Le PSG a largement battu Nîmes (3-0) mercredi, l’affaire est entendue. Pourtant, l’analyse des statistiques de la rencontre indique que le score est plutôt flatteur pour les joueurs de Pochettino. La lanterne rouge du championnat a même sérieusement inquiété le champion de France en titre. Retour en chiffres et en graphiques sur une victoire pas si évidente que ça.
Le PSG a subi 19 tirs face à la lanterne rouge du championnat. Il s’agit du record pour un adversaire du PSG cette saison, toutes compétitions confondues.
Le PSG n’avait pas subi autant de tirs en Ligue 1 depuis près de trois ans
Il faut même remonter à la saison 2017-2018 (la première de Neymar dans l’Hexagone) pour trouver trace d’une telle performance d’une équipe adverse face au PSG en Ligue 1. Il s’agissait alors du Guingamp de Marcus Thuram qui avait adressé 22 tirs en direction du but d’Areola dans un match sans enjeu de fin de saison (match nul 2-2, le 29 avril 2018).
Cette saison, c’est Bordeaux qui détenait jusque-là le record avec 18 tirs.
On notera aussi que lors des deux derniers matches, face à deux équipes relégables, le PSG a subi 35 tirs en tout. Alors que le PSG de Tuchel restait sur quatre rencontres avec moins de dix tirs subis, il n’y a que Montpellier (à 10 contre 11) qui n’a pas franchi cette barre de la dizaine depuis que Pochettino a pris les rênes de la formation parisienne. La moyenne de tirs subis sous Tuchel cette saison est donc plus faible (10.3) qu’avec le coach argentin (12.3). Cela amène la moyenne globale de la saison du PSG à 10.8, ce qui n’en fait que la 8e meilleure équipe de Ligue 1. La première étant Monaco avec 8.8.
Les Nîmois ont cadré 6 de leurs 19 tentatives, ce qui constitue là aussi, le plus haut total de la saison pour un adversaire du PSG en Ligue 1. Nice, Monaco, Lyon, St Etienne et Lorient s’étaient arrêtés à 5.
Les hommes d’Arpinon ont même réalisé contre Paris leur meilleure performance de la saison en termes de tirs. Ils n’avaient jamais fait mieux que 17 jusque-là. Ils ont d’ailleurs « explosé » leur moyenne annuelle qui est de 10.1 tirs/match. C’est presque le même constat pour les Merlus qui tournent en moyenne à 11 tirs et qui ont pris 16 fois leur chances face au PSG le week-end dernier.
Des expected goals favorables aux Nîmois
Malgré tous ces tirs, les Crocodiles n’ont pas trompé Sergio Rico. Ils n’ont pas l’une des plus mauvaises attaques du championnat par hasard (17 buts, juste devant Dijon 15 buts). Ils marquent en moyenne un but tous les 13 tirs. Leur match au Parc va donc encore faire baisser leur ratio.
Cette gabegie offensive est parfaitement reflétée par les expected goals : le site understat.com indique que, compte tenu de leurs positions de tirs, ils auraient « dû » marquer 1.74 but face au PSG (contre 1.69 pour le PSG). Ce différentiel de -1.7 entre les buts réellement marqués et les expected goals est leur plus grosse contre-performance de leur saison.
Ce différentiel de 1.7 sur un match est également le plus gros écart pour un adversaire du PSG cette saison :
On remarque grâce au graphe ci-dessus que lors de 18 des 23 matches disputés en Ligue 1, les adversaires du PSG ont moins marqué de buts qu’attendus. En cumulé, le PSG a encaissé 11 buts de moins que ce que le modèle des Expected Goals prévoit. On a déjà eu l’occasion de mettre en évidence la part prépondérante de Navas dans ce phénomène.
Face aux Nîmois, c’est Rico qui s’est mis en évidence. Le site fbref.com le crédite de 1.5 Post-Shot Expected Goal. Cela signifie que compte tenu de la qualité des tirs adverses, il aurait dû encaisser 1.5 but. Il se rattrape de sa contre-performance à Lorient où le modèle considère qu’il n'aurait dû encaisser que 1.8 but (et non pas 3).
Avec le graphique ci-dessous on constate par ailleurs que le PSG reste sur deux matches à 1.6 et 1.7 expected goal against (courbe rouge), ce qui est beaucoup.
La moyenne des expected goal against sous Pochettino (1 xGa/match) est légèrement plus faible que celle sous Tuchel (1.1). On peut en déduire que les tirs concédés par le PSG depuis la prise de poste de l’Argentin sont certes plus nombreux mais ils sont pris dans des positions moins avantageuses en moyenne. Cela permet de relativiser un peu la porosité défensive vue plus haut.
Pour en revenir au match de mercredi, d’autres datas viennent confirmer que le score ne reflète pas la physionomie de la rencontre : les ballons touchés dans la surface adverse et les indicateurs défensifs.
Ballons touchés dans la surface adverse : 39 à 16 pour Nîmes
Le site fbref.com a comptabilisé 39 touches nîmoise dans la surface parisienne, contre seulement 16 pour le PSG dans la surface nîmoise !
C’est simplement la troisième fois de la saison que le PSG est dominé par son adversaire dans cette catégorie statistique après Rennes (27 à 7) et Monaco (42 à 16).
Le plus extraordinaire étant que c’est face au PSG que les coéquipiers de Zinedine Ferhat ont réalisé leur meilleure performance de la saison !
Leur meilleure performance jusque-là était de 30 face à Nantes en tout début de saison. Même en additionnant leurs trois rencontres de Nîmes avant celle face au PSG, ils n’atteignent pas les 39 touches effectuées dans la surface parisienne. Grâce au match face au PSG, leur moyenne par rencontre est passée de 15.5 à 16.5.
On a vu précédemment que les Nîmois avaient manqué d’efficacité devant le but de Rico. A l’inverse, le PSG a fait preuve de beaucoup de réalisme puisqu’ils ont inscrit 3 buts avec seulement 14 tirs et 1.69 Expected Goal, deux indicateurs inférieurs aux Nîmois.
Plus d’interventions défensives côté parisien
Le manque de tranchant offensif du PSG, surtout en deuxième mi-temps, se voit également dans les indicateurs défensifs. Les Gardois n’ont réalisé que 6 dégagements. Il s’agit du plus faible total pour un adversaire du PSG cette saison. La moyenne était de 18 jusque-là. C’est également le plus faible total des Nîmois sur un match cette saison en Ligue 1. Ils en avaient par exemple réalisé 42 contre Lyon en septembre ! Leur moyenne sur l’exercice 2020-2021 est de 21. C’est dire si l’attaque parisienne ne les a pas trop mis en danger. A l’inverse, la défense parisienne a dû dégager le ballon à 11 reprises, soit près du double…
Le nombre de tacles effectués vient confirmer ce phénomène : les Nîmois n’en ont réalisé que 21, soit le second plus faible total pour un adversaire du PSG cette saison (20 pour St Etienne). Les Parisiens se sont davantage employés puisqu’ils sont crédités de 32 tacles, leur second plus haut total de la saison après les 33 face à Bordeaux.
Bref, beaucoup d’indicateurs tendent à démontrer que les Nîmois, pourtant lanterne rouge, ne méritaient pas une telle défaite mercredi soir au Parc des Princes. C’est surtout la facilité déconcertante avec laquelle ils se sont approchés du but parisien qui peut inquiéter.
Faut-il vraiment s’inquiéter ?
Mais, en fait, faut-il vraiment s’inquiéter ? Après tout, le score était acquis (2-0 après 36 minutes, 3-0 après 68 minutes) quand les coéquipiers de Ripart ont vraiment montré le bout de leur nez. En effet la quasi-totalité de leurs tirs se sont produits après le deuxième but parisien (18 sur 19).
La comparaison des tirs entre les deux mi-temps est assez saisissante et montre bien que les Parisiens ont quasiment cessé de jouer après la pause tandis que leurs adversaires ont commencé à se montrer dangereux. Mbappé marquant sur l’une des deux seules frappes du second acte, cela a dû achever de le convaincre lui et ses coéquipiers qu’ils ne pouvaient rien leur arriver ce soir-là.
Les Parisiens se sont-ils mis en mode « économie » une fois la différence au tableau d’affichage réalisée ? Si les Nîmois étaient revenus au score, auraient-ils appuyé sur l’accélérateur pour refaire un écart ? Quelle est la part de gestion, d’usure physique et de réelle mise en danger par l’adversaire dans ce deuxième acte où les vagues gardoises ont déferlé sur le but parisien ? Difficile évidemment de répondre à ses questions. Avec un gros match à venir ce dimanche à Marseille, on devrait néanmoins avoir un début de réponse.