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Les premiers matches de l'ère Tuchel vus par les stats

Publié le jeudi 13 septembre 2018 à 10:53 par Thibaut B. / ParisStatsGermain.fr
Avant que le championnat ne reprenne ses droits vendredi avec PSG-St Etienne, il est d'ores et déjà possible d'analyser les premiers matches du PSG avec Thomas Tuchel à sa tête, notamment via les statistiques. Il est évidemment beaucoup trop tôt pour tirer quelque conclusion que ce soit sur l’évolution éventuelle du jeu du PSG, mais l’analyse des chiffres de ce début de championnat apporte cependant pas mal de surprises et de nouveautés par rapport aux saisons passées.

L’objectif de cet article n’est certainement pas de déceler un « style Tuchel » ou de tirer des enseignements définitifs. Seulement 4 matches de championnat ont été disputés et ces 4 matches font en outre office de préparation puisque celle-ci n’a pu réellement avoir lieu en raison de la coupe du monde. Donc il n’est pas possible pour Tuchel d’imprimer déjà sa marque sur le jeu de l’équipe. Néanmoins, ces 4 matches ont bel et bien été joués (et gagnés) et il est donc tout à fait possible de les analyser, avec prudence, par les statistiques, en les comparant notamment aux données de l’année passée, ou plus globalement, du PSG de l’ère QSI. 

Le constat général que l’on peut tirer est que si l’ADN du PSG est toujours largement présent, beaucoup de nouveautés apparaissent dans le jeu du PSG de ce début de championnat.

L’ADN du PSG toujours présent

Les caractéristiques du PSG de ces dernières années, celles depuis le passage de Laurent Blanc, sont toujours omniprésentes en ce début de championnat : de la possession à outrance, un jeu long quasi inexistant et beaucoup de spectacle. 

En terme de possession et de mainmise technique sur les rencontres, le PSG 2018-2019 part sur les mêmes bases que la saison passée avec 844 ballons joués par match (contre 834 l’année dernière). Le taux de passes réussies associé à ce jeu de possession est logiquement toujours très élevé avec 88.7%, soit exactement la moyenne des années antérieures. Inutile de rappeler que le PSG domine logiquement encore le classement de Ligue 1 dans cette catégorie statistique. 

Cette maîtrise technique est synonyme depuis de longues saisons de circuits courts où le jeu long est souvent négligé. Ce phénomène n’est pas remis en cause par la méthode Tuchel et est même au contraire encore exacerbé sur ce début de saison. En effet, après quatre matches, le PSG est l’équipe de Ligue 1 avec le plus bas total de passes longues tentées (34 en moyenne par match). 5% des passes tentées sont des passes longues, soit le plus bas ratio de l’ère QSI. Contre Angers, les Parisiens ne se sont risqués qu’à 14 reprises dans le jeu long, soit le plus faible total sur un match de l’an passé déjà égalé. 

Showtime again !

A défaut de longues transversales, les spectateurs des matches du PSG assistent depuis plusieurs saisons à de véritables festivals offensifs, et ce début d’exercice 2018-2019 ne déroge pas à la règle.

Comme l’illustre le graphique ci-dessus, le PSG est reparti sur des bases offensives encore plus élevées que les moyennes de ces dernières saisons qui étaient pourtant déjà exceptionnelles (108 buts inscrits en championnat en 2017-2018). Extrapolée sur toute l’année, cette moyenne de 3.25 buts par match permettrait d’afficher 123 buts au compteur en fin de saison et ainsi d’effacer des tablettes le vieux record de 1959-60 du Racing Club de Paris (118 buts). Impossible de maintenir ce rythme sur 38 matches ? Pas si sûr. Avant de fléchir en fin de saison, le PSG de l’an passé était sur les bases de ce record historique.  

Une MCN en feu !

Cette incroyable orgie offensive est liée à la formidable entame d’exercice du trio qui fait saliver toute l’Europe : Mbappé-Neymar-Cavani. Chacun des trois semblant vouloir montrer aux deux autres que c’est lui le fer de lance de l’attaque parisienne, ils sont partis sur un rythme exceptionnel : Neymar a marqué dès les premiers instants (10ème minute) de son premier match de championnat contre Caen. Mbappé, à peine entré en jeu à Guingamp débloquait la situation presque à lui seul ; et Cavani ne comptant pas être en reste et voyant ses « copains » de l’attaque flamber a pris un malin plaisir à scorer dès ses premières minutes de présence également (12ème minute contre Angers). Au total, cela donne 10 des 13 buts Parisiens de ce début de Ligue 1 pour la MCN (4 pour Neymar et Mbappé, 2 pour Cavani), soit un ratio de 77 %, plus élevé que la saison passée (66 sur 108, soit 61 %)

Comme la saison passée, le spectacle ne se situe pas seulement à la finition puisque les artistes parisiens multiplient également les exploits individuels. Avec 22.5 dribbles tentés par match, les joueurs de la capitale sont en légère diminution par rapport à l’an passé dans ce secteur mais dominent toujours la Ligue 1. 

Au global, cela donne toujours des prestations de grande qualité comme en témoigne le rating moyen calculé par le site Whoscored et qui situe le début de saison de ce PSG newlook dans les mêmes eaux que la saison passée (7.10 contre 7.14)

Cependant, derrière ces apparences de stabilité, certains indicateurs statistiques vont au contraire mettre en évidence de profondes modifications dans la performance du PSG lors de ce tout début de saison. Encore une fois, il n’est pas question de généraliser et d’y voir une évolution forte, mais plusieurs indicateurs sont clairement très divergents par rapport aux saisons antérieures.

Moins de tirs, notamment de loin 

Avec 12 tirs par rencontre, le PSG est nettement en deçà de ses standards habituels (16.4 la saison passée). Plus perturbant, le PSG ne se classe qu’au 9ème rang de toute la Ligue 1 (Lyon est 1er avec 21.3 tirs par match). Contre Nîmes, les Parisiens n’ont frappé que 7 fois en direction de la cage adverse et ont donc déjà égalé leur plus mauvais score sur un match de la saison dernière (à Caen et à Marseille). Le PSG porte même le bonnet d’âne de toute la Ligue 1 en matière de frappes de loin (2.8 par match) ! 

Autres données révélatrices des difficultés parisiennes à déstabiliser leurs adversaires : les passes clés et les fautes. Concernant le nombre de passes amenant un tir, le PSG 2018-2019 se situe pour le moment à son plus faible niveau de l’ère QSI (9 contre 12.2 l’an passé). Plus surprenant encore, le nombre de fautes commises par les adversaires des Parisiens : 9 en moyenne contre 13.4 l’an passé. Les Angevins de Stéphane Moulin n’ont commis que 2 malheureuses petites fautes face au PSG le 25 août dernier ! Jamais l’an passé une formation n’avait été sanctionnée à moins de cinq reprises face au PSG (St Etienne en fin de saison). Dans le même ordre d’idée, signalons qu’un seul carton jaune a été distribué à un joueur adverse (le Nîmois Diallo) contre 7 pour les joueurs du PSG lors de ces 4 premières rencontres.

Un réalisme offensif dingue 

Alors, comment ce PSG qui semble avoir certaines difficultés à frapper, a pu inscrire autant de buts ? Tout naturellement en faisant preuve d’un réalisme exceptionnel. Le match à Nîmes est la parfaite illustration à la fois des difficultés parisiennes à se créer des occasions (seulement 7 tirs, soit moitié moins que les « Crocos ») mais aussi de cette réussite incroyable devant le but (6 tirs cadrés, 4 buts). 

Trois indicateurs témoignent de ce talent offensif hors normes :

  • Le taux de frappes cadrées atteint des scores jamais vus (52.1 % contre 40.6 % l’an passé). 
  • Un ratio de tirs/but de 3.7. Cela signifie que le PSG a en moyenne besoin de moins de 4 tirs pour inscrire un but ! 
  • Les expected goals : le PSG a battu le gardien adverse à 13 reprises alors que 10.5 étaient attendus compte tenu des positions de tirs ; Mbappé et Neymar ont marqué 4 buts chacun contre 2.6 et 2.7 attendus ; Cavani 2 pour 1.3. Le talent offensif…

Ces statistiques offensives sont à la fois rassurantes et inquiétantes. Rassurantes car elles valident la stratégie de la direction qatarienne d’investir prioritairement sur le talent offensif, denrée rare mais qui fait gagner les matches. C’est cependant inquiétant si l’on considère que les victoires ont donc été quasiment uniquement obtenues sur la classe individuelle de quelques joueurs et ne sont donc pas la résultante d’un jeu bien léché. Mais répétons le, nous n’en sommes qu’à quatre journées de championnat donc l’heure n’est pas encore à l’évaluation de la qualité de jeu. 

Une défense davantage mise en danger 

Inquiétantes, les statistiques du secteur défensif le sont quant à elles clairement. Tous les indicateurs vont dans le même sens et témoignent d’une défense sérieusement mise à contribution, comparativement aux années précédentes. 

C’est le cas en premier lieu du gardien auteur de 3.3 arrêts par rencontre sur ces premiers matches, contre 2.4 l’an passé (2.2 en moyenne sous QSI).  Aussi surprenant que cela puisse paraître, le PSG se situe même au 5ème rang du classement du nombre d’arrêts effectués en Ligue 1. Et malgré ces interventions de Buffon puis Areola, le PSG a quand même encaissé 4 buts en 4 matches (contre 0.76/match l’an passé). 

Le PSG en tête du classement… du nombre de tacles !

Le graphique ci-dessous, en comparant le nombre moyen d’interventions défensives par match de ce tout début de saison et de la saison passée, met bien en évidence le fait que la défense parisienne est beaucoup plus sollicitée et donc davantage mise en danger. 

En complément de ce graphique déjà évocateur de l’évolution des interventions défensives du PSG, quelques statistiques particulièrement parlantes peuvent être mises en avant :

  • Le PSG a réalisé 41 tacles à Guingamp et 17 interceptions contre Angers, des totaux sur un match jamais atteints l’an passé
  • Le PSG est le leader de toute la Ligue 1 au nombre de tacles réussis (alors qu’il était 17ème l’an passé) 
  • Le PSG est 6ème de Ligue 1 au nombre d’interceptions, alors qu’il était dernier l’an passé dans cette catégorie statistique 

Il est donc flagrant avec ces indicateurs que le PSG domine jusque-là moins son sujet que les saisons antérieures et que le secteur défensif est beaucoup plus sollicité. 

Un jeu plus axial, avec moins de centres 

Impossible, à ce stade d’incriminer Thomas Tuchel pour cela. On l’a dit, la patte Tuchel ne peut être flagrante sur si peu de matches. Il sera pourtant intéressant de suivre tout au long si une nouvelle tendance apparue sur ce début de saison se confirme à moyen terme : la volonté de passer davantage par l’axe du terrain. Les premières données disponibles indiquent en effet que le PSG a légèrement augmenté son taux d’attaques par le centre (28 % contre 26 %) et a diminué son nombre de centres par rencontre (de 17.9 à 14.3). C’est logiquement dû au recentrage de la position de Neymar mais nous suivrons cet indicateur tout au long de la saison. 

Cela a été dit et répété, il est prématuré de tirer quelque conclusion que ce soit sur le niveau de jeu et le style de jeu du PSG de Tuchel comparativement à ses prédécesseurs. L’échantillon de matches est trop peu représentatif et l'entraîneur allemand lui-même considère que ces matches de L1 sont des rencontres de préparation. Cependant, il nous a paru intéressant de mettre en avant certaines statistiques atteignant des niveaux quasiment jamais vus jusque-là au PSG de l’ère qatarie et témoignant d’une équipe ultra réaliste mais qui se crée moins d’occasions et qui, surtout, est beaucoup plus souvent mise en difficulté que par le passé. 


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