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Ce que les stats disent du PSG de Tuchel : ce qui a changé (Partie 2)

Publié le mardi 20 novembre 2018 à 13:13 par Thibaut B. / ParisStatsGermain.fr
Après avoir vu dans la première partie les dénominateurs communs entre le PSG de Thomas Tuchel et celui de ses prédécesseurs, voici le second volet concernant les modifications apportées, toujours par le prisme des statistiques.

Ces nouveautés dans le jeu parisien peuvent être résumées en cinq points :

La manière de marquer les buts a changé 

On l’a vu, le PSG 2018-2019 marque encore plus de buts que ses devancières, mais en outre, il marque des buts différents. La première différence concerne les buts inscrits en contre. Après 13 matches de championnat, le PSG en a déjà inscrit 6 en contre-attaque, ce qui en fait le net leader de Ligue 1 dans cette catégorie (devant Nîmes et Lille avec 3). 

Le fait marquant est surtout l’écart par rapport aux années passées où ce type d’offensive et donc de buts était rare. Ce total de six buts n’a en effet été dépassé que la saison dernière (8) durant l’ensemble des saisons du PSG « moderne ». Si l’on extrapole sur l’ensemble de la saison, cela ferait 18 buts en contre, soit un total équivalent aux quatre derniers exercices cumulés. 

La définition d’un but en contre-attaque peut évidemment être soumise à discussion (nous nous sommes ici basés sur celle du site de stats Whoscored dont la définition a le mérite de rester constante dans le temps). Il est en revanche indiscutable que les 2 buts inscrits à Marseille (par Mbappé et Draxler) sont véritablement le fruit de contre-attaques. Les quatre autres sont les suivants : Rabiot contre Caen, Mbappé à Nîmes et contre Lyon et Neymar à Nice. Il est vrai qu’avec une flèche comme Mbappé et un distributeur comme Neymar, ne pas tenter d’attaques rapides à la récupération du ballon serait suicidaire…

Le PSG marque également plus de buts sur coups de pied arrêtés depuis le début de saison : 9 sur les 45, soit 20 % (contre 16 % la saison passée), ce qui en fait le leader de Ligue 1 (alors qu’il était seulement 5ème dans cet exercice en 2017-2018). Le PSG a notamment déjà obtenu 5 pénaltys contre seulement 7 sur toute la saison passée. 

En revanche, les buts issus d’une frappe réalisée en-dehors de la surface se font rares : seulement 4 sur les 45 (Di Maria à Rennes et Nîmes, Neymar à Nice et Mbappé contre Lille). Cela représente 9 % des buts inscrits, contre 17 % l’an passé. Parmi les leaders européens, la Juventus est à 8 % mais Barcelone à 12 %, Dortmund à 18 % et Manchester City à 19 %. Une marge de progression certaine existe donc dans ce secteur. 

Moins de tirs mais des occasions plus dangereuses 

Les statistiques relatives aux tirs sont assez sensiblement différentes de l’an passé et traduisent bien le style de jeu de ce PSG new-look.

Le graphique ci-dessous permet de mettre en évidence plusieurs phénomènes.

On remarque tout d’abord que le PSG tire moins au but cette année que les saisons antérieures (14.6 tirs par match contre 16.4 l’an passé par exemple). Il s’agit de la plus faible moyenne de tirs depuis la saison 2014-2015. En Ligue 1, Lyon (16.8) tire davantage au but que le PSG. Avec seulement 7 tirs à Nîmes cette saison, le PSG a déjà égalé son plus bas total sur un match de l’an passé. 

Moins de tirs certes, mais plus de tirs cadrés : 7.1 par match, soit une moyenne jamais atteinte en Ligue 1 jusque-là. Cela signifie que les artilleurs parisiens cadrent 48.4 % de leurs tentatives. Un taux exceptionnel quand on le compare aux ratios des années antérieures (jamais mieux que 45.7 %) ou aux autres leaders actuels des grands championnats (Manchester City est à 38 %, la Juventus à 33 %, Barcelone à 44 % et Dortmund à 41 %). En fait, personne ne fait mieux en Europe sur ce début de saison (Manchester United est second avec 46 %). 

Les deux responsables de ce taux hallucinant se nomment Neymar et Mbappé qui tournent tous les deux à 54 % de frappes cadrées depuis le début de saison (20/37 pour le Brésilien, 21/39 pour « le génie français »). Pour bien prendre la mesure de ce que réalise les deux artistes associés du PSG, on notera que Messi est à 46 % cette saison et n’a même jamais atteint de tels pourcentages en Liga. 

Les attaquants parisiens font preuve d’un réalisme exceptionnel puisqu’il ne faut en moyenne que 4.2 tirs pour inscrire un but. Ce ratio était de 5.8 la saison dernière et de 6.3 en moyenne depuis 5 ans. Toujours à titre de comparaison, il faut 6 tirs au Barça pour marquer, 6.8 à City et 9.2 à la Juventus. Seul Dortmund se rapproche des standards parisiens avec un but tous les 4.4 tirs. 

La statistique des expected goals traduit bien le phénomène parisien de ce premier tiers de saison. Malgré un nombre de tirs en baisse, les buts attendus du PSG n’ont jamais été aussi élevés : 2.63 contre 2.11 et 2.36 ces deux dernières saisons. Cela veut dire que le PSG se crée certes moins de situations de tirs mais que les occasions créées sont plus dangereuses et les positions de tirs meilleures (cf. le % de tirs cadrés). En outre, avec 3.5 buts marqués contre 2.63 attendus, le PSG fait étalage de son talent offensif hors normes qui lui permet de « surperformer » en attaque. Mbappé est en effet à 1.2 buts inscrits par match contre 0.77 attendus, Neymar à 0.5 (hors pénaltys) contre 0.36 attendus et Cavani à 0.9 contre 0.78 attendus.  

Moins de possession mais des possessions plus dangereuses 

Ce même phénomène de « faire plus avec moins » se retrouve également dans les statistiques relatives à la possession et aux passes. Même si le taux de possession du ballon reste très élevé (58.7 %, leader de Ligue 1), il est en baisse par rapport aux années antérieures. Il faut remonter à la saison 2012-2013 (avec Carlo Ancelotti entraîneur) pour retrouver un niveau de possession inférieur. 

Paradoxalement ce taux de possession plus bas est concomitant avec un nombre de passes effectuées dans le dernier tiers du terrain plus important.  Cette proportion de passes effectuées dans la zone la plus dangereuse est en effet en hausse et atteint 26.6 %. Le signe que les offensives parisiennes gagnent en dangerosité. 

La proportion de passes effectuées dans le camp adverse suit la même tendance (56.3 % cette saison contre 49.2 % en moyenne les 5 saisons précédentes). Avec Tuchel, il semblerait donc que l’heure ne soit plus aux répétitions de passe au milieu du terrain mais davantage au jeu vers l’avant pour faire mal à l’adversaire. 

29 % des passes se font en effet vers l’avant, contre 27.5 % l’an dernier. Les statistiques de Neymar illustrent bien cette volonté de créer du danger : 38 % de ses passes sont réalisées vers l’avant, ce qui en fait le premier joueur de champ de Ligue 1 dans cette catégorie statistique (données issues du site web « du stade aux stats »).

Moins de centres et moins de dribbles

Leader invaincu, le PSG est pourtant le dernier en termes de centres. Les statistiques des centres tentés et réussis sont assez significativement en baisse par rapport à la saison dernière. 

Avec 20 % de centres réussis, le PSG est avant-dernier de toute la Ligue 1 (devant Toulouse). Marseille réussit par exemple deux fois plus de centres que le PSG (5.4 par match). 

Au rayon individualités, c’est Neymar qui apparaît comme le meilleur centreur de l’équipe (16 réussis sur 62) tandis que nos latéraux sont en difficulté (4/21 pour Bernat et 4/33 pour Meunier). Il y a, là aussi, une belle marge de progression. 

Les statistiques relatives aux dribbles sont elles aussi en diminution importante par rapport à la saison passée. 

Il s’agit des moyennes les plus basses depuis 2014-2015 et le PSG est désormais deuxième de cette catégorie en Ligue 1 derrière Nice. 

Neymar a diminué nettement son nombre de dribbles tentés (de 10.6 à 7.3 par match) et réussis (de 7.1 à 4.4). On recense même trois matches cette saison avec un seul dribble réussi (jamais moins de 2 l’an passé). Il reste cependant leader de L1 et même des 5 grands championnats européens dans cette catégorie statistique (en nombre de dribbles réussis). 

Cette tendance ne concerne pas seulement le meneur de jeu brésilien puisque Mbappé (de 5 à 4.6 tentés par match) et Verratti (de 2.3 à 1) ont également réduit leur nombre de dribbles. 

Une défense davantage mise à contribution

En apparence, le PSG n’est pas plus mis en difficulté par les offensives adverses que la saison dernière : le nombre de buts encaissés a diminué (0.5 par match contre 0.8 l’an passé) et les expected goals subis sont globalement stables (0.97 contre 0.99 l’an dernier). Pourtant, l’impression visuelle (surtout en début de saison) et toutes les statistiques relatives au domaine défensif témoignent d’une défense davantage sollicitée. 

Dans le détail, cela donne :

  • Un nombre d’arrêts de gardien record sous l’ère QSI (2.7 par match), dont 6 contre Lyon (par Buffon)
  • 29.8 tacles tentés en moyenne par match, ce qui situe le PSG au 3ème rang de Ligue 1 alors qu’il était 18ème l’an passé. Kehrer en réalise 3.7, devant Meunier et Bernat (3.4)
  • Un nombre de dégagements stable par rapport à l’an passé (14.6 contre 14.4). Marquinhos en a réussi 11 contre Marseille.
  • Des interceptions en hausse (de 8.8 à 10.5 par match) notamment grâce à Thiago Silva qui est passé de 0.8 à 2.3 par match. A signaler les 1.9 interceptions par rencontre de N’Soki et les 19 interceptions réalisées contre Lyon et 17 contre Angers (contre jamais plus de 15 l’an passé)
  • Avec 12.8 fautes commises par match (11.2 l’an passé), le PSG se situe au 10ème rang de Ligue 1

Par nature, par la force des choses et grâce à son avance confortable en championnat, Thomas Tuchel tente des choses et innove. Cela commence à se voir dans les stats notamment avec des phases de transition offensives plus rapides. Ce n’est pas encore la révolution mais une évolution certaine dans le jeu parisien.

Pour rappel, la première partie est disponible ici.


Vous pouvez retrouver les commentaires de l'article sous les publicités.

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