ses frappes et son volume de jeu, intéressons-nous désormais aux aspects de son jeu qui sont, à l’inverse, sur la pente descendante. 

Un temps de jeu plus limité

Revenant de blessure (il n’a commencé sa saison que fin novembre), il sort de son exercice avec son plus faible temps de jeu : 23 matches disputés en Ligue 1, et 3 en Ligue des Champions (les 3 derniers) pour un total de 1830 minutes, contre 2783 l’an passé (25 matches de Ligue 1 et 8 de Champions League). 

Jamais dans sa carrière, il n’avait aussi peu joué. Même avec la Juventus (en 2016-2017), où son temps de jeu en championnat était réduit (1347 minutes en Série A), il avait compensé avec 1001 minutes en Ligue des champions.

En Ligue 1, il est entré en jeu à quatre reprises (pour ses 3 premières apparitions et pour le dernier match à Reims), et a été titularisé 19 fois. Il a en revanche été remplacé 8 fois en cours de match. Au global, cela donne une moyenne relativement faible de 71 minutes par match disputé, contre 83 l’an passé. 

Moins à l’aise techniquement

Comme le récapitule le tableau ci-dessous, quasiment toutes les statistiques en lien avec la maîtrise technique sont orientées à la baisse entre les deux saisons parisiennes d’Alves.

Pour la première fois de sa carrière, il a moins d’un centre réussi en moyenne (par 90 minutes) et n’a donc pas pu compenser les carences de l’équipe dans ce domaine.

Ses stats sont également en baisse dans une autre catégorie qui constitue une faiblesse du jeu parisien : le jeu long, où son taux de réussite est passé de 67.1 % à 60 %.

Enfin, ses tentatives de dribble sont de moins en moins couronnées de succès. Là peut-être plus encore que pour d‘autres stats, le positionnement au milieu de terrain où la pression adverse est plus forte, explique sûrement le très fort recul qu’il connaît par rapport à la saison précédente (de 67 % à 53 %, soit le 4ème plus faible taux de l’équipe).

Des interventions défensives en recul généralisé

Ses interventions défensives (ramenées à 90 minutes) sont systématiquement en baisse par rapport à l’année dernière, pour tous les indicateurs statistiques recensés, sauf les frappes contrées. 

Là où l’écart est le plus significatif, c’est pour les interceptions où sa moyenne été divisée par trois. Il en avait réalisé 28 en Ligue 1 lors de sa première saison à Paris, contre seulement 8 l’an passé. Le changement de poste est, là encore, en partie responsable mais la baisse est impressionnante, d’autant plus si l’on compare à ses stats en la matière à Turin et à Barcelone (notamment une saison à 80 interceptions en 2009-2010).

Son nombre de dégagements est également quasiment divisé par deux par rapport à l’an passé (de 0.7 par 90 minutes à 0.4) mais ce sont ses stats en matière de tacles qui interpellent le plus.

Son nombre de tacles tentés diminue drastiquement et passe sous les 4 par 90 minutes (pour la seconde fois de sa carrière après sa dernière saison catalane). Et difficile, cette fois, de mettre en cause le fait de jouer souvent au milieu, puisque l’on retrouve régulièrement des milieux de terrain en tête des classements de cette catégorie statistique.

Surtout, son taux de réussite dans cet exercice des tacles chute fortement par rapport à la saison précédente et par rapport à sa moyenne en carrière. Il n’est que de 62 %, contre 76 % l’an passé (ce qui était son taux de réussite à Barcelone).

Il n’est plus que le 4ème « tacleur » de l’équipe (derrière Verratti, Kehrer et Paredes) en nombre de tacles tentés, et le 10ème (Verratti 1er) en nombre de tacles réussis (par 90 minutes), alors qu’il était deuxième la saison précédente (derrière Lo Celso).

Il a d’ailleurs disputé sept matches de Ligue 1 sans jamais tacler alors que cela ne lui était arrivé que deux fois l’an passé.

Plus de fautes commises

Autre signe de ses difficultés défensives, et certainement même une des conséquences : son nombre de fautes commises est en augmentation sensible. Il a été sanctionné 43 fois en Ligue 1, contre 38 l’an passé en ayant pourtant disputé 438 minutes de moins. Son ratio de fautes par 90 minutes s’élève donc considérablement par rapport à sa 1ère saison à Paris, mais aussi par rapport à ses années turinoise et catalanes.

En revanche, il a commis moins de fautes grossières (ou de contestations) puisqu’il n’a récolté que quatre cartons jaunes contre 7 (+ 1 rouge) la saison précédente.

Conclusion : une évaluation statistique en baisse 

Au global, son évaluation, calculée par l’algorithme de Whoscored sur la base de ses statistiques, est en baisse : 7.02 contre 7.45 l’an passé en Ligue 1. Il n’avait d’ailleurs jamais eu une « note » aussi basse depuis que Whoscored produit cette évaluation. De meilleur arrière droit du monde à son époque barcelonaise, Alves est devenu un tout autre joueur, moins efficace défensivement et plus porté vers l'attaque avec des gestes de joueurs évoluant dans le dernier tiers du terrain. A 36 ans, c'est un autre joueur que son prochain club va récupérer, avec d'immenses qualités mais aussi des défauts bien visibles dans certains secteurs du jeu.

 


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