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Paris, trop facilement dribblé

Publié le dimanche 14 février 2021 à 23:10 par Thibaut B. / ParisStatsGermain.fr
Parmi les stats marquantes de la difficile victoire parisienne face à Nice samedi figurent les dribbles. En l’absence de Neymar, les Parisiens n’en ont réussi que 7, mais, surtout les Niçois en ont eux passé 15 sur 20. Cela valait bien une petite analyse sur cette nouvelle faiblesse dans le jeu parisien, à quelques heures d’affronter Barcelone.
Parmi les stats marquantes de la difficile victoire parisienne face à Nice samedi figurent les dribbles. En l’absence de Neymar, les Parisiens n’en ont réussi que 7, mais, surtout les Niçois en ont eux passé 15 sur 20. Cela valait bien une petite analyse sur cette nouvelle faiblesse dans le jeu parisien, à quelques heures d’affronter Barcelone.

Privé de Neymar, les Parisiens, qui restent l’équipe de Ligue 1 qui ose le plus de dribbles, n’en ont tenté que 13 (dont 5 par Mbappé) face à Nice, contre plus de 22 habituellement. Mais ce qui va nous intéresser dans cet article, ce sont plutôt les dribbles adverses, niçois en premier lieu. Whoscored comptabilise 20 tentatives et 15 succès. Ce sont à la fois cet insolent taux de réussite (75 %) et ce nombre important de dribbles subis par les Parisiens qui nous interpelle.

Presque tous les Niçois ont réussi un dribble

Remarquons tout d’abord que tous les joueurs de champ niçois titulaires au coup d’envoi, excepté la charnière centrale, ont réussi au moins un dribble.

La palme revient à Rony Lopes qui a réussi les 3 dribbles qu’il a tentés.

Côté parisien, les victimes de ces dribbles azuréens se trouvent principalement au milieu de terrain, avec 3 dribbles subis chacun pour Gueye et Paredes.

Icardi est également crédité de 3 dribbles subis, Draxler et Kean de 2.

Ce sont donc quasi exclusivement les milieux et les joueurs offensifs parisiens qui ont subi les initiatives balle au pied des Aiglons. On peut voir le verre à moitié plein et considérer que ces tentatives des attaquants parisiens de défendre, même mal, sont nouvelles et méritent d’être saluées. On peut aussi voire le verre à moitié vide et s’inquiéter de voir le premier niveau défensif se faire facilement éliminer et laisser sans trop de protection le double pivot Gueye-Paredes.

Si l’on n’est pas trop étonné de voir l’Argentin être assez souvent éliminé balle au pied, les dribbles subis par Gueye sont plus surprenants. Contre Nice, il est certes crédité de 5 tacles gagnants mais donc aussi de 3 dribbles subis. C’est d’ailleurs le second match consécutif après Marseille où il est effacé trois fois par son adversaire direct, alors que, pour sa part, le duel défensif est censé faire partie de ses points forts.

Samedi, il était clair que le Sénégalais ne pouvait guère faire plus. Dans une équipe qui ne joue pas encore vraiment en bloc, avec des offensifs rapidement mis hors course (quand ils ont fait l’effort de se mettre derrière le ballon) et un partenaire de double-pivot pas expert en interventions défensives, il est forcément exposé et ne pourra pas remporter tous ses duels défensifs.

Verratti est le 2e joueur de Ligue 1 qui se fait le plus dribbler

Est-ce que la présence de Verratti aurait changé quelque chose ? Ce n’est pas sûr. Au contraire, pourrait-on même dire car même s’il reste un harceleur de premier ordre, l’Italien se jette aussi beaucoup et est très souvent éliminé. D’ailleurs, selon le site whoscored.com, Verratti est, après Abergel de Lorient, le joueur de Ligue 1 qui se fait le plus dribbler (2.5 dribbles subis par match).

Globalement les 15 dribbles niçois, même majoritairement dans le camp parisien, n’auront néanmoins pas amené d’action de but.

Dix des quinze dribbles réussis ont eu lieu dans le camp parisien mais un seul dans la surface (celui où Claude-Maurice perd l’équilibre après avoir éliminé Paredes). Les Niçois auraient pourtant pu faire beaucoup plus mal au PSG en insistant encore davantage avec cette arme tant ils semblaient avoir un avantage en un contre un aux quatre coins du terrain : Camara et Gouiri côté gauche sur Kehrer et Kean, Lopes à droite sur Kurzawa, Claude-Maurice et Boudaoui au milieu sur Gueye et Paredes.

Paris dominé comme jamais dans les duels

Cette domination dans les dribbles se retrouve logiquement dans les chiffres des duels, largement à l’avantage des hommes d’Ursea : 48 à 33, soit 59 % de duels victorieux pour les Aiglons. C’est la première fois de la saison que le PSG est dominé avec une telle ampleur. Et ce ne sont pas les luttes dans les airs qui sont responsables de cet écart car, au contraire, les coéquipiers de Marquinhos les ont en majorité remportées (5 à 4).

C’est Claude-Maurice qui s’est particulièrement illustré avec 7 duels victorieux sur 12. Lees-Melou en a gagné 6 sur 10, Kamara 6 sur 9 et Lopes 6 sur 8.

Côté parisien, il n’y a que Kimpembe et Kehrer parmi les titulaires à avoir gagné plus de duels qu’ils n’en ont perdus.

Les joueurs offensifs parisiens ont gagné seulement 11 duels sur 24.

Des dribbles qui font progresser le ballon

Un autre indicateur traduit bien l’impact des dribbles victorieux des Niçois : les mètres gagnés par la conduite. Même si, évidemment, il peut y avoir conduite de balle sans dribble préalable, et dribble sans mètres gagnés (si le joueur passe vite son ballon), cette donnée statistique traduit bien l’avantage technique qu’avaient pris les Niçois. Le site Fbref.com comptabilise en effet 1528 mètres gagnés par la conduite par les coéquipiers de Todibo face au PSG.

Parmi les adversaires du PSG cette saison en Ligue 1, il n’y a que … Nice, à l’aller, qui avait fait mieux (1783 mètres). Nice est très au-dessus de la moyenne des adversaires du PSG en Ligue 1 (924 mètres). L’équipe azuréenne est d’ailleurs la seule du championnat, avec Rennes, à avoir gagné plus de mètres que le PSG lors de la partie qui les a opposés (l’aller et le retour en ce qui concerne les Aiglons).

Au rayon individualités, c’est le défenseur central Saliba qui se distingue (260 mètres) devant Claude-Maurice (235 mètres), Kamara (220), Boudaoui (204) et Lopes (181). Mis à part Saliba, on retrouve bien les mêmes acteurs que pour les dribbles.

Si l’on en revient aux dribbles, ce qui choque à la lecture des statistiques des matches récents, c’est l’écart entre les dribbles réussis contre Paris et la moyenne habituelle de dribbles de ces équipes. Alors que l’on pourrait s’attendre à ce que les adversaires du PSG, moins souvent en possession du ballon que face à une autre équipe, puissent moins prendre d’initiatives, par le dribble notamment, au contraire, ils en tentent plus :

 

Dribbles réussis contre le PSG

Moyenne au 14 février 2021

Montpellier

11

7,8

Lorient

16

9

Nîmes

11

8,1

Marseille

9

8,5

Nice

15

10,9

 

Nice, qui tourne à 10.9 dribbles réussis en moyenne en a donc réussi 15 contre le PSG. Lorient, surtout, dont la moyenne plafonne à 9 en a réussi 16 lors de sa victoire face au PSG fin janvier. En outre, dans tous ces matches récents, le taux de réussite dans les dribbles est toujours très élevé et même supérieur à celui du PSG (mise à part Nîmes). Sur les cinq derniers de Ligue 1, les adversaires du PSG ont réussi 61 % de leurs tentatives de dribbles (62/101) contre 48 % pour le PSG (40/84) qui compte pourtant quelques artistes dans ses rangs !

Paris encore plus souvent dribblé depuis le changement de coach

Le changement de coach a-t-il eu une influence sur ce phénomène ?

Les adversaires du PSG dribblent plus sous Pochettino (19.8 tentés vs 17.1) mais est-ce dû au style de jeu des adversaires eux-mêmes, aux efforts défensifs des attaquants parisiens qui se font du coup plus dribbler qu’auparavant, ou aux compositions d’équipes et choix tactiques du coach argentin ?

L’analyse des adversaires affrontés par Pochettino exclut la première hypothèse. Il n’y a pas de différence dans les moyennes de dribbles des équipes affrontées récemment par le PSG.

En revanche, la comparaison des statistiques de tacles des joueurs offensifs du PSG peut nous mettre sur cette voie :

L’échantillon de matches est bien sûr trop réduit pour en tirer une conclusion définitive. Mais la moyenne de tacles par match est en hausse pour tous les joueurs offensifs excepté Icardi (chez qui elle reste néanmoins supérieure à Kean et Mbappé) depuis l’intronisation de Pochettino.

La hausse du nombre de dribbles tentés par les adversaires du PSG depuis plusieurs matches serait donc plutôt la conséquence d’un investissement défensif supérieur des attaquants parisiens. Ces derniers font plus d’efforts mais ceux-ci ne sont pas encore payants. 

Bon, d’accord, mais au final, ce nombre de dribbles subis par le PSG il est élevé ou pas ? Et si oui, c’est problématique, oui ou non ?

Pour conclure cette analyse sur les dribbles subis par le PSG, nous avons comparé sa moyenne à celle des autres équipes de Ligue 1 et des autres cadors européens. Et la comparaison n’est guère flatteuse pour l’équipe de la capitale française.

Seules deux équipes de Ligue 1 se font plus dribbler que le PSG

Le PSG, malgré ses 60 % de possession, est donc la troisième équipe de Ligue 1 qui se fait le plus dribbler. Seuls Angers et Lorient font moins bien. Lens subit plus de 3 dribbles de moins par match que le PSG.

Si l’on regarde au niveau européen, c’est encore pire. En comparant la stat du PSG avec celles des deux premiers des quatre principaux championnats européens, le PSG affiche un nombre de dribbles subis nettement supérieur à ce panel de cadors européens.

La moyenne de notre échantillon européen est de 8.8. Le Barça fait d’ailleurs encore mieux avec 7.6.

Dernière comparaison, celle avec les années précédentes :

Là encore, le PSG, dans sa version 2020-2021 se distingue. Lors des cinq dernières saisons, jamais l’équipe de la capitale n’avait été autant dribblé.

Alors, quelles conclusions tirer de cette hausse du nombre de dribbles subis et des comparaisons réalisées ?

Barcelone va se régaler

Le PSG se fait beaucoup dribbler, c’est indéniable. Davantage que les saisons précédentes et davantage que les meilleures équipes européennes. La question du pourquoi est plus difficile à répondre. Des lignes encore trop distendues et un pressing pas assez efficace constituent une première réponse d’ordre collectif. Mais il y a aussi bien sûr des facteurs individuels : on a vu que les attaquants défendaient plus (mais mal), ce qui pouvait expliquer en partie l’augmentation du nombre de dribbles subis. Le profil des joueurs du milieu de terrain avec un Verratti qui se jette beaucoup et un Paredes peu mobile, et des latéraux peu portés sur le duel défensif (Kurzawa et Florenzi), explique aussi cette différence dans les stats du PSG.

Faut-il s’en inquiéter ? A court terme certainement puisque l’équipe qu’affronte le PSG mardi est la meilleure dribbleuse d’Europe (après Fulham) avec 13.4 dribbles réussis par match.

Après les 5.2 dribbles/match de Neymar, les 4.3 de Messi en font le meilleur dribbleur d’Europe. Barcelone compte en outre dans ses rang un Ousmane Dembélé qui tourne à 2.2 dribbles/match sur la saison (mais deux fois 5 dribbles récemment face au Betis et Elche).

A moyen terme, si le pressing est mieux coordonné et le bloc plus compact, les efforts faits par les attaquants finiront par payer et on ne parlera plus de la hausse des dribbles subis par le PSG mais de ses récupérations hautes et de son contre-pressing. Mais d’ici là, il faudra espérer que Gueye soit dans un bon jour et sache mieux lire les « gris-gris » de Messi que ceux de Claude-Maurice. Pas gagné…


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