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Cavani face au gratin des avant-centres, vu par les stats (Partie 1)

Publié le jeudi 23 août 2018 à 20:32 par Thibaut B. / ParisStatsGermain.fr
Que vaut réellement Edinson Cavani ? Alors qu’il enfile les buts comme Neymar les dribbles, et ce depuis plusieurs saisons, il reste le joueur de l’effectif parisien qui suscite le plus de débats parmi les supporters de la capitale. Chaque période de disette en terme de buts ramène son cortège d’anti-Cavani sur les réseaux sociaux et dans la presse pour mettre en avant ses limites, réelles, et réclamer un avant-centre soi-disant plus à même de faire remporter la Champions League au PSG. Sur les réseaux sociaux justement, ses détracteurs ne jurent que par des joueurs comme Lewandowski ou Aguero supposés plus fins techniquement et donc plus Neymar-Mbappé compatibles.

Nous avons donc voulu essayer de situer Cavani dans la hiérarchie des avants-centres mondiaux en analysant les stats de la saison passée. Pour cela, nous avons constitué un panel de dix attaquants axiaux, en plus de l’Uruguayen, et nous avons décortiqué et comparé tous les aspects de leur jeu par l’intermédiaire des stats disponibles sur le site Whoscored (en championnat national pour chacun, saison 2017-2018). Le choix de ces attaquants est purement subjectif mais nous semble réellement constituer le gratin des avant-centres évoluant en Europe : Gonzalo Higuain, Sergio Aguero, Luis Suarez, Harry Kane, Roberto Firmino, Robert Lewandowski, Mauro Icardi, Romelu Lukaku, Edin Dzeko et Ciro Immobile. Outre Diego Costa qui n'a pas assez joué l'an passé, nous avons choisi d’exclure des cadors comme Messi, Ronaldo ou même Griezmann qui nous semblent avoir des positionnements et des profils trop différents et avec lesquels les comparaisons auraient donc eu moins de sens.

Le but de cet article est donc de comparer les stats de Cavani à celles des meilleurs attaquants axiaux évoluant en Europe. On en profitera pour analyser les performances et les différences de « style de jeu » entre ces onze joueurs. 

Cavani a le meilleur ratio de buts par match (hors pénalty) de notre panel

L’analyse du nombre de buts inscrits constitue logiquement le premier « juge de paix » (certains diront même le seul et unique) pour apprécier la valeur d’un avant-centre. Et si, en première lecture, Cavani se situe juste dans la moyenne de notre panel d’attaquants, à y regarder de plus près, c’est bien tout en haut de la hiérarchie qu’il se situe.

En effet, son nombre de buts marqués l’an passé (28) le situe dans la moyenne des attaquants de classe mondiale retenus pour notre étude. En revanche, en retirant les pénaltys d’une part (Immobile en a par exemple inscrit 7, Icardi et Lewandowski 6), et en ramenant ce nombre de buts hors pénalty à la moyenne par match, Cavani a purement et simplement le meilleur ratio de notre panel d’attaquants. Il s’agit de la courbe orange du graphique ci-dessus et avec 0.78 but hors pénalty par match, l’Uruguayen du PSG possède la meilleure moyenne de notre échantillon d’attaquant. 

Ce graphique met également en évidence une différence assez forte dans notre groupe d’attaquants avec d’un côté les très grands buteurs (entre 0.68 et 0.78 but par match hors pénalty pour Kane, Immobile, Icardi, Lewandowski, Cavani, Suarez et Aguero) et d’un autre côté des attaquants moins buteurs qui, on le verra, se distinguent en revanche dans d’autres aspects du jeu (Dzeko, Lukaku, Higuain, Firmino). 

Cavani marque plus de loin que la moyenne des buteurs

Il nous a paru ensuite intéressant de se pencher sur la manière dont ces 11 top players inscrivaient leurs buts afin d’identifier d’éventuelles différences entre eux (et notamment entre Cavani et eux).

Le graphique ci-dessus met en évidence une petite singularité d’Edinson Cavani puisque 11 % de ses buts (3 sur 28) sont issues de frappes prises en-dehors de la surface. Il s’agit du 2ème taux le plus important des joueurs de notre étude (derrière Dzeko, 25 %) et du double du taux moyen des attaquants retenus pour cette étude (5.5 %). 

Ces grands buteurs sont finalement assez peu en réussite dans cet exercice des frappes lointaines qui ne représentent qu’une part infime de leurs buts (14 sur les 254 au total) alors qu’elles constituent, en moyenne, 22 % de leurs frappes totales. 5 des 11 attaquants n’ont d’ailleurs marqué aucun but de loin l’an passé. Il est vrai que peu d’entre eux sont désignés comme tireurs attitrés des coups-francs de leur formation. La comparaison du nombre de tirs pris en dehors de la surface et du nombre buts inscrits dans cette position fait quand même assez peur pour certains : Higuain et Firmino ont pris en effet l’an passé plus de 30 % de leurs tirs de l’extérieur de la surface sans inscrire le moindre but de cette distance !

Cavani : 21 de ses 28 buts ont été inscrits du pied droit

Si Cavani ne se distingue pas particulièrement des autres buteurs dans la partie du corps mobilisée pour inscrire ses buts (75 % du pied droit et 14 % de la tête), le graphique ci-dessus nous apprend cependant que :

  • Higuain et surtout Kane marquent quasiment autant du gauche que du droit (Un des 30 buts de Kane est catalogué dans la rubrique « Autre »)
  • Dzeko est celui qui en proportion marque le plus de la tête (31 % de ses buts)
  • A l’inverse, Suarez est celui qui marque le moins en proportion de la tête (8 %)

Pour compléter ce graphique, il peut également être signalé que trois de ces onze buteurs marquent plus de 20 % de leurs réalisations sur pénalty : Immobile 24 % (7 sur 29), Lewandowski et Icardi 21 % (6/29), tout en en ayant raté un chacun. Cavani en a inscrit 3 (et ratés 2) ; Lukaku (1 tentative) et Dzeko (0 tentative), eux, n’en ont inscrit aucun. 

Expected goals : 3.7 buts de plus qu’attendu pour Cavani l’an passé

L’indicateur des expected goals (expliqué dans cet article) confirme que nous avons affaire à de grands buteurs puisque 9 des 11 joueurs ont inscrit plus de buts qu’attendus (seuls Suarez et Dzeko sous-performent légèrement). C’est Immobile qui surperforme le plus avec un écart important de 7.7 entre les buts réellement inscrits (29) et ceux attendus (21.3). Cavani fait également partie des « bons élèves » avec un écart positif de 3.7 buts, supérieur à la moyenne de notre panel (+2.7 en moyenne entre les buts inscrits et les expected goals). 

Cavani, tireur d’élite

Les exceptionnelles statistiques de buteur de Cavani viennent de son incroyable propension à transformer la moindre occasion. Il n’a pas besoin de beaucoup toucher le ballon ou de beaucoup de tirer aux buts pour faire mouche. Son ratio de nombre de tirs par but est en effet de 3.75 (cela veut dire qu’un tir sur 3.75 en moyenne se transforme en but). Quand on sait que la moyenne de notre panel de buteurs est de 5 tirs pour un but, cela situe la performance du Parisien. Seul Icardi fait légèrement mieux (un but tous les 3.5 tirs).

Le graphique ci-dessus, qui regroupe trois indicateurs relatifs aux tirs, décrit en premier lieu cette efficacité dans les tirs (la courbe orange retrace le ratio du nombre tirs rapporté au nombre de buts) : Cavani avec 3.75 tirs est bien second de notre panel et Dzeko avec 9.5 tirs (soit 152 tirs pour 16 buts) est le moins efficace (assez nettement d’ailleurs).
Nous avons associé à ce ratio une autre courbe (en bleu) qui indique le pourcentage de tirs cadrés. On se rend alors compte que l’ancien Napolitain a cadré 53 % de ses tirs, ce qui en fait le joueur le plus précis de notre échantillon de buteurs (la moyenne est à 45 %). 

Cette courbe bleue semble en outre suivre le sens complètement inverse de la courbe orange. Cela veut dire que plus les joueurs cadrent leurs tirs plus ils ont de chances de voir leurs tirs se transformer en buts (et vice-versa). L’inverse nous aurait surpris mais on constate néanmoins quelques « anomalies » puisque par exemple Lukaku, malgré un très bon % de tirs cadrés (50 %, soit le 3ème de notre panel) ne voit ses frappes faire mouche que dans un cas sur 5.4, soit un ratio inférieur à la moyenne. 

Pour compléter l’étude sur les tirs, nous avons intégré l’indicateur « % de frappes de loin » (histogramme gris du graphique). On peut en effet imaginer que moins un joueur tente sa chance de loin, plus il a de chances de cadrer et donc de marquer. Cette hypothèse est en effet confirmée pour Icardi qui est un des joueurs les plus en réussite avec effectivement le plus bas taux de tirs pris en-dehors de la surface (12 %). C’est également le cas de Cavani qui tente, en proportion, assez peu sa chance de loin (17 %) mais, on l’a vu précédemment, avec une assez grande réussite dans cette exercice (3 buts)

A l’autre bout du graphique, on comprend mieux pourquoi Firmino, Kane et Higuain ont des taux de tirs/but et de % de frappes cadrés si « mauvais » en les mettant en relation avec leur forte propension à tenter leur chance de loin (elles représentent plus de 30 % de leurs frappes pour tous les trois). En revanche, on constatera que Dzeko et Immobile, avec des % de tirs lointains quasi identiques (environ 23 %), ont des réussites complètement différentes : un but tous les 3.8 tirs pour Immobile avec 49 % de frappes cadrées, contre un but tous les 9.5 tirs pour le Bosnien avec 38 % de frappes cadrées. 

En conclusion de cette étude à trois indicateurs sur les tirs, on retiendra surtout que Cavani fait véritablement preuve d’une précision exceptionnelle dans ses frappes ce qui fait de lui un des meilleurs finisseurs au monde. 

L’égoïsme du buteur, légende ou réalité ? 

Remarquable finisseur, El Matador sait également être altruiste quand il le faut. Avec 6 passes décisives l’an passé en championnat, il est dans la moyenne de notre panel d’attaquants. Au jeu des passes décisives, Suarez (12) et Immobile (9) se mettent particulièrement en évidence, Lewandowski (2), Kane (2) et Icardi (1) beaucoup moins. Cependant, avec 0.2 passe décisive en moyenne par match pour l’ensemble de notre échantillon, soit une assist tous les 5 matches, on voit que nos super attaquants sont bien plus attirés par le but que la passe décisive. 

En terme de passes clés également, Cavani (1.2) se situe dans la moyenne de notre échantillon d’attaquants. Ce sont Suarez (1.7) et Aguero (1.6) qui font le plus de passes clés/match ; Lewandowski le moins (0.7). 

Nous avons vu dans cette première partie que Cavani n’avait non seulement rien à envier aux meilleurs avants-centres du monde mais que sur certains indicateurs statistiques relatifs à la finition il trônait même tout en haut de la hiérarchie. Nous verrons dans une seconde partie que dans les phases de jeu non liées au but en lui-même, il en est tout autrement.


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