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Les cinq défis de Galtier au PSG

Publié le mercredi 6 juillet 2022 à 21:15 par Arthur Verdelet
Nommé entraîneur du PSG et présenté mardi 5 juillet, Christophe Galtier se voit offrir une opportunité d’un calibre inespéré. Cependant, l’entraîneur français va devoir faire face à plusieurs problématiques inédites qui détermineront la réussite ou non de son aventure à Paris. Décryptage.

Dompter un vestiaire de stars

Passé numéro un sur un banc en 2009, Christophe Galtier a rappelé mardi après-midi lors de sa conférence de presse de présentation qu'il avait « déjà rencontré des vestiaires où il y a avait beaucoup d’égo » et  des joueurs parfois fantasques. L’entraîneur a su s’imposer devant Max-Alain Gradel ou Pierre-Emerick Aubameyang à Saint-Étienne, ou encore face à Burak Yilmaz et Renato Sanches à Lille. Selon lui, la recette est simple et non négociable. « Je ne vais pas révolutionner le vestiaire, je vais observer, écouter et je sais que j'aurai l’appui de tout le monde pour prendre les décisions que je devrai prendre à partir du moment où un des joueurs, et quel que soit le joueur, ne se pliera pas à ce qu’est le projet », a promis Galtier lors de sa conférence de presse de présentation.

De nombreux joueurs qui ont été dirigés par Galtier vantent ses mérites. C'est notamment le cas de Dante, dont il a su gagner le respect à Nice. Au cours d’un entretien accordé à BFM Nice Côte d’Azur en mars 2022, le défenseur central de 38 ans décrivait son désormais ex-entraîneur comme un « grand monsieur », qui a réalisé un travail « remarquable » ces dernières années. « Je n’ai pas besoin de le crier sur tous les toits, c’est lui qui l’a prouvé », poursuivait le Brésilien notamment passé par le Bayern Munich entre 2012 et 2015.

Les vestiaires stéphanois, lillois et niçois sont cependant bien loin d’être aussi fournis en personnages haut en couleur que peut l’être celui du PSG. Galtier devra réussir à gérer les égos d’une quinzaine d’internationaux et de joueurs venant d’horizons différents, mais, selon lui, ces stars « sont avant tout des joueurs qui veulent gagner, prendre du plaisir » comme tous les autres. Son anglais moyen et sa maîtrise plus prononcée de l’italien devraient lui servir, tandis que ses adjoints pourront faire la traduction en espagnol et en portugais. L’adhésion des éléments les plus influents du vestiaire, dont font partie les Sud-Américains Lionel Messi et Neymar, sera la potentielle bascule. Si ces cadres adhèrent au projet prôné par Galtier, une grande part de sa mission sera accomplie. Dans le cas contraire, les choses se compliqueront rapidement.

Imposer sa patte tactique au PSG

Les principaux doutes résident également dans l’organisation tactique et l’animation pour lesquelles optera le nouvel entraîneur parisien. Pour cause, une étiquette de « coach défensif » suit -peut-être injustement-, Galtier ces dernières années. Malgré six derniers mois très poussifs à Nice, les trois dernières saisons plus qu’abouties vécues avec Lille incitent néanmoins à l’optimisme. Avec un matériel de qualité sous la main, « Galette » avait réussi à terminer dans le top 5 des meilleures attaques de Ligue 1 à chaque fois (quatrième attaque en 2020-21 et 2019-2020, troisième en 2018-2019). Le LOSC marquait beaucoup, certes, mais en basant son jeu sur des transitions rapides et un jeu de contre-attaque assumé.

La recette sera-t-elle la même à Paris ? Vraisemblablement pas au vu de son discours. « Par rapport à ce que j'ai pu faire dans mes clubs précédents, il y aura une approche différente sur le jeu », s'avance Galtier face aux médias. « J'aurai à ma disposition des joueurs de très haut niveau. Paris a très souvent la possession de balle, joue souvent face à des blocs bas. Il faudra qu'on arrive à pouvoir à la fois bien attaquer et mettre une grosse pression sur les adversaires, tout en gardant un juste équilibre, qui est très important. Mais bien évidemment, cela ne ressemblera pas à ce que j’ai pu faire auparavant, car j’ai des joueurs d’un niveau incroyable. » Une légère inconnue réside toutefois dans la capacité de Galtier à faire vivre et animer une équipe amenée à être si dominante. 

« Par rapport à ce que j'ai pu faire dans mes clubs précédents, il y aura une approche différente sur le jeu »

Habitué à disposer son onze en 4-4-2 à plat ces dernières années, Galtier a également pu utiliser dans le passé le 4-3-3 et le 4-2-3-1 à Saint-Étienne. Entraîneur pragmatique, il a répété à son arrivée à Paris avant tout vouloir « placer les joueurs dans les meilleures dispositions et utiliser leurs points forts ».  La « grande orientation sur une défense à trois », qu'il n'a pas cherché à nier face à la presse, représenterait en revanche une nouveauté supplémentaire à maîtriser. Le 3-5-2, ou plutôt 3-4-1-2 annoncé permettrait de placer les latéraux et Lionel Messi dans des zones où ils excellent, tout en renforçant l’axe avec la titularisation de Sergio Ramos, voire le potentiel ajout de Milan Skriniar. Reste à bien animer ce système atypique et à l’utiliser au mieux afin d'atteindre les objectifs élevés qui seront fixés.

Entrer dans la peau du dominant

À Paris, Galtier va grimper de deux voire trois crans en termes de compétitivité. Avant tout concerné par une qualification pour les compétitions européennes avec les trois équipes qu’il a pu entraîner, le natif de Marseille va cette fois-ci basculer dans le costume du grandissime favori sur la scène nationale. Une mue pas si anodine que cela, mais qui ne l'oblige pas à se renier. « Je suis un entraîneur très exigeant, qui aime voir son équipe et ses joueurs travailler et être heureux », a-t-il déclaré à propos de sa méthode lors de sa présentation. « Il n’y a pas de grande performance sans ça. Je ferai en sorte, à travers le travail et notre relation, qu'ils se sentent heureux au vestiaire et sur le terrain. »

« Je suis un entraîneur très exigeant, qui aime voir son équipe et ses joueurs travailler et être heureux »

À la tête de projets ambitieux, aussi bien à Lille qu’à Nice, Galtier a jusque-là réussi à le faire. S’inviter sur le podium à de multiples reprises ces dernières années et priver Paris du titre en Ligue 1 il y a un an et demi sont les preuves d'une certaine régularité. Désormais aux commandes d’un effectif cosmopolite et référencé, l’ancien défenseur (professionnel de 1985 à 1999) va devoir trouver la recette pour concerner à chaque instant ses joueurs. 

Réussir à faire disparaître la sensation de performances moins dominatrices du PSG sur ses terres ces derniers mois pourrait également être l’un de ses objectifs majeurs. Tout comme remettre la main sur le trophée de la Coupe de France, compétition de laquelle il a éliminé Paris dès les huitièmes de finale avec Nice, le 31 janvier (0-0, 5-6 T.A.B.) avant de s’incliner en finale contre Nantes (0-1) le 7 mai.

Maîtriser sa communication

Habile communicant, Galtier a su peu à peu effacer son image de Marseillais pur jus pour ne se fermer les portes d’aucun club dans l’Hexagone. Peu ciblé à propos de son passé avec l’adversaire historique du PSG -formé à l’OM, il y a évolué entre 1982 et 1987, puis entre 1995 et 1997-, le technicien de 55 ans a au contraire su se faire apprécier par des preuves de fair-play et de sympathie répétées envers Paris ces dernières années.

Adversaire respecté des joueurs parisiens, le technicien a marqué des points auprès de son adversaire le 5 mars, au soir d’un succès 1-0 à Nice en championnat. « J'espère qu'ils vont réussir ce match », avait déclaré Galtier en conférence de presse, faisant référence au huitième de finale retour de Ligue des Champions perdu par Paris face au Real Madrid (1-3). Ajoutant ensuite que « ce serait très bien pour le football français et Paris » si une qualification concluait la soirée. Des messages répétés qui ont pu participer à façonner son image d’homme de conviction.

Conscient de ne pouvoir renier totalement ses fortes attaches marseillaises, Galtier a habilement répondu à la question portant sur ce sujet en conférence de presse. « Je suis l’entraîneur du PSG, et je suis né à Marseille, c’est un fait », a-t-il d'abord posé. « Mais on fait un métier de passion, et quand vous voulez gagnez, vous cherchez le meilleur endroit pour le faire. On veut les meilleurs joueurs, les meilleurs trophées. Il n‘y a pas de meilleur endroit que le PSG pour cela. Quand les premiers contacts ont été établis, j’ai mis de côté mes origines marseillaises. Croyez-moi que, depuis pas mal de semaines, mes jours et mes nuits sont consacrés au PSG. » Un moyen supplémentaire de rappeler sa force de travail supérieure à la moyenne et son engagement dans le projet.

Passer un cap en Europe

À la tête d’équipes de calibre européen lors d’une bonne partie de ses saisons sur le banc, Galtier n'a que très peu goûté à la Ligue des Champions. Les parcours successifs en Ligue Europa avec l’AS Saint-Étienne entre 2013 et 2017 (16es de finale en 2016 et 2017), puis avec Lille en 2020-2021 pèsent peu au moment de flirter avec le gotha européen. Le mauvais souvenir de la poule conclue avec un point au compteur avec Lille lors de la Ligue des Champions 2019-2020, dans un groupe relevé mais pourtant assez homogène (Valence, Chelsea et l’Ajax Amsterdam), ne rassure pas beaucoup plus.

Le cœur du débat concernant ce point réside cependant dans une seule et même question : faut-il être un spécialiste de la Ligue des Champions (C1) pour y réussir ? Les échecs (plus ou moins relatifs) de certaines pointures passées sur le banc parisien ces dernières années -Mauricio Pochettino est le dernier en date- permettent de dire que la connaissance du plus haut niveau n'assure pas toujours un ticket dans le dernier carré de la C1. 

Nasser Al-Khelaïfi, président du PSG : « Il convient de ne pas parler de Ligue des Champions alors qu'on n’a pas encore commencé le premier entraînement. Il faut travailler chaque jour pour progresser. »

Dans un club où le rêve d’un sacre européen passe avant tout le reste -même si le sujet a été rapidement écarté par Nasser Al-Khelaïfi lors de la présentation de Galtier-, la pression sera forte sur les épaules du nouvel entraîneur. La phase de groupes devrait donner de premiers indices, mais peut parfois se révéler traître. Une nouvelle élimination avant ou dès les huitièmes de finale de Ligue des Champions serait très mal perçue par la direction qatarie. Les limogeages successifs de plusieurs entraîneurs encore sous contrat ont prouvé le peu de patience que possède l’émir Tamim ben-Hamad Al Thani. À Galtier de faire mentir ses nombreux détracteurs en réussissant son passage dans la cour des grands.


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