Le PSG est pratiquement au tiers du championnat et Julian Draxler s'est réinventé dans un rôle de milieu relayeur qui lui sied à merveille. L'impression visuelle est bonne et les statistiques de l'Allemand confirment cette tendance. Analyse via les chiffres d'un joueur en train de se réinventer.
Nous poursuivons notre bilan individuel après un tiers de championnat avec le volet consacré aux milieux de terrain. En raison de leur temps de jeu Christopher Nkunku (18 minutes en tout) et Giovani Lo Celso (17 minutes par match disputé), ne sont pas intégrés à l’analyse, tandis que Javier Pastore sera comptabilisé parmi les attaquants. Julian Draxler est lui, au contraire, considéré comme milieu de terrain compte tenu de son repositionnement au cœur du jeu.
Et au petit jeu de l’évaluation élaborée par le site de statistiques Whoscored, c’est justement le champion du monde allemand qui réalise le meilleur début de saison en championnat avec un rating de 7.37, devant Adrien Rabiot (7.34), Thiago Motta (7.19) et Marco Verratti (7.09).
Comme pour les articles précédents, nous allons essayer de comprendre ce classement et tenter de faire parler ces statistiques. Pour chacun des quatre milieux, nous essaierons de mettre en évidence les secteurs de jeu où ils se distinguent, positivement et négativement par rapport aux trois autres joueurs et par rapport à la saison passée.
1er : Julian Draxler, alliage d’élégance et d’efficacité
Julian Draxler a été repositionné au milieu de terrain par Unai Emery depuis le match contre Bordeaux et on peut dire que le coach parisien a eu le nez creux. Les stats présentées ici porteront sur tous ses matches et pas seulement ceux où il a joué au milieu.
Si l’on met de côté son entrée très moyenne à Marseille (pour 32 minutes de jeu), il y a clairement un avant et un après la rencontre contre Bordeaux. Ce match a dû lui servir de déclic puisqu’il y a réalisé la meilleure performance pour un milieu de terrain parisien de ce début de saison. Ses meilleures performances chiffrées sont de manière générale celles où il a joué en milieu relayeur gauche (9.5 contre Bordeaux, 8.9 à Angers, 8.4 contre Nice).
Les aspects positifs du jeu de Draxler : maîtrise technique, talent offensif, flair défensif
- Une grande maîtrise technique : son taux de passes réussies est en hausse (comme pour tous les milieux) mais, en ce qui le concerne, la hausse est de plus de 10 points (il partait aussi de plus bas). Il a désormais le plus haut taux de réussite dans les passes parmi les « non défenseurs » à égalité avec l’expert en la matière Thiago Motta
- Une redoutable efficacité dans la zone offensive : avec globalement deux fois moins de passes que ses collègues du milieu, il a réussi autant de passes clés (9). Les passes clés représentent d’ailleurs 2 % de ses passes : c’est le double du ratio des autres milieux. Surtout, 2 de ses passes se sont transformés en passes décisives et il a en outre inscrit deux – superbes – buts (sa volée contre Bordeaux et son piqué à Angers). C’est bien lui, et ce n’est pas une surprise compte tenu de son profil d’ailier de formation, le plus efficace devant le but des milieux parisiens.
- Son talent offensif est également visible dans les statistiques relatives au dribble. C’est en effet lui qui tente et réussit le plus de dribbles parmi les milieux : 19 sur 21 depuis le début de saison, soit 90 % de réussite. C’est le plus haut ratio de l’équipe (avec au moins 5 dribbles réussis).
- Dernier point positif dans un secteur où on ne l’attendait pourtant pas : les interceptions. Avec 1.4 en moyenne par match, il est le 1er des quatre milieux dans cette catégorie. 13 de ses 14 interceptions ont d’ailleurs été réalisées depuis son repositionnement au milieu contre Bordeaux, soit 2.6 par match depuis 5 rencontres (dont 4 à Nice, 3 contre Bordeaux et à Dijon). Il réalise en outre ces actions assez haut sur le terrain et provoque ainsi des occasions de but (c’est notamment suite à une interception qu’il délivre une passe décisive à Mbappé contre Bordeaux).
Les aspects négatifs du jeu de Draxler : manque d’initiative et d’agressivité défensive
- Il ne tente pas assez sa chance. Il a tiré 7 fois au but en 10 matches, soit 0.7 tir par match : c’est deux fois moins que l’an passé (du fait aussi de sa nouvelle position), avec aucun tir hors surface par exemple contre 0.4 par match l’an passé. C’est vraiment dommage compte tenu de sa bonne qualité de frappe et de sa précision (4 tirs cadrés sur 7).
- Un volume de jeu inférieur : il réalise moitié moins de passes par match que les autres milieux (46 contre 96 en moyenne pour les trois autres). Il provoque également moins de fautes que l’année dernière et que ses collègues du milieu (0.2 faute subie par match, soit la plus basse moyenne des milieux).
- Des efforts dans le secteur défensif mais des stats encore en retrait : il tente certes plus de tacles que l’an passé (1.3 vs 1.1) mais en réussit moins (0.5 vs 0.6). Ce sont les plus faibles totaux parmi les milieux de terrain. Il est très loin en outre très loin de l’implication d’un Thiago Motta par exemple (0.1 dégagement par match contre 1.6 pour Motta).
La question pour la suite de la saison : peut-il maintenir ce niveau de jeu exceptionnel à ce poste nouveau pour lui sur toute la saison et Unai Emery lui fera-t-il confiance dans les gros matches si tous les milieux sont disponibles ?