Luis Enrique était présent en conférence de presse ce vendredi, à la veille de PSG/Le Havre, et l'entraîneur espagnol ne s'est pas trop mouillé concernant l'état de santé d'Ousmane Dembélé et des autres blessés. Le coach parisien a aussi évoqué le match de demain ainsi que le calendrier qui attend son équipe d'ici la trêve hivernale. Luis Enrique a également été interrogé sur Marquinhos et Ibrahim Mbaye. Voici ses propos en intégralité, retranscrits par nos soins.
Bonjour coach. Le match de demain est un peu le point de départ d'une série de 8 matches à jouer en l'espace d'un mois avec deux matches de Ligue des Champions, la Coupe intercontinentale. Est-ce que c'est un bloc de rencontres que vous aviez ciblé depuis un certain temps et est-ce une période challengeante pour vous, le staff et les joueurs ?
« Bonjour à tous. On va jouer 8 matches comme tu l'as dit et on va retrouver la Coupe de France. Il y a aussi la Coupe intercontinentale. C'est une période de matches comme d'habitude, avec un match de plus que lors des deux dernières périodes entre les trêves internationales, mais avec la même idée de s'améliorer. C'est notre objectif. »
Est-ce que vous pouvez faire un petit point sur l'état de votre effectif après la trêve et comment vont vos quatre blessés ?
« Je ne sais pas. Hier, on a fait l'entraînement avec seulement six joueurs plus trois gardiens et aujourd'hui encore, je ne sais pas. On va faire l'entraînement cette après-midi et je ne sais pas. Je pense que tous les joueurs sont de retour avec normalité. Mais il faut attendre la séance d'entraînement d'aujourd'hui pour savoir exactement qui seront les joueurs pour jouer le match de demain. »
Marquinhos pourrait disputer demain son 500e match avec le Paris Saint-Germain. Qu'est-ce que ça représente pour vous le fait d'avoir un joueur dans votre effectif qui atteint ce cap aussi important dans un club ? Et ces derniers temps, on a pu souvent remettre en cause ses performances à cause d'erreurs ici ou là. Est-ce que pour vous, ça reste vraiment un leader indéboulonnable de votre défense ?
« Si un joueur a joué 499 matches, il doit accepter les critiques parce que les critiques font partie du football de haut niveau. Je pense que sa qualité professionnelle en tant que défenseur, mais aussi avec le ballon, est top. Il faudra parler avec lui aujourd'hui pour savoir quel est son état et comment ils se sent pour pouvoir gérer les 8 matches qu'il faut jouer. »
En ce moment, Fabian Ruiz, Vitinha et João Neves sont excellents, que ce soit avec vous en club ou en sélection. On l'a encore vu avec la sélection du Portugal. Ils marquent même des buts sur coup franc, de la tête. Est-ce que c'est le meilleur moment selon vous pour eux en ce moment au PSG ?
« Trop individualiser, ce n'est pas positif pour une équipe »
« Je ne sais pas. Je ne suis pas intéressé par ce type de débat parce qu'en tant qu'entraîneur, je cherche à améliorer l'équipe, pas seulement les trois joueurs que vous avez mentionnés. Parce qu'il y a beaucoup de joueurs, beaucoup de milieux qui peuvent jouer et qui l'ont bien fait, comme Senny Mayulu, Warren (Zaïre-Emery), Quentin Ndjantou, Kang-in Lee, Désiré Doué. Il y en a beaucoup. En tant qu'entraîneur, je cherche à améliorer tous les joueurs. C'est joli de voir leur niveau, mais trop individualiser, ce n'est pas positif pour une équipe. »
Est-ce que vous pouvez nous expliquer un peu comment se passent ces séances d'entraînement où il y a moins de joueurs ? Est-ce que vous prenez plus de temps pour accompagner les joueurs présents ? Qu'est-ce qu'on travaille ? On travaille plus la dimension tactique avec ces joueurs ?
« Normalement, quand il y a une trêve internationale, il reste seulement deux ou trois joueurs. Ils font du travail à leur maison. Et quand ils reviennent, comme hier, il s'agit simplement de récupérer un peu le feeling avec le ballon et de chercher d'améliorer le pied faible. Tu ne peux rien faire de particulier, rien de tactique, rien de spécial avec ce nombre de joueurs. Ça a été une séance d'entraînement, pour moi, pas difficile, mais très différente. J'aime beaucoup avoir la possibilité de faire l'entraînement avec toute l'équipe et tous les joueurs. »
« Dembélé ? Je ne suis pas docteur, mais il est en train de s'améliorer »
Peut-on avoir des nouvelles d'Ousmane Dembélé ? Est-ce qu'on peut peut-être le voir dès demain avec le groupe ou est-ce qu'il va falloir encore attendre un petit peu pour revoir l'attaquant ?
« Je ne sais pas. Je ne suis pas docteur. Il est en train de s'améliorer. Peut-être qu'il commencera l'entraînement aujourd'hui pour faire une petite partie de la séance. Sur ce cas, je pense qu'il faut être attentif. Je vais voir comment il se sent à l'entraînement et dans les prochaines semaines, ce sera le moment de voir Ousmane de nouveau sur le terrain. »
Demain, vous allez affronter une équipe du Havre qui est en difficulté en championnat, mais leur entraîneur, Didier Digard, a expliqué qu'il n'allait pas mettre le bus, ni spécialement défendre pour essayer de garder le match nul. A quelle équipe du Havre vous attendez-vous demain ?
« Ils ne sont pas en difficulté Le Havre. Ils sont douzièmes. Je me rappelle de l'année dernière, ça n'était pas facile, c'était très difficile. L'année dernière, je pense qu'on a été champion après ce match. Demain, ce sera le premier match après la trêve internationale. Ce sont des matches différents. C'est facile pour les joueurs d'être un peu moins concentré. C'est mon travail de dire à mes joueurs que demain, ce sera très important de gagner ce match, de prendre les trois points et que ce sera difficile et serré, comme d'habitude, contre le Havre. »
En championnat, vous restez sur un nul face à Lorient et deux victoires un peu étriquées face à Nice et Lyon. Est-ce que vous sentez que c'est le moment de retrouver de la marge aussi sur ce plan-là au niveau des résultats ou est-ce que seule la victoire importe pour l'instant ?
« Pour l'instant, ma sensation est que, au vu des circonstances de ce début de saison, la victoire est suffisante. Et j'espère qu'on pourra s'entraîner avec tous les joueurs et toute l'équipe pour montrer notre football parce que la qualité est là et on a confiance en notre niveau. Mais il faut avoir les joueurs. »
Vous l'avez rapidement évoqué, mais je voudrais revenir sur l'importance de João Neves. Vous dites que Vitinha fait partie des deux meilleurs milieux de terrain du monde. Mais où situez-vous João Neves ? Et pouvez-vous nous dire à quel point il est devenu important pour votre équipe ?
« Je veux moins de prix et plus de concentration »
« Je ne sais pas, comme d'habitude... Parce que si je mets João dans un classement, la prochaine question sera : « Et où tu mets Fabian ? Et où tu mets Warren ? Et où tu mets Senny Mayulu ? ». Je suis très content d'avoir cette équipe, ces joueurs, qui sont spéciaux, différents. Ils ont montré ça ces dernières années. Mais je suis un petit peu préoccupé parce j'entends beaucoup de bruit autour de l'équipe et autour des prix, des récompenses individuelles. C'est un sport d'équipe et il faut avoir ça en tête, il faut être prêt pour travailler en tant qu'équipe. Les prix individuels ne m'intéressent pas. C'est un petit peu une saison différente parce qu'il y a beaucoup de reconnaissance et c'est joli d'avoir cette reconnaissance, mais je suis un petit peu préoccupé parce que je ne veux pas parler du passé, je veux parler de l'avenir. Et en ce sens-là, je veux moins de prix et plus de concentration sur ce que nous voulons. Et ce que nous voulons, c'est très difficile (à atteindre). C'est pour ça que nous devons être très précis et concentrés. »
On sent depuis le début de la saison une progression sur les coups de pied arrêtés, que ce soit offensivement ou défensivement. Est-ce que vous les travaillez davantage ? Qu'est-ce que vous avez changé sur ce type d'actions de jeu ?
« Bien sûr, on a changé beaucoup de choses depuis l'année dernière. Je pense qu'on est en train d'améliorer ça, offensivement et défensivement, parce que c'est important. Tu peux gagner beaucoup de matches sur ce type d'actions. Je pense qu'il y a une très claire amélioration, mais je me répète, il faut encore s'améliorer. »
Je voulais vous poser une question sur une phase de jeu particulière, les coups d'envoi. On s'est aperçu que sur les derniers matches, un peu à la manière du rugby, vos joueurs ont cherché systématiquement la touche, pour mettre la pression sur l'adversaire. Est-ce que c'est une phase de jeu que vous avez réclamée auprès de vos joueurs ? Ou est-ce que c'est une phase de jeu qui émane directement de vos joueurs ?
« Rien de particulier sur ce sujet, parce que si je te dis exactement ce que nous voulons et pourquoi nous faisons ça, tout le monde va le savoir. Normalement, il y a différentes manières de jouer le premier ballon quand tu as la chance de commencer ou de démarrer le match. Mais aussi, il y a un sentiment, il y a une identité différente quand nous jouons de cette manière, quand nous pressons. Mais en même temps, il y a des moments pendant le match où tu peux encaisser un but, et c'est un moment particulier, et tu dois savoir gérer ça. C'est un petit peu ce que nous cherchons. La première fois que j'ai vu ça, c'était chez l'Olympique Lyonnais. On a copié ça, mais c'est normal. On va changer ça, bien sûr, parce que quand les adversaires s'adaptent et que nous pensons que nous pouvons faire encore mieux, on change. C'est l'évolution normale d'une équipe de haut niveau. »
Je voulais revenir sur vos inspirations en tant que coach depuis votre début de carrière de coach jusqu'à maintenant. De quel coach vous êtes-vous inspiré ? Est-ce que votre façon de penser évolue ? Est-ce que vous lisez des livres ? Expliquez-nous tout ça.
« Je me rappelle que lors de ma première année comme entraîneur, j'ai fait les mêmes choses que les entraîneurs que j'avais eus quand j'étais joueur. Différentes choses, mais rien de particulier. Et après ça, j'ai beaucoup étudié la manière de jouer que je pensais être la meilleure. Et après ça, c'est l'expérience et les opportunités que j'ai eues pendant ma carrière en tant qu'entraîneur pour chercher à améliorer. Je pense que je suis très serein de ce que j'ai obtenu et du chemin que j'ai parcouru pour arriver à ce moment. »
Vous avez pu voir ces derniers jours l'ascension d'Ibrahim Mbaye, qui a fêté sa première sélection (avec le Sénégal), son premier but et même ses deux premières passes décisives. Aujourd'hui, il a un nouveau statut d'international. Quel est votre regard par rapport à sa prestation en sélection ? Et est-ce que vous allez être beaucoup plus exigeant dans les prochaines semaines étant donné qu'il a un nouveau statut aujourd'hui ?
« Je ne peux pas être beaucoup plus exigeant avec Mbaye parce que je suis déjà au top de l'exigence »
« Je ne peux pas être beaucoup plus exigeant parce que je suis déjà au top de l'exigence. J'ai une exigence maximale pour tous les joueurs. Il n'y a pas de changement de statut pour "Ibé" (Mbaye). "Ibé" est un Titi. Nous sommes très contents d'avoir un joueur avec sa qualité, mais il n'y pas de nouveau statut. Je veux la même chose que ce que je lui demandais avant ses matches avec le Sénégal. Il a marqué un très beau but avec le pied gauche, je suis content, mais rien ne change. Les exigences sont maximales. Il faut continuer comme ça. Bien sûr que c'est un joueur très jeune. On a beaucoup de confiance en l'avenir. »
J'aimerais revenir sur une révolution tactique que vous avez apportée au Paris Saint-Germain cette saison. C'est votre positionnement en tribune en première période (Luis Enrique rigole puis mime de dormir). Ça intéresse beaucoup. Très rapidement, très rapidement pour ne pas vous fatiguer. Par rapport au rugby, quand est-ce que vous vous êtes dit que c'était une bonne idée d'être en haut en tribune ? Et est-ce que c'est un sport qui vous a inspiré dans d'autres éléments également ?
« J'ai parlé du rugby parce que c'est un sport que je ne connais pas, mais que j'aime. J'aime parce que c'est différent du football et j'aime la manière dont ils gèrent les émotions et toute cette énergie que je vois sur le terrain. Je me rappelle que la première fois que j'ai vu les entraînements d'en haut, c'était au Celta Vigo, une équipe de Galice, au nord de l'Espagne. J'étais content de ce que j'ai vu et après ça, chaque fois que je peux voir les matches d'en haut, c'est important parce que je peux voir tous les joueurs. C'est simplement ça. Rien de particulier. Si je peux faire quelque chose pour améliorer notre performance, j'essaye de le faire. »