Le Parc des Princes sonnait creux samedi contre Caen mais la LFP a pourtant annoncé 44 807 spectateurs. Une nouvelle fois, le public a choisi son match, particulièrement les abonnés.
PSG/Caen, ou le « no show » dans toute sa splendeur
Quatre jours après l’élimination de la Ligue des Champions mardi soir à Manchester City, le PSG retrouvait la triste Ligue 1 au Parc des Princes ce samedi après-midi face à Caen. L’affiche ne faisait pas rêver et cela s’est vite vu au niveau du public avec un stade très clairsemé. A vue d’œil, on devait péniblement atteindre les 25 000 spectateurs, 30 000 en étant généreux. Selon la LFP, il y avait pourtant 44 807 spectateurs au Parc des Princes.
La raison de cet écart est simple et connue, c’est le phénomène du « no-show ». En effet, ce sont les billets vendus qui sont pris en compte, pas les personnes réellement présentes, et les abonnés ont massivement boycotté ce match qui venait peut-être un peu trop tôt après la claque en Coupe d’Europe. C'est ainsi que s'explique la différence d'environ 15 000 personnes entre le décompte officiel et ce qui a été constaté visuellement. Cela s’est ressenti au niveau de l’ambiance, très calme ce samedi après-midi :
Les joueurs trouvent des excuses aux absents
Du côté des joueurs, on n’a pas condamné ce soudain désamour du public parisien, les hommes de Blanc avouant eux aussi être très déçus par leur élimination. Matuidi témoigne en ce sens : «C’est peut-être lié à la frustration de certaines personnes déçues de nos matches en Ligue des champions. Mais il ne faut pas balayer ce qu’on a fait toute cette saison.» Vu les sifflets qui ont touché tour à tour Blanc, Aurier puis Cavani, le (maigre) public n’avait pas trop digéré les péripéties de la semaine européenne.
L’un des principaux visés, le coach parisien, s’est lui aussi exprimé sur ce thème : «J'ai vu des ambiances plus compliquées au Parc des Princes. C'est un long débat que celui des supporters... Vous oubliez que c'est le premier jour des vacances et que le Parc ne fait pas toujours le plein à ce moment-là. On aime jouer devant un stade plein qui fait beaucoup de bruit, je ne vais pas le cacher, mais la question est beaucoup plus difficile et délicate que ça. »
Quel rôle pour le club ?
Du côté du club, ce phénomène du no-show qui offre aux caméras de télévision des tribunes largement dégarnies est pris au sérieux, en témoignent les diverses clauses qui ont été rajoutées dans les abonnements au cours des dernières saisons (impossibilité de revendre son abonnement plus de 5 fois notamment, visant aussi le marché noir). Malgré cette relative (mais réelle) volonté de combattre ce phénomène, le club bénéficie de ces chiffres d’affluence gonflés puisqu’une partie des droits TV de la L1 sont indexés sur le taux de remplissage du stade. En affichant 44 807 spectateurs et pas le chiffre réel, le PSG peut se targuer d’un taux de remplissage de 93% quand il est en réalité compris entre 50 et 60%.
Le PSG est donc coincé entre deux positions, celle qui vise à mener une véritable lutte contre le no-show qui pourrait allier jusqu’à la résiliation d’abonnements afin de forcer les gens à venir (ce que le Bayern fait), et l’actuelle dont bénéficie le club avec des abonnés absents au stade mais bien présents dans les comptes qui rapportent de l’argent, ceux de la billetterie et des droits TV. Il n’est donc pas simple d’agir mais le club paye une partie de sa politique.
En mettant en avant le rêve européen à tout prix, le club a indirectement dévalué le pain quotidien du club, son championnat national et ses 19 matches à domicile. Certes, la L1 se dévalue largement toute seule à chaque journée avec des matches particulièrement pénibles mais les rencontres du PSG sont l’exception de ce championnat. Comme l’a prouvé ce PSG/Caen, l’équipe parisienne offre un spectacle de grande qualité l’immense majorité du temps, un atout en théorie suffisant pour attirer un minimum de public au stade, même après une déception européenne.
Et Paris se retrouve dans une situation tout à fait unique : là où ses joueurs arrivent à faire le boulot en L1, ce n’est pas le cas de son public qui, lui, sélectionne réellement ses matches. Revient alors la critique la plus souvent faite : le Parc est constitué de spectateurs, pas de supporters. Et là, en revanche, le club peut réellement agir. Car à défaut d’attirer pour la L1, le PSG pourrait attirer pour son ambiance au Parc des Princes, comme il y a une dizaine d'années quand le spectacle était plus en tribunes que sur le pré. Mais les mesures à mener sont en revanche bien plus importantes et pas grand-chose n’indique que le PSG a envie de les mener. Hier, après avoir expulsé deux supporters qui chantaient « Liberté pour les ultras », les stadiers ont expliqué aux bannis du jour qu’ils « ne veulent pas d’eux ici. »
